La main tendue, le pape en Irak en « pèlerin de paix »

Le pape François fait signe alors qu'il monte à bord d'un avion pour partir pour l'Irak le 5 mars 2021 à l'aéroport de Rome Fiumicino. Défiant les craintes sécuritaires et la pandémie pour réconforter l'une des communautés chrétiennes les plus anciennes et les plus persécutées au monde, le pontife de 84 ans commence le 5 février une visite de 4 jours en Irak en tant que "pèlerin de la paix", et va tendre la aux musulmans chiites en rencontrant le plus haut dignitaire religieux irakien, le grand ayatollah Ali Sistani. (Andreas Solaro/AFP)
Le pape François fait signe alors qu'il monte à bord d'un avion pour partir pour l'Irak le 5 mars 2021 à l'aéroport de Rome Fiumicino. Défiant les craintes sécuritaires et la pandémie pour réconforter l'une des communautés chrétiennes les plus anciennes et les plus persécutées au monde, le pontife de 84 ans commence le 5 février une visite de 4 jours en Irak en tant que "pèlerin de la paix", et va tendre la aux musulmans chiites en rencontrant le plus haut dignitaire religieux irakien, le grand ayatollah Ali Sistani. (Andreas Solaro/AFP)
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Publié le Vendredi 05 mars 2021

La main tendue, le pape en Irak en « pèlerin de paix »

  • Le souverain pontife de 84 ans, qui a déclaré arriver en "pèlerin de la paix", tendra la main aux musulmans en rencontrant le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité pour de nombreux chiites d'Irak et du monde
  • Bagdad, Najaf, Ur, Erbil, Mossoul, Qaraqosh: de vendredi à lundi, il parcourra 1.445 km dans un pays encore frappé mercredi par des tirs de roquettes meurtriers

BAGDAD : Le pape François arrive vendredi en Irak pour un voyage historique sous très haute protection et malgré la pandémie, dans un pays martyrisé où il entend réconforter l'une des plus anciennes communautés chrétiennes au monde, anéantie par conflits et persécutions.

Son avion a décollé vers 06H45 GMT de Fiumicino, principal aéroport de Rome, et doit arriver aux alentours de 11H00 GMT à Bagdad pour la toute première visite papale de l'histoire dans le pays.

Le souverain pontife de 84 ans, qui a déclaré arriver en "pèlerin de la paix", tendra la main aux musulmans en rencontrant le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité pour de nombreux chiites d'Irak et du monde.

Au cours de cette visite de trois jours, le pape devrait souvent être seul sur les routes, refaites pour l'occasion, en raison d'un confinement total décrété après que le nombre de contaminations a battu cette semaine un record, avec plus de 5.000 cas de Covid-19 recensés par jour.

Le chef des 1,3 milliard de catholiques du monde, qui s'était dit "en cage" ces derniers mois au Vatican tournant au ralenti, entamera en voiture blindée un voyage sans bains de foule, "virtuel" pour les Irakiens qui le suivront à la télévision et principalement par les airs pour le pape dont l'hélicoptère ou l'avion survolera parfois des zones où se terrent encore des jihadistes du groupe Etat islamique (EI).

Les autorités à Bagdad ont assuré avoir pris toutes les mesures de sécurité "terrestres et aériennes".

Ses étapes rassembleront quelques centaines de personnes seulement, à l'exception d'une messe dimanche dans un stade d'Erbil au Kurdistan, en présence de plusieurs milliers de fidèles.

Le programme est ambitieux. Bagdad, Najaf, Ur, Erbil, Mossoul, Qaraqosh: de vendredi à lundi, il parcourra 1.445 km dans un pays encore frappé mercredi par des tirs de roquettes meurtriers, dernier épisode en date des tensions irano-américaines toujours latentes.

Depuis, toutefois, un des groupuscules qui revendiquent parfois ces attaques a annoncé une trêve le temps de la visite papale - saluant malgré tout l'attaque de mercredi.

"Tout laisser, sauf sa foi"

Ce premier voyage en quinze mois permettra au pape d'aller à la rencontre d'une petite communauté aux "périphéries" de la planète, de loin ce qu'il préfère.

Pour Saad al-Rassam, chrétien à Mossoul, toujours en reconstruction après la guerre contre l'EI, ce voyage tombe à point nommé dans ce pays dont le taux de pauvreté a doublé à 40% en 2020. "Nous espérons que le pape expliquera au gouvernement qu'il doit aider son peuple", dit-il à l'AFP.

Comme à chaque fois, François commencera par un discours devant les dirigeants irakiens. Au-delà des difficultés sécuritaires ou économiques que subissent les 40 millions d'Irakiens, ils évoqueront le traumatisme supplémentaire des chrétiens.

Quand en 2014, l'EI a pris la plaine de Ninive, leur bastion du nord, des dizaines de chrétiens eux ont fui et peu font désormais confiance à des forces de l'ordre qui les avaient alors abandonnés, disent-ils.

"Certains ont eu quelques minutes pour décider s'ils voulaient partir ou être décapités", rappelle le père Karam Qacha.

"On a dû tout laisser, sauf notre foi", résume ce prêtre chaldéen à Ninive, dénonçant le peu d'aide du gouvernement aux chrétiens pour récupérer leurs maisons ou leurs terres, souvent accaparées par des miliciens -- parfois chrétiens eux-mêmes -- ou des proches de politiciens.

Prières à Ur, berceau d’Abraham

Mais, déplore le cardinal Leonardo Sandri, qui chapeaute la "Congrégation pour les églises orientales" au Vatican et accompagne le pape, "un Moyen-Orient sans les chrétiens, c'est un Moyen-Orient qui a la farine mais pas le levain et le sel".

C'est pour cela, dit-il, que le pape François ne manquera pas de les appeler à rester ou à revenir en Irak où ils sont 400.000, contre 1,5 million il y a vingt ans.

Un appel au retour "obligatoire" mais "difficile", convient le cardinal Sandri, tant l'Irak va depuis 40 ans de guerre en crise politique ou économique.

Selon la fondation "Aide à l'Église en détresse", seuls 36.000 des 102.000 chrétiens partis de Ninive sont revenus. Parmi eux, un tiers dit prévoir de quitter le pays d'ici 2024 à cause des miliciens, du chômage, de la corruption et des discriminations.

Samedi, pour la première fois de l'histoire, le pape sera reçu dans la ville sainte de Najaf (sud) par le grand ayatollah Ali Sistani en personne, un homme frêle de 90 ans jamais apparu en public.

Le pape participera également à une prière à Ur, berceau d'Abraham dans le sud, avec des dignitaires chiites, sunnites, yazidis et sabéens.


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.