Biden lance son offensive anti-Chine lors d'un sommet avec ses alliés du Pacifique

Le président américain Joe Biden (g) et le secrétaire d'État américain Anthony Blinken (d) participent à une réunion virtuelle avec les dirigeants des pays du Dialogue quadrilatéral sur la sécurité le 12 mars 2021 (Alex Wong / Getty Images / AFP)
Le président américain Joe Biden (g) et le secrétaire d'État américain Anthony Blinken (d) participent à une réunion virtuelle avec les dirigeants des pays du Dialogue quadrilatéral sur la sécurité le 12 mars 2021 (Alex Wong / Getty Images / AFP)
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Publié le Vendredi 12 mars 2021

Biden lance son offensive anti-Chine lors d'un sommet avec ses alliés du Pacifique

  • C'est la première fois que le "Quad", cette alliance informelle née dans les années 2000 pour contrebalancer la montée en puissance de la Chine et relancée par Donald Trump, se réunit au plus haut niveau
  • L'autre objet de ce sommet, et une des raisons d'être du "Quad", c'est de contenir l'activisme chinois dans la région

WASHINGTON : Joe Biden a lancé vendredi, lors d'un sommet virtuel avec les Premiers ministres australien, indien et japonais, une initiative commune pour renforcer de manière "drastique" la production de vaccins contre le Covid-19 en Asie du Sud-Est, première étape de son offensive diplomatique contre la Chine.

C'est la première fois que le "Quad", cette alliance informelle née dans les années 2000 pour contrebalancer la montée en puissance de la Chine et relancée par Donald Trump, se réunit au plus haut niveau.

"C'est aussi le premier sommet multilatéral que j'ai la chance d'organiser en tant que président", a dit Joe Biden à l'ouverture de la visioconférence avec le Japonais Yoshihide Suga, l'Indien Narendra Modi et l'Australien Scott Morrison.

"Les Etats-Unis sont déterminés à travailler avec tous nos alliés régionaux pour garantir la stabilité", a-t-il assuré.

Autre signe de la priorité donnée à l'Asie, le Premier ministre japonais sera, en avril, le premier dirigeant étranger à être reçu en personne aux Etats-Unis par le nouveau président, ont annoncé vendredi les deux pays.

A l'ordre du jour du "Quad": le changement climatique et la pandémie de Covid-19.

"Nouvelle ère"

"Nous lançons un nouveau partenariat ambitieux pour doper la production de vaccins, au bénéfice du monde entier et notamment des vaccinations dans toute la région indo-pacifique", a déclaré Joe Biden.

Il s'agit de répondre "aux graves pénuries en Asie du Sud-Est", a expliqué à des journalistes un haut responsable américain, évoquant des "véhicules financiers complexes qui permettront une augmentation très importante, franchement drastique, des capacités de production de vaccins, jusqu'à un milliard en 2022".

Cet effort s'appuiera en premier lieu sur la production en Inde, et sur le vaccin unidose américain Johnson & Johnson.

Avec cette initiative, le président américain s'engage à son tour dans la "diplomatie du vaccin". S'il a jusqu'ici assuré qu'il entendait réserver d'abord les vaccins achetés par Washington aux Américains, il veut montrer qu'il ne reste pas les bras croisés face à la Chine, qui multiplie les livraisons de doses à travers le monde et notamment en Asie du Sud-Est.

Car l'autre objet de ce sommet, et une des raisons d'être du "Quad", c'est de contenir l'activisme chinois dans la région.

Aucun des quatre dirigeants n'a ouvertement cité la Chine, mais en jargon diplomatique, cela se traduit par des discussions sur la "sécurité maritime" et le maintien d'une région indo-pacifique "libre et ouverte".

"Nous renouvelons notre engagement à faire en sorte que notre région soit gouvernée par la loi internationale, fasse régner les valeurs universelles et soit libre de toute coercition", a martelé Joe Biden dans une allusion claire aux intimidations reprochées à Pékin notamment en mer de Chine méridionale.

Scott Morrison a estimé que cette réunion de quatre "démocraties" symbolisait "l'aube d'une nouvelle ère" pour la région, quand Narendra Modi a assuré que le Quad demeurerait "un pilier important pour la stabilité".

Réunion USA-Chine

L'ex-président Trump a laissé les relations sino-américaines au plus bas depuis leur instauration dans les années 1970, au bord d'une nouvelle Guerre froide.

Son successeur assure vouloir continuer le bras de fer.

"Si on ne fait rien, ils vont nous écraser", a lancé Joe Biden en février après son premier échange téléphonique avec son homologue chinois Xi Jinping.

Il y a donc une continuité Trump-Biden sur la "compétition stratégique" avec le géant asiatique, qualifié de "plus grande menace pour la démocratie" par l'ex-gouvernement républicain et de "plus grand défi géopolitique du XXIe siècle" par l'actuelle équipe démocrate.

Mais cette dernière affirme vouloir se distinguer en s'appuyant sur les alliances des Etats-Unis, délaissées ou malmenées par Donald Trump, pour afficher un front uni face à Pékin.

Après la réunion du "Quad", le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et le ministre de la Défense Lloyd Austin se rendront la semaine prochaine au Japon puis en Corée du Sud pour leur premier voyage à l'étranger.

Le chef du Pentagone ira aussi en Inde, tandis qu'Antony Blinken organisera jeudi la toute première réunion entre l'équipe Biden et les chefs de la diplomatie chinoise Yang Jiechi et Wang Yi. Ces entretiens, en Alaska, seront observés de près.

 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.