Il y a 30 ans, Gainsbourg se barre

Une photo d'archive prise le 11 mars 1984 montre l'auteur-compositeur-interprète français Serge Gainsbourg. (PHILIPPE WOJAZER / AFP)
Une photo d'archive prise le 11 mars 1984 montre l'auteur-compositeur-interprète français Serge Gainsbourg. (PHILIPPE WOJAZER / AFP)
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Publié le Vendredi 26 février 2021

Il y a 30 ans, Gainsbourg se barre

  • Il y a eu déjà des alertes, la mort a frappé à sa porte. 1973, première crise cardiaque; 1989, lourde opération du foie; puis autre infarctus et nouvelle hospitalisation
  • Le 7 mars, après un hommage au funérarium de Nanterre, où son cercueil est exposé deux jours, c'est l'heure du dernier adieu au cimetière du Montparnasse

PARIS : "Je suis venu te dire que je m'en vais"... 2 mars 1991, Serge Gainsbourg part cette fois sans crier gare. Une crise cardiaque, foudroyante, alors qu'il est chez lui, seul, à Paris. "L'homme à la tête de chou" a 62 ans.

C'est le week-end de la fin de la guerre du Golfe. La nouvelle tombe dans la nuit du samedi au dimanche: "Serge Gainsbourg est mort, apprend-on de bonne source auprès des sapeurs-pompiers de Paris", annonce à 00H35 l'AFP.

Dans la soirée, devant sa maison parisienne, Bambou, sa dernière compagne, s'est inquiétée quand il n'a pas répondu - personne n'a les clefs quand il compose - et a alerté les secours. On le retrouve gisant nu à même le sol.

Un choc mais pas une surprise tant l'auteur de "Je t'aime moi non plus" a brûlé la vie par les deux bouts. Les dernières années, Gainsbourg a cédé beaucoup de place à Gainsbarre, son Mr Hyde, augmentant encore sa consommation d'alcool et de cigarettes gitanes et s'abîmant dans le monde de la nuit.

Il y a eu déjà des alertes, la mort a frappé à sa porte. 1973, première crise cardiaque; 1989, lourde opération du foie; puis autre infarctus et nouvelle hospitalisation.

Dernièrement, le roi de la provocation a pourtant essayé de trouver paix et repos. Pour composer son dernier album, qu'il va enregistrer au printemps à La Nouvelle-Orléans, il se réfugie pendant six mois chez le chef étoilé Marc Meneau à Vézelay, en Bourgogne.

Mort annoncée 

Il parle beaucoup de la mort, omniprésente dans sa vie - enfant, il a porté l'étoile jaune sous l'occupation allemande - et son oeuvre. Elle le terrorise. Comme un ultime pied de nez, il a scénarisé une vraie-fausse interview posthume que Libération publie le jour venu.

"Bon je suis mort (...). C'est le coeur qui a lâché. Non, c'est plutôt une overdose de plomb. C'était assez foudroyant. Et puis, j'étais exceptionnellement faible", présage-t-il alors.

Beaucoup n'apprennent son décès qu'au petit matin. Le dimanche, des centaines de personnes, silencieuses, viennent déposer des fleurs ou écrire des messages sur la façade blanche de la maison, rue de Verneuil à Saint-Germain des Prés, déjà pleine de graffitis. Bientôt un lieu de pèlerinage.

"On est loin des grandes foules rassemblées devant les domiciles de Piaf, Claude François ou Dalida, quelques heures après leur disparition. Rue de Verneuil, pas de scènes d'hystérie, pas de sanglots, pas de portraits brandis. Plutôt une résignation devant cette mort annoncée depuis longtemps par Gainsbourg lui-même", témoigne un journaliste de l'AFP.

Les proches défilent, son ex-compagne Jane Birkin en tête. Un rabbin passe dire les prières rituelles. Le président François Mitterrand salue dans un télégramme "son amour de la langue et son génie musical". L'une de ses muses, Brigitte Bardot, l'interprète de "Harley Davidson", pleure à distance un homme "irremplaçable qui se détruisait depuis longtemps".

Le Canard enchaîné republie son premier article consacré à Gainsbourg en 1958, à la sortie du "Poinçonneur des Lilas". Une chanson "sombre, fiévreuse et belle", vibrait Boris Vian.

"Amis du commissariat" 

Le 7 mars, après un hommage au funérarium de Nanterre, où son cercueil est exposé deux jours, c'est l'heure du dernier adieu au cimetière du Montparnasse. Dans la sobriété.

Sous un soleil printanier, l'artiste est enterré avec ses parents Joseph et Olga Ginsburg, des immigrés russes juifs. Une plaque grise avec ces simples mots: "Serge Gainsbourg 1928-1991".

Au milieu des proches, de ses plus jeunes enfants, Charlotte et Lulu, et de personnalités, Catherine Deneuve, pour qui il a composé "Dieu est un fumeur de havanes", lit en guise d'homélie le texte d'une chanson écrite pour Jane, "Fuir le bonheur avant qu'il se sauve".

"Quand j'aurai disparu, lance au moins quelques orties sur ma tombe, mon p'tit Lulu", plaidait l'artiste en préface d'une chanson dédiée à son fils. Le cercueil est recouvert d'une montagne de fleurs blanches...

Sur une gerbe, on peut lire "Ses amis du commissariat du 6e", hommage des policiers auxquels il rendait visite la nuit.

Entre Baudelaire et Sartre, il repose dans le "trou" chanté par le "Poinçonneur des Lilas": "Se faire un petit trou, un dernier petit trou et on me mettra dans un grand trou".


Gukesh, 17 ans et déjà prétendant au trône mondial des échecs

Il replacerait l'Inde au sommet des échecs plus de 10 ans après la fin du règne de Viswanathan Anand (Photo, Instagram).
Il replacerait l'Inde au sommet des échecs plus de 10 ans après la fin du règne de Viswanathan Anand (Photo, Instagram).
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  • Firouzja a été le seul à l'avoir battu lors du tournoi, dans la phase aller, mais sans l'ébranler
  • Dommaraju Gukesh, est né le 29 mai 2006 et, un mois avant ces 18 ans, était déjà le benjamin du tournoi réunissant huit des meilleurs joueurs du monde

 

PARIS: Le grand maître indien Gukesh a remporté dans la nuit de dimanche à lundi le tournoi des Candidats à Toronto (Canada), et n'est plus qu'à une marche de devenir le plus jeune roi de l'histoire des échecs.

Grâce à son nul plein de maîtrise contre l'Américain Hikaru Nakamura et à celui entre le Russe Ian Nepomniachtchi et l'Américain Fabiano Caruana, le joueur indien, 16e joueur mondial lors du dernier classement, termine seul en tête après les quatorze parties.

La dernière ronde entre les quatre joueurs de tête, qui pouvaient encore tous prétendre à la victoire, a été haletante, mais Caruana n'a pas réussi à convertir une position avantageuse contre son adversaire.

"Je suis si soulagé et heureux. C'était beaucoup d'émotions pendant les parties, mais désormais je me sens juste bien", a-t-il commenté en conférence de presse. "J'ai hâte de pouvoir parler à ma mère", qui n'a pas fait le déplacement jusqu'au Canada au contraire de son père.

A 17 ans, Gukesh gagne donc le droit d'affronter le Chinois Ding Liren, actuel détenteur de la couronne mondiale, dans un match qui devrait avoir lieu plus tard dans l'année mais à une date et un lieu à définir. Il est aussi le plus jeune joueur à avoir remporté le tournoi des Candidats.

"Je me moque un peu de ces records", a-t-il dit en souriant après la partie.

En cas de victoire, une hypothèse crédible car le Chinois semble hors de forme depuis son sacre en avril 2023, il effacerait des tablettes le Russe Garry Kasparov, champion du monde la première fois à 22 ans du format le plus prestigieux des échecs.

Il replacerait l'Inde au sommet des échecs plus de 10 ans après la fin du règne de Viswanathan Anand (2008-2013).

Une défaite en 14 parties 

Dommaraju Gukesh, "Gukesh D" dans le monde des échecs, est né le 29 mai 2006 et, un mois avant ces 18 ans, était déjà le benjamin du tournoi réunissant huit des meilleurs joueurs du monde.

Il a pris seul les commandes grâce à sa cinquième victoire de la compétition lors de l'avant-dernière journée contre le Franco-Iranien Alireza Firouzja, 20 ans.

Firouzja a été le seul à l'avoir battu lors du tournoi, dans la phase aller, mais sans l'ébranler. "C'est après cette partie que je me suis dit que cela pouvait être mon moment. J'étais déçu, mais dès le lendemain je me sentais déjà au mieux de ma forme" a expliqué Gukesh.

Le joueur indien continue son ascension fulgurante, après avoir obtenu sa norme de grand maître, la plus haute distinction des échecs, à seulement 12 ans, en 2019 et sa première norme internationale en 2015.

Il pourrait figurer à la 6e place lors du prochain classement mondial, le 1er mai, son meilleur rang, une place devant Ding Liren, selon des estimations provisoires.

Le numéro 1 Magnus Carlsen a fait l'impasse, lassé par les parties classiques dans lesquelles il a été cinq fois champion du monde de 2013 à sa renonciation en 2023.


Le populaire chanteur français Kendji Girac, grièvement blessé par balle, hospitalisé

Le chanteur français Kendji Girac (Photo, @Kendji).
Le chanteur français Kendji Girac (Photo, @Kendji).
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  • La victime, Kendji Girac, qui était alors entre la vie et la mort, a été immédiatement transportée à l'hôpital de Bordeaux
  • En début de matinée, son pronostic vital n'était plus engagé, a-t-on ajouté de même source, sans donner de précisions sur les circonstances de ces faits

PARIS: Le populaire chanteur français Kendji Girac a été très grièvement blessé par balle lundi et hospitalisé à Bordeaux (sud-ouest) où son pronostic vital n'est plus engagé après l'avoir été un temps, a-t-on appris de source proche du dossier.

Vers 5H30 lundi (04h30 GMT), les gendarmes ont été appelés sur l'aire des gens du voyage de Biscarrosse, sur la côte Atlantique, pour un homme grièvement blessé par balle au thorax.

Entre la vie et la mort

La victime, Kendji Girac, qui était alors entre la vie et la mort, a été immédiatement transportée à l'hôpital de Bordeaux. En début de matinée, son pronostic vital n'était plus engagé, a-t-on ajouté de même source, sans donner de précisions sur les circonstances de ces faits.


Les papillons d'Equateur : joyaux ailés et thermomètres du changement climatique

Un papillon est observé dans la forêt amazonienne protégée de Cuyabeno, en Équateur (Photo, AFP).
Un papillon est observé dans la forêt amazonienne protégée de Cuyabeno, en Équateur (Photo, AFP).
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  • À l'intérieur de filets, un verre contenant un appât de poisson ou de banane fermentée entend séduire les individus adultes
  • Depuis août, l'équipe mène un projet de surveillance des papillons avec le soutien de l'ONG Rainforest Partnership, basée aux Etats-Unis

 

CUYABENO, Equateur: L'odeur fétide de poisson en décomposition emplit le sentier au milieu de la jungle. Dans la réserve de Cuyabeno, en pleine Amazonie équatorienne, une équipe de biologistes et de gardes forestiers a accroché dans les branches des pièges à papillons, ces bijoux ailés remplis d'informations permettant de mesurer les effets dévastateurs du changement climatique.

À l'intérieur de filets, un verre contenant un appât de poisson ou de banane fermentée entend séduire les individus adultes, dont la vie éphémère permet de comprendre à court terme l'extinction de certaines espèces.

Depuis août, l'équipe mène un projet de surveillance des papillons avec le soutien de l'ONG Rainforest Partnership, basée aux Etats-Unis.

La sueur, la longue marche et la pestilence sont récompensées : en une semaine, l'équipe a recueilli 169 papillons, principalement de la famille des nymphalidés. Parmi eux, 97 ont été marqués sur leurs ailes et relâchés. Les autres, appartenant probablement à de nouvelles espèces, seront étudiés.

Des saisons «mortelles»

La biologiste Maria Fernanda Checa dirige le projet et étudie depuis dix ans les papillons dans le parc national voisin de Yasuni, une réserve de biosphère où d'importants gisements de pétrole sont en cours d'exploitation.

Ses travaux ont été étendus en 2023 à la réserve de Cuyabeno, dans la province de Sucumbios, dans le nord-est du pays. Les résultats seront bientôt connus, mais Mme Checa, professeur à la Pontificia universidad catolica del Ecuador (PUCE), s'attend déjà à quelques découvertes.

Le nombre d'espèces qui tombent dans les pièges a chuté de 10%, et en ce qui concerne la quantité d'individus, "la diminution est également très importante, nous parlons d'environ 50%", observe-t-elle. "C'est quelque chose qui nous inquiète", explique Mme Checa à l'AFP.

La biologiste Elisa Levy, que l'AFP a accompagnée en expédition, est en charge du suivi des papillons à Cuyabeno, une forêt où les arbres poussent au milieu des lagunes.

Tout en battant l'air pour faire fuir les moustiques, Mme Levy donne des instructions à des gardes forestiers du ministère de l'Environnement et un étudiant.

"Ne touchez pas les ailes! Elles se détachent, et c'est comme les écorcher", prévient-elle à l'intention de son équipe qui retourne dans la forêt tropicale tous les deux mois chasser les précieux lépidoptères.

Effet domino

Les chercheurs tiennent l'abdomen des papillons dans leurs mains, soufflent doucement sur leur torse pour qu'ils rétractent leurs pattes et, à l'aide de pinces, écartent leurs ailes multicolores. C'est une explosion enchanteresse de rouges et de bleus vifs, des marques qui simulent des yeux de prédateurs et des motifs semblables à la fourrure tachetée des jaguars ou aux rayures des zèbres.

"Par une simple couleur, un petit trait, on peut déjà dire qu'il s'agit d'une autre espèce. C'est passionnant", s'émerveille le garde forestier Nilo Riofrio, capable d'attraper les papillons en plein vol sans les blesser.

Les papillons sont des "bio-indicateurs", c'est-à-dire qu'ils sont "très sensibles, même à de petits changements dans l'écosystème", en raison de leur cycle de vie qui commence par des œufs, puis des chenilles et enfin une brève vie d'adulte, explique Mme Checa. Les saisons de sécheresse notamment "sont mortelles" pour les insectes.

Mme Levy explique l'effet domino de la crise climatique sur l'écosystème. "Si la plante hôte (dont se nourrit la chenille) ne s'adapte pas à ces changements climatiques, le papillon ne pourra pas survivre".

«Problème grave»

En Equateur, il existe environ 4.000 espèces de papillons, un nombre proche de celui des pays voisins, le Pérou et la Colombie, qui sont quatre fois plus grands.

Dans les zones tropicales, les papillons ne sont pas adaptés aux changements climatiques, comme c'est le cas dans les pays à quatre saisons des régions aux climats plus tempérés.

"Si le climat se refroidit ou se réchauffe (jusqu'à des températures excessives), ils n'ont pas beaucoup de chances de s'adapter rapidement",  prévient Mme Levy.

Selon un document publié par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) en 2023, quelque 35% des espèces d'insectes de la planète sont menacées d'extinction.

"C'est un problème grave pour nous" en raison des fonctions qu'ils remplissent dans la nature, comme la pollinisation, souligne Mme Checa. Et le plus grave, c'est que dans des endroits très diversifiés comme la réserve de Yasuni, "le taux de découverte d'espèces est plus lent que le taux d'extinction", ajoute-t-elle.