Les multinationales seront récompensées pour s'être installées en Arabie saoudite, selon les responsables

Cette décision renforcera la compétitivité sur le marché, grâce à l'afflux d'expertise étrangère que ces entreprises introduiront dans divers secteurs. (Shutterstock)
Cette décision renforcera la compétitivité sur le marché, grâce à l'afflux d'expertise étrangère que ces entreprises introduiront dans divers secteurs. (Shutterstock)
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Publié le Mercredi 17 février 2021

Les multinationales seront récompensées pour s'être installées en Arabie saoudite, selon les responsables

  • L’Arabie saoudite entend encourager des centaines d'entreprises à établir leur siège régional dans le Royaume.
  • Ce délai donne par ailleurs au Royaume le temps de mettre en place son marketing, et permettra aux entreprises de déplacer leurs employés et de mieux intégrer leurs processus internes

RIYAD - La décision de l'Arabie saoudite de renoncer à signer des contrats avec les sociétés étrangères à partir de 2024, à moins que leurs sièges régionaux ne soient basés dans le Royaume, contribuera à réduire le chômage, à stimuler le marché des biens et services locaux et à accélérer la « Stratégie Riyad 2030 » destinée à encourager des centaines de sociétés internationales à s'installer dans la capitale du Royaume.

« Une entreprise a tout à fait le droit de refuser de déplacer son siège social en Arabie Saoudite et elle pourra continuer à collaborer en toute liberté avec le secteur privé saoudien », a déclaré lundi à Reuters le ministre des Finances, Mohammad Al-Jadaan.

« Cependant, en ce qui a trait aux contrats avec le gouvernement, les sociétés devront avoir leur siège régional en Arabie Saoudite », ajoute-t-il.

« L'Arabie Saoudite possède la plus grande économie et la plus grande population de la région. Par contre, notre part des sièges régionaux est négligeable, et représente actuellement moins de 5 %. Vous pouvez imaginer ce que cette décision signifie en termes d'IDE (investissement direct étranger), de transfert de connaissances et de création d'emplois ».

Le ministre de l'Investissement, Khaled Al-Faleh, affirme de son côté que des incitations seront accordées pour encourager les entreprises à établir leurs sièges régionaux dans le Royaume, et que celles qui le feront seront récompensées pour leur fidélité.

 « Ce n'est pas logique que des entreprises dont l'équipe décisionnelle n'opère pas du Rotaume puissent remporter les principaux contrats du gouvernement et des organismes gouvernementaux », confie M. Al-Faleh à Bloomberg.

« Il s'agit d'une récompense pour ceux qui choisissent d'être présents dans le Royaume... Nous estimons que grâce aux infrastructures existantes à Riyad, aux incitations qui seront données et à la dimension des opportunités commerciales, des centaines d'entreprises n'attendront pas jusqu'en 2024 pour déménager ».

Cette annonce s'inscrit dans le cadre de la « Stratégie 2030 de Riyad » annoncée par le prince héritier Mohammad ben Salmane lors du forum « Future Investment Initiative » le mois dernier.

La Commission royale pour la ville de Riyad prévoit d'attirer jusqu'à 500 entreprises étrangères qui installeront leur siège régional dans la capitale saoudienne au cours des 10 prochaines années. En effet, 24 de ces entreprises ont déjà confirmé leur intention de déménager. Dans le cadre de cette initiative, le prince héritier vise à faire doubler la population de Riyad.

Selon des études, cette initiative permettra de créer 35 000 emplois pour les Saoudiens et contribuera à injecter 70 milliards de SAR (18,67 milliards de dollars) dans l'économie nationale à la fin de cette décennie.

« L’ensemble des caractéristiques de la ville de Riyad sont favorables à la création d'emplois, la croissance économique, les investissements et bien d'autres opportunités », a déclaré le prince héritier le mois dernier.

« Nous cherchons donc à placer Riyad parmi les dix plus grandes villes économiques du monde. Elle occupe aujourd'hui la 40e place », a-t-il ajouté.

« Nous entendons également faire passer le nombre de ses habitants de 7,5 millions à ce jour à environ 15 à 20 millions de personnes en 2030 ».

Fawwaz Al-Shammari, PDG de la société de technologie des télécommunications MBUZZ, estime que la nouvelle campagne d'investissement de la ville de Riyad aura un effet catalyseur sur le développement dans de nombreux secteurs, et que les premiers bénéfices pourront être perçus à partir du deuxième trimestre 2021.

En effet, les experts affirment à Arab News que les effets de la nouvelle décision annoncée lundi se feront sentir bien plus tôt.

Zaki Alagl, propriétaire de plusieurs magasins d'accessoires à Riyad, explique à Arab News que cette décision stimulera le processus de saoudisation, dans la mesure où les entreprises mondiales se tourneront vers les experts du pays et emploieront les talents saoudiens afin de développer leurs activités dans le Royaume.

Par ailleurs, cette décision favorisera également la concurrence sur le marché, avec l'afflux de compétences étrangères apportées par ces entreprises dans divers secteurs, puisque leurs connaissances seront transmises et développées par les talents locaux, déclare M. Alagl.

« Cette décision réaffirme la volonté du Royaume d'attirer les investissements étrangers. La probabilité qu'elle influence le marché local est élevée, avant même son entrée en vigueur », ajoute-t-il.

« Les grandes entreprises ne tarderont pas à investir, en raison des coûts élevés des loyers et de la main d'œuvre ».

Talat Zaki Hafiz, économiste et membre du conseil administratif de la Saudi Financial Association, a salué cette décision. Selon lui, la majorité des entreprises étrangères génèrent de 40 à 60 % de leurs revenus régionaux et de leurs recettes à partir du Royaume ; cette politique est donc logique, d'après lui.

« Transférer les bureaux régionaux à Riyad créera des opportunités d'emploi pour les jeunes Saoudiens (hommes et femmes), et contribuera à réduire le taux de chômage qui a atteint 14,8 % au troisième trimestre de l'année dernière », explique Zaki Hafiz.

Taymur Khan, associé du cabinet de conseil immobilier Knight Frank, affirme que l'Arabie saoudite accueille depuis plusieurs années un volume important d'investissements étrangers.

D'après lui, pour les neuf premiers mois de 2020 seulement, le ministère de l'Investissement a accordé 812 licences d'investissement étranger, en dépit des périodes de fermeture et de la fermeture intermittente des frontières.

« Cette déclaration est susceptible de soutenir et d'encourager encore davantage cette activité, ce qui entraînera des incidences favorables sur le marché immobilier du Royaume, et cela passera au-delà du secteur de l'immobilier commercial », selon M. Khan.

Pour Ali Al-Hudaif, PDG de Al-Sudais Transport, le flux de nouvelles entreprises internationales dans le Royaume contribuera à améliorer les standards des entreprises locales.

Il ajoute que cette évolution profitera aux petites et moyennes entreprises saoudiennes, dans la mesure où elle ouvrira le marché et pourra engendrer davantage de fusions et d'acquisitions qui amèneront des entreprises locales ainsi que des marques internationales à chercher à s'implanter dans le Royaume, comme l’exigent les nouvelles règles.

En fixant l'échéance à 2024, les entreprises internationales auront le temps de préparer et d'évaluer l'endroit où elles souhaitent installer leur nouveau siège, explique l'économiste saoudien Fahad ben Juma'a à la chaîne de télévision publique Al Ekhbariya. « Si elles souhaitent collaborer avec l'Arabie Saoudite, elles devront alors déménager à Riyad », souligne-t-il.

Ce délai donne par ailleurs au Royaume le temps de mettre en place son marketing, et permettra aux entreprises de déplacer leurs employés et de mieux intégrer leurs processus internes.

« Il est important de reconnaître les dimensions culturelles de cette décision, à savoir la recherche nécessaire en matière d'éducation, les habitudes et les traditions, les musées historiques, le tourisme, les arts, les sports, l'industrie et les investissements. Il est donc important de promouvoir les villes pour assurer leur développement », explique à Arab News le Dr Eman Al-Shammari, doyen adjoint du Collège d'économie et de sciences administratives de l'Université islamique Imam Mohammad ben Saoud.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'aéroport de Riyad presque à l'arrêt en raison de problèmes opérationnels

 L'aéroport international King Khalid à Riyad. Getty
L'aéroport international King Khalid à Riyad. Getty
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  • Les compagnies aériennes publient des déclarations, tandis que des sources indiquent à Arab News que la pluie est à blâmer
  • Dans son propre communiqué, Saudia a déclaré : "Les clients touchés sont contactés par l'intermédiaire de la compagnie aérienne"

RIYAD: Des milliers de passagers voyageant vers et depuis l'aéroport international King Khalid de Riyad ont été laissés en plan alors que les principales compagnies aériennes se sont efforcées de proposer des vols alternatifs suite à une série d'annulations et de retards.

Saudia et flyadeal ont été parmi les compagnies aériennes qui ont rencontré des difficultés, les deux compagnies ayant publié des déclarations attribuant ces problèmes à des problèmes opérationnels temporaires.

Une déclaration de l'aéroport sur son compte officiel X a exhorté les voyageurs à contacter directement les compagnies aériennes avant de se rendre à la plate-forme d'aviation pour vérifier l'état actualisé et l'horaire de leurs vols.

Le communiqué dit ceci : "L'aéroport international King Khalid souhaite vous informer qu'en raison de la concomitance d'un certain nombre de facteurs opérationnels au cours des deux derniers jours - y compris plusieurs vols détournés d'autres aéroports vers l'aéroport international King Khalid, en plus des travaux de maintenance programmés dans le système d'approvisionnement en carburant - cela a eu un impact sur les horaires de certains vols, y compris le retard ou l'annulation d'un certain nombre de vols opérés par certaines compagnies aériennes".

L'aéroport a ajouté que les équipes opérationnelles travaillent "24 heures sur 24 en étroite coordination avec nos partenaires aériens et les parties prenantes concernées pour faire face aux développements et rétablir la régularité opérationnelle dès que possible", tout en prenant toutes les mesures nécessaires pour minimiser l'impact sur l'expérience des passagers.

Des sources aéroportuaires ont déclaré à Arab News que le problème était lié aux fortes pluies qui se sont abattues sur Riyad plus tôt dans la journée de vendredi. De l'eau s'est apparemment infiltrée dans les réservoirs de carburant censés ravitailler les avions à réaction avant leur décollage, et plusieurs compagnies aériennes se sont alors efforcées de reprogrammer les vols des passagers.

Dans son propre communiqué, Saudia a déclaré : "Les clients touchés sont contactés par l'intermédiaire de la compagnie aérienne : "Les clients concernés sont contactés par le biais de divers canaux de communication, et tous les changements de billets sont effectués sans frais supplémentaires.

Arab News a contacté Saudia pour de plus amples informations.

Toujours dans un communiqué publié sur X, flyadeal a déclaré que tous ses passagers touchés par la perturbation "seront informés directement par e-mail et SMS des options de rebooking et d'assistance".


IA: pour la présidente de Microsoft France, il n'y a pas de «bulle»

 "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
"Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
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  • Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde
  • En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute

PARIS: "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs.

Pour certains experts, les investissements colossaux dans l'IA semblent démesurés par rapport aux bénéfices générés, alimentant la peur d'une survalorisation du secteur.

Mais selon Corine de Bilbao, à la tête de la filiale française du géant américain des logiciels depuis 2021, "il y a des signes forts" de solidité comme le fait que cette technologie se diffuse "dans toutes les sphères de la société".

Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde, dans laquelle Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars.

En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute.

Un milliard d'agents IA

L'énergéticien français TotalEnergies utilise par exemple Copilot et des agents IA, capables de réaliser des tâches de façon autonome, à travers des cas d'usage "dans la maintenance, les achats, la sécurité", énumère la patronne.

Tandis que l'assureur italien Generali a "adopté massivement l'IA et automatisé plus d'un million d'opérations", ajoute-t-elle.

"Plus d'un milliard d'agents à l'échelle mondiale vont être diffusés dans les entreprises" d'ici 2028, s'enthousiasme Corine de Bilbao, citant une étude IDC pour Microsoft.

L'irruption de l'intelligence artificielle dans les entreprises peut toutefois se traduire par des vagues de licenciements comme chez Amazon, le groupe informatique HP ou encore l'assureur allemand Allianz Partners.

Microsoft France, qui compte près de 2.000 employés, a de son côté supprimé 10% de ses effectifs via un accord collectif de rupture conventionnelle sur la base du volontariat.  -

"C'est lié à la transformation de certains métiers, mais pas à l'IA", assure la dirigeante, ajoutant qu'en parallèle Microsoft est en train de recruter "des profils plus techniques", comme des "ingénieurs solutions", pour s'adapter aux demandes de ses clients.

"L'IA suscite beaucoup de peur", reconnaît Mme de Bilbao."On préfère parler de salariés augmentés" plutôt que d'emplois supprimés, poursuit-elle, beaucoup de tâches considérées comme rébarbatives pouvant être réalisées avec l'assistance de l'intelligence artificielle.

Selon elle, l'enjeu central est surtout celui de la formation des salariés à ces nouveaux outils.

"Nouvelle économie" 

"Il n'y aura pas de déploiement de l'IA s'il n'y a pas de valeur partagée, si l'ensemble des citoyens, des étudiants, des entreprises ne sont pas formés", souligne la patronne.

En France, le géant de Redmond (Etat de Washington) a déjà formé 250.000 personnes à l'IA sur un objectif d'un million d'ici 2027 et veut accompagner 2.500 start-up françaises.

"Un écosystème complet se développe entre les fournisseurs de modèles de langage, les infrastructures, on est en train de créer une nouvelle économie autour de cette IA", déclare Corine de Bilbao.

Microsoft a ainsi annoncé en 2024 un investissement de 4 milliards d'euros en France lors du sommet Choose France pour agrandir ses centres de données dans les régions de Paris et Marseille (sud), et construire un datacenter dans l'est de la France, près de Mulhouse.

"Ca avance très bien", explique-t-elle, sans donner de date à laquelle le centre sera opérationnel. "Cela ne pousse pas comme des champignons, ce sont des projets qui prennent quelques années en général", entre le dépôt de permis, de construction et l'accompagnement.

Pour 2026, le défi sera de passer d'une intelligence artificielle "expérimentale à une IA opérationnelle, qui délivre de la valeur pour les entreprises, à la fois sur leurs revenus, la productivité, et qui les aide à se transformer", conclut-elle.


Mercosur: Paris et Rome contrarient les plans de l'UE, ultimatum de Lula

Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Italie rejoint la France pour demander un report de l’accord UE–Mercosur, menaçant la signature espérée par Ursula von der Leyen et ouvrant la voie à une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept
  • Le Brésil met la pression, tandis que les divisions européennes persistent entre défense des agriculteurs et impératif économique face à la concurrence chinoise et américaine

BRUXELLES: L'Italie a rejoint la France mercredi pour réclamer un report de l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, ce qui risque d'empêcher Ursula von der Leyen de parapher ce traité en fin de semaine, au grand dam du Brésil.

Une signature dans les prochains jours est "prématurée", a lâché Giorgia Meloni à la veille d'un sommet européen à Bruxelles.

La cheffe du gouvernement italien veut d'abord des garanties "suffisantes" pour le secteur agricole, et se dit "convaincue qu'au début de l'année prochaine, toutes ces conditions seront réunies".

Cette sortie est une douche froide pour la Commission européenne. Bruxelles n'a cessé de marteler ces derniers jours qu'une signature était indispensable avant la fin de l'année, pour la "crédibilité" de l'Union européenne et afin de ne pas contrarier les partenaires latino-américains.

Prudent, l'exécutif européen fait mine d'y croire encore. "Les chefs d'Etat et de gouvernement vont en discuter au sommet européen" ce jeudi, a dit à l'AFP Olof Gill, porte-parole de la Commission.

Au Brésil, le président Lula, qui avait appelé à la responsabilité Emmanuel Macron et Georgia Meloni, a posé une forme d'ultimatum.

"Si on ne le fait pas maintenant, le Brésil ne signera plus l'accord tant que je serai président", a-t-il menacé. "Si jamais ils disent non, nous serons désormais fermes avec eux, parce que nous avons cédé sur tout ce qu'il était possible de céder diplomatiquement".

- "Billet remboursable" -

La prise de position de Rome sur ce dossier est potentiellement décisive.

Avec la France, la Pologne et la Hongrie, l'Italie est en capacité de former une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept, ce qui empêcherait un examen de l'accord durant la semaine.

"Ca risque d'être très chaud", convient un diplomate européen anonymement, alors que l'Allemagne comme l'Espagne insistent pour approuver ce traité de libre-échange le plus vite possible.

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a promis d'exercer une pression "intensive" sur ses partenaires européens mercredi soir et jeudi matin, en appelant à ne pas "chipoter" avec les grands traités commerciaux.

Emmanuel Macron a prévenu que "la France s'opposerait de manière très ferme" à un éventuel "passage en force" de l'Union européenne, a rapporté la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Paris ne considère pas encore comme "acquis" le report de la signature du traité, mais les déclarations de Giorgia Meloni sont la "preuve" que "la France n'est pas seule", a-t-elle ajouté.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espérait parapher ce traité lors du sommet du Mercosur samedi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle a besoin au préalable de l'aval d'une majorité qualifiée d'Etats membres à Bruxelles.

"J'espère qu'elle a un billet (d'avion) remboursable", glisse une source diplomatique européenne.

- Manifestation à Bruxelles -

Cet accord commercial avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay permettrait à l'UE d'exporter davantage de véhicules, de machines, de vins et de spiritueux, tout en facilitant l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées.

Les agriculteurs européens ne décolèrent pas et annoncent une dizaine de milliers de manifestants jeudi à Bruxelles contre ce traité.

Pour rassurer la profession, l'UE a ajouté des mesures de sauvegarde: un suivi des produits agricoles sensibles et une promesse d'intervention en cas de déstabilisation du marché.

Un compromis a été trouvé mercredi soir sur ce volet entre des eurodéputés et des représentants des États membres: les garanties pour les agriculteurs y sont supérieures à ce qu'avaient voté les Vingt-Sept en novembre, mais en deçà de la position adoptée par le Parlement européen mardi.

Elles ne devraient toutefois pas suffire à la France. Le bras de fer avec Bruxelles s'inscrit dans un contexte de vaste mobilisation agricole dans l'Hexagone contre la gestion par les autorités de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Et au sein de l'Union européenne, une série d'États redoutent que Paris ne se contente pas d'un report du Mercosur mais essaye de faire échouer le traité, malgré plus de 25 ans de négociations.

Allemands, Espagnols et Scandinaves comptent quant à eux sur cet accord pour relancer une économie européenne à la peine face à la concurrence chinoise et aux taxes douanières des États-Unis.