Israël et les Emirats arabes unis signent un accord de paix pour normaliser leurs relations

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Publié le Jeudi 13 août 2020

Israël et les Emirats arabes unis signent un accord de paix pour normaliser leurs relations

  • L'accord, négocié par le président américain Donald Trump, signifie qu'Israël a suspendu ses projets d'annexion de parties de la Cisjordanie occupée
  • Un « jour historique », a affirmé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

BEYROUTH: Israël et les Emirats arabes unis ont signé sous l'égide des Etats-Unis un « accord de paix historique », a tweeté jeudi le président américain Donald Trump, permettant à ces deux pays de normaliser leurs relations.

Il s'agit d'une « percée spectaculaire », a commenté M. Trump, qualifiant cette normalisation d' «accord de paix historique entre nos deux grands amis ».

Un « jour historique », a affirmé pour sa part le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

L'accord, négocié par le président américain Donald Trump, signifie qu'Israël a suspendu ses projets d'annexion de parties de la Cisjordanie occupée.

Selon une déclaration conjointe des Émirats arabes unis, d'Israël et des États-Unis, « cette percée diplomatique historique fera progresser la paix dans la région du Moyen-Orient. Elle témoigne de la diplomatie audacieuse et de la vision des trois dirigeants, ainsi que du courage des Émirats arabes unis et d'Israël, pour tracer une nouvelle voie qui débloquera le grand potentiel de la région. »

« Aujourd'hui, une nouvelle ère commence dans les relations entre Israël et le monde arabe », a déclaré jeudi soir le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, en se félicitant de la normalisation des relations entre l'Etat hébreu et les Emirats arabes unis.

Cette normalisation aura pour effet de « reporter » les projets israéliens d'annexion de pans de la Cisjordanie occupée, a ajouté M. Netanyahu, nuançant toutefois qu'il n'avait pas « renoncé » à cette option déjà critiquée par les Palestiniens et une partie de la communauté internationale.

Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a également évoqué un « jour historique » et un « pas décisif vers la paix au Moyen-Orient ».

« C'est un succès remarquable pour deux Etats parmi les plus en pointe et les plus avancés technologiquement dans le monde », a-t-il ajouté dans un communiqué.

« Les Etats-Unis espèrent que ce pas audacieux sera le premier d'une série d'accords clôturant 72 années d'hostilités dans la région », a poursuivi le ministre américain des Affaires étrangères.

« Bénis soient les faiseurs de paix. Mabrouk et Mazel Tov », a conclu M. Pompeo, en utilisant la formule traditionnelle servant à présenter ses félicitations en arabe et en hébreu.

Les Emirats arabes unis ont assuré que l'accord avec Israël était une « étape audacieuse » qui permettra de parvenir à « une solution à deux Etats » pour le peuple palestinien.

« La plupart des pays y verront une étape audacieuse pour parvenir une solution à deux Etats, donnant du temps aux négociations », a déclaré le ministre d'Etat aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, lors d'une conférence de presse, au cours de laquelle il a ajouté que les deux pays allaient ouvrir des ambassades dans « pas longtemps ».

Le prince héritier d'Abou Dhabi a affirmé pour sa part que l'accord de normalisation des relations entre les Emirats arabes unis et Israël comportait l'arrêt de l'annexion israélienne de nouveaux « territoires palestiniens. »

« Lors d'un appel entre le président Trump et le Premier ministre Netanyahu, un accord a été trouvé pour mettre fin à toute annexion supplémentaire de territoires palestiniens », a indiqué cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane sur son compte Twitter.

Abbas convoque une réunion d'urgence 

Des délégations d'Israël et des EAU devraient se réunir dans les semaines à venir pour signer des accords concernant l'investissement, le tourisme, les vols directs, la sécurité et les télécommunications, entre autres. Ils discuteront également de l’ouverture d'ambassades respectives.

En soirée, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a convoqué une « réunion d'urgence » du leadership palestinien pour discuter de la normalisation des relations entre Israël et les Emirats, a rapporté l'agence officielle Wafa.

L'Autorité palestinienne a qualifié de « trahison » de la cause palestinienne l'accord de normalisation et a appelé à une « réunion d'urgence » de la Ligue arabe pour le dénoncer.

« Les dirigeants palestiniens rejettent ce que les Emirats arabes unis ont fait. Il s'agit d'une trahison de Jérusalem et de la cause palestinienne », a indiqué dans un communiqué la direction palestinienne appelant à une « réunion d'urgence» de la Ligue arabe pour dénoncer le projet soutenu par les Etats-Unis.

L'Autorité palestinienne a annoncé par ailleurs le rappel « immédiat » de son ambassadeur à Abou Dhabi en guise de protestation contre l'accord de normalisation des relations entre Israël et les Emirats arabes unis.

« Sur demande du président Mahmoud Abbas, le ministère palestinien des Affaires étrangères a décidé de rappeler immédiatement son ambassadeur aux Emirats arabes unis à la suite de l'accord (...) de normalisation des relations israélo-émiraties », a déclaré le chef de la diplomatie palestinienne Riyad Al-Maliki, dans un communiqué.

Ces dernières années, Israël a développé une coopération officieuse avec des économies régionales comme Bahreïn, les Emirats et l'Arabie saoudite avec lesquels il cherche à normaliser ses relations.

Par le passé, cette normalisation était intimement liée au processus de paix avec les Palestiniens, qui devait servir de pont aux relations avec le monde arabe et plus largement musulman. Mais pour M. Netanyahu, c’est plutôt la normalisation avec les pays arabes qui poussera les Palestiniens à un accord de paix avec Israël.

« La gauche israélienne et mondiale a toujours dit qu'on ne peut pas faire d'accord de paix avec les pays arabes sans la paix avec les Palestiniens (...) Pour la première fois dans l'histoire, Benjamin Netanyahu a brisé ce paradigme », a réagi son parti, le Likoud.

Le président américain Donald Trump avait présenté en janvier dernier son projet de paix pour le Moyen-Orient qui prévoyait notamment l'annexion par Israël de pans de la Cisjordanie occupée.

Et le gouvernement d'union israélien avait commencé en juillet à étudier la marche à suivre pour mettre en oeuvre ce projet, une partie de la classe politique craignant qu'une annexion unilatérale, sans pourparlers préalables avec les Palestiniens, ne mène à plus de violence.

L'annonce de la normalisation avec les Emirats arabes unis permet « d'éviter » une « annexion unilatérale », a d'ailleurs commenté sur Twitter le chef de la diplomatie israélienne Gabi Ashkenazi, membre du parti centriste Bleu Blanc.

De son côté, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a salué l'accord de normalisation. « J'ai suivi avec attention le communiqué conjoint des Etats-Unis, de l'Etat frère des Emirats arabes unis et d'Israël sur l'arrêt de l'annexion des territoires palestiniens par Israël », a tweeté le chef d'Etat égyptien, saluant « une étape » vers la « réalisation de la paix au Moyen-Orient ».

Bahreïn a salué l'accord négocié par les Etats-Unis de normalisation des liens entre les Emirats arabes unis et Israël, a indiqué l'agence de presse officielle de ce petit pays du Golfe, Bahrain News Agency (BNA). 

« Le royaume salue les efforts diplomatiques déployés par les Emirats arabes unis. Cette étape historique contribuera au renforcement de la stabilité et de la paix dans la région », a-t-elle ajouté.

Pour Ayman Safadi, Premier ministre jordanien, « l'impact de l'accord entre les Émirats arabes unis et Israël sur les efforts pour parvenir à la paix, sera lié à la manière dont Israël se comportera ». « Si Israël considère l'accord comme une incitation à mettre fin à l'occupation et à respecter le droit du peuple palestinien à la liberté et à un État viable indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale, la région progressera vers une paix juste », a-t-il déclaré.

Quant au Premier ministre britannique Boris Johnson, il a estimé que « la décision de normalisation des relations est une très bonne nouvelle », et que « l'accord de suspension des plans d'annexion de la Cisjordanie est une étape bienvenue pour un Moyen-Orient plus pacifique. »


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".


Des progrès substantiels dans les négociations du Caire sur la trêve à Gaza

Un jeune garçon observe les parents de Palestiniens tués dans un bombardement israélien, pleurant près de leurs corps dans la cour de l'hôpital al-Najjar à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 mai 2024, dans le cadre du conflit actuel entre Israël et le mouvement Hamas. (AFP)
Un jeune garçon observe les parents de Palestiniens tués dans un bombardement israélien, pleurant près de leurs corps dans la cour de l'hôpital al-Najjar à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 mai 2024, dans le cadre du conflit actuel entre Israël et le mouvement Hamas. (AFP)
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  • La deuxième phase durera au moins six semaines, les deux parties acceptant de libérer un plus grand nombre d'otages et de prisonniers, et s'engageant également à un arrêt plus long des combats
  • Ahmed Moustafa, expert en sécurité et en politique, a déclaré à Arab News : « Selon mes informations, le Hamas a accepté la première phase de l'accord de cessez-le-feu à Gaza ».

LE CAIRE : Les pourparlers au Caire entre une délégation du Hamas et des médiateurs égyptiens ont fait des progrès substantiels vers un cessez-le-feu à Gaza, selon une source de haut rang.

Cette source, qui a préféré garder l'anonymat, a déclaré à la chaîne d'information du Caire que les représentants du Hamas et une délégation égyptienne, chargée de la sécurité, étaient parvenus à un consensus sur de nombreux points litigieux.

Quelques heures avant l'arrivée de la délégation du Hamas au Caire samedi, le général Abbas Kamel, chef de la direction des renseignements généraux égyptiens, a reçu un appel téléphonique du chef du mouvement, Ismail Haniyeh, concernant les négociations.

Ahmed Moustafa, expert en sécurité et en politique, a déclaré à Arab News : « Selon mes informations, le Hamas a accepté la première phase de l'accord de cessez-le-feu à Gaza ».

« Cela comprend la libération d'un certain nombre d'otages, avec l'assurance qu'Israël se retirera complètement de Gaza après 124 jours, à l'issue des trois étapes de l'accord majeur qui est coordonné ici au Caire ».

Moustafa a également déclaré que la délégation du Hamas au Caire devrait informer la partie égyptienne de son accord avec seulement des amendements mineurs.

« Je pense que le Hamas s'est mis d'accord sur certains termes avec les médiateurs égyptiens, et auparavant avec les médiateurs qataris sous les garanties américaines », a-t-il précisé.

Toutefois, Moustafa a indiqué que le refus d'Israël de mettre fin à la guerre à Gaza dans le cadre d'un accord sur les otages et sa détermination à éliminer ce qu'il reste du Hamas restent des « points de discorde majeurs ».

Selon Moustafa, un autre point de désaccord concerne l'autorisation de l'entrée dans l'enclave de matériaux à double usage, par exemple du matériel humanitaire qui pourrait également être utilisé à des fins de combat, tel le carburant.

Il a indiqué que la première phase, sur laquelle le Hamas « s'est provisoirement mis d'accord, durera jusqu'à 40 jours, au cours desquels 33 des plus de 100 otages israéliens détenus à Gaza depuis le 7 octobre seront libérés ».

La seconde phase durera au moins six semaines, les deux parties acceptant de libérer un plus grand nombre d'otages et de prisonniers et s'engageant également à interrompre plus longtemps les combats.

Aboud Jamal, chercheur en affaires palestiniennes, a déclaré à Arab News : « Le Hamas a annoncé vendredi soir que des accords avaient été conclus et qu'une délégation du mouvement se rendrait au Caire samedi pour obtenir un accord qui réponde aux exigences des Palestiniens ».

Jamal a ajouté : « Il est clair que les prochains jours devraient être marqués par un accord de cessez-le-feu et la libération de certains otages israéliens ».

« La seule question qui subsiste est celle de la position du gouvernement israélien, qui semble vouloir prolonger la guerre pour maintenir en place le gouvernement de (Benjamin) Netanyahou à la suite des récentes manifestations contre lui en Israël ».

Selon Jamal, le gouvernement israélien a tout intérêt à faire obstruction à tout accord.

« Ainsi, en envoyant sa délégation au Caire et en discutant de son acceptation des termes de l'accord potentiel par l'intermédiaire de médiateurs, le Hamas a devancé le gouvernement de Tel-Aviv, une initiative pour laquelle les dirigeants du mouvement doivent être félicités ».

Il a ajouté « qu’il semble que l'Égypte soit véritablement aux côtés du peuple palestinien et qu'elle soutienne la conclusion d'un accord garantissant un cessez-le-feu afin de sauver ce qui peut l'être de la vie des habitants de Gaza ».

« C'est ce qui ressort de la déclaration publiée par le Hamas avant que sa délégation de sécurité ne se rende au Caire, dans laquelle le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, dit apprécier le rôle joué par l'Égypte ».

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Gaza: le mouvement étudiant contre l'offensive israélienne s'étend dans le monde

Des étudiants et militants pro-palestiniens accrochent une banderole indiquant en français "Libérez la Palestine de la mer au Jourdain", lors d'une manifestation à l'entrée du bâtiment Geopolis de l'Université de Lausanne (UNIL) occupé par des étudiants pro-palestiniens, à Lausanne, le 4 mai 2024 (Photo, AFP).
Des étudiants et militants pro-palestiniens accrochent une banderole indiquant en français "Libérez la Palestine de la mer au Jourdain", lors d'une manifestation à l'entrée du bâtiment Geopolis de l'Université de Lausanne (UNIL) occupé par des étudiants pro-palestiniens, à Lausanne, le 4 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Depuis le 17 avril, une vague de mobilisation pour Gaza a déferlé sur les campus américains, dans une quarantaine d'universités, d'est en ouest
  • Les manifestations ont gagné Paris, Lausanne, Berlin, Montréal, Mexico ou encore Sydney

PARIS: Le mouvement étudiant contre l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, en représailles à l'attaque du Hamas le 7 octobre, continue dans le monde: parti des campus américains et faisant parfois l'objet d'une répression policière, il a gagné Paris, Lausanne, Berlin, Montréal, Mexico ou encore Sydney.

Etats-Unis :

Depuis le 17 avril, une vague de mobilisation pour Gaza a déferlé sur les campus américains, dans une quarantaine d'universités, d'est en ouest, évoquant les manifestations contre la guerre du Vietnam.

Au total près de 2.000 personnes ont été interpellées, selon un bilan établi par plusieurs médias américains.

Ces derniers jours, la police a procédé à une série de démantèlements manu militari de campements propalestiniens, comme à l'université de New York (NYU) vendredi à la demande de l'établissement.

Des manifestants barricadés dans la prestigieuse université Columbia, épicentre à New York de la mobilisation estudiantine, ont ainsi été chassés. A l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), des dizaines d'étudiants ont été arrêtés.

Une manifestation a été dispersée samedi à l'université de Virginie. La police a arraché les parapluies brandis en guise de boucliers par des manifestants et démoli des tentes, selon une vidéo publiée par le journal étudiant Cavalier Daily.

L'université Brown (Rhode Island, est) s'est elle accordée avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d'un vote sur un éventuel "désinvestissement" de "sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza".

Longtemps muet, le président Joe Biden a martelé jeudi que "l'ordre devait prévaloir".

France :

Les forces de l'ordre ont évacué vendredi les militants propalestiniens qui occupaient depuis la veille la prestigieuse école parisienne Sciences Po, qui accueille 5.000 à 6.000 étudiants.

Une semaine après une mobilisation émaillée déjà de tensions à Sciences Po Paris et une précédente évacuation de locaux, "91 personnes ont été évacuées, sans incident", selon les autorités.

La mobilisation étudiante reste circonscrite à Sciences Po Paris, ses campus en régions (Lille, Le Havre, Dijon, Reims ou Poitiers) et aux Instituts d'études politiques (IEP) mais peine à faire tache d'huile dans les universités.

Le président français Emmanuel Macron a condamné "avec la plus grande fermeté" les blocages à Sciences Po et dans les universités de manifestants propalestiniens, des actions qui "empêchent le débat", juge-t-il dans un entretien aux journaux La Provence et à La Tribune Dimanche.

Allemagne :

La police est intervenue vendredi pour évacuer les manifestants propalestiniens rassemblés devant l'université Humboldt de Berlin, au centre de la capitale.

Certains manifestants ont été expulsés "par la force" après avoir refusé un autre lieu proposé, selon la police berlinoise.

Le maire de Berlin, Kai Wegner, a critiqué la manifestation, écrivant sur X que la ville ne voulait pas de "situations comme aux États-Unis ou en France".

Canada :

Le mouvement étudiant propalestinien s’est implanté dans plusieurs villes dont Vancouver, Ottawa, Toronto et Montréal. Le premier campement érigé et le plus important, celui de la prestigieuse université McGill à Montréal, a débuté le 27 avril et pris de l'ampleur.

Les centaines de manifestants ont fortifié leur campement ces derniers jours en raison de la menace d'un démantèlement par les forces de l'ordre.

Ils se disent déterminés à occuper les lieux aussi longtemps qu'il le faudra, jusqu'à ce que McGill coupe tout lien financier ou académique avec Israël.

La direction de l’établissement a déclaré mercredi souhaiter que le campement soit démantelé "sans délai", affirmant qu'il s'agissait d'une demande "non négociable". Selon elle, "un certain nombre de manifestants ne font pas partie de la communauté étudiante".

La police de Montréal, qui dit préconiser une dénouement "pacifique" de la situation, n'est pour l'instant pas intervenue pour démanteler le camp.

Australie :

A l'université de Sydney, des centaines de manifestants propalestiniens et pro-israéliens se sont retrouvés face-à-face vendredi. Malgré quelques échanges tendus, les deux rassemblements sont restés pacifiques et la police n'est pas intervenue.

Des militants propalestiniens campent depuis dix jours sur une pelouse face au tentaculaire bâtiment gothique de l'université de Sydney.

Comme leurs homologues américains, les protestataires veulent que l'université de Sydney coupe ses liens avec les institutions israéliennes et refuse les donations de sociétés d'armement.

Irlande:

Des dizaines d'étudiants de la prestigieuse université Trinity College de Dublin ont installé des tentes à plusieurs endroits du campus de l'établissement, bloquant samedi l'entrée de la bibliothèque qui contient "le Livre de Kells", célèbre manuscrit médiéval que les touristes viennent voir nombreux dans la capitale irlandaise.

Les manifestants, qui ont décrit leur mobilisation comme un "campement en solidarité avec la Palestine", appellent l'université à couper ses liens avec Israël.

Mexique :

A Mexico, des dizaines d'étudiants propalestiniens de l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM), la plus grande du pays, ont dressé un camp jeudi dans la capitale, scandant "Vive la Palestine libre !" et "De la rivière à la mer, la Palestine vaincra !". Ils appellent le gouvernement mexicain à rompre toutes relations avec Israël.

Suisse :

Une centaine d'étudiants propalestiniens occupent depuis jeudi soir le hall d'entrée du bâtiment Géopolis de l'Université de Lausanne (UNIL), exigeant un boycott académique des institutions israéliennes et un cessez-le-feu immédiat.

L'occupation s'est poursuivi pacifiquement vendredi et prévoit de durer jusqu’à lundi.