UE : le projet de passeport sanitaire sur les rails pour sauver la saison estivale

Doté d'un QR code, le passeport pourra être contenu dans un smartphone ou sur un document papier. (Photo, AFP)
Doté d'un QR code, le passeport pourra être contenu dans un smartphone ou sur un document papier. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 18 mars 2021

UE : le projet de passeport sanitaire sur les rails pour sauver la saison estivale

  • Ce passeport commun suscite les réticences de certains Etats, face aux risques de discriminations envers les non-vaccinés
  • Il doit être provisoire, jusqu'à ce que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ait déclaré la fin de la pandémie

BRUXELLES : La Commission européenne a dévoilé mercredi son projet de certificat visant à faciliter, pour les personnes vaccinées notamment, les voyages au sein de l'UE cet été, une initiative saluée par le secteur aérien mais promise à des discussions épineuses.

Réclamé par des pays très dépendants du tourisme comme la Grèce, ce passeport commun suscite les réticences de certains Etats, face aux risques de discriminations envers les non-vaccinés, soit actuellement l'écrasante majorité des Européens.

Pour répondre à ces inquiétudes, Bruxelles a prévu que le document atteste non seulement d'une vaccination contre la Covid-19, mais aussi d'un test PCR négatif ou d'une immunité à la suite d'une infection. Il doit être provisoire, jusqu'à ce que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ait déclaré la fin de la pandémie.

« Nous voulons aider les Etats membres à rétablir la liberté de circulation d'une façon sûre, responsable et digne de confiance », a expliqué la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen au cours d'une conférence de presse.

L'objectif est qu'il soit opérationnel avant l'été, en juin si possible, a dit le commissaire européen à la Justice Didier Reynders.

Doté d'un QR code, il pourra être contenu dans un smartphone ou sur un document papier. Il ne sera pas toutefois une « condition préalable » à la libre circulation dans l'UE, selon le texte.

Les personnes non vaccinées, parce qu'elles ne font pas partie des groupes de population prioritaires ou parce qu'elles ne souhaitent pas l'être, doivent pouvoir continuer à voyager, en étant soumises le cas échéant à des mesures comme la quarantaine. Mais un Etat qui imposerait aux titulaires de ce certificat une quarantaine, un test ou les empêcherait d'entrer sur son territoire devrait répondre de cette décision auprès de Bruxelles.

Protection des données

M. Reynders a aussi précisé que ce serait aux Etats membres de décréter l'éventuel usage de ce certificat pour d'autres activités que les voyages (accès à des restaurants, spectacles, etc.).

« Nous serons évidemment très attentifs à faire respecter les principes de proportionnalité, de non-discrimination et bien entendu le respect du droit européen », a-t-il assuré.

Ce certificat prendra en compte les vaccins contre le Covid-19 autorisés dans l'UE (actuellement ceux de Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca/Oxford et Johnson & Johnson). Les Etats membres auront la possibilité, mais pas l'obligation, d'accepter des certificats pour d'autres vaccins, comme le chinois Sinopharm et le russe Spoutnik V.

A un moment où le traitement de ces données personnelles sensibles suscite des craintes, la proposition de Bruxelles promet un « très haut degré de protection », en prévoyant notamment qu'elles ne pourront pas être conservées par les pays de destination.

Le secteur de l'aviation, dévasté par la pandémie, a salué cette proposition. « Il faut qu'elle soit très vite mise en œuvre par tous les membres de l'UE et il faudrait des initiatives comparables dans le monde entier pour aider à relancer les voyages en avion partout », a réagi Alexandre de Juniac, le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (Iata).

Même enthousiasme du Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis : ce certificat « aidera à ranimer le tourisme et les économies qui en dépendent ».

La Grèce, comme Chypre, ont déjà conclu des accords touristiques avec Israël permettant aux citoyens vaccinés de voyager entre ces pays sans restrictions.

Cette proposition de règlement devra être approuvée par les Etats membres et le Parlement européen. Un « accord ne sera pas rapidement trouvé », estime un diplomate européen.

Incertitudes

L'initiative est qualifiée par certains d'ingérence de l'UE dans le domaine de la santé, qui relève essentiellement de la compétence des Etats membres. A l'inverse, les partisans d'une Europe de la santé la voient comme une avancée.

« Nous avons besoin de règles claires » sur la collecte de ces données, « comment elles sont utilisées et qui peut y avoir accès », a prévenu l'eurodéputée allemande Birgit Sippel (Socialistes&Démocrates).

Le projet soulève aussi des interrogations d'un point de vue scientifique, des incertitudes entourant encore le fait de savoir si des personnes vaccinées peuvent être porteuses du virus de façon asymptomatique et le transmettre.

Les campagnes de vaccination étant toujours à la peine - seule 3,5% de la population européenne a reçu les deux doses de vaccination nécessaires, d'après un comptage de l'AFP mercredi -, un tel pass est « prématuré » pour l'ONG Liberties, selon laquelle l'UE devrait plutôt "focaliser ses efforts" sur son programme vaccinal.

Malgré les retards de livraisons et la suspension de l'utilisation d'AstraZeneca par plusieurs pays, Bruxelles a maintenu son objectif d'une vaccination de 70% des adultes d'ici à la fin de l'été.


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
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  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
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  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.