Le Tigré en Éthiopie fait face à une catastrophe humanitaire

Des réfugiés éthiopiens qui ont fui des combats intenses dans leur pays natal du Tigré, attendent leur ration de nourriture dans le centre d'accueil frontalier de Hamdiyet, dans l'État soudanais de Kasala, le 14 novembre 2020 (AFP / Photo d’Archive)
Des réfugiés éthiopiens qui ont fui des combats intenses dans leur pays natal du Tigré, attendent leur ration de nourriture dans le centre d'accueil frontalier de Hamdiyet, dans l'État soudanais de Kasala, le 14 novembre 2020 (AFP / Photo d’Archive)
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Publié le Jeudi 18 février 2021

Le Tigré en Éthiopie fait face à une catastrophe humanitaire

  • Ceux qui ont choisi de rester sur place – la grande majorité des six millions d’habitants du Tigré – sont désormais confrontés à des pénuries de nourriture, de médicaments et d’eau potable
  • Dans une déclaration récente, un trio de partis d'opposition du Tigré a déclaré qu'au moins 50 000 civils ont été tués dans le conflit depuis novembre

DUBAÏ: Avec leurs quelques objets personnels emballés à la hâte et enveloppés dans du tissu, des familles entières, dont beaucoup ont de jeunes enfants, parcourent de vastes distances à pied ces jours-ci pour échapper aux combats dans le nord de l'Éthiopie entre les forces armées fédérales et le Front de libération du peuple du Tigré (FLPT).

Depuis que le conflit a éclaté il y a trois mois, près de deux millions d’Éthiopiens ont été contraints de fuir la région du Tigré, dont beaucoup sont arrivés au Soudan voisin avec des blessures faites à la hache et au couteau, d'autres avec des fractures et un grave traumatisme mental. 

Ceux qui ont choisi de rester sur place – la grande majorité des six millions d’habitants du Tigré – sont désormais confrontés à des pénuries de nourriture, de médicaments et d’eau potable. L'Éthiopie fait face à des accusations de blocage de l'aide alors que le spectre de la famine hante la région.

Le plus inquiétant reste le risque imminent de famine, un phénomène que les Éthiopiens connaissent tragiquement. La grande famine qui a frappé le pays entre 1888 et 1892 a tué environ un tiers de sa population. Une autre famine en 1983-1985 a fait 1,2 million de morts.

Selon l’organisation Famine Early Warning Systems Network, présidée par le gouvernement américain, certaines secteurs du centre et de l'est du Tigré sont à deux doigts de la famine, et tout laisse à craindre que plus d'un million de personnes ne meurent de faim si l'aide n'est pas autorisée prochainement. 

Dans une déclaration récente, un trio de partis d'opposition du Tigré a déclaré qu'au moins 50 000 civils ont été tués dans le conflit depuis novembre. Les agences humanitaires et les journalistes n'ont pas été autorisés à accéder à la région pour vérifier le bilan des morts.

Les autorités éthiopiennes insistent sur le fait que l'aide est fournie et que près de 1,5 million de personnes y ont accès. Mais les experts de la Corne de l'Afrique estiment que l'une des pires catastrophes humanitaires de l'histoire moderne se déroule dans la zone de conflit.

«Si le monde détourne les yeux, il sera témoin de l'une des atrocités de masse les plus graves de notre époque», a déclaré à Arab News Alex de Waal, directeur exécutif de la World Peace Foundation et professeur de recherche à la Fletcher School de l'université Tufts. «Ce sera une tache éthique impardonnable. C'est aussi une question d'intérêt. Les pays de la péninsule Arabique veulent-ils assister à une autre calamité semblable à celle du Yémen sur les rives Sud de la mer Rouge – un peu plus éloignée, mais encore plus grande?»

Abiy Ahmed, président de l'Organisation démocratique des peuples Oromo (Opdo) observe les événements depuis Addis-Abeba. Fer de lance de la lutte contre la dictature du Derg, alors véritable puissance en Éthiopie depuis longtemps, le Front de libération du peuple du Tigré (FLPT), que l'armée éthiopienne combat dans son fief nordique du Tigré, a façonné l'histoire récente du pays. (AFP / Photo d’Archive)
Abiy Ahmed, président de l'Organisation démocratique des peuples Oromo (Opdo) observe les événements depuis Addis-Abeba. Fer de lance de la lutte contre la dictature du Derg, alors véritable puissance en Éthiopie depuis longtemps, le Front de libération du peuple du Tigré (FLPT), que l'armée éthiopienne combat dans son fief nordique du Tigré, a façonné l'histoire récente du pays. (AFP / Photo d’Archive)

Le FLPT, qui a dominé la politique éthiopienne après la chute de la dictature militaire en 1991 jusqu'à la victoire électorale d'Abiy en 2018, formait une coalition avec le gouvernement actuel jusqu'à ce que les deux parties se séparent en 2019. 

Au mépris de la décision du gouvernement fédéral de reporter tous les votes jusqu'à ce que la pandémie de la Covid-19 soit sous contrôle, les autorités du Tigré ont poursuivi leurs propres élections parlementaires en septembre. Les autorités fédérales ont déclaré le vote illégal. 

Les tensions se sont encore aggravées en novembre quand Abiy Ahmed a accusé le FLPT de s'être emparé d'une base militaire dans la capitale régionale de Mekele. Son gouvernement a répondu en déclarant l'état d'urgence, coupant l'électricité, les services Internet et téléphoniques et désignant le FLPT comme une organisation terroriste. 

Bien que M. Ahmed ait revendiqué la victoire lorsque les troupes fédérales sont entrées à Mekele le 28 novembre, l'effusion de sang s'est poursuivie, les dirigeants tigréens ayant juré de continuer à se battre. 

«Le gouvernement fédéral a qualifié le conflit “d’opération de maintien de l’ordre destinée à démettre de ses fonctions l’exécutif voyou de la région du Tigré”», a déclaré à Arab News William Davison, analyste pour l'International Crisis Group (ICG) et spécialiste de l'Éthiopie. 

«La réalité était que les défenses du Tigré ont été submergées par la puissance de l’armée fédérale éthiopienne et des forces alliées.» 

RAPPORT DE L'ONU EN BREF

* Les rapports des travailleurs humanitaires sur le terrain indiquent une augmentation de la malnutrition sévère dans la région du Tigré. 

* Seulement 1 % des 920 centres de traitement nutritionnel sont accessibles.

* La logistique de l'aide est particulièrement inadéquate, avec un accès limité à la population rurale hors des routes principales.

* Certains travailleurs humanitaires doivent négocier l'accès avec des acteurs armés, même notamment érythréens.

Après avoir présenté le FLPT comme une entité traîtresse coupable d’avoir attaqué l'armée et violé l'ordre constitutionnel, le gouvernement éthiopien a déclaré qu'il n'avait d'autre choix que d'agir.

Le gouvernement éthiopien a également pris des mesures contre ceux qui se demandaient si son intervention serait aussi rapide et indolore qu'il l'avait d'abord prétendu – y compris William Davison, expulsé le 20 novembre sans raison officielle.

«Si vous émettez des critiques à l'égard du gouvernement, vous serez alors perçu comme complice de l'adversaire, le FLPT», explique William Davison, désormais basé au Kenya.

«Moi-même et d'autres avons été considérés comme complices du FLPT et le gouvernement a fait tout son possible pour convaincre tout le monde que le FLPT est une entité traîtresse coupable d’avoir attaqué l'armée et violé l'ordre constitutionnel.» 

Des réfugiés éthiopiens qui ont fui d'intenses combats dans leur pays natal du Tigré, se rassemblent au centre d'accueil frontalier de Hamdiyet, dans l'État soudanais de Kasala, le 14 novembre 2020 (AFP / Photo d’Archive) 
Des réfugiés éthiopiens qui ont fui d'intenses combats dans leur pays natal du Tigré, se rassemblent au centre d'accueil frontalier de Hamdiyet, dans l'État soudanais de Kasala, le 14 novembre 2020 (AFP / Photo d’Archive) 

Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix en 2019 pour avoir rétabli des relations avec l'Érythrée, l'ennemi de longue date de l'Éthiopie, est aujourd’hui accusé de crimes de guerre au Tigré.

Seyoum Mesfin, ancien ministre éthiopien des Affaires étrangères, artisan de la paix et ancien homme d'État africain, était l’un des trois dirigeants du FLPT tués par l'armée début janvier dans une action qui a déclenché un tollé international.

Pramila Patten, l'envoyée de l'Organisation des nations unies (ONU) chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit,  déclare qu'il existe «des rapports inquiétants d'individus qui auraient été contraints, sous la menace, de violer des membres de leur propre famille». 

La Commission éthiopienne des droits de l'homme a récemment déclaré que 108 cas de viol ont été signalés au cours des deux derniers mois dans l'ensemble du Tigré. La commission a également admis que «les structures locales telles que la police et les établissements de santé vers lesquelles les victimes de violences sexuelles se tourneraient normalement pour signaler de tels crimes n’existent plus».

Tous ces événements sont un revirement de situation pour un pays qui, il y a quelques mois à peine, était considéré comme l’économie africaine à la croissance la plus rapide. Désormais, les journalistes éthiopiens et les militants des droits de l’homme ont peur de s'exprimer, beaucoup d'entre eux évitant les zones frontalières, laissant ainsi les atrocités militaires passer inaperçues.

«Nous sommes sur nos gardes depuis des mois maintenant. Vous devez être très prudent avec vos commentaires», a déclaré à Arab News un analyste politique basé à Addis-Abeba, requérant l’anonymat.

«Des violations des droits de l'homme sont commises de toutes parts, à la fois par les milices Amhara (l'un des deux plus grands groupes ethniques d'Éthiopie) mais aussi par les troupes fédérales elles-mêmes et les Érythréens. 

«L’aspect humanitaire du conflit est effrayant, ainsi que le manque d’informations de la part du gouvernement concernant la fourniture de l’aide. Ils annoncent publiquement qu'ils le feront. Mais de grandes zones du Tigré sont toujours inaccessibles. Il est très difficile de dire combien de temps ils comptent continuer ainsi, ce qui est très préoccupant. »

Un membre des forces spéciales d'Amhara tient son arme tandis qu'un autre se lave le visage à Humera, en Éthiopie, le 22 novembre 2020. Le Premier ministre Abiy Ahmed, lauréat du prix Nobel de la paix 2020, a annoncé des opérations militaires au Tigré le 4 novembre 2020, affirmant qu'elles sont la réponse aux attaques contre les camps de l'armée fédérale par le parti, le Front de libération du peuple du Tigré (FLPT). (AFP / Photo d’Archive)
Un médecin désinfecte ses outils à l'intérieur d'un établissement médical pour un réfugié éthiopien qui a fui les combats dans la province du Tigré au camp d'Um Raquba dans la province de Gedaref, dans l'est du Soudan, le 21 novembre 2020 (AFP / Photo d’Archive) 

Les soldats érythréens ont aggravé le problème en attaquant le FLPT au nom du gouvernement d'Abiy, ce qui a incité l'administration de Joe Biden à demander leur retrait immédiat. (Asmara et Addis-Abeba nient que les forces érythréennes soient présentes au Tigré.)

Les rapports indiquent qu’une grande partie des 100 000 réfugiés érythréens résidant dans la région risquent d'être pris entre deux feux ou d'être renvoyés de force. Filippo Grandi, Haut-Commissaire des nations unies pour les réfugiés, s'est dit «profondément alarmé par les informations faisant état de réfugiés tués, enlevés et renvoyés de force en Érythrée, ce qui constituerait une violation majeure du droit international».

Alex de Waal, de la World Peace Foundation, affirme que si la guerre provoque une catastrophe humanitaire et l'effondrement économique de l'Éthiopie, il ne fait aucun doute que les conséquences se feront sentir partout.

«Le prix humain et économique sera payé par les habitants de la Corne de l'Afrique, mais ces personnes commenceront également à se déplacer en masse vers l'Europe, et le projet de loi de sauvetage humanitaire et économique sera présenté à l'Europe et aux États-Unis», a-t-il déclaré à Arab News.

«En période d'austérité et de réduction des budgets consacrés aux aides, cela pose aux donateurs un terrible dilemme.»

Résumant la crise du Tigré et sa solution potentielle sans mâcher ses mots, Alex de Waal déclare: «Chaque jour qui passe est synonyme de plus de souffrance, de meurtres, de famine, d'amertume et de répercussions plus larges. Retirez les troupes érythréennes. Ensuite, entamez les pourparlers politiques.»

Twitter: @rebeccaaproctor

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Indonésie: 54 blessés dans une explosion d'origine inconnue près d'une école à Jakarta, selon la police

 Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
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  • "Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV
  • L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre

JAKARTA: Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre.

"Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV.

L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre.

La police "procède aux constatations sur la scène de crime", a déclaré M. Asep, précisant qu'une équipe de déminage de la police de Jakarta était sur place afin de déterminer la cause de l'explosion.

Des postes de secours ont été établis dans deux hôpitaux pour aider les familles à retrouver les victimes blessées, a-t-il également indiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l'explosion, a ajouté M. Asep. "Nous sommes en train de mener les investigations car cet incident vient de se produire", a-t-il expliqué.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.