Biden prévient qu'il sera «difficile» de quitter l'Afghanistan

Antony Blinken a prévenu le président Ghani que l'option d'un retrait total au 1er mai restait d'actualité. Auquel cas, insistait-il, «la situation sécuritaire risque de se dégrader» et les talibans pourraient réaliser «des gains territoriaux rapides» (Photo, AFP).
Antony Blinken a prévenu le président Ghani que l'option d'un retrait total au 1er mai restait d'actualité. Auquel cas, insistait-il, «la situation sécuritaire risque de se dégrader» et les talibans pourraient réaliser «des gains territoriaux rapides» (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 18 mars 2021

Biden prévient qu'il sera «difficile» de quitter l'Afghanistan

  • Les Etats-Unis ont conclu un accord historique avec les talibans, qui prévoit le retrait des troupes US avant le 1er mai prochain en échange de garanties sécuritaires
  • Biden a déploré «le fait que l'accord conclu par Trump n'a pas été négocié de manière très solide»

WASHINGTON: Le président des Etats-Unis Joe Biden a estimé qu'il serait difficile de retirer tous les soldats américains d'Afghanistan d'ici le 1er mai, comme prévu dans un accord avec les talibans qui l'ont aussitôt mis en garde contre tout retard.

«Cela peut arriver, mais c'est difficile», a-t-il dit dans un entretien diffusé mercredi par la chaîne américaine ABC.

«Je suis en train de prendre la décision sur la date de leur départ», a-t-il ajouté, précisant que l'annonce ne devrait plus trop tarder, après consultation des alliés de Washington et du gouvernement afghan.

«Le fait est que l'accord conclu par l'ancien président n'a pas été négocié de manière très solide», a déploré Joe Biden. Il a également affirmé que l'absence d'une transition traditionnelle entre l'administration Trump et la sienne de novembre à janvier l'avait empêché d'avoir «accès à ces informations», notamment sur le contenu de l'accord américano-taliban, retardant le processus.

Les Etats-Unis ont conclu en février 2020 au Qatar un accord historique avec les talibans, qui prévoit le retrait de tous les soldats américains d'ici le 1er mai prochain en échange de garanties sécuritaires et de l'ouverture de négociations directes inédites entre les insurgés et les autorités de Kaboul.

«Les Américains devraient mettre fin à leur occupation conformément à l'accord de Doha et retirer l'ensemble de leurs troupes d'Afghanistan au 1er mai», a déclaré mercredi le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid.

«S'ils ne le font pas (...) ils seront responsables des conséquences», a-t-il prévenu.

Donald Trump, déterminé à mettre fin à la plus longue guerre de l'histoire américaine, a respecté jusqu'à son départ de la Maison Blanche le calendrier du retrait. Il ne reste donc plus que 2 500 soldats américains en Afghanistan, où Washington avait lancé son intervention dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

Mais les négociations interafghanes qui se sont ouvertes en septembre à Doha piétinent, et la violence fait toujours rage sur le terrain. L'administration Biden a aussi estimé que les talibans n'avaient pas tenu leur engagement de rompre définitivement avec les groupes jihadistes tels qu'Al-Qaïda.

Réunions en Russie et Turquie

Les Américains tentent donc de relancer le processus de paix.

Le secrétaire d'Etat Antony Blinken a écrit aux dirigeants afghans pour les presser d'accepter un projet d'accord qui prévoit un gouvernement de transition incluant les talibans, ainsi qu'un cessez-le-feu permanent. Son émissaire Zalmay Khalilzad, un des rares hauts responsables de l'ère Trump reconduits par le nouveau gouvernement, multiplie les navettes entre Kaboul et Doha pour convaincre les belligérants.

Mais le président afghan Ashraf Ghani a rejeté à ce stade avec virulence l'option d'un partage du pouvoir avec les insurgés, fut-il transitoire.

Dans sa lettre, révélée il y a une dizaine de jours, Antony Blinken prévenait le président Ghani que l'option d'un retrait total au 1er mai restait d'actualité. Auquel cas, insistait-il, «la situation sécuritaire risque de se dégrader» et les talibans pourraient réaliser «des gains territoriaux rapides».

Mais en privé, de hauts responsables militaires américains jugent qu'il est trop tard, d'un point de vue logistique, pour mener à bien le retrait dans les temps. 

Lorsqu'il était candidat, Joe Biden, bien que favorable à un départ pour mettre fin à cette «guerre éternelle», avait envisagé le maintien d'un petit contingent contre-terroriste -- une option qui risquerait d'être considérée comme un casus belli par les talibans.

Dans l'impasse à Doha, les pourparlers de paix vont se déplacer jeudi à Moscou, où la Russie réunit les négociateurs des talibans et de Kaboul.

Moscou, qui a affiché son soutien à l'idée américaine d'un gouvernement avec les talibans, a également invité des représentants américains, pakistanais et chinois.

Zalmay Khalilzad y participera donc, et Washington a estimé que l'initiative russe s'inscrivait dans les «efforts internationaux pour soutenir le processus de paix afghan».

L'ONU, qui ne participera pas à cette réunion, a dans le même temps désigné un envoyé spécial pour l'Afghanistan, le Français Jean Arnault.

L'administration Biden donne ainsi l'impression de vouloir internationaliser sa démarche pour sortir du tête-à-tête avec les acteurs afghans dans le cadre du processus de Doha.

A la demande d'Antony Blinken, la Turquie doit aussi organiser en avril une conférence de haut niveau sur la paix en Afghanistan.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.