Le programme éducatif turc «s'est radicalisé», indique un rapport

L'islamisation du programme éducatif de la Turquie représente un changement majeur par rapport à la vision laïque du pays de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne. (Archive/AP)
L'islamisation du programme éducatif de la Turquie représente un changement majeur par rapport à la vision laïque du pays de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne. (Archive/AP)
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Publié le Vendredi 19 mars 2021

Le programme éducatif turc «s'est radicalisé», indique un rapport

  • Le rapport révèle que l’«adhésion envers les motivations» de Daech et d’Al-Qaïda a envahi l'enseignement
  • Il signale également que les étudiants turcs apprennent désormais que tous les non-musulmans sont des «infidèles», y compris les chrétiens et les juifs

LONDRES: Le programme et les manuels scolaires de la Turquie se sont radicalisés ces dernières années, selon un récent rapport qui révèle que le sentiment antiaméricain, le nationalisme turc et l’«adhésion envers les motivations» de Daech et d'Al-Qaïda ont envahi l'enseignement.

Le rapport signale également que les étudiants turcs apprennent désormais que tous les non-musulmans sont des «infidèles», y compris les chrétiens et les juifs, que l'on appelait auparavant «les gens du Livre».

«Le programme éducatif turc adopte une position antiaméricaine qui affiche une adhésion envers les motivations de l'État islamique (Daech) et d'Al-Qaïda», indique ce rapport mené par le groupe de surveillance de l'éducation Impact-se et le groupe de réflexion britannique Henry Jackson Society.

Axé sur les changements apportés au programme depuis la tentative de coup d'État de 2016, le rapport indique: «La tolérance a diminué à mesure que le programme s'est radicalisé. La guerre du djihad a été introduite dans les manuels et est devenue la “nouvelle normalité”, le martyre au combat étant glorifié.»

Il ajoute: «Sont enseignés des objectifs religieux ethno-nationalistes dans l'esprit du néo-ottomanisme et du panturquisme.»

Le sentiment antiaméricain, selon le rapport, se développe de plus en plus dans le programme éducatif turc dans le but de se détourner des échecs économiques du gouvernement.

«Les États-Unis sont également accusés d'être le cerveau de la tentative de coup d'État du 15 juillet 2016 et sont blâmés en raison de l'escalade de la récente crise économique», indique également le rapport.

«Les efforts entrepris par les programmes scolaires pour rationaliser et comprendre les motivations des attaques terroristes d’Al-Qaïda et de l’État islamique (Daech) devraient soulever des questions», est-il encore écrit dans le rapport.

Marcus Sheff, PDG d’Impact-se, déclare à Arab News: «Ce que l’on enseigne aux enfants à l’école aujourd’hui est vraiment le genre de société que l’on va créer à l’avenir. Ces valeurs, ces idées d’identification nationale, les enfants vont les adopter à l’âge adulte.»

Le programme scolaire de la Turquie, fait-il savoir, est «tout à fait propre au type de société que le président, Recep Tayyip Erdogan, veut créer. Il y a cette nostalgie d’une époque de domination turque. Il y a en outre l’introduction d'idées islamistes qui ne figuraient pas dans l’ancien programme éducatif turc.»

Sheff poursuit: «L'idée selon laquelle la guerre du djihad fait maintenant partie du programme éducatif turc ou que le martyre au combat est désormais glorifié n'est peut-être pas surprenante, étant donné ce que nous savons d'Erdogan... Mais le fait de l’établir clairement est indéniablement un choc.»

Sheff déclare en outre que la tentative de coup d'État de 2016 a marqué un tournant pour la société turque et qu’elle s’est traduite par une répression généralisée.

«Nous soupçonnions qu'Erdogan lui-même serait impliqué dans la modification des manuels… Il a licencié environ 21 000 enseignants, arrêté des centaines de personnes; des universitaires ont été jetés en prison après le coup d'État manqué de 2016. Il n'y avait aucune raison de penser qu'il n'essaierait pas d'influencer les manuels», fait observer le PDG d’Imptact-se.

Malgré cette nouvelle orientation inquiétante du programme, ce dernier indique qu’il arrive aux manuels et aux programmes scolaires du Moyen-Orient de changer et qu’ils changent «assez rapidement» – souvent en mieux.

Impact-se a salué les améliorations apportées au programme saoudien ces dernières années, ainsi que les profondes réformes des manuels des Émirats arabes unis.

«Même si le programme éducatif turc s'est détérioré pour en arriver au point qu’il a atteint, avec de la force et de la volonté, des changements de direction politique pourraient être apportés dans une direction positive. Mais ce n'est pas ce qui est recherché en ce moment», explique Sheff.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël réaffirme que le Hamas «sera désarmé», face à la proposition d'un «gel»

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël. (AFP)
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  • Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien
  • "Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal

JERUSALEM: Le Hamas "sera désarmé" dans le cadre du plan Trump, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental israélien, au lendemain de la proposition d'un dirigeant du mouvement islamiste palestinien de geler l'armement.

"Le groupe terroriste sera désarmé et Gaza sera démilitarisée", a affirmé le responsable sous couvert d'anonymat, en réponse à une question de l'AFP sur les déclarations de Khaled Mechaal dans un entretien mercredi à la chaîne qatarie Al Jazeera.

L'ancien numéro un du Hamas a proposé de geler l'armement du mouvement, en échange d'une trêve durable à Gaza, se disant ouvert à la présence d'une force internationale de maintien de la paix à la frontière du territoire palestinien avec Israël.

 

 


Oman et le Liban appellent à un retrait total d’Israël et exhortent à la fin des attaques

Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
Joseph Aoun et le sultan Haitham bin Tariq. (Fourni)
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  • Joseph Aoun et le sultan Haitham ben Tariq lancent un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais
  • Réaffirmation de la position arabe unifiée en faveur de la fin de l’occupation israélienne et de l’établissement d’un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967

​​​​​​BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun et son homologue omanais, le sultan Haitham ben Tariq, ont lancé mercredi un appel conjoint pour un arrêt immédiat des attaques israéliennes sur le territoire libanais et un retrait total de toutes les terres arabes occupées, avertissant que la poursuite des violations constitue une menace directe pour la stabilité régionale.

La déclaration a été faite lors d’un sommet de haut niveau à Mascate, où les deux dirigeants ont exprimé leur « profonde préoccupation face à l’agression israélienne en cours » et qualifié l’occupation de « violation flagrante » de la Résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que d’autres résolutions internationales.

Les deux parties ont également exprimé leur soutien aux efforts internationaux visant à apaiser les tensions, stabiliser la situation sur le terrain, faciliter le retour des personnes déplacées et faire progresser la reconstruction post-conflit.

Aoun conduisait une délégation ministérielle libanaise à Oman, comprenant les ministres des affaires étrangères, de l’intérieur, de la défense, de la santé et de l’agriculture, pour des discussions avec des responsables omanais.

La déclaration commune a mis l'accent sur le renforcement des relations bilatérales et l'élargissement de la coopération dans des secteurs clés tels que la politique, l'économie, l'investissement, le secteur bancaire, le tourisme, les transports et la logistique.

Les deux parties ont appelé à engager rapidement les préparatifs pour tenir la première session du Comité mixte omano-libanais, coprésidé par les ministres des affaires étrangères à Mascate, et à poursuivre de nouveaux accords et mémorandums d’entente destinés à renforcer la collaboration dans le commerce, la culture et la science. La déclaration a également souligné la nécessité de dynamiser la participation du secteur privé dans les opportunités de développement partagé.

La partie omanaise a réaffirmé son plein soutien à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban, ainsi qu’au renforcement des institutions étatiques libanaises, en particulier l’armée et les forces de sécurité légitimes, et à l’appui apporté au pays dans ses réformes économiques, financières et administratives.

Les deux parties ont réaffirmé la position arabe unifiée appelant à mettre fin à l’occupation israélienne et à établir un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale. Elles ont également souligné l’importance de renforcer la solidarité arabe, de respecter la souveraineté des États et de promouvoir les principes de bon voisinage et de droit international.

La visite officielle d’Aoun à Oman s’inscrivait dans le rôle établi de Mascate en tant que médiateur régional et international. Lors de ses rencontres, Aoun a salué le statut diplomatique et l’approche du Sultanat, la qualifiant de « sage et responsable ».

Il a salué la politique étrangère d’Oman, fondée sur le dialogue, la médiation, l’équilibre et le bon voisinage, estimant qu’elle avait conféré au Sultanat « un statut distingué et un rôle pivot dans la promotion de la stabilité et la résolution des conflits par des moyens pacifiques ».

Aoun a déclaré qu’au Liban, « nous tenons cette approche sage en haute estime et accordons une grande valeur au soutien constant du Sultanat envers le Liban dans divers forums internationaux, ainsi qu’à son appui face aux défis qui se dressent devant nous ».

Pour sa part, le sultan Haitham ben Tariq a réaffirmé l’engagement continu d’Oman envers la stabilité du Liban et son suivi attentif des développements récents dans le pays.

Il a souligné la profondeur des relations entre les deux pays et l’importance de renforcer la coopération et la coordination bilatérales. Le sultan a également salué les contributions positives de la communauté libanaise à Oman.

En marge de la visite, le ministre libanais de l’intérieur Ahmed Al-Hajjar a tenu une réunion avec son homologue omanais, Hamoud ben Faisal Al-Busaidi, au palais Al-Alam à Mascate. Ils ont souligné le renforcement de la coopération conjointe, en particulier dans les domaines de la sécurité et du maintien de l’ordre.

Selon une déclaration conjointe, les discussions ont également porté sur les efforts du Liban pour consolider la sécurité interne et maintenir la stabilité.

Ont participé aux discussions élargies, côté omanais : Al-Busaidi ; Shihab ben Tariq Al-Saïd, vice-premier ministre chargé des affaires de défense ; Badr ben Hamad Al-Busaidi, ministre des affaires étrangères ; Hamad ben Saïd Al-Aufi, chef du cabinet privé ; Mahad ben Saïd Ba’owain, ministre du travail et chef de la mission d’honneur ; Saoud ben Hamoud Al-Habsi, ministre de l'Agriculture, de la Pêche et des Ressources hydriques ; et Hilal ben Ali Al-Sabti, ministre de la santé.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.