L'Arménie hantée par le sort des disparus de la guerre

Rouzanna Vartanian, 40 ans, tient une photo de son fils Sarkis, 18 ans, un soldat arménien porté disparu lors de la guerre de l’année dernière avec l’Azerbaïdjan dans la région du Haut-Karabakh. ARIS MESSINIS / AFP
Rouzanna Vartanian, 40 ans, tient une photo de son fils Sarkis, 18 ans, un soldat arménien porté disparu lors de la guerre de l’année dernière avec l’Azerbaïdjan dans la région du Haut-Karabakh. ARIS MESSINIS / AFP
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Publié le Jeudi 11 mars 2021

L'Arménie hantée par le sort des disparus de la guerre

  • Rouzanna Vartanian a passé les cinq derniers mois enfermée entre espoir et détresse, priant pour revoir un jour son fils aîné Sarkis, disparu comme de nombreux autres soldats arméniens lors du récent conflit au Nagorny-Karabakh
  • La famille Vartanian figure depuis parmi les centaines de foyers arméniens cherchant à connaître le sort de leurs proches: sont-ils morts ou prisonniers des Azerbaïdjanais ?

EREVAN : Rouzanna Vartanian a passé les cinq derniers mois enfermée entre espoir et détresse, priant pour revoir un jour son fils aîné Sarkis, disparu comme de nombreux autres soldats arméniens lors du récent conflit au Nagorny-Karabakh.

Ce conscrit de 18 ans n'a plus donné de nouvelles quelques semaines après le début à l'automne 2020 des hostilités entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan pour le contrôle de cette enclave, qui se sont soldées par une déroute militaire arménienne.

La famille Vartanian figure depuis parmi les centaines de foyers arméniens cherchant à connaître le sort de leurs proches: sont-ils morts ou prisonniers des Azerbaïdjanais?

Ils écument les morgues, laissent des échantillons d'ADN, interrogent les soldats revenus du front et interpellent les politiques.

"Tout ce que je peux faire aujourd'hui, c'est d'attendre mon fils", constate Rouzanna Vartanian, 40 ans, qui peine à retenir ses larmes en recevant l'AFP dans l'appartement familial à Erevan, la capitale arménienne.

La disparition de Sarkis n'est pas la seule tragédie qui s'est abattue sur la famille: le père, Arman, a été tué lors du conflit de six semaines après s'être précipité au front pour combattre aux côtés de son fils.

"C'est comme si je n'étais pas vivante. J'ai perdu tout le sens de ma vie", se lamente Mariam, 68 ans, la grand-mère de Sarkis.

Monnaie d'échange

Le sort des disparus du Nagorny-Karabakh est l'une des blessures qui hante l'Arménie alors que ce pays du Caucase tente de faire face à sa défaite dans ce conflit, qui a fait plus de 6 000 morts dans les deux camps.

L'Arménie a dû se résoudre à céder, au terme d'un accord de trêve négocié par la Russie, d'importants territoires à l'Azerbaïdjan, son ennemi depuis une première guerre sanglante dans les années 1990.

A la faveur de ce cessez-le-feu, les deux camps ont convenu d'échanger tous les prisonniers de guerre et les restes des soldats tués au combat. Selon Moscou, 63 Arméniens et 16 Azerbaïdjanais ont pu retourner chez eux et Erevan comme Bakou assurent ne plus avoir de captifs.

Bakou admet seulement détenir encore environ 60 personnes capturées lors d'échauffourées qui ont suivi l'accord de paix, les qualifiant de "terroristes" et de "saboteurs".

Mais l'Arménie est convaincue que Bakou retient davantage de prisonniers afin de s'en servir comme monnaie d'échange dans les négociations, encore en cours, sur le tracé de la nouvelle ligne de démarcation.

"Je sais que nous avons plusieurs centaines de personnes en captivité en Azerbaïdjan", affirme à l'AFP Arman Tatoïan, médiateur pour les droits humains, qui estime que Bakou "se sert du problème pour mettre la pression" sur les autorités arméniennes, confrontées à une crise politique depuis la défaite.

"En faisant cela, ils causent des souffrances mentales à notre société, à notre peuple", regrette-t-il.

"En enfer"

Les proches des disparus assurent que ce sont avant tout eux, et non les autorités, qui s'occupent des recherches.

Arsen Goukassian, l'oncle de Sarkis, a cessé de travailler pour se dédier à cette tâche. "Les responsables admettent eux-mêmes que nous avons rassemblé plus d'informations qu'eux", révèle-t-il.

Cet homme de 47 ans s'est rendu à de nombreuses reprises sur le front en compagnie d'autres familles. 

"Je n'aurais jamais pu imaginer les choses que j'ai vues : des corps décapités, des membres...", raconte Arsen en se remémorant les morgues et hôpitaux visités.

Une autre femme à la recherche de son fils, Lousiné Margarian, explique avoir été invitée plus de 20 fois à identifier des corps ramenés du front. "C'est comme si nous vivions en enfer", dit-elle à l'AFP.

La dernière fois que la famille a parlé à Haïk Manoukian, le fils disparu, c'était pour son 23ème anniversaire, juste avant qu'une offensive azerbaïdjanaise ne l'isole du reste de son unité.

Les autorités arméniennes ont indiqué récemment aux parents que le nom de leur fils figurait sur une liste de prisonniers détenus par l'Azerbaïdjan. Mais les détails sont flous et la famille attend confirmation.

"Nous voulons simplement être sûrs qu'il est vivant", explique le père, Armen Manoukian. "Ce serait un premier pas".


Indonésie: 54 blessés dans une explosion d'origine inconnue près d'une école à Jakarta, selon la police

 Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
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  • "Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV
  • L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre

JAKARTA: Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre.

"Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV.

L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre.

La police "procède aux constatations sur la scène de crime", a déclaré M. Asep, précisant qu'une équipe de déminage de la police de Jakarta était sur place afin de déterminer la cause de l'explosion.

Des postes de secours ont été établis dans deux hôpitaux pour aider les familles à retrouver les victimes blessées, a-t-il également indiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l'explosion, a ajouté M. Asep. "Nous sommes en train de mener les investigations car cet incident vient de se produire", a-t-il expliqué.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.