L'Otan prépare un "reset" de l'Alliance après l'arrivée de Biden

Le Secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, donne une conférence de presse avant le Conseil des ministres de la Défense de l'OTAN au siège de l'Alliance à Bruxelles, le 15 février 2021. Le ministre de la Défense de l'OTAN se réunira en vidéoconférence les 17 et 18 février 2021. (Olivier HOSLET / POOL / AFP)
Le Secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, donne une conférence de presse avant le Conseil des ministres de la Défense de l'OTAN au siège de l'Alliance à Bruxelles, le 15 février 2021. Le ministre de la Défense de l'OTAN se réunira en vidéoconférence les 17 et 18 février 2021. (Olivier HOSLET / POOL / AFP)
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Publié le Mercredi 17 février 2021

L'Otan prépare un "reset" de l'Alliance après l'arrivée de Biden

  • Le nouveau patron du Pentagone, Lloyd Austin, s'adressera à ses 29 homologues depuis Washington et aucune décision n'est attendue au cours des deux journées de discussions, car les Américains veulent d'abord se concerter avec leurs alliés
  • Une réunion des ministres des Affaires étrangères avec le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est prévue les 23 et 24 mars et le sommet pourrait se tenir avant la fin du premier semestre, a-t-on confié de même source

BRUXELLES : Désengagement américain en Afghanistan, casse-tête du financement, tensions avec l'allié turc: l'Otan prépare un "reset" de ses relations avec les Etats-Unis, mais l'Alliance doit solder de lourds contentieux pour se reconstruire, avertissent les diplomates européens.

Ce mercredi, la première prise de contact entre les alliés et le gouvernement de Joe Biden sera virtuelle. La visioconférence débutera à 14H00 heure de Bruxelles (13H00 GMT) et une autre session est prévue jeudi après-midi.

Le nouveau patron du Pentagone, Lloyd Austin, s'adressera à ses 29 homologues depuis Washington et aucune décision n'est attendue au cours des deux journées de discussions, car les Américains veulent d'abord se concerter avec leurs alliés.

"Mon message à mes homologues sera clair : nous devons nous concerter, décider ensemble et agir ensemble. Je suis convaincu que les États-Unis sont plus forts lorsqu'ils travaillent en équipe", a-t-il annoncé dans un message sur son compte Twitter.

"Cette première réunion avec l'administration Biden doit permettre de préparer le sommet qui se tiendra plus tard dans l'année", a expliqué lundi le secrétaire général de l'Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg. 

"Nous devons reconstruire la confiance perdue", a-t-il reconnu. "Il y a beaucoup de travail de réparation à faire", a confirmé le représentant d'un Etat membre. 

Une réunion des ministres des Affaires étrangères avec le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est prévue les 23 et 24 mars et le sommet pourrait se tenir avant la fin du premier semestre, a-t-on confié de même source. 

Des arbitrages sont pourtant attendus rapidement pour "Resolute Support", la mission de formation de l'Otan en Afghanistan.

L'accord conclu avec les talibans par l'administration Trump prévoit le départ de toutes les troupes étrangères le 1er mai et "aucun allié ne veut rester en Afghanistan plus longtemps que nécessaire", a reconnu Jens Stoltenberg.

Mais les conditions pour un départ ne sont pas réunies, a-t-il estimé. "Les talibans doivent respecter leur engagement de cesser de coopérer avec les groupes terroristes internationaux", a-t-il souligné. L'Alliance est confrontée à un dilemme: se replier à la date prévue ou poursuivre la mission dans un environnement hostile, car les talibans ont promis la guerre.

"C'est le commandant en chef (le président Joe Biden, ndlr) qui prend ce genre de décisions", a averti le porte-parole du Pentagone.

Jens Stoltenberg n'a pas voulu préjuger lundi des décisions qui seront prises. "Il est très embêté que le +reset+ (réinitialisation) de l'Alliance commence avec un choix difficile, voire impossible pour les alliés", a commenté un diplomate européen. "Cette guerre n'est plus gagnable, mais l'Otan ne peut se permettre de la perdre piteusement", a-t-il jugé.

Le désengagement américain a été lancé par Barack Obama. Joe Biden était son vice-président et il est peu probable que, devenu président, il revienne sur l'engagement de réduire la présence américaine dans ce pays, avertissent les analystes.

2.500 Américains sont encore présents en Afghanistan pour Resolute Support, dont les effectifs ont été ramenés à 9.600 militaires de 36 pays membres de l'Otan ou partenaires de l'Alliance. 

"Nous sommes entrés ensemble, nous ajusterons notre présence ensemble, et nous partirons ensemble -- quand le moment sera venu", assure Jens Stoltenberg.

La facture 

Les tensions croissantes avec l'allié turc sont un autre contentieux sur lequel les Européens attendent un arbitrage de Joe Biden. "Ce sera très difficile", prédit le diplomate européen. 

Le ton est monté lundi lorsque le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé les Etats-Unis de "soutenir les terroristes turcs" du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), accusés d'avoir exécuté 13 Turcs retenus en captivité dans le nord de l'Irak depuis plusieurs années.

Anthony Blinken a par la suite dénoncé "les terroristes du PKK" lors d'un entretien téléphonique avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu.   

La colère de la Turquie va peser sur la première réunion de l'Otan, mais les alliés refusent de sanctionner les écarts du président Erdogan. 

"La Turquie est un allié important et nous devons la garder au sein de l'Otan", ont expliqué plusieurs diplomates avant la réunion.

Le troisième noeud est financier. Pendant quatre années, Européens et Canadiens ont enduré les remontrances américaines à propos de leurs difficultés pour augmenter leurs dépenses de défense. 

Les affrontements avec Donald Trump ont souvent été humiliants et Jens Stoltenberg reconnaît qu'ils étaient "injustes".

"Il n'est pas normal qu'un pays qui engage des troupes et du matériel dans une mission aérienne de l'Otan ou dans un groupement tactique paie la facture", a-t-il déclaré.

Mais son idée de faire financer ces déploiements sur le budget de l'Alliance est jugée "totalement improvisée" et "n'a reçu aucune adhésion", a-t-on averti de source diplomatique.


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."


Trump reproche à Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions concernant le conflit Iran-Israël

Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
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  • Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran.
  • Il a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

CALGARY, CANADA : Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran, et a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

« Le président Emmanuel Macron, de France, a dit par erreur, dans le but de faire de la publicité, que j'avais quitté le sommet du G7 au Canada pour retourner à Washington afin de travailler à un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran. Faux ! Il n'a aucune idée de la raison pour laquelle je suis maintenant en route pour Washington, mais cela n'a certainement rien à voir avec un cessez-le-feu. C'est beaucoup plus gros que ça », a-t-il tempêté sur son réseau Truth Social.

« Emmanuel ne comprend jamais rien, que ce soit volontairement ou non », a asséné le président américain, peu après avoir quitté le rassemblement des chefs d'État et de gouvernement du G7 dans les Rocheuses canadiennes, un jour plus tôt que prévu.

Le président français avait affirmé plus tôt, lors d'un point presse en marge du sommet, qu'« une offre avait été faite » de la part des Américains pour « une rencontre et des échanges » avec les Iraniens, ajoutant : « Si les États-Unis peuvent obtenir un cessez-le-feu, c'est une très bonne chose. » 

Ces dernières heures, Donald Trump a envoyé des signaux confus sur le conflit en cours entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations vont bon train sur un éventuel engagement militaire direct des États-Unis.

Tout en exhortant l'Iran à conclure un « accord » sur son programme nucléaire « avant qu'il ne soit trop tard », il a aussi appelé à « évacuer » Téhéran dans un message particulièrement alarmiste sur Truth Social.

Le gouvernement américain a toutefois assuré que la posture des forces américaines dans la région restait « défensive ».

Selon le site Axios, l'exécutif américain n'a pas abandonné la voie diplomatique et discute d'une possible rencontre entre l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.