Près de Fukushima, un pasteur rêve de ressusciter son ancienne église

La nouvelle église baptiste de Fukushima (Photo, AFP).
La nouvelle église baptiste de Fukushima (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 09 mars 2021

Près de Fukushima, un pasteur rêve de ressusciter son ancienne église

  • «A chaque fois que je reviens ici et que je regarde autour de moi, je ne peux m'empêcher de pleurer», explique Sato lors d'une visite de l'édifice abandonné
  • Le temps est comme arrêté dans cette église située à Okuma, à cinq kilomètres seulement au sud de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, dévastée par le tsunami du 11 mars 2011

OKUMA: Le pasteur baptiste Akira Sato rêve d'entendre à nouveau les chants retentir dans son ancienne église, brutalement abandonnée il y a dix ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima. Mais pour l'heure, sa vision reste un vœu pieux.

« A chaque fois que je reviens ici et que je regarde autour de moi, je ne peux m'empêcher de pleurer », explique Sato lors d'une visite de l'édifice abandonné, où les fidèles se comptaient autrefois par dizaines.

Le temps est comme arrêté dans cette église située à Okuma, à cinq kilomètres seulement au sud de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, dévastée par le tsunami du 11 mars 2011.

Une croix endommagée et une cloche rouillée surmontent le tableau fixé à son portail en acier, annonçant le prochain culte dominical, qui ne s'est finalement jamais tenu.

La zone est toujours condamnée pour le moment, en raison des radiations. Les visiteurs doivent obtenir une autorisation d'accès et porter des protections en plastique de la tête aux pieds.

A l'intérieur, un rayon de lumière éclaire des bancs déserts. Le silence est seulement troublé par l'alarme d'un compteur Geiger signalant les « points chauds » de radiations dans le bâtiment.

Le pasteur baptiste Akira Sato portant une combinaison de protection, près de son église à Okuma (Photo, AFP).

Un an d'exode

Sato, 63 ans, qui supervisait aussi d'autres chapelles baptistes dans le département de Fukushima, était en déplacement le jour de la catastrophe. Le soin d'évacuer les lieux était ainsi revenu à l'un de ses confrères, Masashi Sato, 44 ans aujourd'hui.

« J'ai évacué en emportant seulement quelques bouteilles d'eau et la Bible », raconte ce pasteur sans lien de parenté avec Akira Sato.

Alors qu'un camion militaire l'emmenait au loin avec des paroissiens souvent âgés et en mauvaise santé, Masashi Sato a pensé qu'il vivait « une épreuve envoyée par Dieu ».

La difficile renaissance des villes fantômes de la province

Une décennie après le puissant séisme sous-marin ayant déclenché le tsunami qui a lui-même causé le pire accident nucléaire au monde depuis Tchernobyl, les localités hantées par le désastre et la menace persistante des radiations s'interrogent toujours : comment rebâtir une communauté ?

Jusqu'à 12% du département de Fukushima, soit plus de 1 650 km2, avaient été interdits d'accès dans les mois ayant suivi la catastrophe, et jusqu'à 165 000 habitants avaient évacué, par obligation ou par choix.

De nombreuses zones ont été déclarées à nouveau habitables par les autorités à la suite de travaux intensifs de décontamination ces dernières années. 

Mais beaucoup des « déplacés » de Fukushima sont réticents à revenir, en dépit d'incitations financières de l'Etat et de loyers bon marché.

L'exode des deux pasteurs et de leurs fidèles a duré environ un an, de Fukushima à Yamagata, un autre département plus à l'ouest, puis à Tokyo, avant de s'installer à Izumi, un quartier de la ville côtière d'Iwaki dans le département de Fukushima, à soixante kilomètres de leur ancienne église.

L'un des paroissiens a péri dans le tsunami, et plusieurs autres durant l'évacuation. D'autres ont enduré des brimades car les « déplacés » de Fukushima étaient souvent mal vus au Japon, beaucoup craignant à tort que les personnes irradiées soient contagieuses.

« C'était une année de turbulences », se rappelle Harumi Mottate, une ancienne fidèle de l'église d'Okuma âgée de 83 ans.

« Si je n'avais pas eu la foi, j'aurais été en colère face à ce qui m'arrivait ».

Une croix endommagée et une cloche rouillée surmontent le tableau fixé à son portail en acier, annonçant le prochain culte dominical, qui ne s'est finalement jamais tenu (Photo, AFP).

Rêve de cabanon

Les chrétiens au Japon représentent à peine 1,5% de la population du pays, où domine un synchrétisme shinto-bouddhiste.

L'histoire de la petite communauté baptiste de Fukushima remonte à 1947, quand un missionnaire américain s'était installé sur place, bâtissant au fil des ans une petite congrégation.

En 2013, les paroissiens évacués ont tenu leur premier culte dans leur nouvelle église d'Izumi, qui accueille d'anciens et de nouveaux fidèles.

Leur nouveau lieu de culte est un bâtiment moderne avec des vitraux, orienté dans la direction de l'église d'Okuma.

Mais le pasteur Akira Sato sent finalement que pour lui, Izumi n'est qu'une étape. Il rêve de rentrer un jour à Okuma, pour y vivre presque comme un ermite.

« J'y construirais peut-être un cabanon et je passerais le restant de ma vie là-bas », à méditer « chaque mot de la Bible » et à entonner des chants à la gloire de Dieu, imagine-t-il.

Il ne sera toutefois pas autorisé à revenir durablement à Okuma au plus tôt avant 2022, date à laquelle les autorités ont prévu de lever l'interdiction d'accès, après la fin des travaux de décontamination dans les environs de l'église.

« Je crois que Fukushima est une terre bénie de Dieu. Pour la douleur et le chagrin que nous avons endurés, je crois que nous serons doublement ou triplement bénis par rapport à d'autres endroits », assure-t-il.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com