Assassinat de Rafic Hariri: Un Liban traumatisé accueille le très attendu verdict du TSL

Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) rendra son verdict à Leidschendam, près de la Haye, quelques jours après les explosions au port de Beyrouth qui ont tué 154 personnes (Photo, AFP/Archives)
Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) rendra son verdict à Leidschendam, près de la Haye, quelques jours après les explosions au port de Beyrouth qui ont tué 154 personnes (Photo, AFP/Archives)
Rafic Hariri a été assassiné le 14 février 2005,  lorsqu’un van bourré de 1800 kg d’explosifs a pulvérisé son convoi blindé d à Beyrouth. (Photo d'archives AFP).
Rafic Hariri a été assassiné le 14 février 2005,  lorsqu’un van bourré de 1800 kg d’explosifs a pulvérisé son convoi blindé d à Beyrouth. (Photo d'archives AFP).
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Publié le Mardi 18 août 2020

Assassinat de Rafic Hariri: Un Liban traumatisé accueille le très attendu verdict du TSL

  • Le Tribunal pénal international prononcera son verdict quinze ans après que l’attentat à Beyrouth a coûté la vie à l’ancien Premier ministre et à 21 autres civils
  • La séance sera retransmise en direct sur toutes les chaînes de télévision libanaises, ainsi que par les médias arabes et étrangers

BEYROUTH : Un tribunal spécial créé par l’ONU il y a plus de quinze ans pour enquêter sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri rendra son verdict le 18 août aux Pays-Bas. Une décision particulièrement attendue.

Rafic Hariri a été assassiné le 14 février 2005,  lorsqu’un van bourré de 1800 kg d’explosifs a pulvérisé son convoi blindé dans le quartier de Saint Georges à Beyrouth. L’attentat a tué 21 autres civils, dont le député et ancien ministre Bassel Fleihan, et en a blessé 226 autres. Cet assassinat a déclenché des manifestations monstres, provoquant le retrait des forces syriennes du Liban et mettant ainsi fin à trente années de tutelle politique et sécuritaire de Damas dans le pays.

Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) rendra son verdict à Leidschendam, près de la Haye, quelques jours après les explosions au port de Beyrouth qui ont tué 154 personnes et en ont blessé des milliers. L’ONU a mis en place le TSL en février 2006 à la demande du gouvernement libanais, faisant de cette instance le premier tribunal international de l’histoire moderne à juger des personnes accusées d’assassinat politique.

Les quatre suspects de cette attaque meurtrière – Salim Jamil Al-Ayyash, 56 ans ; Assad Hassan Sabra, 43 ans ; Hussein Hassan Onaisi, 46 ans ; et Hassan Habib Merhi, 54 ans – ont été jugées le 16 janvier 2014 par le tribunal de première instance du TSL. 

Le tribunal a annulé le procès contre Mustafa Amin Badr Al-Din, le cerveau présumé de l’attentat, qui serait décédé à Damas en mai 2016. Cependant, la Chambre n’a pas exclu de rouvrir son dossier dans l’hypothèse où il serait toujours vivant. Les quatre accusés, qui sont toujours en fuite, ont été jugés par contumace. Bien que les séances de plaidoirie aient pris fin en 2018, le jugement a été reporté à 2020, en raison des milliers de pages de documents à l’étude et des restrictions liées au coronavirus.

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Le tribunal de première instance rendra son verdict le mardi 18 août à midi, heure de Beyrouth. De La Haye, Wajed Ramadan, porte-parole du TSL, déclare à Arab News : « Le tribunal a demandé les noms des personnes concernées à leurs représentants légaux, conformément aux mesures de prévention contre le coronavirus adoptées par les Pays-Bas et le TSL ». La séance sera retransmise en direct sur toutes les chaînes de télévision libanaises, ainsi que dans les médias arabes et étrangers. Le procès sera également relayé en arabe, en anglais et en français sur le site web du tribunal, et en arabe sur sa chaîne YouTube. « Trente journalistes de médias libanais, arabes et étrangers ont obtenu l’autorisation de couvrir la séance », a précisé la porte-parole.

L’ancien Premier ministre Saad Hariri, fils de Rafic Hariri, devrait y assister. « L’espoir dans la justice internationale n’a jamais été perdu et la vérité sera révélée », a-t-il indiqué dans un communiqué adressé aux partisans de son mouvement politique, le Courant du futur.

Des éléments accablants

Ayyash, Merhi, Onaisi et Sabra sont accusés d’avoir participé à un complot dans le but de commettre un acte terroriste. Ayyash est également accusé de la perpétration d’un acte terroriste à l’aide de matières explosives, d’homicide volontaire sur la personne de Rafic Hariri, provoquant la mort de 21 autres personnes ainsi que de tentative d’homicide sur 226 autres personnes. Merhi, Onaisi et Sabra sont accusés d’être complices dans chacun des quatre crimes dont Ayyash est accusé.

Les défendeurs se sont basés sur des relevés téléphoniques afin de prouver que les accusés surveillaient Rafic Hariri et ses déplacements, qu’ils étaient présents sur les lieux de l’assassinat et qu’ils ont fabriqué de toutes pièces la déclaration enregistrée par l’islamiste Ahmed Abu Adas dans laquelle celui-ci revendique l’attentat.

Ils ont présenté les résultats de l’enquête et exposé le contexte et les motivations politiques de l’attentat ; parmi celles-ci figure une menace très médiatisée du président Bachar el-Assad, menaçant de tuer Rafic Hariri s’il n’acceptait pas de prolonger le mandat d’Emile Lahoud, le président du Liban à l’époque. L’attentat a d’ailleurs eu lieu cinq mois après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU en septembre 2004 de la résolution 1559, appelant les forces syriennes à se retirer du Liban et demandant le désarmement du Hezbollah.

Le mémorandum final des demandeurs citait le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui aurait déclaré dans un discours public que les quatre accusés étaient « des frères dans la Résistance », prouvant ainsi leur affiliation au Hezbollah. Il citait également une surveillance accrue de la part d’Ayyash durant la rencontre entre Rafic Hariri et Hassan Nasrallah dans le quartier de Haret Hreik, fief du Hezbollah en 2004, alors que celle-ci était pourtant confidentielle. De même, l’accusation a souligné que le militaire et officier de renseignement syrien Rustom Ghazaleh avait multiplié les contacts avec le responsable du Hezbollah Wafik Safa et qu’il s'était rendu à Haret Hreik alors que les tensions avec Hariri s’amplifiaient.

L’attentat contre Hariri, la suite d’autres assassinats

La décision complète  constituerait un document de 500 et 1 000 pages, selon Wajed Ramadan. Les juges du tribunal de première instance, présidés par David Ray, liront un résumé des accusations portées contre chaque accusé et les verdicts respectifs. « Le greffier de la chambre, Daryl Mundis, présentera une copie certifiée du verdict aux autorités libanaises », explique la porte parole du TSL à Arab News. « Il s’agit d’un procès in absentia et les autorités libanaises devront informer les accusés, conformément aux lois libanaises applicables, que le verdict décide de leur innocence ou de leur culpabilité, afin de préparer l’arrestation de ceux qui seront reconnus coupables par les autorités libanaises ». Les parties au procès disposeront d’un délai de trente jours pour interjeter appel.

Les juges ont entendu les témoignages de 307 témoins, dont 269 provenaient de la défense des victimes. Au total, 119 personnes ont témoigné, soit physiquement au TSL, soit depuis Beyrouth grâce à un système de visioconférence. Les représentants légaux des personnes concernées ont fait citer 31 témoins. 

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Un bouquet de roses rouges en forme de cœur orne la tombe de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, à l'occasion du neuvième anniversaire de sa mort, à Beyrouth, le 14 février 2014. (AFP)

Le Hezbollah a refusé de reconnaître le TSL dès le départ. Hassan Nasrallah, le leader du Hezbollah, l’a accusé d’être « politisé » et de servir « les intérêts d’Israël et des États-Unis ». Il a également refusé d’extrader les accusés, qu’il a qualifiés de « saints », et a averti que « jouer avec le feu dans ces décisions déclencherait un conflit intérieur ». Le gouvernement libanais, dirigé par le Premier ministre, Hassan Diab, s'est engagé à respecter les décisions du TSL et à payer les sommes dues. Il a exhorté le peuple à éviter « de pêcher en eaux troubles » et a déclaré que les autorités « devaient être prêtes à faire face aux retombées » du jugement.

L’implication de groupes soutenus par l’Iran dans des assassinats et des enlèvements au Liban n’a jamais été un secret. Avant la création officielle du Hezbollah en 1985, des groupes tels que le Jihad islamique libanais, l'Organisation du blé de la terre, l'Organisation pour la défense des peuples libres et le Jihad islamique pour la libération de la Palestine ont revendiqué des attentats terroristes qui visaient à cimenter l'autorité du régime syrien et de ses alliés libanais.

Les attentats à la bombe en 1983 contre les troupes américaines et françaises et contre l'ambassade américaine ont marqué le début d'une vague de terrorisme de trente-sept ans au Liban. Entre 1982 et 1992, 104 étrangers, pour la plupart américains et européens, ont été pris en otage au Liban. William Francis Buckley, ancien chef du bureau de la CIA à Beyrouth, a été enlevé par le Jihad islamique en mars 1984 et déclaré mort en octobre 1985. Ses restes ont été retrouvés dans un sac en plastique sur le bord d’une route de Beyrouth en 1991.

L’Américain Peter Kilburn et les Britanniques Leigh Douglas et Philip Padfield, employés à l’université américaine de Beyrouth, ont été enlevés en avril 1986 et leurs corps ont été retrouvés quelques jours plus tard près de la ville. Un groupe appelé Organisation révolutionnaire des socialistes musulmans a affirmé avoir exécuté les trois hommes en représailles aux raids aériens américains sur la Libye durant ce même mois. Michel Seurat, sociologue français, a été kidnappé en février 1986 et déclaré exécuté par le Jihad islamique. Son corps a été retrouvé en octobre 2005.

Comme la plupart des auteurs de ces actes terroristes n’ont pas été identifiés, les soupçons se sont inévitablement portés sur le Hezbollah. 
 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.