En pleine bataille de la 5G, Nokia va supprimer des milliers d'emplois

«La France est exclue des nouvelles suppressions de postes en raison de la restructuration précédemment annoncée», a déclaré une porte-parole de la direction française de Nokia (Photo, AFP).
«La France est exclue des nouvelles suppressions de postes en raison de la restructuration précédemment annoncée», a déclaré une porte-parole de la direction française de Nokia (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 17 mars 2021

En pleine bataille de la 5G, Nokia va supprimer des milliers d'emplois

  • Nokia prévoit d'avoir «80 000 à 85 000 employés d'ici 18 à 24 mois, contre environ 90 000 aujourd'hui. Le nombre exact dépendra de l'évolution du marché dans les deux ans à venir»
  • Avec une capitalisation boursière dépassant à peine 20 milliards d'euros, Nokia est considéré comme une cible potentielle de rachat

HELSINKI:Nokia a annoncé mardi un vaste plan de suppression de 5 000 à 10 000 emplois sur deux ans, soit jusqu'à 11% de ses effectifs, alors que le groupe réduit ses coûts à marche forcée et change sa stratégie face à la rude concurrence de ses rivaux, notamment le suédois Ericsson et le chinois Huawei.

Au terme de cette restructuration, Nokia prévoit d'avoir «80 000 à 85 000 employés d'ici 18 à 24 mois, contre environ 90 000 aujourd'hui. Le nombre exact dépendra de l'évolution du marché dans les deux ans à venir», écrit l'entreprise dans un communiqué.

Après le rachat de son concurrent franco-canadien Alcatel-Lucent en 2016, les effectifs du groupe, qui est sorti en 2013 de son activité historique de fabrication de téléphones mobiles, étaient repassés au-dessus des 100 000 personnes.

Des réductions d'effectifs et d'importantes coupes dans les coûts sont déjà en cours, notamment en France, où Nokia est en train de supprimer dans la douleur un millier d'emplois hérités d'Alcatel-Lucent.

Ce volet français, objet d'un bras de fer avec le gouvernement et qui a été atténué de 250 suppressions de postes en octobre, ne sera pas alourdi, ont assuré mardi le siège et la direction française de Nokia.

«La France est exclue (des nouvelles suppressions de postes) en raison de la restructuration précédemment annoncée», a déclaré une porte-parole.

Quant aux autres pays concernés, «il est trop tôt» pour les désigner «car nous venons d'informer les représentants du personnel et prévoyons de commencer les processus d'information sous peu», a-t-elle précisé. 

La Finlande devrait être largement épargnée, selon Nokia. Selon les médias finlandais, des négociations sociales vont débuter pour 314 postes dans le pays nordique. 

En Allemagne, les suppressions devraient porter sur 375 postes cette année, soit 12% de l'effectif dans le pays, a indiqué un représentant du syndicat IG Metall.

En fin de journée, à la Bourse d'Helsinki, l'action Nokia, qui évolue à un cours très bas depuis des années, était en petite hausse de 0,1%, à 3,62 euros.

Numéro trois mondial des réseaux de cinquième génération 5G, le groupe dirigé depuis août par Pekka Lundmark lutte depuis des années pour rester au contact de ses principaux concurrents, le suédois Ericsson et surtout le chinois Huawei, devenu de loin numéro un mondial du secteur au terme d'une percée fulgurante depuis le début du siècle.

Bataille pour la 5G

Selon les analystes, le groupe a peiné à convertir des contrats 4G en nouveaux accords 5G et souffre d'une mauvaise compétitivité sur les prix par rapport à ses concurrents.

«Des décisions qui ont un impact potentiel sur nos employés ne sont jamais prises à la légère. S'assurer que nous avons la bonne configuration et les bonnes capacités est un pas nécessaire pour fournir une performance durable de long terme», a plaidé le PDG.

Depuis son arrivée l'été dernier à la place de Rajeev Suri - qui était à l'origine du rachat d'Alcatel-Lucent - M. Lundmark a fait de la 5G la priorité absolue de Nokia, se disant prêt à «investir tout ce qu'il faut pour gagner» dans ce domaine.

Le plan annoncé mardi doit entraîner une baisse des coûts de Nokia «d'environ 600 millions d'euros d'ici la fin 2023», destinés à financer des investissements dans la recherche et développement et des «capacités futures», explique le groupe finlandais.

Les frais de restructuration devraient eux avoisiner les 600 à 700 millions d'euros, là aussi d'ici 2023, selon Nokia.

Le plan fait suite à la réorganisation déjà annoncée du groupe en quatre branches d'activité. Nokia, qui a subi une lourde perte en 2020 liée à une charge exceptionnelle en Finlande, avait prévenu le mois dernier qu'il prévoyait des «vents contraires» en 2021, notamment dans la 5G en Amérique du Nord.

L'an passé, Nokia a notamment perdu un important contrat avec Verizon aux Etats-Unis et a eu du mal à s'implanter sur le marché chinois, le plus important pour la 5G.

Avec une capitalisation boursière dépassant à peine 20 milliards d'euros, Nokia est considéré comme une cible potentielle de rachat, malgré de nombreux démentis. D'autant que les Etats-Unis, engagés avec des pays alliés dans une stratégie anti-Huawei, n'ont plus d'acteur majeur de la 5G.

Pour l'anayste Mikael Rautanen, du cabinet Inderes, cette restructuration constitue surtout «une déclaration très forte que Nokia restera indépendant ».

Le groupe, qui a maintenu mardi ses prévisions pour 2021, doit détailler sa stratégie jeudi.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.