Le PJD: une décennie d’échecs et de scandales au Maroc

Le nouveau Premier ministre marocain Saad-Eddine El Othmani (C) donne une conférence de presse en compagnie de Driss Lachgar (L), président du parti de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), Aziz Akhannouch (2eL), président du Rassemblement national des indépendants (RNI), Mohamed Nabil Benabdallah (3eR), Le président du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Mohammed Sajid (2eR), président de l'Union constitutionnelle (UC), et Mohand Laenser (R), président du Mouvement populaire (MP), au siège du Parti islamiste pour la justice et le développement (PJD) à Rabat, le 25 mars 2017.  (FADEL SENNA / AFP)
Le nouveau Premier ministre marocain Saad-Eddine El Othmani (C) donne une conférence de presse en compagnie de Driss Lachgar (L), président du parti de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), Aziz Akhannouch (2eL), président du Rassemblement national des indépendants (RNI), Mohamed Nabil Benabdallah (3eR), Le président du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Mohammed Sajid (2eR), président de l'Union constitutionnelle (UC), et Mohand Laenser (R), président du Mouvement populaire (MP), au siège du Parti islamiste pour la justice et le développement (PJD) à Rabat, le 25 mars 2017. (FADEL SENNA / AFP)
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Publié le Mercredi 10 mars 2021

Le PJD: une décennie d’échecs et de scandales au Maroc

  • De l’opposition islamiste au pouvoir, le PJD a marqué la dernière décennie par une série d’échecs …
  • La dernière vague de démissions et annonces de gel d’adhésion de ténors du parti ne serait qu’une mise en scène, à l’approche des élections législatives de septembre 2021

CASABLANCA: Le Parti de la justice et du développement (PJD) est dans la tourmente. Frappé de plein fouet par une crise sans précédent, le parti, d’obédience islamiste, subit depuis son arrivée au pouvoir au Maroc en 2011 une perte de popularité. 

Depuis quelques semaines, une vague de démissions a eu lieu chez les ténors et les leaders historiques du parti. Certains ont quitté le parti à l’approche des élections législatives; d’autres expriment à travers de longs réquisitoires leur indignation, dénonçant la crise de valeurs qui caractérise de plus en plus le parti. Ces crises et ces querelles intestines sonnent-elles le glas d’un mouvement qui avait brillé lors des protestations populaires en 2011 et dont les résultats ont été aussi mitigés que décevants?

Sur la vague du printemps arabe 

Flash-back… 20 mars 2011. Le printemps arabe gagne le Maroc et le «mouvement du 20 février» voit le jour. Profitant de la vague de protestation qui envahit le pays, les militants du PJD se sont rapprochés des leaders de cette grogne populaire dont l’ampleur est inédite depuis l’accession au trône du roi Mohammed VI en 1999. 

Scandant des slogans qui appellent à la dignité, à une meilleure répartition des richesses, à la lutte contre la corruption, à la reddition des comptes, à un changement démocratique et s’en prenant à la cherté de la vie, les militants du PJD réussissent à récupérer politiquement ce mouvement. Une occasion en or pour ce parti resté cantonné, depuis sa création, en 1998, à l’opposition. Mission réussie: le PJD arrive en tête des élections législatives anticipées du 25 novembre 2011.

Un bilan décevant

De 2011 à 2021, de l’eau a coulé sous les ponts… Les promesses de croissance et de développement et les engagements pris par ce parti sont restés lettre morte. Pire, le gouvernement mené par le PJD a mené une véritable politique antisociale. Augmentation des prix des produits de première nécessité, des factures d’eau et d’électricité, flambée des prix à la pompe, taux de chômage en hausse, taux de croissance en baisse continue, taux d‘endettement record, privatisation tous azimuts de plusieurs pans de l’économie et des secteurs sociaux comme la santé et l’enseignement, réforme de la retraite douloureuse… 

La liste des décisions et des réformes antipopulaires menées par le PJD est longue.

On reproche également au parti son incapacité à rendre opérationnelle la nouvelle constitution de juillet 2011, synonyme d’un début de changement démocratique du pays, puisqu’elle réduit les pouvoirs du souverain et donne de nouvelles prérogatives au chef du gouvernement. 

Une gouvernance locale qui laisse à désirer

Outre le non-respect de ses promesses électoralistes de 2011 et de celles de 2016, le parti a également échoué au niveau de sa gouvernance locale. Les maires PJD des grandes villes comme Casablanca, Agadir, Tanger, Marrakech et Fès ont souvent fait l’objet de graves polémiques au sujet de leur mauvaise gouvernance, de la dilapidation des deniers publics, d’affaires de mœurs, de corruption et de scandales financiers. 

À Casablanca, lors des récentes inondations qui ont fait s’effondrer plusieurs maisons, causant plusieurs décès, le maire, Abdelaziz el-Omari, a rejeté l’entière responsabilité du drame sur le gestionnaire délégué chargé de l’assainissement de la ville, Lydec: «Le premier responsable est Lydec. Ma principale mission ne consiste qu’à lui transmettre les doléances des habitants», a-t-il déclaré. À Fès, le maire, Driss el-Azami el-Idrissi, essuie de fortes critiques depuis plus de quatre mois. On lui reproche son nouveau mode de gestion des parkings, «Fès Parkings», la mauvaise administration de sa ville, ainsi que la hausse du chômage et de l’insécurité. 

À Agadir, la cour régionale des comptes a déféré devant la justice le maire, Salah el-Malouki, ainsi que cinq de ses vice-présidents, tous membres du PJD, accusés d’avoir dilapidé les deniers publics. Les mêmes faits sont reprochés au maire de Marrakech, Mohamed Larbi Belcaid, poursuivi avec son premier vice-président, Younes Benslimane, membre du même parti. On soupçonne les deux hommes d’avoir détourné 28 millions d’euros.

Normalisation avec Israël, la goutte qui a fait déborder le vase

La dernière décennie sous le signe du PJD au Maroc a été marquée par plusieurs échecs, par des chutes dans des classements mondiaux – notamment celui de l’indice de perception de la corruption –, par des affaires de détournement de deniers publics, par une mauvaise gouvernance locale, en plus de l’application d’une politique gouvernementale antisociale, «en faveur des plus aisés», et qui défend les intérêts du parti et ceux de ses membres notoires. Cela sans même évoquer les contradictions entre, d’une part, le discours de ses leaders, l’idéologie de ce mouvement politique, ses valeurs fondatrices et, d’autre part, les actes et les décisions prises par le parti, notamment au sein du gouvernement. 

La dernière décision en date est la signature par le secrétaire général du parti et le chef du gouvernement, Saad Dine el-Otmani, de la déclaration tripartite entre le Maroc, Israël et les États-Unis, officialisant la normalisation des liens diplomatiques entre Rabat et Tel-Aviv. Une signature qui fera date dans les annales de ce parti foncièrement antinormalisation avec Israël. 

Des élections législatives 2021 décisives 

«La récente vague de démissions ne serait que la fuite en avant d’une formation politique qui se divise et se fissure de plus en plus de l’intérieur. La mise en scène faite d’un parti qui se cherche une légitimité et qui a perdu énormément de son éclat depuis 2011», nous déclare un observateur. Ce qui est sûr, c’est que le PJD de 2021 n’est plus celui de 2011. Un constat que le parti préfère ne pas assumer. 

Pour les prochaines élections, le secrétaire général du parti, Saad Dine el-Otmani, promet une victoire écrasante. Tous les observateurs ne sont pas du même avis, même s’ils reconnaissent que, malgré le déclin du leadership du PJD, ce dernier dispose toujours d’une certaine base électorale qui le positionnera parmi les trois premiers partis.


Israël dit «  avancer » dans les préparatifs de son opération militaire sur Rafah

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
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  • "Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer
  • Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi

JERUSALEM: Le gouvernement israélien dit "avancer" dans les préparatifs de son opération militaire prévue sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où selon lui quatre bataillons de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas sont regroupés.

"Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer, lors d'un point presse. "Les quatre bataillons qui restent à Rafah ne peuvent pas échapper à Israël, ils seront attaqués".

M. Mencer a ajouté que "deux brigades de réservistes" avaient été mobilisées pour des "missions défensives et tactiques dans Gaza".

Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré à plusieurs reprises qu'Israël entendait mener un assaut contre Rafah, ville où sont réfugiés des centaines de milliers de Gazaouis, déplacés par la guerre.

M. Netanyahu insiste sur le fait que l'anéantissement des derniers bataillons du Hamas à Rafah est cruciale dans la poursuite des objectifs de la guerre contre le Hamas, mouvement islamiste qui a pris le pouvoir dans le territoire côtier depuis 2007.

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics.

Mais les ONG et un nombre croissant de pays - et même l'allié historique américain - s'opposent à cette opération, craignant qu'elle ne fasse de nombreuses victimes civiles.

Le Hamas de son côté a répété sa demande de cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza, ce qui à ce stade de la guerre est inacceptable pour M. Netanyahu et son gouvernement qui ont juré d'"anéantir" le mouvement.

"Au moins 26.000 terroristes ont été tués, appréhendés, ou blessés dans les combats", a avancé M. Mencer.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a promis d'anéantir le Hamas et lancé une offensive massive qui a fait jusqu'à présent 34.262 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.


L'armée israélienne annonce mener une offensive sur le sud du Liban

Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
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  • "Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant
  • Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, où elle affirme que son aviation et son artillerie ont frappé 40 cibles du Hezbollah libanais et tué la moitié de ses commandants dans ce secteur.

"Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant dans un communiqué.

"La moitié des commandants du Hezbollah dans le sud du Liban ont été éliminés, l'autre moitié se cache et laisse le champ libre aux opérations" militaires israéliennes.

Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi.

Le mouvement libanais pro-iranien n'a pas réagi dans l'immédiat aux déclarations israéliennes.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah mène des attaques quasi-quotidiennes contre Israël pour soutenir le mouvement islamiste palestinien, son allié.

L'armée israélienne riposte en bombardant de plus en plus en profondeur le territoire libanais et en menant des attaques ciblées contre des responsables du Hezbollah.

"Il y a peu de temps, les avions de combat et l'artillerie israélienne ont frappé environ 40 cibles terroristes du Hezbollah" autour d'Aïta el-Chaab dans le sud du Liban, y compris des sites de stockage d'armes, a affirmé plus tôt l'armée israélienne dans un communiqué.

Le Hezbollah "a mis en place des dizaines de moyens et d'infrastructures terroristes dans la région" pour attaquer Israël, a-t-elle ajouté.

L'agence officielle libanaise ANI a fait état de son côté de 13 frappes israéliennes près d'Aïta el-Chaab.

"Des avions militaires israéliens ont effectué plus de 13 frappes aériennes ciblant la périphérie des villes d'Aïta el-Chaab, Ramya, Jabal Balat et Khallet Warda", a déclaré l'agence.

Le Hezbollah avait annoncé mardi avoir tiré des dizaines de roquettes sur le nord d'Israël, en représailles à la mort de deux civils dans le sud du Liban dans une frappe imputée à Israël.

Ces violences entre Hezbollah et Israël ont fait depuis le 7 octobre 380 morts du côté libanais, en majorité des combattants du mouvement libanais ainsi que 72 civils, selon un décompte de l'AFP.

Dans le nord d'Israël, onze soldats et huit civils ont été tués d'après l'armée.

 

 


L'Égypte nie avoir discuté avec Israël d’une offensive à Rafah

Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains
  • L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah

LE CAIRE: L’Égypte nie avoir tenu des discussions avec Israël au sujet d’une offensive dans la ville palestinienne de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains, selon lequel l’Égypte a discuté avec Israël de ses projets d’offensive à Rafah.

M. Rashwan a réaffirmé l’opposition totale de l’Égypte à cette opération, position annoncée à plusieurs reprises par les responsables politiques du pays, qui estiment que cette opération conduira à de nouveaux massacres, à des pertes humaines massives et à une destruction généralisée.

Il a ajouté que les avertissements répétés de l’Égypte sont parvenus à la partie israélienne par tous les moyens depuis qu’Israël a proposé de mener une opération militaire à Rafah. Ces avertissements mentionnent les pertes attendues et les répercussions négatives sur la stabilité de l’ensemble de la région.

Alors qu’Israël envisage de mener cette opération à laquelle l’Égypte, la plupart des pays du monde et leurs institutions internationales s’opposent, les efforts de l’Égypte depuis le début de l’agression israélienne se focalisent sur la conclusion d’un accord de cessez-le-feu et sur l’échange de prisonniers et de détenus, a précisé M. Rashwan.

Ce dernier a indiqué que l’Égypte cherchait à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, en particulier dans le nord et dans la ville de Gaza, ainsi que l’évacuation des blessés et des malades pour qu’ils soient soignés en dehors de cette région.

L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com