Nucléaire/Polynésie: Oscar Temaru appelle à manifester contre les «193 crimes» de la France

L’association des victimes des tests nucléaires se tient devant un mémorial commémorant la tenue du premier de ces tests, en Polynésie française (Photo, AFP).
L’association des victimes des tests nucléaires se tient devant un mémorial commémorant la tenue du premier de ces tests, en Polynésie française (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 13 mars 2021

Nucléaire/Polynésie: Oscar Temaru appelle à manifester contre les «193 crimes» de la France

  • Une enquête publiée mardi, juge la radioactivité reçue par certains Polynésiens «deux à dix fois supérieure» aux estimations du Commissariat à l’énergie atomique
  • Oscar Temaru a invité les Polynésiens à un rassemblement pacifiste le 17 juillet, date anniversaire de l’essai nucléaire Centaure en 1974, le tir jugé le plus dangereux

PAPEETE: Le leader indépendantiste polynésien Oscar Temaru a appelé vendredi à une manifestation contre « les 193 crimes commis par l’Etat français », en référence aux 193 essais nucléaires réalisés en Polynésie entre 1966 et 1996.

Une enquête du média d'investigation en ligne Disclose, publiée mardi, juge la radioactivité reçue par certains Polynésiens « deux à dix fois supérieure » aux estimations du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), suite aux six essais nucléaires les plus contaminants. Disclose estime aussi que l’ensemble de la population polynésienne a pu être touchée, soit 110 000 personnes à l’époque des essais atmosphériques.

« L’analyse de ces articles montre que, si des différences existent entre les mesures utilisées par leurs auteurs et par le CEA, ces différences n’induiraient pas de modification significative des doses auxquelles la population de Polynésie française a été exposée », a affirmé le CEA.

Oscar Temaru a invité les Polynésiens à un rassemblement pacifiste le 17 juillet, date anniversaire de l’essai nucléaire Centaure en 1974, le tir jugé le plus dangereux pour les Polynésiens.

Il a souhaité, dans un communiqué, que la France reconnaisse « sa faute ». En 2018, il avait déposé une plainte pour crime contre l’humanité contre la France auprès de la Cour pénale internationale.

L’enquête de Disclose a provoqué des réactions indignées d’autres élus polynésiens.

« C’est la preuve éclatante d’un mensonge d’Etat », a déclaré le député Moetai Brotherson, proche d’Oscar Temaru. « Je ne pouvais pas imaginer qu’un président de la République pouvait nous mentir et nous tromper », a commenté Gaston Flosse, président de la Polynésie française à l’époque des essais nucléaires et ami de Jacques Chirac.

Les sénateurs Lana Tetuanui et Teva Rohfritsch, autonomistes proches du président de la Polynésie française Edouard Fritch, ont déposé une question écrite à la ministre des Armées. Ils appellent le gouvernement « à faire toute la lumière sur ces publications » et demandent « des mesures adaptées et efficientes pour répondre aux attentes des victimes des essais nucléaires ».

Edouard Fritch a de son côté dénoncé la « virulence » des réactions politiques locales. « Lorsqu’on dit que c’est passé de 2 à 4 millisieverts et qu’on n’en a déclaré que 2 : attendez, lorsqu’on voit les autres accidents nucléaires, que ce soit à Fukushima ou à Tchernobyl, on n’est pas dans l’ordre de la dizaine. Donc est-ce que ces gens qui écrivent ces livres aujourd’hui, qui veulent se payer l’Etat, pensent au Polynésien qui entend tout ça et qui angoisse ? », a-t-il déclaré.

Plus haute autorité de l’Etat en Polynésie française, le haut-commissaire Dominique Sorain a réfuté tout mensonge de la France.

L'enquête de Disclose « s’appuie sur des archives qui ont été déclassées, ce qui montre qu’on a accès à un certain nombre de données », a-t-il déclaré. « Il n’y a pas d’élément fondamentalement nouveau dans ce qui a été montré, si ce n’est des affirmations, mais ce sont des affirmations qui doivent reposer sur des bases scientifiques, et il faut qu’il y ait des réponses précises, techniques, sur ces sujets ».


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.