Israël: dernière ligne pour l'élection, au temps de la «Vaccine nation»

Manifestations anti-Netanyahou à Jérusalem, le 13 mars (Photo, AFP).
Manifestations anti-Netanyahou à Jérusalem, le 13 mars (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 14 mars 2021

Israël: dernière ligne pour l'élection, au temps de la «Vaccine nation»

  • Le virus commence à déferler sur le Moyen-Orient quand les Israéliens sont conviés aux urnes pour une troisième fois en quelques mois
  • Le gouvernement mène tambour battant une campagne de vaccination à la faveur d'un accord ayant permis d'assurer un approvisionnement rapide en doses des laboratoires Pfizer/BioNTech

JERUSALEM: Israël tient mardi ses quatrièmes élections législatives en moins de deux ans, qui se déroulent cette fois sur fond d'intense campagne de vaccination contre la Covid-19, devenue un précieux argument pour le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahou.

2 mars 2020. Le virus commence à déferler sur le Moyen-Orient quand les Israéliens sont conviés aux urnes pour une troisième fois en quelques mois, après un nouvel échec des partis à s'entendre sur un gouvernement.

Israël, qui compte alors une poignée de cas de contamination, tient les premières grandes élections au monde pendant la pandémie. Des bureaux de vote spéciaux pour les électeurs soupçonnés d'être infectés sont mis en place sous la supervision de personnel en combinaison spéciale donnant au scrutin des airs de science-fiction.

Un an plus tard, Israël retourne aux urnes le 23 mars et le virus est toujours là. Mais, cette fois, le gouvernement mène tambour battant une campagne de vaccination à la faveur d'un accord ayant permis d'assurer un approvisionnement rapide en doses des laboratoires Pfizer/BioNTech, en échange de données biomédicales sur les effets du vaccin.

« Laboratoire du monde »

A la tête du « laboratoire du monde », le Premier ministre Netanyahou, chef de gouvernement le plus pérenne de l'histoire du pays avec quinze années au pouvoir dont les douze dernières sans discontinuer, joue à fond la carte, dit-il, de la « Vaccine Nation » --le pays du vaccin.

Agé de 71 ans et en procès pour corruption dans une série d'affaires qui a provoqué des manifestations contre lui, Benjamin Netanyahou a lancé sa campagne en se faisant vacciner le premier, en direct à la télévision.

Aujourd'hui, plus de quatre millions d'Israéliens (45% de la population) ont reçu les deux doses du vaccin Pfizer dans un pays par ailleurs critiqué pour avoir fourni un nombre limité de doses aux Palestiniens.

« Savez-vous combien de Premiers ministres et de présidents appellent Pfizer et Moderna ? Ils ne répondent pas, mais moi, ils ont pris mon appel et je les ai convaincus qu'Israël serait un modèle pour le vaccin (...). Qui continuera à faire ça ? Ce ne sera pas Lapid, Bennett ou Gideon », a martelé cette semaine Netanyahou, citant ses adversaires.

Après avoir défié Netanyahou, le général Gantz menacé

Il y a un an, Benny Gantz caracolait en tête des sondages. Aujourd'hui, le général israélien n'est même pas certain de faire entrer des députés au Parlement le 23 mars, un revers cuisant pour celui qui voulait en finir avec l'ère Netanyahou.

Arrivé trois fois au coude-à-coude avec le Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahou, lors des élections législatives d'avril et de septembre 2019, puis de mars 2020, Benny Gantz avait touché du doigt le poste de Premier ministre.

Mais celui qui s'était donné pour mission de chasser du pouvoir le plus pérenne des chefs de gouvernement israéliens, et également le premier à être inculpé pour corruption en cours de mandat, a échoué à chaque fois à former un gouvernement.

En pactisant avec le Likoud, Gantz, 61 ans, a vu son parti se scinder, la moitié des députés refusant de rejoindre un gouvernement dirigé par un homme inculpé.

Si la formation de Benny Gantz apparaît affaiblie, créditée de seulement quatre à cinq sièges dans les sondages, elle pourrait jouer un rôle pour désigner le prochain chef de gouvernement.

Lors des trois derniers scrutins, le Likoud (droite) de Netanyahou avait terminé presque à égalité avec le parti centriste « Bleu-Blanc » de l'ancien chef de l'armée Benny Gantz.

Disant vouloir unir le pays pour affronter la tempête coronavirus, Gantz avait finalement formé au printemps 2020 un gouvernement de coalition avec Netanyahou. Ce cabinet a tenu sept mois avant d'imploser, d'où les nouvelles élections.

Et, cette fois, les appuis de Gantz sont en chute libre.

En conséquence, Netanyahou n'a pas un opposant mais trois : le centriste Yaïr Lapid, le conservateur Gideon Saar et le chantre de la droite radicale Naftali Bennett.

Les derniers sondages créditent Netanyahou de la pole position, avec 27 à 30 sièges sur les 120 de la Knesset (Parlement), contre environ 17-20 pour Yaïr Lapid, une douzaine pour le parti Yamina de Naftali Bennett, une dizaine pour Gideon Saar, et le reste pour près d'une dizaine d'autres formations.

« Abou Yaïr » 

Mais « les Israéliens sont extrêmement sceptiques quant à ces dernières élections qui pourraient se terminer dans une nouvelle impasse politique », note Yohanan Plesner, directeur de l'Institut démocratique d'Israël (IDI), évoquant une « fatigue électorale ».

Dans l'état actuel des intentions de vote, Netanyahou et ses alliés de la droite religieuse n'ont pas suffisamment d'appuis pour atteindre le seuil de la majorité (61 sièges), ni d'ailleurs Yaïr Lapid, ce qui pourrait faire du non-aligné Naftali Bennett le nouveau « faiseur de roi ».

Autre nouveauté pour ce scrutin : les accords de normalisation ces derniers mois entre Israël et des pays arabes (Emirats arabes unis, Bahreïn, Soudan, Maroc), un succès diplomatique sur lequel Netanyahou, critiqué dans la rue pour sa gestion économique de la pandémie, essaie aussi de capitaliser.

Le Premier ministre a multiplié les déplacements dans les villes arabes, un électorat qui lui est historiquement réfractaire, assurant que la normalisation apporterait de nouvelles opportunités pour la minorité arabe (20%), et se targuant même de s'y faire appeler familièrement « Abou Yaïr » –« le père de Yaïr » (en arabe), prénom de son fils...


L'UE condamne les frappes israéliennes au Liban, exige le respect du cessez-le-feu

Un soldat de l'armée libanaise discute avec un ouvrier alors qu'il déblaye les décombres d'un site visé pendant la nuit par une frappe aérienne israélienne dans le village d'Et Taybeh, dans le sud du Liban. (AFP)
Un soldat de l'armée libanaise discute avec un ouvrier alors qu'il déblaye les décombres d'un site visé pendant la nuit par une frappe aérienne israélienne dans le village d'Et Taybeh, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • L’Union européenne condamne les frappes israéliennes au sud du Liban et appelle Israël à respecter la résolution 1701 ainsi que le cessez-le-feu signé avec le Hezbollah en novembre 2024
  • L’UE exhorte toutes les parties libanaises, notamment le Hezbollah, à éviter toute escalade et à préserver les progrès réalisés vers la stabilité régionale

BRUXELLES: L'Union européenne a condamné les récentes frappes israéliennes sur le sud du Liban et appelé à respecter le cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le Hezbollah, dans un communiqué publié samedi par sa diplomatie.

"L'UE appelle Israël à mettre fin à toutes les actions qui violent la résolution 1701 et l'accord de cessez-le-feu conclu il y a un an, en novembre 2024", souligne Anouar El Anouni, porte-parole de l'UE pour les Affaires étrangères.

"Dans le même temps, nous exhortons tous les acteurs libanais, et en particulier le Hezbollah, à s'abstenir de toute mesure ou réaction susceptible d'aggraver encore la situation. Toutes les parties doivent s'attacher à préserver le cessez-le-feu et les progrès accomplis jusqu'à présent", insiste le porte-parole.

De nouvelles frappes ont été menées jeudi sur le sud du Liban par Israël, qui a dit viser des cibles du mouvement pro-iranien Hezbollah, accusé de vouloir se réarmer.

L'armée israélienne avait appelé auparavant des habitants de quatre villages à évacuer des bâtiments en prévenant qu'elle allait frapper des infrastructures militaires du mouvement libanais.

L'armée libanaise a elle estimé que les raids israéliens visaient à "empêcher l'achèvement" de son déploiement dans cette région, conformément à l'accord de cessez-le-feu qui avait mis fin il y a près d'un an à la guerre entre le Hezbollah et Israël.

Ces frappes israéliennes ont déjà été condamnées par le président libanais Joseph Aoun et par l'Iran, qui a dénoncé vendredi des "attaques sauvages" et appelé la communauté internationale à réagir.


Le Soudan au bord du gouffre, selon un haut responsable de l’ONU

Le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide a déclaré vendredi que le Soudan pourrait être proche d'un point de basculement vers des atrocités, alors que les informations faisant état de meurtres et d'attaques généralisés contre des civils à El-Fasher se multiplient. (AFP)
Le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide a déclaré vendredi que le Soudan pourrait être proche d'un point de basculement vers des atrocités, alors que les informations faisant état de meurtres et d'attaques généralisés contre des civils à El-Fasher se multiplient. (AFP)
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  • Des attaques directes contre les civils” soulignent la nécessité d’une action urgente, alerte Chaloka Beyani
  • L’ONU met en garde contre l’aggravation de la situation au Darfour-Nord, où des centaines de milliers de personnes font face à des pénuries aiguës de nourriture, d’eau et de soins médicaux

NEW YORK : Le conseiller spécial de l’ONU pour la prévention du génocide a déclaré vendredi que le Soudan pourrait être sur le point de basculer dans des atrocités massives, alors que se multiplient les rapports faisant état de meurtres et d’attaques contre des civils à El-Fasher.

Mettant en garde contre le fait qu’“un seuil est sur le point d’être franchi”, Chaloka Beyani a affirmé que “lorsque notre bureau tire la sonnette d’alarme, c’est que la situation dépasse largement les violations ordinaires des droits humains ou du droit humanitaire international.”

Il a ajouté que “l’ampleur des atrocités montre qu’une action précoce doit être engagée.”

Beyani a dénoncé de “graves violations massives du droit international des droits de l’homme” et de “nouvelles attaques directes contre les civils” perpétrées par les belligérants au Darfour.

Des rapports et vidéos, apparus fin octobre, montrent des atrocités présumées commises par les Forces de soutien rapide (RSF) après leur prise de contrôle d’El-Fasher sur les troupes gouvernementales, mettant fin à un siège qui durait depuis plus de 500 jours.

Le coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, Tom Fletcher, a récemment déclaré devant le Conseil de sécurité que “l’horreur se poursuit” au Darfour, avertissant que les civils restaient piégés dans une spirale de violences généralisées.

Le bureau de Beyani a indiqué que plusieurs indicateurs de risque d’atrocités étaient désormais présents au Soudan, tout en rappelant que seule une cour internationale pourrait déterminer si un génocide avait été commis.

La Cour pénale internationale (CPI) a également fait part de sa “profonde inquiétude” cette semaine, précisant qu’elle recueillait des éléments de preuve concernant des massacres, viols et autres atrocités présumés à El-Fasher.

Parallèlement, plusieurs sources indiquent que les RSF ont accepté un “cessez-le-feu humanitaire” proposé par les États-Unis, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

L’ONU a par ailleurs averti que les conditions humanitaires continuaient de se détériorer au Darfour-Nord, où des centaines de milliers de déplacés d’El-Fasher souffrent de pénuries extrêmes de nourriture, d’eau et de soins médicaux.

Les agences humanitaires installent de nouveaux camps à Tawila et dans d’autres zones voisines, mais plus de 650 000 personnes restent dans un besoin urgent d’aide.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Conseil de sécurité de l’ONU lève les sanctions contre le président syrien Ahmad al-Chareh

Le président syrien Ahmed al-Chareh rend visite au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres (hors champ) lors de l'Assemblée générale au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2025. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh rend visite au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres (hors champ) lors de l'Assemblée générale au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2025. (AFP)
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  • Résolution présentée par les États-Unis, qui retirent également de la liste le ministre de l’Intérieur Anas Hasan Khattab, adoptée avec 14 voix pour, aucune contre ; la Chine s’abstient
  • L’envoyé américain à l’ONU, Mike Waltz, déclare que le Conseil envoie « un signal politique fort reconnaissant que la Syrie entre dans une nouvelle ère » après la chute du régime Assad en décembre dernier

NEW YORK: Le Conseil de sécurité des Nations unies a voté jeudi la levée des sanctions visant Ahmad al-Chareh, retirant ainsi le président syrien de la Liste des sanctions Daech et Al-Qaïda, dans une décision largement considérée comme un signe de reconnaissance internationale du nouvel ordre politique post-Assad en Syrie.

La résolution 2729, déposée par les États-Unis, a été adoptée par 14 voix pour, aucune contre, et une abstention, celle de la Chine. Elle retire également le ministre syrien de l’Intérieur, Anas Hasan Khattab, auparavant désigné dans le cadre du même régime de sanctions.

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations unies, le Conseil a déclaré jeudi que les deux responsables ne sont plus soumis aux gels d’avoirs ni aux interdictions de voyager imposés par les précédentes mesures de lutte contre le terrorisme.

Al-Chareh est arrivé jeudi à Belém, au Brésil, pour la Conférence des Nations unies sur le changement climatique de 2025 (COP 30), et doit rencontrer le président américain Donald Trump à la Maison-Blanche à Washington lundi.

Al-Chareh a dirigé la coalition Hayat Tahrir Al-Sham lors de l’offensive de décembre 2024 qui a renversé le régime Assad, après quoi il est devenu le dirigeant de facto de la Syrie.

Washington exhortait depuis plusieurs mois les quinze membres du Conseil de sécurité à assouplir les sanctions visant la Syrie et les responsables de son nouveau gouvernement.

Le représentant permanent des États-Unis auprès de l’ONU, Mike Waltz, a déclaré qu’en adoptant la résolution, le Conseil envoyait « un signal politique fort reconnaissant que la Syrie est entrée dans une nouvelle ère depuis que Assad et ses associés ont été renversés en décembre 2024 ».

Il a ajouté : « Il existe aujourd’hui un nouveau gouvernement syrien, dirigé par le président Ahmad al-Chareh, qui travaille dur pour remplir ses engagements en matière de lutte contre le terrorisme et les stupéfiants, d’élimination de tout reste d’armes chimiques, et de promotion de la sécurité et de la stabilité régionales, ainsi que d’un processus politique inclusif, conduit et possédé par les Syriens eux-mêmes.

« Comme le président Trump l’a précédemment indiqué, la Syrie a désormais sa chance de grandeur. »

En rendant sa décision, le Conseil de sécurité a rappelé une série de résolutions précédentes visant Daech, Al-Qaïda et les groupes qui leur sont affiliés, et a réaffirmé son « engagement fort en faveur de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale de la République arabe syrienne ».

Le texte de la résolution, consulté par Arab News, souligne que le retrait des responsables syriens de la liste est conforme aux efforts visant à promouvoir « la reconstruction à long terme, la stabilité et le développement économique » du pays, tout en maintenant l’intégrité du cadre mondial des sanctions antiterroristes.

La résolution salue l’engagement de la République arabe syrienne à garantir « un accès humanitaire complet, sûr, rapide et sans entrave » conformément au droit humanitaire international ; à lutter contre le terrorisme, y compris les combattants terroristes étrangers, ainsi que les individus, groupes, entreprises et entités affiliés à Daech ou Al-Qaïda ; à protéger les droits humains et à assurer la sécurité de tous les Syriens, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse ; à poursuivre les efforts de lutte contre les stupéfiants ; à promouvoir la justice transitionnelle ; à œuvrer pour la non-prolifération et l’élimination des restes d’armes chimiques ; à renforcer la sécurité et la stabilité régionales ; et à mener un processus politique inclusif, dirigé et possédé par les Syriens eux-mêmes.

Le Conseil a exprimé son attente que les autorités syriennes respectent ces engagements et contribuent à la stabilité régionale.

Al-Chareh avait été sanctionné par l’ONU en mai 2014, lorsque Hayat Tahrir Al-Sham, alors affiliée à Al-Qaïda, avait été ajoutée à la Liste des sanctions Daech et Al-Qaïda. Cette désignation imposait une interdiction de voyager et un gel des avoirs qui devaient rester en vigueur pendant plus d’une décennie.

Le vote de jeudi au Conseil de sécurité fait suite à la décision de Washington, en mai, de lever la plupart des sanctions américaines contre la Syrie. Ces mesures, instaurées en 1979 et considérablement élargies après le déclenchement de la guerre civile syrienne en 2011, limitaient le commerce, l’investissement et les exportations d’énergie. Bien que la majorité de ces restrictions aient été levées, certaines dispositions du Congrès restent en place dans l’attente d’un examen ultérieur.

En retirant officiellement Ahmad al-Chareh de la liste, la résolution du Conseil de sécurité est considérée comme un tournant dans l’engagement international envers les nouvelles autorités syriennes.

Des diplomates ont décrit cette décision à la fois comme une reconnaissance pragmatique des nouvelles réalités sur le terrain et comme une incitation à poursuivre la coopération en matière d’accès humanitaire, de lutte contre le terrorisme et de réforme politique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com