La politique étrangère entraînée par le terrorisme iranien

Les avocats belges du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) répondent aux questions des journalistes aux côtés de Farzin Hashemi (L), une figure de proue du CNRI, au palais de justice d'Anvers, sur Le 4 février 2021, à l'issue du procès de quatre suspects dont un diplomate iranien accusé d'avoir participé à un complot visant à bombarder un rassemblement de l'opposition en France. (John Thys /AFP)
Les avocats belges du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) répondent aux questions des journalistes aux côtés de Farzin Hashemi (L), une figure de proue du CNRI, au palais de justice d'Anvers, sur Le 4 février 2021, à l'issue du procès de quatre suspects dont un diplomate iranien accusé d'avoir participé à un complot visant à bombarder un rassemblement de l'opposition en France. (John Thys /AFP)
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Publié le Dimanche 14 février 2021

La politique étrangère entraînée par le terrorisme iranien

La politique étrangère entraînée par le terrorisme iranien
  • Le fait que l'utilisation de l'appareil diplomatique ait été approuvé aussi bien par les « conservateurs que par les « réformateurs » valide le principe d'un terrorisme d'État
  • On n’a jamais vu par ailleurs, la faction modératrice du régime, se manifester contre l’explosion du centre culturel des juifs en Argentine ou celle des tours de Khobar en Arabie saoudite

Le jeudi 4 février 2021, le tribunal d’Anvers en Belgique vient de se prononcer, après deux ans et demi d’enquête, sur un complot terroriste perpétré par un diplomate en poste, l'Iranien Assadollah Assadi.

Ce complot visait Maryam Radjavi la dirigeante de la résistance iranienne, lors du grand rassemblement « Pour un Iran libre » qu'elle présidait le 30 juin 2018, à Villepinte près de Paris.

Selon le jugement du tribunal, ce diplomate iranien, Assadollah Assadi, se voit condamné à 20 ans de prison, tandis que ses trois complices écopent respectivement de 18, 17 et 15 ans de prison, assortis de l'annulation de leur nationalité belge.

Verdict que commente ainsi Maryam Radjavi, principale éventuelle victime de ce complot terroriste : « C'est un verdict historique avec, pour la première fois, la condamnation officielle d’un diplomate » qui «confirme bien le terrorisme d'État du régime iranien, par une autorité judiciaire européenne. »

Lors même du procès, l’avocat du diplomate iranien ira jusqu'à déclarer : « Mon client a le sentiment que c’est son gouvernement qui est jugé, et non lui-même ».

A partir de ce procès et de son verdict prononcé le 4 février 2020, par la cour correctionnelle d’Anvers, on est amené à faire un certain nombre de constations et observations.

Le fait que la théocratie iranienne puisse être amenée à organiser une action terroriste d'État d'aussi grande ampleur, montre à l'évidence que le régime se sent gravement menacé par le mouvement d'opposition conduit par Maryam Radjavi, laquelle selon le renseignement iranien, aurait obtenu ces dernières années le plébiscite de la rue iranienne.

Ce qui aurait incité le régime à prendre les plus grands risques, en impliquant, dût-elle y perdre son prestige, la totalité de l’appareil du ministère des Affaires étrangères dans ce complot ? Et plus important encore, le fait que toutes les factions du régime se soient unies pour la mise en œuvre complice de ce complot terroriste.

Le fait que l'utilisation de l'appareil diplomatique ait été approuvé aussi bien par les « conservateurs que par les « réformateurs » valide le principe d'un terrorisme d'État.

Ce qui indique à l'évidence que c'est non seulement le guide suprême Ali Khamenei mais aussi le Président iranien Rohani et le MAE qui tous, ont décidé de mener ce complot.

Le régime iranien alimentait depuis des décennies, l'illusion que les attentats terroristes étaient l'œuvre d'une faction autonome. Mais, ces deux ans et demi d'enquête ont montré que c'est l’intégralité de la théocratie iranienne qui est impliquée dans ces menées terroristes, à l'instar de ce complot.

Le chef de la Sûreté d’Etat belge a, de son côté, précisé que « le projet d’attaque avait été conçu au nom de l'Iran et sous son impulsion ; qu'il ne s’agissait pas d’une initiative personnelle d’Assadi ».

On n’a jamais vu par ailleurs, la faction modératrice du régime, se manifester contre l’explosion du centre culturel des juifs en Argentine ou celle des tours de Khobar en Arabie saoudite ou encore contre des attentats perpétrés sur le sol européen etc. 

Force est de constater que les mollahs mènent leur politique étrangère en s'appuyant sur le terrorisme et mènent le terrorisme sous couvert de politique étrangère.

De plus, dans le domaine du crime et du terrorisme, rien ne distingue, l'une de l'autre, les institutions de ce régime. Ainsi, la force terroriste Quods représente le ministère des Affaires étrangères dans de nombreux domaines, tandis que le ministre des Affaires étrangères se fait souvent le serviteur dévoué des Gardiens de la révolution.

Ce que confirme les propres mots de Javad Zarif - qui chaque semaine, on le sait, coordonnait le travail du ministère des Affaires étrangères, avec Qassem Soleimani [le  commandant de la force Quods éliminé l’an dernier]- lorsqu'il déclarait sans ambages, il y a deux ans,  au parlement du régime: « Nous ne sommes pas un appareil où l’on agit seul (...) Pouvons-nous faire quelque chose dans ce pays sans en rendre compte ? » et de souligner qu’« il n’est pas possible de vouloir faire quelque chose qui s'oppose aux décisions du Guide suprême ».


A en croire l'eurodéputé et ancien ministre polonais des Affaires étrangères M. Sikorski on aurait des raisons de penser que « Zarif est une version souriante de Ribbentrop, le ministre des Affaires étrangères d'Hitler. »

 

Hamid Enayat (@h_enayat) est un expert de l'Iran et un écrivain basé à Paris, où il a fréquemment écrit sur les questions iraniennes et régionales au cours des trente dernières années.

NDLR : Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News en français.