Tunisie: Les fleurons publics au bord du gouffre

Cette photo montre un avion de Tunisair stationné sur le tarmac de l'aéport de Tunis. (Photo, AFP/Archives)
Cette photo montre un avion de Tunisair stationné sur le tarmac de l'aéport de Tunis. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Jeudi 04 mars 2021

Tunisie: Les fleurons publics au bord du gouffre

  • Le gouvernement tunisien contrôle 110 entreprises dans les secteurs des transports, de l'industrie et des services, entre autres
  • Les réformes réclamées de longue date pour assainir les comptes publics n'ayant pas été concrétisées

TUNIS : Tunisair et la Compagnie des phosphates de Gafsa, deux poids lourds du secteur public tunisien, sont aux abois, la pandémie de Covid-19 et l'instabilité politique ayant accentué la fragilité de ces mastodontes plombés par les dettes, des effectifs pléthoriques et une gestion défaillante.

Le gouvernement tunisien contrôle 110 entreprises dans les secteurs des transports, de l'industrie et des services, entre autres.

Pillées par le régime de Ben Ali jusqu'à sa chute en 2011, ces sociétés publiques n'ont depuis pas trouvé d'équilibre, en raison d'un manque de stratégie sur le long terme et de conflits sociaux à répétition.

Les réformes réclamées de longue date pour assainir les comptes publics n'ayant pas été concrétisées, certaines sont au bord de la faillite.

« L'heure est aux plans de sauvetage, plus aux réformes », a récemment averti le ministre des Transports, Moez Chakchouk.

La compagnie aérienne nationale Tunisair a vu ses comptes bloqués à la mi-février en raison d'impayés à l'opérateur aéroportuaire franco-turc TAV Airports. D'intenses négociations ont été nécessaires pour éviter une cessation de paiement, avec impossibilité de verser les salaires.

Tunisair compte environ 7.600 employés pour 26 avions, dont seulement sept sont opérationnels. Trois plans de restructuration ont été présentés en Conseil des ministres depuis 2012 mais sont restés lettre morte.

La pandémie a en outre fait chuter de 70% le chiffre d'affaires de l'entreprise en 2020, avec seulement un million de passagers, contre 3,4 l'année précédente. Enfin, sa dette atteint désormais 955 millions de dinars (290 millions d'euros).

La compagnie, qui a embauché 2.000 personnes après la révolution, avait prévu 1.200 licenciements en 2020.

Mais un bras de fer est en cours avec la puissante centrale syndicale UGTT. Cette dernière s'est dite prête à négocier une restructuration pour éviter une privatisation, mais l'ex-PDG de la compagnie Olfa Hamdi a accusé le syndicat de bloquer le processus.

Pour couronner le tout, Tunisair, déjà sans patron pendant six mois en pleines turbulences fin 2020, est à nouveau sans pilote, Mme Hamdi, jeune ingénieure nommée en janvier, ayant été limogée la semaine dernière.

« Etat d'urgence »

Autre ancien fleuron de l'économie, la Compagnie de phosphate de Gafsa (CPG), qui exploite l'une des rares ressources naturelles du pays, peine elle aussi à payer les salaires de ses employés.

L'entreprise a vu sa production s'effondrer en une décennie, en raison d'un manque d'investissements et de troubles sociaux à répétition pour réclamer emplois et mesures de développement dans la région marginalisée du centre-ouest, où est extrait ce minerai servant à fabriquer de l'engrais.

La Tunisie, qui en produisait 8 millions de tonnes en 2010, n'en extrait plus que 2,7 à 4 millions de tonnes par an –  3,1 en 2020, selon l'ex-ministre du Commerce Mohsen Hassen.

Le pays est passé de cinquième à douzième producteur mondial. En 2020, il a même dû importer du phosphate depuis l'Algérie pour subvenir à ses besoins.

L'exploitation du phosphate, censée être une source de revenus, est désormais une charge pour l'Etat.

La révolution de 2011, réclamant « travail et dignité », a fait naître d'immenses attentes sociales. Les gouvernements successifs ont tenté d'y répondre en créant des emplois subalternes dans le secteur public pour acheter la paix sociale.

Ces embauches non productives ont entraîné « un effet boule de neige » à la CPG, souligne M. Hassen.

Le Complexe chimique tunisien, qui transforme le phosphate, ou encore la Compagnie tunisienne de navigation (CTN) sont également en grande difficulté.

La valse des gouvernements et les querelles politiciennes récurrentes ont entravé la mise en place de stratégies à long terme et la dette cumulée des entreprises publiques atteint désormais 40% du PIB, siphonnant le budget de l'Etat selon le Fonds monétaire international.

Le chef de la mission du FMI, Chris Geiregat, a appelé mardi à « réduire les transferts » pour renflouer les caisses d'entreprises publiques « mal gérées » et à concevoir un plan de réformes réaliste.

Pour l'économiste Hakim Ben Hamouda, il faut un « diagnostic approfondi » de ces entreprises, dont certaines n'ont pas publié de comptes depuis plusieurs années, et instaurer « un état d'urgence économique » pour mettre en place des réformes.

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France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.