L'afflux de jeunes migrants à la frontière US, un défi pour Biden

Le président démocrate a promis de mener une politique migratoire «saine et humaine» après le mandat de Donald Trump, mais des organisations d'aide aux migrants estiment que ses déclarations présentent un effet pervers (Photo, AFP).
Le président démocrate a promis de mener une politique migratoire «saine et humaine» après le mandat de Donald Trump, mais des organisations d'aide aux migrants estiment que ses déclarations présentent un effet pervers (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 06 mars 2021

L'afflux de jeunes migrants à la frontière US, un défi pour Biden

  • Face à l'afflux de ces mineurs, le gouvernement a rouvert une structure temporaire capable d'accueillir 700 personnes à Carrizo Springs, au Texas
  • Le président a décidé de ne pas renvoyer les mineurs isolés, et ceux-ci affluent à la frontière alors que les places sont limitées par la pandémie de Covid-19 dans les structures d'hébergement

NEW YORK: L'afflux de milliers de mineurs non accompagnés, venus d'Amérique centrale jusqu'à la frontière américano-mexicaine, expose le gouvernement de Joe Biden à une crise migratoire potentielle, dans l'une des régions des Etats-Unis les plus sensibles politiquement.

Le président démocrate a promis de mener une politique migratoire «saine et humaine» après le mandat de Donald Trump, mais des organisations d'aide aux migrants estiment que ses déclarations présentent un effet pervers.

Comme Donald Trump, qui avait mis la lutte contre l'immigration, légale comme illégale, au centre de sa politique de «l'Amérique d'abord», le nouveau gouvernement continue à refouler les immigrés ayant traversé la frontière illégalement. La majorité d'entre eux viennent d'Amérique centrale, fuyant la pauvreté et la violence.

Mais Joe Biden a décidé de ne pas renvoyer les mineurs isolés, et ceux-ci affluent à la frontière alors que les places sont limitées par la pandémie de Covid-19 dans les structures d'hébergement.

«Modèle connu»

Selon les organisations militantes, tous les ingrédients sont réunis pour qu'une nouvelle crise se forme à la frontière, car le fait d'accepter les enfants sans leurs parents peut mener les familles à se séparer délibérément.

«Il y a comme une explosion du nombre de mineurs qui traversent la frontière illégalement, et la façon dont le gouvernement gère cela est un petit peu bizarre, car c'est sa politique qui en est la cause», affirme l'avocate Allegra Love, qui fournit des conseils juridiques aux migrants au sein de l'association Dreamers Project de Santa Fe, au Texas.

La politique migratoire américaine «met les parents dans une position où leur seule option est d'envoyer leurs enfants seuls à la frontière parce que c'est comme ça qu'ils peuvent être le plus en sécurité», dit-elle.

La plupart des mineurs arrivés seuls, dont certains n'ont que 6 ans, passent dix jours en quarantaine et, s'ils sont testés négatifs, sont envoyés dans des centres d'hébergement disséminés à travers les Etats-Unis en attendant que les autorités retrouvent leurs proches installés dans le pays.

Selon les détracteurs de cette politique, ce séjour -dans des centres où des abus graves ont déjà été signalés dans le passé- peut durer des mois. 

Les enfants peuvent souffrir et être traumatisés, affirme Joshua Rubin, de l'organisation Witness at the Border.

Les autorités américaines, pour leur part, «copient un modèle connu» face à cette pression migratoire et «elles provoquent une sorte de crise avec cette gestion», estime-t-il.

L'administration Biden «est dans une position peu enviable en étant critiquée de toutes parts», explique Jennifer Podkul, juriste pour l'association Kids in Need of Defense, qui a travaillé à la frontière américano-mexicaine.

«C'est très difficile et elle doit repartir de zéro, car Donald Trump a entièrement détruit le système de protection américain», estime-t-elle.

«Nouvelle vie»

Ces mineurs, qui ont traversé plusieurs pays avant d'arriver à la frontière, risquent l'exploitation sexuelle ou le travail forcé lors de leur voyage, souligne Belinda Bradford, directrice adjointe du centre d'hébergement Good Neighbor, qui aide les familles bloquées à la frontière entre Matamoros, au Mexique, et Brownsville, au Texas.

Face à l'afflux de ces mineurs, le gouvernement a rouvert une structure temporaire capable d'accueillir 700 personnes à Carrizo Springs, au Texas, qui avait déjà servi pour héberger des jeunes migrants pendant un mois, en juillet 2019.

«Nous espérons qu'elle ne restera pas ouverte très longtemps et que nous pourrons fournir à chaque enfant qui traverse la frontière un hébergement dans une structure agrémentée», a récemment affirmé Joe Biden, dans un entretien à la télévision hispanique Univision.

Des informations circulent également depuis plusieurs semaines sur la réouverture d'un autre site, encore plus grand, en Floride, provoquant des manifestations de militants sur place qui s'opposent à la détention d'enfants dans de telles structures.

Le nombre de migrants a commencé à refluer à la mi-2019, quand le gouvernement a pris des mesures visant à empêcher l'entrée sur le territoire américain pour demander l'asile.

Mais la courbe est remontée depuis près d'un an. Selon les autorités, c'est en partie à cause des espoirs que fondaient les migrants sur une victoire de M. Biden, qui a évoqué une voie vers la citoyenneté pour les quelque 11 millions de personnes vivant illégalement aux Etats-Unis.

En janvier, la police aux frontières a bloqué plus de 5 800 mineurs non accompagnés. C'est moins que les chiffres enregistrés sous les administrations Obama et Trump -le record de 11 000 mineurs avait été atteint en mai 2019- mais cela peut encore changer.

«Je ne pense pas que (ces arrivées) vont jamais s'arrêter», estime Belinda Bradford, car «depuis des siècles, les Etats-Unis ont représenté le pays des opportunités, d'une nouvelle vie».


Incendies en Turquie: "amélioration" autour d' Izmir, craintes pour les jours à venir

De la fumée et des flammes s'élèvent d'une zone forestière après un incendie de forêt dans le district de Seferihisar à Izmir, en Turquie, le 30 juin 2025 Les sauveteurs ont évacué plus de 50 000 personnes, principalement dans la province d'Izmir, à l'ouest de la Turquie, alors que les pompiers luttent contre une série d'incendies de forêt, a déclaré lundi l'agence des catastrophes AFAD. (AFP)
De la fumée et des flammes s'élèvent d'une zone forestière après un incendie de forêt dans le district de Seferihisar à Izmir, en Turquie, le 30 juin 2025 Les sauveteurs ont évacué plus de 50 000 personnes, principalement dans la province d'Izmir, à l'ouest de la Turquie, alors que les pompiers luttent contre une série d'incendies de forêt, a déclaré lundi l'agence des catastrophes AFAD. (AFP)
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  • La situation s'améliore mardi autour d'Izmir (ouest) où les incendies font rage depuis dimanche mais le ministre turc de l'Agriculture et des forêts s'alarme du redoublement des vents pour les jours à venir
  • Cinquante mille personnes au total dont 42.000 personnes autour d'Izmir et plus de cinq mille à Hatay ont dû être évacuées lundi

ISTANBUL: La situation s'améliore mardi autour d'Izmir (ouest) où les incendies font rage depuis dimanche mais le ministre turc de l'Agriculture et des forêts s'alarme du redoublement des vents pour les jours à venir.

"La situation est bien meilleure qu'hier concernant les incendies (autour) d'Izmir", sur la côte égéenne, a déclaré le ministre İbrahim Yumaklı lors d'un point de presse.

Il a cependant précisé que six incendies sont toujours en cours dans le pays, attisés par des vents violents qui risquent de redoubler encore dans les prochains jours, particulièrement dans la région de Hatay et Antakya (sud), "la plus problématique", selon lui.

Cinquante mille personnes au total dont 42.000 personnes autour d'Izmir et plus de cinq mille à Hatay ont dû être évacuées lundi et des centaines d'habitations ont été brûlées lundi dans le pays, a annoncé l'autorité turque de gestion des urgences AFAD.

La province de Hatay qui abrite notamment l'antique Antioche avait été dévastée par un violent séisme en février 2023.

Selon M. Yumakli, "342 incendies de forêt se sont déclarés depuis vendredi".

"Nous traversons des périodes difficiles en raison de vents violents et instables" et alors que les températures, normales pour la saison, dépassent les 30°C.

"À partir de demain, des vents violents nous attendent dans une grande partie de Marmara, de l'Égée et de la Méditerranée. Les températures augmenteront de manière significative", a mis en garde le ministre en lançant un appel aux à ne pas allumer de feux à l'extérieur.

"Ne jetez pas vos cigarettes dans les zones herbeuses. Je demande une prise de conscience collective à ce sujet", a insisté le ministre.

La Turquie, épargnée ces derniers jours par les vagues de chaleur qui touchent l'Europe du Sud, est confrontée à des sécheresses récurrentes sous l'effet du changement climatique.


Trump met fin aux sanctions visant la Syrie sauf pour Assad

Le président Donald Trump serre la main du président intérimaire de la Syrie, Ahmad Al-Sharaa, à Riyad, en Arabie saoudite, le 14 mai 2025. (SPA)
Le président Donald Trump serre la main du président intérimaire de la Syrie, Ahmad Al-Sharaa, à Riyad, en Arabie saoudite, le 14 mai 2025. (SPA)
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  • Le président américain Donald Trump a signé lundi un décret formalisant le démantèlement des sanctions américaines contre la Syrie
  • Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chibani, a salué sur X "un tournant important, qui favorise l'entrée de la Syrie dans une nouvelle phase de prospérité et de stabilité

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a signé lundi un décret formalisant le démantèlement des sanctions américaines contre la Syrie, une nouvelle étape dans le rapprochement entre les deux pays après la chute de Bachar al-Assad.

"Il s'agit d'un effort pour promouvoir et soutenir le chemin du pays vers la stabilité et la paix", a déclaré à la presse la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avant la signature du décret à huis clos.

Le président Trump avait créé la surprise en annonçant lors d'une visite à Ryad le 13 mai la levée des sanctions américaines, disant vouloir "donner une chance de grandeur" aux nouvelles autorités de Damas.

Il avait aussi rencontré le lendemain le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, à la tête de la coalition rebelle dirigée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ayant renversé en décembre le président syrien.

Depuis, Washington a assoupli la plupart de ses sanctions pour faciliter le retour de la Syrie dans le système financier international et met en oeuvre des autorisations pour encourager de nouveaux investissements en Syrie.

Le département d'Etat a délivré une dérogation au titre de la "loi César" sur la protection des civils en Syrie. Cette loi de 2020 prévoyait des sanctions sévères contre toute entité ou entreprise coopérant avec le pouvoir déchu de Bachar al-Assad.

La Syrie, dirigée par le clan Assad pendant plusieurs décennies, fait l'objet de sanctions internationales depuis 1979. Celles-ci ont été renforcées après la répression par le pouvoir de Bachar al-Assad de manifestations prodémocratie en 2011, élément déclencheur de la guerre.

Le décret présidentiel, qui évoque les "mesures positives" prises par les autorités syriennes depuis la chute d'Assad, démantèle l'architecture globale qui entoure les sanctions américaines, dont une déclaration "d'urgence nationale" en date de 2004.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chibani, a salué sur X "un tournant important, qui favorise l'entrée de la Syrie dans une nouvelle phase de prospérité, de stabilité et d'ouverture sur la communauté internationale".

" Avec la levée de ce grand obstacle à la reprise économique, s'ouvrent les portes tant attendues de la reconstruction et du développement, ainsi que de la réhabilitation des infrastructures vitales, créant ainsi les conditions nécessaires pour un retour digne et sûr des déplacés syriens dans leur patrie", a-t-il ajouté.

- Normalisation ? -

Les Etats-Unis maintiennent toutefois les sanctions visant Assad, qui a fui en Russie, "ses associés, les auteurs de violations des droits de l'homme, les trafiquants de drogue et personnes liées à l'Etat islamique", selon le décret.

Le retrait de la Syrie de la liste américaine des pays accusés de soutenir le terrorisme n'est pas encore à l'ordre du jour mais le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a clairement fait savoir que Washington envisageait de le faire.

"Je réexaminerai les désignations de HTS et du président al-Chareh comme terroristes mondiaux spécialement désignés, ainsi que la désignation de la Syrie comme Etat soutenant le terrorisme", a-t-il dit dans un communiqué.

La levée des sanctions américaines survient alors que le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a affirmé lundi qu'Israël était "intéressé" par une normalisation de ses relations avec la Syrie et le Liban dans le cadre des accords d'Abraham de 2020.

Parrainés par le président américain lors de son premier mandat à la Maison Blanche, ces accords ont vu Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Maroc et le Soudan établir des liens formels avec Israël.

L'émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack a assuré à ce sujet lundi que les frappes israéliennes contre l'Iran avait offert une "fenêtre de tir qui n'a jamais existé" auparavant au Moyen-Orient.


Washington doit exclure de nouvelles frappes pour une reprise des discussions, selon Téhéran

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
  • Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie

LONDRES: Les discussions diplomatiques avec Washington ne pourront reprendre que si les États-Unis excluent de nouvelles frappes sur l'Iran, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, à la BBC.

"Nous entendons dire que Washington veut nous parler", a dit le responsable iranien, dans une interview diffusée dimanche soir par la BBC.

"Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur une date. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les modalités", a-t-il indiqué. "Nous cherchons une réponse à cette question: allons-nous assister à une répétition d'un acte d'agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue?", a poursuivi le responsable iranien.

Les Etats-Unis "n'ont pas encore clarifié leur position", a souligné Majid Takht-Ravanchi.

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.

Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie.

Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Ce dernier a prévenu que le Pentagone mènerait "sans aucun doute" de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.

Majid Takht-Ravanchi a de nouveau revendiqué le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à hauteur de 60% pour produire de l'énergie.

"Le niveau peut être discuté, la capacité peut être discutée, mais dire que vous (...) devriez avoir zéro enrichissement, et que si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous bombarder, c'est la loi de la jungle", a critiqué le ministre.