Samia Hassan, première présidente de l'histoire de la Tanzanie

La vice-présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, avec le président John Magufuli, à Dar es-Salaam, le 24 juillet 2019
La vice-présidente tanzanienne, Samia Suluhu Hassan, avec le président John Magufuli, à Dar es-Salaam, le 24 juillet 2019
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Publié le Vendredi 19 mars 2021

Samia Hassan, première présidente de l'histoire de la Tanzanie

  • Connue pour encourager les femmes à poursuivre leurs rêves, cette mère de quatre enfants était déjà la première vice-présidente de l'histoire de son pays
  • Mme Hassan occupera la présidence «pour la période restant du mandat de cinq ans, soit jusqu'en 2025», selon la Constitution tanzanienne

DAR ES SALAAM: Après le décès de John Magufuli, la vice-présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan, musulmane âgée de 61 ans, va devenir la première cheffe d'Etat de ce pays d'Afrique de l'Est et l'une des rares femmes au pouvoir sur le continent.

Mettant un terme à trois semaines d'absence inexpliquée et à de multiples rumeurs, Mme Hassan a annoncé mercredi soir - d'une voix lente et mesurée, le visage voilé de noir - le décès du président Magufuli, réélu pour un deuxième mandat en octobre dernier.

Originaire de l'archipel semi-autonome de Zanzibar, dont les relations avec la Tanzanie continentale sont historiquement houleuses, Mme Hassan occupera la présidence "pour la période restant du mandat de cinq ans", soit jusqu'en 2025, selon la Constitution tanzanienne.

Connue pour encourager les femmes à poursuivre leurs rêves, cette mère de quatre enfants était déjà la première vice-présidente de l'histoire de son pays, depuis l'arrivée au pouvoir en 2015 de M. Magufuli, dont elle était la colistière.

 

Le président tanzanien John Magufuli meurt à l'âge de 61 ans

Il avait mystérieusement disparu de la scène publique fin février. Le président tanzanien John Magufuli, alias "le Bulldozer", est officiellement décédé mercredi de problèmes cardiaques, après plus de cinq années à la tête de ce pays d'Afrique de l'Est connaissant une dérive autoritaire.

Réélu en octobre dernier pour un second mandat, M. Magufuli, 61 ans, était apparu pour la dernière fois en public il y a près de trois semaines, le 27 février, et des rumeurs persistantes circulaient sur son état de santé. 

M. Magufuli, surnommé le "Bulldozer", était arrivé au pouvoir en 2015 en promettant de lutter contre la corruption endémique qui exaspère la population tanzanienne.

Salué par ses partisans pour ses projets d'infrastructures ou encore pour la renégociation de contrats miniers, le président a marqué les esprits en 2020 en niant rapidement l'existence du coronavirus en Tanzanie. Ce fervent catholique avait affirmé que son pays en était "libéré" grâce aux prières.  

Pour moquer l'acuité des tests, M. Magufuli avait affirmé mi-2020 qu'une papaye, une caille ou encore une chèvre avaient été testées positives au Covid-19. 

Mais cette posture est devenue difficile à tenir lorsqu'en février la Tanzanie a connu une vague de décès, officiellement attribués à des pneumonies, et touchant jusqu'à de hautes personnalités. 

Le vice-président de l'archipel de Zanzibar, Seif Sharif Hamad, atteint du Covid-19, est notamment décédé et M. Magufuli avait du admettre, à demi-mots, la présence du virus sur le territoire.

Depuis plus d'une semaine, l'opposition tanzanienne s'inquiétait de l'absence inexpliquée du chef de l'Etat. 

Le leader de l'opposition Tundu Lissu, en exil en Belgique, avait commencé comme d'autres à s'interroger, le disant atteint d'une forme sévère de Covid-19, aggravée par des problèmes de santé. Une information que l'AFP n'a pas été en mesure de vérifier.

"J'ai peut-être l'air polie et je ne crie pas quand je parle, mais la chose la plus importante c'est que tout le monde comprenne ce que je dis et que les choses soient faites comme je le dis", avait-elle déclaré l'année dernière.

Née le 27 janvier 1960 à Zanzibar, au sein d'une famille modeste - père instituteur et mère au foyer -, Mme Hassan est diplômée d'un master en "développement économique communautaire" de l'Université libre de Tanzanie, à Dar es Salaam, et de l'Université du Sud du New Hampshire, aux Etats-Unis.

Visage de la Tanzanie à l'étranger 

Elle a débuté sa carrière au sein du gouvernement de Zanzibar, où elle travaille entre 1977 et 1987, occupant dans un premier temps des fonctions administratives puis un poste de responsable du développement.

Toujours à Zanzibar, elle rejoint de 1988 à 1997 le Programme alimentaire mondial en tant que cheffe de projet, puis dirige pendant deux ans l'association des ONG de l'archipel, Angoza.

Sa carrière politique démarre en 2000, lorsqu'elle est nommée membre du Parlement de Zanzibar par le parti présidentiel tanzanien Chama Cha Mapinduzi (CCM), toujours au pouvoir aujourd'hui. Elle fut plus tard élue à l'Assemblée nationale tanzanienne.

Mme Hassan a été plusieurs fois ministre: à Zanzibar (Femmes et Jeunesse, puis Tourisme et Commerce) entre 2000 et 2010, et au niveau national à partir de 2014 comme ministre des Affaires de l'Union, auprès de l'ancien président Jakaya Kikwete.

En tant que vice-présidente, un rôle de l'ombre, elle fut pourtant le visage de la Tanzanie à l'étranger, où elle représentait régulièrement M. Magufuli. En 2019, sous sa tutelle, le ministère de l'Environnement a interdit l'usage des sacs plastiques.

En 2016, des rumeurs voulaient qu'elle ait démissionné en raison de divergences avec le chef de l'Etat. L'information avait été démentie par un communiqué officiel.

Mais l'année dernière, dans un discours tenu en présence de M. Magufuli, elle avait évoqué une certaine incompréhension de son action à l'époque.

Rivalités entre factions 

"Lorsque vous avez commencé à travailler en tant que président, beaucoup d'entre nous ne comprenaient pas ce que vous vouliez réellement. Nous ne savions pas où vous vouliez aller. Mais aujourd'hui, nous connaissons tous vos ambitions pour le développement de la Tanzanie", avait-t-elle déclaré.

Mme Hassan va diriger un pays marqué par un virage autoritaire depuis l'arrivée de M. Magufuli au pouvoir.

Attaché à combattre la corruption, le "bulldozer" a lancé de grands projets d'infrastructures mais a aussi muselé l'opposition et mené une répression contre les défenseurs des droits et les médias. En octobre, sa réélection avait été rejetée par l'opposition, qui criait à la fraude.

"A ceux qui s'attendaient à une rupture avec le style Magufuli je dirais : retenez votre souffle pour le moment", a déclaré jeudi l'analyste tanzanien Thabit Jacob, chercheur à l'Université de Roskilde, au Danemark.

Pour lui, la première femme présidente de la Tanzanie gouvernera "avec une base beaucoup plus faible, qui sera contrôlée par le clan Magufuli et les renseignements".

"Elle aura du mal à construire sa propre base et des rivalités entre factions vont émerger", prédit-il.

Mme Hassan sera l'une des deux femmes au pouvoir en Afrique, avec l'Ethiopienne Sahle-Work Zewde, dont les fonctions sont honorifiques.


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.