Interviewé par Arab News, Adel Al-Jubeir s’exprime sur le sujet du Yémen, les relations saoudo-américaines, les droits de l'homme et Israël

Le ministre d'État aux Affaires étrangères du Royaume d'Arabie saoudite, Adel Al-Jubeir. (Capture d'écran, AN)
Le ministre d'État aux Affaires étrangères du Royaume d'Arabie saoudite, Adel Al-Jubeir. (Capture d'écran, AN)
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Publié le Samedi 20 mars 2021

Interviewé par Arab News, Adel Al-Jubeir s’exprime sur le sujet du Yémen, les relations saoudo-américaines, les droits de l'homme et Israël

  • Dans une interview exclusive, le ministre d'État aux Affaires étrangères de l'Arabie saoudite a qualifié les relations saoudo-américaines de «solides, dynamiques et diversifiées»
  • Il a affirmé que Riyad avait soutenu «tous les efforts et toutes les initiatives» des envoyés de l'ONU afin de trouver une solution au conflit au Yémen

RIYAD: Les relations entre les États-Unis et l'Arabie saoudite resteront pratiquement inchangées sous l'administration Biden, a déclaré le ministre d'État aux Affaires étrangères du Royaume.

Dans une interview exclusive avec Arab News, Adel Al-Jubeir a souligné que les relations entre les deux pays sont «solides, dynamiques et diversifiées».

«L'administration (Biden) a clairement indiqué qu'elle était attachée à la défense de l'Arabie saoudite, qu'elle s'était engagée à défendre le royaume contre toute menace extérieure», a-t-il signalé.

«Donc, je ne vois vraiment aucun changement entre cette administration et l’ancienne administration en termes d’engagement envers l’Arabie saoudite».

Al-Jubeir a également souligné que les relations entre les deux pays remontent à 80 ans et ont été toujours un facteur important dans le maintien de la stabilité et la sécurité mondiales.

«Notre relation avec les États-Unis est une relation stratégique. Nous avons des intérêts économiques et des intérêts financiers communs. Nous travaillons ensemble pour lutter contre l'extrémisme et le terrorisme », a reconnu Al-Jubeir.

«Nous œuvrons pour la stabilité de toute la région en essayant d’instaurer la paix entre Israéliens et Palestiniens; de réduire les hostilités au Liban, en Syrie, en Irak, en Iran et en Afghanistan. Nous œuvrons pour atténuer les tensions entre l'Inde et le Pakistan; de maintenir la situation stable au Soudan; de mettre fin à la guerre en Libye ou encore pour coopérer avec les pays du G5 (du Sahel), dans leur lutte contre Boko Haram.

«Je crois que les États-Unis ont clairement indiqué qu'ils voulaient que l'Iran revienne à l'accord nucléaire et qu'ils veulent un accord nucléaire qui, pour citer le secrétaire d'État Antony Blinken, sera « plus solide et durable ». C'est pour quoi nous plaidons depuis que cet accord a vu le jour.

«Nous voulons que la «disposition de temporisation» soit éliminée afin que Téhéran ne puisse pas enrichir indéfiniment de l’uranium. Nous voulons élaborer un mécanisme d'inspection plus large et plus approfondi pour nous assurer que tout en Iran peut être inspecté, si nécessaire».

Les récentes attaques contre les installations d’Aramco avaient des liens avec l'Iran, a déclaré Al-Jubeir à Arab News. «Tous les missiles et les drones tirés vers l’Arabie saoudite sont fabriqués ou fournis par l'Iran», a-t-il confirmé. «Plusieurs d'entre eux, comme nous l'avons mentionné auparavant, venaient du nord; plusieurs provenaient également de la mer».

Selon Al-Jubeir, la décision des États-Unis de retirer les Houthis de la liste du terrorisme international, le jour même où les séparatistes yéménites ont attaqué l'aéroport civil d'Abha en Arabie saoudite, ne change pas grand-chose dans l'effort international qui vise à fournir une aide au Yémen.

«Nous l'avons dit très clairement à nos amis en Europe et aux États-Unis ainsi qu'à l'envoyé spécial des Nations Unies», a souligné Al-Jubeir.

«Les talibans en Afghanistan sont sur la liste du terrorisme mais cela n’empêche pas l’aide d’arriver en Afghanistan. En Syrie, vous avez Daech sur la liste du terrorisme et cela n’empêche pas l’aide d’atteindre la Syrie. Le Hezbollah au Liban est sur la liste du terrorisme, cela n’empêche pas l’aide d’arriver au Liban. Les Al-Shabab en Somalie sont sur la liste du terrorisme et cela n’empêche pas l’aide d’arriver là-bas. Boko Haram est aussi sur la liste du terrorisme et cela n’empêche non plus l’aide d’aller dans les pays du Sahel».

Le problème, a insisté Al-Jubeir, réside dans les Houthis. «Ils volent l'aide; ils la vendent pour financer leur guerre. Ils mobilisent de force des jeunes garçons - âgés de 9, 10, 11 ans – en les envoyant dans les champs de bataille, ce qui est contre le droit international et qui constitue une grave violation des droits de l'homme », a-t-il ajouté.

«Ils lancent sans distinction des missiles balistiques et des drones contre des civils, que ce soit en Arabie saoudite ou au Yémen, où ils ont même volé la Banque centrale. Ils ont de plus rejeté toute tentative de parvenir à une solution pacifique ou de coopérer avec l'envoyé spécial de l'ONU».

«Ainsi, notre message d’après notre vision des choses, à l’égard des Houthis, est très clair: ils doivent appartenir à la liste du terrorisme et personne ne devra traiter avec eux».

La présence de ces séparatistes soutenus par l'Iran ne signifie pas que la paix est impossible au Yémen, a confié Al-Jubeir.

«Nous croyons qu'il existe une solution politique au Yémen. Nous essayons de parvenir à cette solution politique depuis le début des hostilités, depuis plusieurs années», a-t-il signalé.

«Nous avons soutenu tous les efforts et toutes les initiatives des envoyés spéciaux des Nations Unies dans le but de parvenir à une solution. Nous avons travaillé sans relâche pour unifier le gouvernement yéménite, pour unifier le nord avec le Conseil de transition sud. Nous avons fourni plus de 17 milliards de dollars d’aide humanitaire. Nous avons clairement indiqué que la seule solution au Yémen est une solution purement politique basée sur l’initiative du CCG, les résultats du dialogue national yéménite et la résolution 2216 du Conseil de sécurité des Nations Unies».

Al-Jubeir a en outre défendu le bilan de l’Arabie saoudite en matière de droits de l’homme, qui a été en butte à la critique dans certaines régions du monde.

«Nous sommes d'avis que l'Arabie saoudite a fait de grands progrès dans le domaine des droits de l'homme. Il y a cinquante ans, nous n'avions pas d'écoles pour filles; aujourd'hui, 55 % des étudiants universitaires sont des femmes. Il y a soixante-dix ans, nous avions peut-être 90 % de taux d'analphabétisme; aujourd'hui, tout le monde au royaume, est capable de lire et d’écrire   et de fréquenter l'école», a-t-il expliqué.

«Il y a soixante-dix ou 80 ans, les taux de mortalité infantile étaient très élevés. Peut-être que deux enfants sur trois sont morts avant l'âge de deux ans. Aujourd'hui, nous sommes au même niveau que l’Europe et les États-Unis. Nous avons des taux d'espérance de vie qui, en une seule génération, ont pratiquement doublé. Donc, nous prenons soin de nos citoyens en leur assurant la sécurité, en leur fournissant des soins de santé, en leur fournissant une bonne éducation, en leur offrant des possibilités d’avancer de plus en plus».

Al-Jubeir a ajouté: «En ce qui concerne les droits de l'homme tels que définis par les critiques contre l'Arabie saoudite, nous avons fait de grands progrès - en termes de la liberté des  femmes, d'autonomisation des jeunes, en termes de réforme de notre système judiciaire, en termes d'ouverture de notre société. Maintenant, il est possible pour nos jeunes de pouvoir réaliser leurs espoirs, leurs rêves et leurs ambitions en toute quiétude. Ce sont là les droits de l’homme et c'est le facteur le plus important».

Malgré la «normalisation» des relations entre certains pays arabes et Israël, la position du Royaume est restée inchangée, a souligné Al-Jubeir.

«Nous voulons une solution à deux États basée sur l’Initiative de paix arabe et les résolutions relatives à ce sujet des Nations Unies où l’État palestinien et l’État d’Israël peuvent vivre côte à côte dans la paix et la sécurité. Cela reste notre position absolue», a-t-il souligné.

«Nous croyons fortement que nous avons contribué à éloigner le monde arabe des« trois non »- annoncés à Khartoum en 1967 qui stipulaient «non aux négociations, non à la reconnaissance et non à la paix»- en mettant en avant le plan de huit points de notre défunt roi Fahd au sommet arabe de Fès au début des années 80.

«Cela a été adopté par le monde arabe et a fondamentalement appelé à une solution à deux États. Ensuite, au sommet de la Ligue arabe à Beyrouth en 2002, où nous avons présenté l'Initiative de paix arabe qui fait référence à ce que j'ai mentionné: deux États, la reconnaissance, la normalisation des relations et tout ce que cela implique en termes de relations de bon voisinage. Cela a été adopté par la communauté internationale et cela reste notre position à présent».

Faisant référence aux États qui ont normalisé leurs relations avec Israël, Al-Jubeir a mentionné que: «Ce sont des décisions souveraines qui reviennent absolument à ces pays. Ce que nous avons toujours maintenu, c’est que si cela conduit à un changement de la position d’Israël en ce qui concerne l’annexion du territoire palestinien, ou si cela conduit à un assouplissement de la position d’Israël par rapport aux négociations, alors il peut y avoir certainement des avantages.

«Mais, s’il s’agit du Royaume, notre position demeure que la normalisation ne peut intervenir que s’il y a vraiment un accord de paix».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.