Un prêt de la Banque mondiale destiné aux pauvres suscite un débat houleux au Liban

Une photo montre le bâtiment de la Banque centrale libanaise à Beyrouth, au Liban, le 10 février 2021. L’aide de la Banque mondiale vise à mettre en place un filet de sécurité sociale plus solide pour 800 000 des citoyens les plus vulnérables du Liban au milieu d’une crise économique et sanitaire (Photo, Reuters).
Une photo montre le bâtiment de la Banque centrale libanaise à Beyrouth, au Liban, le 10 février 2021. L’aide de la Banque mondiale vise à mettre en place un filet de sécurité sociale plus solide pour 800 000 des citoyens les plus vulnérables du Liban au milieu d’une crise économique et sanitaire (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 18 février 2021

Un prêt de la Banque mondiale destiné aux pauvres suscite un débat houleux au Liban

  • Une aide de 246 millions de dollars suscite un débat furieux au milieu des craintes d'un chaos social imminent
  • Factions et partis politiques tenteraient de contrôler davantage la gestion des fonds du programme

BEYROUTH: Le gouvernement libanais espère accéder à un prêt d’urgence de la Banque mondiale de 246 millions de dollars pour aider les pauvres du pays qui ont été plongés dans le chaos au moment où les parlementaires se chamaillaient sur les détails de ce programme de secours.

L’aide en espèces de la Banque mondiale vise à mettre en place un filet de sécurité sociale plus solide pour 800 000 des citoyens les plus vulnérables du Liban dans un contexte de crise économique et sanitaire qui a laissé jusqu'à la moitié de la population du pays confrontée à un besoin croissant.

L'effondrement qui a grimpé en flèche a conduit à une inflation à trois chiffres et on craint que jusqu'à 20% des Libanais ne soient plongés dans l'extrême pauvreté.

Avec un peu d'espoir de sortir de l'impasse politique et les prévisions des experts économiques que la banque centrale réduira les subventions aux biens essentiels dans les semaines à venir, le gouvernement intérimaire a désespérément voulu accéder au prêt de 246 millions de dollars de la Banque mondiale pour éviter l'aggravation de la crise sociale dans le pays.

La détérioration de la situation économique a été mise en évidence mercredi lorsque le dollar a atteint 9 000 livres libanaises sur le marché noir.

Cependant, les espoirs que les fonds d'urgence de la Banque mondiale pourraient être utilisés rapidement ont été souillés mardi lorsqu'un projet de loi visant à signer le traité de prêt a fait l'objet d'un débat parlementaire houleux.

Pendant que certains députés ont affirmé que les détails du prêt sont «ambigus et que le mécanisme de distribution n'est pas tout à fait clair», d'autres ont révélé que le prêt devrait être lié à l'arrêt de la contrebande à travers la frontière avec la Syrie.

Le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, a signalé que le gouvernement cherchait à approuver des projets sans examen approfondi en raison de la crise économique et des besoins pressants de la population. «Cela affecte également la souveraineté du Liban», a-t-il déclaré.

Les députés étaient aussi en désaccord sur la question de savoir si le prêt devait être donné aux familles dans le besoin à un taux de change de 6 240 livres libanaises pour un dollar ou en dollars américains.

D'autres députés ont exprimé leurs craintes que les fonds du prêt ne soient exploités à des fins politiques.

La Banque mondiale a estimé que 1,7 million de Libanais risquent de sombrer dans la pauvreté, avec jusqu'à 841 000 personnes confrontées à des pénuries alimentaires.

Michel Abboud, président de Caritas-Liban, a dévoilé que son organisme a des dizaines de milliers de familles en difficulté sur ses listes.

«Nous sommes dans le domaine social depuis 50 ans, et nous voyons de plus en plus de pauvres rejoindre les listes en raison de la perte de revenus familiaux due à la situation exceptionnelle du pays», a-t-il ajouté.

À la suite de discussions entre le gouvernement libanais et la Banque mondiale au sujet du prêt, un expert a déclaré à Arab News: «Au départ, le prêt valait 600 millions de dollars, mais lors des négociations entre 2011 et 2020, le montant est tombé à 246 millions de dollars. La Banque mondiale a émis des commentaires sur le suivi en raison d'une mauvaise gestion, mentionnant que le Liban ne dispose pas d'enquêtes claires indiquant le taux de pauvreté».

Ziad Abdel Samad, directeur exécutif du Réseau des ONG arabes pour le développement, a souligné que: «La Banque mondiale a refusé de remettre de l'argent aux autorités libanaises en raison d'un manque de confiance et de réformes».

Toutefois, il a déclaré qu’à la suite de l’«impitoyable réalité du Liban», la banque a offert le prêt dans le but d’aider les gens à «survivre face à des crises accablantes».

Samad a, en outre ajouté, que le geste «des politiciens qui prétendent défendre la souveraineté n’est qu’une tentative pour les parties de contrôler davantage la gestion des fonds du programme».

Des groupes internationaux devraient superviser la distribution des prêts, a-t-il affirmé.

«Cette aide se volatilisera à coup sûr pendant la crise», a déclaré Samad.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".