Le Conseil de sécurité de l'ONU peine à s'accorder sur le Tigré

Sur cette photo prise le 26 février 2021, un char endommagé se dresse sur une route au nord de Mekele, la capitale du Tigré le 26 février 2021. (AFP)
Sur cette photo prise le 26 février 2021, un char endommagé se dresse sur une route au nord de Mekele, la capitale du Tigré le 26 février 2021. (AFP)
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Publié le Vendredi 05 mars 2021

Le Conseil de sécurité de l'ONU peine à s'accorder sur le Tigré

  • Les membres africains du Conseil de sécurité (Kenya, Niger et Tunisie) étaient pour un texte commun
  • Le dossier a longtemps été miné par des divisions entre les Occidentaux et les pays africains, qui, à l'instar de Moscou et Pékin, soutiennent l'Ethiopie et jugent que les combats relèvent d'une affaire interne

NATIONS UNIES, ETATS-UNIS: Le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu jeudi une visioconférence à huis clos sur le Tigré, région de l'Ethiopie en proie aux combats et à une crise humanitaire, mais sans pouvoir s'entendre sur une déclaration commune proposée par l'Irlande, en raison d'une opposition de la Russie et de la Chine.

Les membres africains du Conseil de sécurité (Kenya, Niger et Tunisie) étaient pour un texte commun - pour la première fois depuis le déclenchement des combats début novembre -, mais Moscou et Pékin, membres permanents, ainsi que l'Inde, membre non permanent, ont soulevé des «objections», selon des diplomates.

Pour la Russie et la Chine, «il ne faut pas interférer dans des affaires internes» de l'Ethiopie, tandis que l'Inde, «favorable à un texte», a réclamé qu'il soit «focalisé sur l'humanitaire», ont indiqué à l'AFP des sources sous couvert d'anonymat. Le représentant russe a avancé "ne pas avoir d'instruction de sa capitale" pour adopter un texte, la Chine jugeant que ce n'était "pas une nécessité", selon plusieurs diplomates.

«La Russie a été l'objecteur principal», a assuré un autre diplomate, en estimant difficile une adoption de texte, même si les 15 pays membres du Conseil «vont continuer à négocier», selon des sources diplomatiques.

Une version du texte obtenue par l'AFP proposait que le Conseil de sécurité exprime sa préoccupation à l'égard de la situation humanitaire au Tigré «où des millions de personnes restent dans un besoin urgent de nourriture, d'eau, de protection et de services essentiels ».

Le Conseil devait aussi appeler «à une cessation immédiate des hostilités et réaffirmer un engagement fort envers la souveraineté, l'indépendance politique, l'unité et l'intégrité territoriale de l'Ethiopie».

Depuis le déclenchement début novembre d'une opération militaire de l'armée éthiopienne pour reprendre à des dissidents le contrôle du Tigré, le Conseil de sécurité n'a tenu que peu de réunions sur cette crise et aucune n'a abouti à l'adoption d'une position commune.

Rien à voir 

Le dossier a longtemps été miné par des divisions entre les Occidentaux et les pays africains, qui, à l'instar de Moscou et Pékin, soutiennent l'Ethiopie et jugent que les combats relèvent d'une affaire interne. 

Ces membres africains ont longtemps privilégié l'Union africaine (UA) pour un règlement de la crise. Une tentative de médiation fin 2020 de cette dernière a cependant avorté.

«Nous ne pouvons pas attendre l'UA et les organisations sous-régionales pour régler» ce conflit, s'énerve un diplomate occidental sous couvert d'anonymat. «C'est une situation dans laquelle l'Union africaine, avec sa bonne volonté, n'a pas été en mesure de réussir», ajoute-t-il, estimant que «le Conseil de sécurité et le secrétaire général devaient continuer leurs démarches et les amplifier».

Les Ethiopiens «font des points réguliers sur tout ce qu'ils font en matière humanitaire», concède un autre diplomate. Mais «en revanche, sur le reste, c'est circulez, il n'y a rien à voir», déplore-t-il.

Pour les Occidentaux, la situation humanitaire et l'afflux de réfugiés dans des pays voisins imposent une action du Conseil de sécurité, comme l'a rappelé jeudi à l'issue de la visioconférence l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield.

Dans une déclaration, elle a souligné que le conflit au Tigré «menaçait directement la paix et la sécurité régionales». «Nous avons besoin de nous en occuper immédiatement» et «prévenir de nouvelles atrocités», a-t-elle ajouté, en réclamant un retrait d'Ethiopie des troupes d'Erythrée, comme l'avait demandé précédemment devant le Conseil le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock.

A ce jour, malgré des accords entre l'ONU et les autorités éthiopiennes, les accès humanitaires au Tigré restent très limités. Les Nations unies considèrent que des centaines de milliers de personnes n'ont toujours pas pu être approchées, notamment dans des zones rurales.

La visioconférence jeudi avait été demandée par l'Irlande, membre non-permanent du Conseil. S'étaient joints à cette demande l'Estonie, la France, la Norvège, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, qui ont réclamé mardi une enquête internationale sur les atrocités rapportées au Tigré.


Naufrage au large de Djibouti: au moins 21 migrants morts et 23 disparus, selon l'ONU

Une embarcation de migrants qui a coulé au large de Djibouti. Photo d'archives. (AFP).
Une embarcation de migrants qui a coulé au large de Djibouti. Photo d'archives. (AFP).
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  • La bateau transportait des Ethiopiens venant du Yémen, a indiqué sur X l'ambassadeur éthiopien à Djibouti, Berhanu Tsegaye, en précisant que l'accident a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au large de Godoria (nord-est de Djibouti)
  • Sur les 77 migrants à bord de l'embarcation, 23 sont toujours portés disparus et 21 corps ont été retrouvés, dont ceux d'enfants

NAIROBI: Au moins 21 migrants, dont des enfants, ont été tués et 23 autres sont portés disparus dans le naufrage de leur embarcation au large de Djibouti, a annoncé mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

La bateau transportait des Ethiopiens venant du Yémen, a indiqué sur X l'ambassadeur éthiopien à Djibouti, Berhanu Tsegaye, en précisant que l'accident a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au large de Godoria (nord-est de Djibouti).

"Les opérations de recherche et sauvetage par les autorités locales et l'OIM sont en cours", a affirmé l'OIM sur X.

Sur les 77 migrants à bord de l'embarcation, 23 sont toujours portés disparus et 21 corps ont été retrouvés, dont ceux d'enfants, selon le chef de mission de l'OIM à Djibouti, Tanja Pacifico.

Le bateau était en route vers la côte djiboutienne après avoir quitté le Yémen lundi vers 19H30 (16H30 GMT), a-t-elle indiqué.

L'ambassadeur éthiopien à Djibouti a confirmé que 33 personnes, dont une femme, avaient survécu, exprimé sa "peine profonde (...) devant la succession d'horribles désastres", et réclamé l'adoption de "mesures légales" contre "les trafiquants d'êtres humains qui mettent les vies de nos citoyens en danger".

Il s'agit du deuxième naufrage rapporté par l'OIM au large de Djibouti en quelques semaines, après un autre le 8 avril dans lequel au moins 38 migrants, dont des enfants, ont péri.

« Route dangereuse »

La "route de l'Est", empruntée par les migrants venant de la Corne de l'Afrique pour rejoindre l'Arabie saoudite via le Yémen en guerre, est considérée par l'OIM comme "l'une des routes migratoires les plus dangereuses et les plus complexes d'Afrique et du monde".

Malgré les risques, "le nombre de personnes qui tentent de traverser est en constante augmentation", a affirmé Mme Ndege.

Le 8 avril, l'OIM estimait qu'au moins 698 personnes avaient péri le long de la "route de l'Est" en 2023. Mais "ce chiffre pourrait être plus élevé car certaines tragédies passent souvent inaperçues", ajoutait l'agence onusienne.

En novembre 2023, 64 migrants avaient disparu, présumés morts en mer, lors d'un naufrage au large des côtes du Yémen.

Outre les naufrages, les migrants sont confrontés le long du chemin à "la famine, aux risques sanitaires, aux trafiquants et autres criminels" et manquent "de soins médicaux, de nourriture, d'eaux, d'un abri", souligne l'organisation.

Selon l'OIM, les Éthiopiens représentent 79% des quelque 100.000 migrants arrivés au Yémen en 2023 depuis les côtes de Djibouti ou de Somalie, le reste étant des Somaliens.

La plupart d'entre eux évoquent des motifs économiques à leur départ, mais une partie met aussi en avant les violences ou les catastrophes climatiques dans leur pays.

Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, l'Ethiopie est déchirée par de nombreux conflits et plusieurs régions ont souffert ces dernières années d'une importante sécheresse. L'inflation est galopante et plus de 15% des 120 millions d'habitants dépendent de l'aide alimentaire.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.