LONDRES: L'ONU a durement critiqué l'Iran pour son bilan en matière de droits des minorités en dénonçant une « campagne apparemment coordonnée » contre les minorités du pays. Cela survient après des jours de violence et de troubles dans la province du Sistan et du Baloutchistan.
« En Iran, une campagne apparemment coordonnée cible les groupes minoritaires depuis décembre, notamment au Sistan et au Baloutchistan, au Khouzistan et dans les provinces kurdes », a affirmé la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet. « Des arrestations massives et des disparitions forcées ont été signalées, ainsi qu'un nombre croissant d'exécutions suite à l’utilisation de procédés très condamnables ».
« Dans tout le pays, l’exercice des libertés civiques et l’expression politique ou critique continuent d’être visés par les lois sur la sécurité nationale, les poursuites pénales et l’intimidation ».
« Je suis préoccupé par l'impunité persistante pour les violations des droits de l'homme, en particulier les violations qui se sont produites dans le contexte des manifestations de 2018 et 2019 ».
Les Arabes du Khouzistan et les Kurdes de la province du Kurdistan ont longtemps souffert aux mains du régime, tout comme les Baloutches au Sistan et au Baloutchistan, où au cours de la semaine dernière, des troubles et des violences ont éclaté entre la population et les forces de sécurité.
Lundi, le Corps des gardiens de la révolution islamique a tiré sur des contrebandiers de carburant à la frontière irano-pakistanaise, tuant 10 personnes selon Human Rights Watch. Depuis lors, les manifestations et la violence contre le gouvernement local en Iran se sont intensifiées.
Mardi, des manifestants ont attaqué le bureau du gouverneur de la région à Saravan, une ville du Sistan et du Baloutchistan. Dans un autre incident, des assaillants inconnus ont attaqué un poste de police, également à Saravan, avec des armes légères et des lance-grenades, ce qui a provoqué une fusillade qui a fait un mort du côté de la police.
Les responsables iraniens ont déclaré que les troubles avaient été « maîtrisés ». Cependant, des sources en contact avec des personnes à l'intérieur de l'Iran ont révélé que malgré la répression de Téhéran dans toute la province et une coupure d'Internet, les manifestants ont bloqué les autoroutes et occupé les édifices gouvernementaux jeudi.
Ali Safavi, membre du groupe d'opposition iranien installé à Paris, le Conseil national de la résistance en Iran, a déclaré à Arab News que ses sources à l’intérieur du pays estiment que le nombre de morts lié aux troubles pourrait désormais atteindre 40.
« Les minorités ethniques d’Iran, notamment les Baloutches, les Kurdes et les Arabes, ont énormément souffert des politiques et des pratiques discriminatoires des mollahs », a-t-il assuré.
« La répression sauvage, particulièrement le déploiement de chars, contre les personnes sans défense de Saravan et d'autres villes de la province du Sistan et du Baloutchistan est, à tous égards, un crime contre l'humanité ».
« La communauté internationale ne devrait pas perdre de temps afin de condamner le massacre dans le langage le plus fort possible et d’ouvrir une enquête internationale indépendante ».
Safavi a condamné le manque de réaction des pays de l'UE face à la violence et a critiqué les plans visant à organiser un forum d'affaires Europe-Iran en ligne financé par l'UE la semaine prochaine, malgré les violations flagrantes des droits de l'homme dans le pays et les activités terroristes liées à l'Iran sur le continent européen.
« Pour l'UE, gagner de l'argent grâce aux entreprises européennes est plus précieux que la vie du peuple iranien », a-t-il soutenu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com