Le piratage de Microsoft met Biden au défi de la cyber-riposte

La messagerie de Microsoft a été piratée (Photo, AFP).
La messagerie de Microsoft a été piratée (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 10 mars 2021

Le piratage de Microsoft met Biden au défi de la cyber-riposte

  • Face aux attaques qui exploitent les vulnérabilités des réseaux d'entreprises et de gouvernements menaçant la sécurité nationale, les experts estiment que des mesures fortes s'imposent
  • Le dernier piratage en date, celui de Microsoft Exchange, attribué à un groupe de hackers chinois soutenus par Pékin, a affecté au moins 30 000 organisations américaines

WASHINGTON: Le piratage de la messagerie de Microsoft, deuxième cyberattaque majeure en quelques mois, met l'administration Biden sous pression sur sa capacité à riposter pour protéger les intérêts des Etats-Unis.

Face aux attaques qui exploitent les vulnérabilités des réseaux d'entreprises et de gouvernements menaçant la sécurité nationale, les experts estiment que des mesures fortes s'imposent, comme le « hack back », une cyber-riposte qui consiste à hacker en retour.

Le dernier piratage en date, celui de Microsoft Exchange, attribué à un groupe de hackers chinois soutenus par Pékin, a affecté au moins 30 000 organisations américaines, y compris des entreprises, des villes et collectivités locales aux Etats-Unis.

Cette attaque a été jugée « inhabituellement agressive ».

De plus, elle fait suite aux révélations selon lesquelles la Russie était probablement derrière le piratage massif, en décembre, du logiciel de l'entreprise texane SolarWinds, qui a secoué le gouvernement américain et la sécurité de grandes entreprises.

« Ces deux très gros incidents sont un test important pour les débuts de l'administration Biden », estime Frank Cilluffo, ancien conseiller à la sécurité intérieure de l'administration de George W. Bush, désormais directeur de l'Institut McCrary de l'Université d'Auburn.

Selon lui, la réponse de l'administration démocrate est d'autant plus importante qu'elle va « donner le ton » sur la manière dont elle compte riposter « à un cyber-comportement inacceptable ».

Ce sera aussi un message adressé au monde entier, pas seulement aux hackers. Car « tout le monde observe, acteurs étatiques et non étatiques » la capacité du gouvernement américain à réagir, dit-il.

James Lewis, spécialiste de la cybersécurité au Center for Strategic and International Studies, estime que les deux incidents sont la preuve que la stratégie américaine « ne fonctionne pas contre les adversaires les plus qualifiés et les plus dangereux ».

« Les avantages de l'espionnage sont infinis », poursuit-il. « L'équipe Biden le sait et essaie de changer les choses, mais on est loin d'avoir la solution. »

« Hacking back »?

Jusqu'à très récemment, la notion de « hacking back » était considérée comme trop risquée politiquement, selon les normes internationales.

Mais un accord de 2019 entre 28 pays a établi un cadre juridique pour de telles représailles, explique Lewis.

« Le piratage par des entreprises privées est toujours illégal » mais un gouvernement peut faire valoir que le recours est légal pour un Etat en cas d'attaque d'ampleur, ajoute-t-il.

David Edelman, ancien conseiller en sécurité numérique de l'administration Obama, membre du Massachusetts Institute of Technology, relève que l'administration Biden est confrontée à des choix difficiles.

« L'administration a indiqué vouloir imposer des coûts (en représailles, ndlr) mais quel genre de coûts seraient proportionnels » à l'attaque ?, interroge-t-il.

« Des inculpations ? Des sanctions » pour des agents installés en toute sécurité dans un pays étranger à des milliers de kilomètres ?, demande-t-il également.

Réponse « chirurgicale »

Le mois dernier, Anne Neuberger, la conseillère principale en cybersécurité de la Maison Blanche, avait déclaré que son équipe envisageait des représailles après l'attaque ayant visé SolarWinds.

« Ce n'est pas le seul cas de cyberactivité malveillante d'origine probablement russe, que ce soit pour nous ou pour nos alliés et partenaires », avait-elle ajouté.

Pour Frank Cilluffo, toute réponse devra être soigneusement élaborée, sans dommages collatéraux, à la manière d'une action militaire contre des cibles précises.

Cela pourrait signifier des mesures économiques, diplomatiques ou militaires, avance-t-il.

« Cela ne peut pas être traité uniquement comme un cyber-incident », a-t-il insisté, préconisant d'intégrer la riposte à « la machinerie géopolitique et de sécurité nationale » du gouvernement américain.

Les différents types de réponses pourraient donc être adaptés en fonction de l'identité des personnes soupçonnées d'avoir mené la cyberattaque, que ce soit la Russie, la Chine, la Corée du Nord ou d'autres individus. 

« Attaquer un réseau informatique est clairement un des outils que nous avons à notre disposition », reconnaît-il.

« Mais nous voulons le faire de manière chirurgicale, de manière discriminatoire pour avoir, évidemment, un impact sur ceux que nous visons » et seulement eux, conclut-il.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.