Algérie. Les chefs d’entreprise demandent l’assouplissement de certains dispositifs de la loi de finances 2021

Mohammed Sami Agli, président de la confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC).
Mohammed Sami Agli, président de la confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC).
Short Url
Publié le Mardi 09 février 2021

Algérie. Les chefs d’entreprise demandent l’assouplissement de certains dispositifs de la loi de finances 2021

  • Pour le patron de la CACP, certaines mesures, contenues dans la loi de finances 2021, compliquent la relance des activités des entreprises
  • Pour faire face aux répercussions de la crise sanitaire de la Covid-19, l’organisation patronale appelle à l’adoption d’un plan de sauvetage urgent en faveur des entreprises

PARIS: Lors de la première édition des débats de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) consacrée à l’étude des dispositions de la loi de finances pour 2021, des chefs d’entreprise et des experts ont indiqué qu’il est nécessaire d’en assouplir certaines dispositions, notamment en raison des répercussions de la crise sanitaire sur l’économie et sur les entreprises.

La rencontre, animée par Boubekeur Sellami, président de l’Association nationale des conseillers fiscaux algériens et ancien cadre de l’administration fiscale; par Rafik Boussa, président de la Commission finances et fiscalité de la CAPC et président-directeur général de Grant Thornton Algérie; et par Samir Chebila, directeur de la législation fiscale de la Direction générale des impôts (DGI), a permis d’aborder les principales mesures fiscales et législatives introduites dans la loi de finances 2021.

Nouvelle taxe sur les carburants à chaque sortie des frontières des véhicules (hormis ceux des administrations et des établissements publics), imposition sur les subventions accordées aux entreprises par l’État en fonction des résultats obtenus, institution d’une nouvelle taxe sur l’immobilisation des conteneurs et exonération des taxes – taxe sur l’activité professionnelle (TAP), taxe sur la valeur ajoutée (TVA), et impôt sur le revenu global (IRG) – pour les start-up et les incubateurs et nouvelles conditions régissant la règle 49/51, tels furent les principaux thèmes abordés par les chefs d’entreprise et les représentants du commerce extérieur des biens et des services.

Des dispositifs contraignants

Pour le patron de la CACP, certaines mesures, contenues dans la loi de finances 2021, compliquent la relance des activités des entreprises. Il cite notamment les dispositions relatives aux importations et les conditions de paiement des transactions commerciales.

 «Les entreprises sont en attente d’éclaircissements de la part des autorités sur la question des importations de produits et de marchandises destinées à la revente», affirme-t-il lors de son intervention. Pour le patron des patrons, la loi de finances 2021 contient aussi de nouvelles taxes contraignantes dont certaines «sont totalement en inadéquation avec la réalité de l’entreprise et nous font perdre du temps».

Par ailleurs, le chef du patronat ne manque pas de rappeler d’autres lois qui entraveraient le développement des entreprises, comme la taxation à 19 % de l’utilisation d’Internet. Une disposition, qui, selon Mohammed Sami Agli, empêcherait le développement de la digitalisation des entreprises, qui accuse un retard certain, le déploiement du télétravail et le développement de la formation en ligne.

Pour gagner du temps et gagner en efficacité, il plaide pour l’assouplissement et/ou l’abrogation des lois les plus contraignantes afin de permettre aux chefs d’entreprise de relancer leur production. Sinon, ils vont perdre plusieurs mois avant la mise en place éventuelle d’une loi de finances complémentaire.

Interrogé par Arab News en français, l’expert financier et fondateur de la société Finabi, Chabane Assad nous explique que «la loi de finances n’a apporté aucune mesure significative pour le sauvetage des entreprises». Cependant, des dispositions ont été prises pour améliorer le climat des affaires et encourager les investissements directs étrangers (IDE). «La règle des 49/51 a été allégée par l’exclusion de cette contrainte sur les activités non stratégiques et le segment carrières et sablières pour le secteur des mines», affirme l’expert financier. «Il est important aussi de signaler les exonérations fiscales sur les start-up et les incubateurs», ajoute-t-il.

Label PME Stratégique

Le fondateur de la société Finabi considère qu’il est peut-être opportun d’introduire le concept du label «PME stratégique» qui permettrait de voir appliquer des mesures de sauvegarde directes sous forme de subventions, de prêts sans intérêts et un taux fiscal unique réduit à l’instar de celui appliqué aux microentreprises, soit un taux entre 5 % et 12 % au lieu des taux actuels oscillants entre 47 % à 50,5 %.

Concernant les modalités d’application du label «PME stratégique», Chabane Assad nous explique que ce dispositif sera attribué en fonction de plusieurs indicateurs, dont l’impact sur la réduction des importations et l’augmentation des exportations, la création d’emplois, la valeur sociétale, l’environnement de la PME et sa solidité financière. «Les PME qui réunissent ces critères globalement ou partiellement seront assistés par les autorités publiques. Cette notation est nécessaire pour éviter aux pouvoirs publics d’affecter des ressources sans contrepartie», poursuit l’expert.

Enfin, le fondateur de la société Finabi recommande que «les entreprises qui dépendent de la commande publique changent de business model pour survivre». L’expert estime aussi que les pouvoirs publics doivent faire preuve d’équité entre les opérateurs privés et publics. «En d’autres termes, même les entreprises publiques doivent répondre aux conditions du label pour bénéficier d’aides directes», souligne-t-il.

Selon Chabane Assad, ces attentes peuvent être introduites via «une loi de finances complémentaire 2021». Ainsi, «les membres de la commission chargée de délivrer le label doivent être indépendants, ancrés dans la réalité des entreprises et conscients des enjeux économiques actuels», conclut-il.

Plus de flexibilité dans l’application de certains dispositifs

Mentionnant le contexte particulier de la crise sanitaire et ses répercussions sur les entreprises, Mohammed Sami Agli, président de la CAPC, explique «qu’il est difficile de réussir le plan de relance économique alors que beaucoup d’entreprises sont en difficulté». «Les entreprises représentent une force de propositions, notre action est de refléter la réalité de l’entreprise dans l’intérêt du pays», affirme Mohammed Sami Agli lors de son intervention.

Chefs d’entreprise et experts plaident pour plus de flexibilité dans l’application de certains dispositifs de la loi de Finances 2021, notamment en matière d’accès à la devise pour les entreprises à la recherche de marchés extérieurs.

«Plusieurs entreprises se placent dans l’exportation de services pour le compte d’autres entreprises étrangères implantées en Algérie», explique le président de la CAPC. «Toutefois, elles n’ont pas droit à la devise mais sont soumises à la taxation», déplore-t-il. Or, les entreprises algériennes ont besoin de flexibilité pour pouvoir démarcher des clients sur les marchés internationaux, mais pour cela, elles ont aussi besoin de s’assurer une rentrée en devises.

«Le but de notre action, en tant qu’acteurs économiques, associations, et pouvoirs publics, c’est l’entente», souligne le président de la CAPC à l’assistance. Car, estime-t-il, «c’est l’entente qui permet de faire face à la crise et de pouvoir réussir le plan de relance économique qu’on considère comme le plan de l’ultime chance». Pour ce faire, le chef d’entreprise appelle à l’union «pour minimiser l’impact de la crise sanitaire au maximum».

Concernant l’autorisation d’équipements de travaux d’irrigation et de carrière de moins de trois ans, les intervenants ont plaidé pour l’introduction des équipements agricoles à cette mesure, permettant ainsi au secteur de l’agriculture, un des leviers de croissance économique, d’en bénéficier pour accroître le rendement.

Il était aussi question de la suppression de la taxe sur la TAP et sur l’impôt forfaitaire unique (IFU), un impôt qui pèse lourd sur la trésorerie des entreprises. «La question des achats d’équipements est un point phare», confie Mohammed Sami Agli. «Car cette demande fait l’objet d’énormément de réclamations de la part des entreprises», reconnaît-il.

De son côté, Samir Chebila, directeur de la législation et de la réglementation fiscale à la DGI, se veut rassurant: selon lui, le ministère des Finances compte s’engager davantage pour renforcer la concertation avec les organisations patronales et professionnelles sur toutes les questions qui les préoccupent.

Pour faire face aux répercussions de la crise sanitaire de la Covid-19, l’organisation patronale appelle à l’adoption d’un plan de sauvetage urgent en faveur des entreprises. «Notre pays a besoin, plus que jamais, de ses entreprises, et il est d’intérêt national et stratégique de sauver l’outil de production et de préserver des emplois», ajoute Mohammed Sami Agli dans un communiqué publié ce dimanche.


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Short Url
  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.

 

 


Vision Golfe 2025 : Paris accueille une nouvelle étape dans le partenariat stratégique entre la France et le Golfe

Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des pays du
  • Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques

PARIS: Les 17 et 18 juin prochains, la troisième édition de Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce forum de haut niveau, désormais incontournable, vise à transformer les visions stratégiques partagées en partenariats concrets, autour du thème : « Des visions audacieuses à l’impact concret : une nouvelle ère de coopération ».

Un programme structuré autour de dix axes stratégiques

Pendant deux jours, Vision Golfe 2025 mettra en lumière dix domaines clés de collaboration : transition énergétique, intelligence artificielle, santé, éducation, agroalimentaire, infrastructures intelligentes, luxe, sport, mobilité et environnement d’investissement.

Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques.

Des figures majeures au programme

L’événement accueillera des ministres de haut rang de France et du Golfe, apportant une perspective politique de premier plan sur les grandes orientations bilatérales. Parmi les institutions représentées figurent notamment l’Université d’intelligence artificielle Mohammed ben Zayed  (MBZUAI) à Abou Dhabi et le Abu Dhabi Investment Office (ADIO), tous deux engagés dans la construction de ponts technologiques et économiques entre les deux régions.

Une ambition européenne portée par la France

En tant que première destination des investissements étrangers en Europe en 2024, la France joue un rôle de passerelle vers le marché européen pour les fonds souverains, les investisseurs privés et les start-ups innovantes du Golfe.

Vision Golfe 2025 s’inscrit dans cette dynamique en offrant une plateforme stratégique pour explorer de nouvelles synergies économiques.

Bilan positif et continuité

La précédente édition avait permis la signature d’accords marquants, notamment entre la Saudi Ports Authority (MAWANI) et le Grand Port Maritime de Marseille Fos, ainsi que la création du France Lab au sein de la MBZUAI — véritable symbole de coopération en matière d’intelligence artificielle.

Vers un partenariat durable et multidimensionnel

Dans un contexte de croissance continue des échanges — estimés à 20,9 milliards d’euros entre la France et le CCG en 2024, dont 8,5 milliards avec les Émirats arabes unis et 7,6 milliards avec l’Arabie saoudite — Vision Golfe 2025 ambitionne de consolider un partenariat structuré autour de trois piliers :

  • l’innovation industrielle,
  • les échanges académiques et culturels,
  • les projets d’investissement stratégique.

La session ministérielle « Blueprints for 2030 » et le panel « Innover pour la durabilité » promettent d’ouvrir la voie à des coopérations concrètes et orientées vers des résultats mesurables.

Vision Golfe 2025 s’impose comme un carrefour stratégique, où ambitions partagées et réalisations concrètes convergent pour dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe.


l'Arabie saoudite fait progresser ses objectifs en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
Short Url
  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com