Chassés de Facebook et Twitter, les extrémistes de Trump s'épanchent ailleurs

Un membre des Proud Boys, organisation extrémiste soutenant Donald Trump (Photo, AFP).
Un membre des Proud Boys, organisation extrémiste soutenant Donald Trump (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 24 février 2021

Chassés de Facebook et Twitter, les extrémistes de Trump s'épanchent ailleurs

  • Bannies des plateformes grand public, les mouvances conspirationnistes et de suprémacisme blanc américaines se sont repliées sur des réseaux plus confidentiels et plus difficiles à réguler
  • Après les émeutes du 6 janvier, les principaux réseaux sociaux ont sévi contre les organisations impliquées, comme les Oath Keepers, les Three Percenters, et les Proud Boys

SAN FRANCISCO: Gab au lieu de Twitter, MeWe pour remplacer Facebook, Telegram comme messagerie, et Discord pour les initiés : bannies des plateformes grand public, les mouvances conspirationnistes et de suprémacisme blanc américaines, soutiens affichés de Donald Trump, se sont repliées sur des réseaux plus confidentiels et plus difficiles à réguler.

« Les partisans de Trump les plus extrêmes étaient déjà bien installés sur les plateformes alternatives », constate Nick Backovic, un chercheur de Logically.AI, une société spécialisée dans la désinformation numérique. « Facebook et Twitter ont été très lents à réagir, cela a permis aux influenceurs de reconstruire leurs audiences quasiment sans interruption ».

Après les émeutes du 6 janvier à Washington, les principaux réseaux sociaux ont sévi contre les organisations impliquées, comme les Oath Keepers, les Three Percenters, et les Proud Boys.

Facebook a ainsi intensifié les purges contre les mouvements armés, tandis que Twitter, de son côté, a banni définitivement l'ancien président, et supprimé 70 000 comptes affiliés à QAnon, une nébuleuse dont les fidèles étaient persuadés, ou le sont encore, qu'il va sauver le monde d'élites corrompues et pédophiles. 

« C'est une stratégie qui fonctionne », estime Jim Steyer, président de l'association Common Sense Media. « Regardez Trump sans Twitter : il a perdu son mégaphone, ses messages ne sont plus amplifiés ».

Mais des millions d'extrémistes et conspirationnistes refusent de se résigner, selon des experts, qui craignent que la censure rapproche et soude des individus a priori très différents.

Anti-vaccins

« Chez QAnon, vous avez des militants armés, des républicains traditionnels, des mères au foyer, votre prof de yoga... Des gens qui avaient encore une certaine distance avec les groupes nazis ou suprémacistes. Mais là, ils commencent à se fondre dans les mêmes communautés. Ils n'ont nulle part ailleurs où aller », observe Alex Goldenberg du Network Contagion Research Institute (NCRI), un centre de recherche également spécialisé sur la désinformation numérique.

Les adeptes déçus se rassemblent sous d'autres bannières, notamment le mouvement anti-vaccins. Sur la messagerie cryptée Telegram, des groupes de dizaines de milliers de supporters de Donald Trump relaient ainsi de fausses rumeurs sur les « vaccins de dépopulation », entre deux insultes contre Joe Biden ou les migrants.

Les autorités pourraient mépriser ces échanges véhéments dans les recoins méconnus du web. Mais si l'exclusion des grands réseaux sociaux a limité la capacité de recrutement à grande échelle des mouvements extrémistes, le feu couve sous la cendre.

Fin janvier, un groupe de manifestants a par exemple interrompu les vaccinations contre le Covid-19 dans un stade de Los Angeles.

La nécessité de réguler les réseaux alternatifs se heurte cependant aux contraintes morales et pratiques. Les limites de la liberté d'expression font l'objet d'un débat tendu aux Etats-Unis.

Pollution numérique

Parler, sorte de Facebook des conservateurs, s'est retrouvé hors-jeu pendant plusieurs semaines, exclu du web par Google, Apple et Amazon parce qu'il enfreignait leurs règles sur la modération des contenus incitant à la violence. Il est revenu en ligne mi-février.

Gab et MeWe, qui ressemblent aussi à Facebook, ont vu leur popularité exploser dans la foulée du 6 janvier. Selon Alex Goldenberg, les extrémistes qui les ont rejoints s'en servent d'abord pour exprimer leur frustration. 

« Il n'y a pas eu de pandémie en 2020. La grippe a été instrumentalisée pour détruire l'économie et voler l'élection (de Donald Trump) », assure un utilisateur de Gab, ILoveJesusChrist123, en commentaire d'un communiqué de l'ancien président, relayé par la plateforme.

Telegram est plus propice au passage à l'action, via les groupes privés, protégés par le cryptage. Les aficionados des armes à feu, eux, se retrouvent sur le forum MyMilitia.com (« Ma Milice »).

Mais là où les fondateurs de Gab ne cachent pas leurs affinités avec QAnon, MeWe et Telegram ont assuré qu'ils se passeraient bien de l'association avec les conspirationnistes. 

« Il y a des centaines de groupes sur MeWe et seulement une fraction portent sur la politique », a déclaré David Westreich, le directeur marketing de la plateforme. « Contrairement à Facebook et Twitter, (...) il n'y a pas sur MeWe de moyen pour les annonceurs, politiciens ou quiconque de promouvoir des choses à nos utilisateurs ».

MeWe et Telgram ont fait des efforts de modération, mais les ressources nécessaires coûtent cher.

« Ces mouvances, c'est comme la pollution. Elles ont gagné en pouvoir et en influence parce qu'elles fonctionnaient librement sur Facebook, Twitter et YouTube », commente Emerson Brooking, spécialiste des extrémistes et de la désinformation à l'Atlantic Council, un groupe de réflexion.

Il recommande par conséquent une sorte de mutualisation des équipes et technologies de modération entre réseaux sociaux concurrents.

Le gouvernement devrait aussi intervenir, estime John Farmer du NCRI : « il doit traiter les réseaux comme l'eau et l'électricité : des biens publics soumis à régulation ».


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.


Des milliers de morts cet été en Europe à cause du changement climatique, avancent des chercheurs

Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
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  • Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées
  • Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni

PARIS: Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques.

"Centrée sur 854 villes européennes, cette étude conclut que le changement climatique est à l'origine de 68% des 24.400 morts qui seraient liées à la chaleur cet été", souligne mercredi le communiqué des deux instituts britanniques auxquels appartiennent les auteurs, l'Imperial College London et la London School of Hygiene & Tropical Medicine.

Ils concluent donc qu'entre 15.013 et 17.864 décès liés cet été à la chaleur n'auraient pas eu lieu sans le réchauffement climatique, dans ces villes qui ne représentent par ailleurs qu'un petit tiers de la population européenne.

Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées. Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni.

Or, les effets sur la santé des chaleurs sont bien connus: aggravation des troubles cardiovasculaires, déshydratation, troubles du sommeil... Et les plus âgés sont, de loin, les plus à risque d'en mourir.

"Il suffit que les canicules soient plus chaudes de 2 à 4°C pour que des milliers de personnes passent de vie à trépas", a souligné Garyfallos Konstantinoudis, co-auteur de l'étude, lors d'une conférence de presse, qualifiant les pics de chaleur de "tueurs silencieux".