Le monde arabe détient le record de jeunes dans le besoin et victimes de violences

Des ambulances passent devant des manifestants antigouvernementaux lors d'une manifestation devant le conseil municipal de Dhi Qar dans la ville de Nasiriyah, au sud de l'Irak, le 27 février 2021, après le jour le plus meurtrier d'une semaine de violence dans la ville qui a fait quatre morts parmi les manifestants antigouvernementaux. (Assaad AL-NIYAZI / AFP)
Des ambulances passent devant des manifestants antigouvernementaux lors d'une manifestation devant le conseil municipal de Dhi Qar dans la ville de Nasiriyah, au sud de l'Irak, le 27 février 2021, après le jour le plus meurtrier d'une semaine de violence dans la ville qui a fait quatre morts parmi les manifestants antigouvernementaux. (Assaad AL-NIYAZI / AFP)
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Publié le Jeudi 04 mars 2021

Le monde arabe détient le record de jeunes dans le besoin et victimes de violences

  • Le taux de chômage est de 29% en Afrique du Nord et 25% au Moyen-Orient
  • Plus de 22.000 mineurs ont été tués dans la seule Syrie depuis le début de la guerre civile il y a dix ans, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme

AMMAN : La région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) détient un double record mondial: celui des jeunes dans le besoin et des enfants victimes de graves violences, affirme le directeur régional de l'Unicef.

Malgré ce triste bilan, Ted Chaiban assure dans un entretien à l'AFP à Amman qu'il existe une lueur d'espoir à condition que se construisent de nouvelles relations entre les gouvernements et les jeunes, dix ans après le déclenchement des révoltes du printemps arabe.

"Après 2011, la vie et l'avenir des jeunes ont été mis en péril par la multiplication des conflits et la chute des prix du pétrole", note-t-il. Le résultat est accablant dans une région qui compte 124 millions de jeunes entre 10 et 24 ans, soit 26% de la population selon l'Unicef.

"Aujourd'hui, 38 millions d'enfants et d'adolescents ont besoin d'une aide humanitaire dans cette région, soit le nombre le plus élevé au monde. Il en va de même pour le chômage", relève ce responsable de l'agence onusienne.

En outre, le taux de chômage est de 29% en Afrique du Nord et 25% au Moyen-Orient. Et il est plus élevé chez les femmes avec respectivement 39 et 41%.

"Pour l'Unicef, la région Mena représente plus de 50% du montant des appels de fonds pour l'aide humanitaire, soit un accroissement significatif depuis 2011 en raison de la dégradation économique et politique", souligne M. Chaiban.

Or, les perspectives ne sont pas réjouissantes. Il faudrait selon la Banque mondiale créer 300 millions de nouveaux emplois d'ici 2050. Pour satisfaire la demande des jeunes entrant sur le marché du travail, les pays de la région Mena devront dès aujourd'hui "créer 800.000 emplois par mois", a indiqué un responsable de la Banque mondiale en janvier.

D'autre part, la région, théâtre de conflits et d'une brutale répression dans plusieurs pays, "a connu depuis 2011 un accroissement exponentiel des violences contre le jeunes", ajoute le directeur régional de l'Unicef.

Selon lui, la moitié des 28.000 "graves violations" contre les jeunes recensées dans le monde en 2019, se sont produites dans sept pays de la région Mena.

Et elles ont doublé entre 2017 et 2019 selon les chiffres de l'ONU.

L'ONU regroupe sous le terme "graves violations" les mineurs blessés ou tués, le recrutement d'enfant soldats, les violences sexuelles, le rapt, les attaques contre les écoles et les hôpitaux, et le refus d'un accès humanitaire aux mineurs.

"Impliquer les jeunes"

Or, selon Juliette Touma, responsable de la communication de l'Unicef dans la région, "ce n'est que la partie émergée de l'iceberg. Le nombre réel d'enfants tués ou blessés semble être bien plus haut."

Pour preuve, plus de 22.000 mineurs ont été tués dans la seule Syrie depuis le début de la guerre civile il y a dix ans, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui recense méthodiquement les victimes du conflit dans ce pays.

Pour ajouter à cette situation déjà difficile, la pandémie de coronavirus a privé de cours 40% des élèves faute d'accès à l'enseignement numérique dans la région Mena. 

"Il faut rouvrir les classes avec un enseignement hybride combinant le présentiel et l'enseignement à distance", plaide M. Chaiban.

Il est néanmoins optimiste malgré ce sombre tableau, car, "en dépit de la tourmente, des conflits armés et de l'incertitude économique, plus d'enfants vont à l'école, sont vaccinés contre les maladies infantiles et ont accès à l'eau potable".

C'est l'occasion d'améliorer la qualité de l'enseignement et le mettre en adéquation avec l'évolution de l'emploi.

"Nous avons une excellente opportunité de réformer le secteur de l'éducation dans la région, d'impliquer les enfants et les jeunes, de leur donner les outils nécessaires pour répondre au changement rapide de l'économie, aux demandes du marché et de l'emploi dans l'avenir", dit-il avec enthousiasme.

Mais pour arriver à l'objectif, explique le directeur régional de l'Unicef, "il y a surtout un besoin crucial de nouvelles relations entre les gouvernements et les jeunes".  

Selon lui, "il faut créer des lieux, et des espaces où les jeunes peuvent s'exprimer, faire part librement de leurs inquiétudes, partager leurs idée de manière constructive sur la pauvreté, les inégalités et l’amélioration de la gouvernance".


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com