Washington s'inquiète de la fréquence des attaques contre l’Arabie saoudite

L’attachée de presse de la Maison-Blanche, Jen Psaki s’exprime lors du point de presse quotidien à la Maison-Blanche à Washington DC, le 8 mars 2021. (Photo, Reuters)
L’attachée de presse de la Maison-Blanche, Jen Psaki s’exprime lors du point de presse quotidien à la Maison-Blanche à Washington DC, le 8 mars 2021. (Photo, Reuters)
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Publié le Mardi 09 mars 2021

Washington s'inquiète de la fréquence des attaques contre l’Arabie saoudite

  • Les États-Unis affirment que le Royaume est confronté à de «véritables menaces pour la sécurité»
  • Spéculation sur le point de lancement des missiles

DJEDDAH : Les États-Unis ont mené lundi la condamnation mondiale des tentatives de frappes aériennes sur l’Arabie saoudite, sur fond de spéculations croissantes des analystes au sujet du point de lancement des attaques.

L’administration Biden est inquiète face à la fréquence des attaques contre le Royaume, confronté à de «véritables menaces de sécurité» de la part des milices houthies soutenues par l’Iran, au Yémen et ailleurs dans la région, a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki.

«Nous continuons évidemment à travailler en étroite collaboration avec les Saoudiens, compte tenu de la menace», a-t-elle affirmé.

Les forces de défense aérienne saoudiennes ont déjoué dimanche des attaques de drones et de missiles contre un parc de réservoirs pétroliers à Ras Tanura, la plus grande installation de chargement de pétrole en mer au monde, et contre un complexe résidentiel à Dhahran où vivent des employés saoudiens d’Aramco.

«Les attaques odieuses contre les civils et les infrastructures vitales démontrent le manque d’égard pour la vie humaine et le mépris envers les efforts de paix », a déclaré l’ambassade des États-Unis au Royaume. «Les États-Unis soutiennent l’Arabie saoudite et son peuple. Notre engagement à défendre le Royaume et sa sécurité est ferme».

Ces attaques ont également été condamnées par le Conseil de Coopération du Golfe, le Parlement arabe et l’Organisation de la coopération islamique, ainsi que par les porte-parole des gouvernements de Bahreïn, d’Égypte, de Djibouti, du Qatar et du Koweït.

Lundi, la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen a intercepté et détruit un missile balistique et un drone armé tiré par les milices houthies en direction du sud du Royaume.

De même, les Houthis ont affirmé avoir lancé les attaques de dimanche sur la région Est. Cependant, les cibles se trouvent à 1 300 km du nord du Yémen, au-delà de la portée des missiles balistiques que les Houthis possèdent, et la tentative de frappe du drone s’est approchée du côté de la mer, ce qui suggère qu’il n’a pas été lancé depuis le Yémen.

Selon l’analyste politique Hamdan Al-Shehri, l’attaque aurait pu provenir des groupes paramilitaires soutenus par l’Iran en Irak. «Cela allègerait la pression sur les Houthis après les récents coups militaires de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite. Il y a eu des attaques précédentes qui provenaient clairement d’Irak».

«L’Arabie saoudite a tenu des réunions avec le ministre de l’Intérieur ainsi que d’autres ministres en Irak, et a conclu un accord selon lequel leur territoire ne serait pas utilisé pour des attaques. Mais évidemment, l’Irak est ouvert à l’Iran».

Le régime de Téhéran est capable de lancer des frappes depuis différents emplacements, a souligné à Arab News le Dr Theodore Karasik, analyste en matière de sécurité. «Ces tactiques asymétriques sont coordonnées avec d’autres activités iraniennes, comme le navire coréen qui a été détourné pour de l’argent. Les missiles et les drones demeurent un problème majeur et ne pas inclure ces questions dans les négociations est très probablement une erreur», a expliqué le Dr Karasik, conseiller principal de Gulf State Analytics à Washington DC.

Les attaques de dimanche sur les infrastructures énergétiques ont également touché les cours mondiaux du pétrole. Le Brent, indice de référence mondial, est monté jusqu’à 71,38$ le baril lundi, son plus haut prix depuis janvier 2020. Il est ensuite retombé à un peu moins de 69$, également son prix le plus élevé depuis plus d’un an.

L’expert koweïtien en matière d’énergie, Hajjaj Bou Khaddour, a indiqué que la menace du secteur saoudien de l’énergie par l’Iran était une tentative délibérée de perturber l’approvisionnement mondial en pétrole. «La stratégie du régime iranien est d’élever les prix du pétrole en lançant des attaques terroristes à travers ses groupes alliés afin de sortir de leur propre crise économique», a-t-il expliqué à Arab News. «Le monde devrait condamner fermement l’attaque contre les installations et les infrastructures pétrolières saoudiennes au nom de la stabilité de l’économie mondiale».

Quant à Joseph McMonigle, secrétaire général du Forum international de l’énergie, la plus grande organisation internationale pour les ministres de l’Énergie au monde, il a déclaré que «toute attaque contre de telles installations, où que ce soit dans le monde, est une attaque contre les consommateurs d’énergie partout dans le monde».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.