Maroc: inondation d'un atelier de textile clandestin à Tanger, au moins 24 morts

Des images diffusées par les médias locaux ont montré un ballet d'ambulances et des corps évacués sur des civières, sous les yeux de riverains traumatisés, dans ce quartier situé dans le sud de Tanger.(AFP)
Des images diffusées par les médias locaux ont montré un ballet d'ambulances et des corps évacués sur des civières, sous les yeux de riverains traumatisés, dans ce quartier situé dans le sud de Tanger.(AFP)
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Publié le Lundi 08 février 2021

Maroc: inondation d'un atelier de textile clandestin à Tanger, au moins 24 morts

  • Des pluies violentes ont provoqué lundi l'inondation d'un atelier clandestin de textile installé au sous-sol d'une maison privée à Tanger, au Maroc, faisant au moins 24 morts
  • Le Maroc a connu ces dernières semaines des pluies violentes, après une longue période de sécheresse

RABAT : Les députés marocains ont observé lundi une minute de silence à la mémoire des «martyrs de l'économie informelle», après la mort d'au moins 24 personnes dans l'inondation d'un atelier clandestin de textile à Tanger, au nord du Maroc. 

Les employés de cet atelier installé au sous-sol d'une maison dans un quartier résidentiel de la ville portuaire ont été piégés lundi matin par les eaux, après des pluies torrentielles, selon l'agence officielle MAP citant les autorités locales.

Les secouristes avaient récupéré lundi en début d'après-midi vingt-quatre corps ainsi que dix survivants, qui ont été conduits à l'hôpital, a-t-elle précisé.

Des représentants des autorités, présents sur place, ont fait état de vingt-cinq morts --17 femmes et 8 hommes âgés de 20 à 40 ans--, selon un journaliste local joint par l'AFP. 

Des images diffusées par les médias locaux ont montré un ballet d'ambulances et des corps évacués sur des civières, sous les yeux de riverains traumatisés, dans ce quartier situé dans le sud de Tanger.

Des ouvriers ont pu être sauvés grâce à un habitant du quartier qui les a aidés à s'extraire du sous-sol inondé avec une corde, selon un témoignage recueilli par le journaliste local, corroboré par des images diffusées sur YouTube.

Certains médias locaux ont évoqué un problème d'électrocution mais cette information n'a pas été confirmée par les autorités.

Une enquête judiciaire a été ouverte «pour élucider les circonstances» et «déterminer les responsabilités» du drame, selon la MAP.

Le propriétaire de l'atelier, qui fait partie des survivants hospitalisés, «sera entendu dès que son état le permettra», a précisé à l'AFP une source au sein de la police.

Sur les réseaux sociaux, les internautes s'interrogeaient sur le fait que l'atelier ait pu rester «clandestin».

«Comment des dizaines de travailleurs et de travailleuses ont-ils pu entrer pendant des années dans le garage d'un bâtiment résidentiel (...) sans que les autorités locales ne s'en aperçoivent», s'interroge l'Observatoire du nord des droits humains, une ONG locale, dans un communiqué.

«Unités clandestines»

Plus de la moitié (54%) de la production du secteur «textile et cuir» du Maroc provient d'unités «informelles», incluant des unités de production «ne répondant pas aux normes légales», selon une étude publiée en 2018 par la Confédération patronale marocaine (CGEM). 

Les présidents des différents groupes parlementaires ont d'ailleurs dénoncé lundi après-midi «l'existence de ces unités clandestines», tout en appelant à une enquête «complète» pour «établir toutes les responsabilités» du drame de Tanger.

L'économie informelle représentait au total plus de 20% du Produit intérieur brut du Maroc hors secteur primaire en 2014, soit environ 170 milliards de dirhams (environ 15 millions d'euros), le textile générant 11% de ce volume, selon l'étude de la CGEM. 

Environ 2 000 décès sont liés chaque année à des accidents de travail, «soit l'un des chiffres les plus élevés» de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), selon des données présentées lors d'une récente table-ronde sur la «Sécurité au travail» organisée par le Conseil économique, social et environnemental du Maroc (CESE).

Le royaume a connu ces dernières semaines plusieurs épisodes de pluies violentes, après une longue période de sécheresse. 

Des intempéries ont entraîné début janvier des effondrements de maisons vétustes à Casablanca, capitale économique du pays, faisant au moins quatre morts et plusieurs blessés, selon les médias locaux.

Souvent liées, à la campagne, à un phénomène de crues soudaines de rivières asséchées et, en ville, à un déficit de système d'évacuation des eaux, les inondations font régulièrement des victimes au Maroc.

C'est «le premier risque en termes de personnes tuées au niveau national», selon un rapport consacré aux risques climatiques publié en 2016 par l'Institut royal des études stratégiques (Ires).

Des inondations liées à des pluies torrentielles ont fait en 2014 une cinquantaine de morts et des dégâts considérables dans le Sud.

 

 


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.