Interviewé par Arab News, Adel Al-Jubeir s’exprime sur le sujet du Yémen, les relations saoudo-américaines, les droits de l'homme et Israël

Le ministre d'État aux Affaires étrangères du Royaume d'Arabie saoudite, Adel Al-Jubeir. (Capture d'écran, AN)
Le ministre d'État aux Affaires étrangères du Royaume d'Arabie saoudite, Adel Al-Jubeir. (Capture d'écran, AN)
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Publié le Samedi 20 mars 2021

Interviewé par Arab News, Adel Al-Jubeir s’exprime sur le sujet du Yémen, les relations saoudo-américaines, les droits de l'homme et Israël

  • Dans une interview exclusive, le ministre d'État aux Affaires étrangères de l'Arabie saoudite a qualifié les relations saoudo-américaines de «solides, dynamiques et diversifiées»
  • Il a affirmé que Riyad avait soutenu «tous les efforts et toutes les initiatives» des envoyés de l'ONU afin de trouver une solution au conflit au Yémen

RIYAD: Les relations entre les États-Unis et l'Arabie saoudite resteront pratiquement inchangées sous l'administration Biden, a déclaré le ministre d'État aux Affaires étrangères du Royaume.

Dans une interview exclusive avec Arab News, Adel Al-Jubeir a souligné que les relations entre les deux pays sont «solides, dynamiques et diversifiées».

«L'administration (Biden) a clairement indiqué qu'elle était attachée à la défense de l'Arabie saoudite, qu'elle s'était engagée à défendre le royaume contre toute menace extérieure», a-t-il signalé.

«Donc, je ne vois vraiment aucun changement entre cette administration et l’ancienne administration en termes d’engagement envers l’Arabie saoudite».

Al-Jubeir a également souligné que les relations entre les deux pays remontent à 80 ans et ont été toujours un facteur important dans le maintien de la stabilité et la sécurité mondiales.

«Notre relation avec les États-Unis est une relation stratégique. Nous avons des intérêts économiques et des intérêts financiers communs. Nous travaillons ensemble pour lutter contre l'extrémisme et le terrorisme », a reconnu Al-Jubeir.

«Nous œuvrons pour la stabilité de toute la région en essayant d’instaurer la paix entre Israéliens et Palestiniens; de réduire les hostilités au Liban, en Syrie, en Irak, en Iran et en Afghanistan. Nous œuvrons pour atténuer les tensions entre l'Inde et le Pakistan; de maintenir la situation stable au Soudan; de mettre fin à la guerre en Libye ou encore pour coopérer avec les pays du G5 (du Sahel), dans leur lutte contre Boko Haram.

«Je crois que les États-Unis ont clairement indiqué qu'ils voulaient que l'Iran revienne à l'accord nucléaire et qu'ils veulent un accord nucléaire qui, pour citer le secrétaire d'État Antony Blinken, sera « plus solide et durable ». C'est pour quoi nous plaidons depuis que cet accord a vu le jour.

«Nous voulons que la «disposition de temporisation» soit éliminée afin que Téhéran ne puisse pas enrichir indéfiniment de l’uranium. Nous voulons élaborer un mécanisme d'inspection plus large et plus approfondi pour nous assurer que tout en Iran peut être inspecté, si nécessaire».

Les récentes attaques contre les installations d’Aramco avaient des liens avec l'Iran, a déclaré Al-Jubeir à Arab News. «Tous les missiles et les drones tirés vers l’Arabie saoudite sont fabriqués ou fournis par l'Iran», a-t-il confirmé. «Plusieurs d'entre eux, comme nous l'avons mentionné auparavant, venaient du nord; plusieurs provenaient également de la mer».

Selon Al-Jubeir, la décision des États-Unis de retirer les Houthis de la liste du terrorisme international, le jour même où les séparatistes yéménites ont attaqué l'aéroport civil d'Abha en Arabie saoudite, ne change pas grand-chose dans l'effort international qui vise à fournir une aide au Yémen.

«Nous l'avons dit très clairement à nos amis en Europe et aux États-Unis ainsi qu'à l'envoyé spécial des Nations Unies», a souligné Al-Jubeir.

«Les talibans en Afghanistan sont sur la liste du terrorisme mais cela n’empêche pas l’aide d’arriver en Afghanistan. En Syrie, vous avez Daech sur la liste du terrorisme et cela n’empêche pas l’aide d’atteindre la Syrie. Le Hezbollah au Liban est sur la liste du terrorisme, cela n’empêche pas l’aide d’arriver au Liban. Les Al-Shabab en Somalie sont sur la liste du terrorisme et cela n’empêche pas l’aide d’arriver là-bas. Boko Haram est aussi sur la liste du terrorisme et cela n’empêche non plus l’aide d’aller dans les pays du Sahel».

Le problème, a insisté Al-Jubeir, réside dans les Houthis. «Ils volent l'aide; ils la vendent pour financer leur guerre. Ils mobilisent de force des jeunes garçons - âgés de 9, 10, 11 ans – en les envoyant dans les champs de bataille, ce qui est contre le droit international et qui constitue une grave violation des droits de l'homme », a-t-il ajouté.

«Ils lancent sans distinction des missiles balistiques et des drones contre des civils, que ce soit en Arabie saoudite ou au Yémen, où ils ont même volé la Banque centrale. Ils ont de plus rejeté toute tentative de parvenir à une solution pacifique ou de coopérer avec l'envoyé spécial de l'ONU».

«Ainsi, notre message d’après notre vision des choses, à l’égard des Houthis, est très clair: ils doivent appartenir à la liste du terrorisme et personne ne devra traiter avec eux».

La présence de ces séparatistes soutenus par l'Iran ne signifie pas que la paix est impossible au Yémen, a confié Al-Jubeir.

«Nous croyons qu'il existe une solution politique au Yémen. Nous essayons de parvenir à cette solution politique depuis le début des hostilités, depuis plusieurs années», a-t-il signalé.

«Nous avons soutenu tous les efforts et toutes les initiatives des envoyés spéciaux des Nations Unies dans le but de parvenir à une solution. Nous avons travaillé sans relâche pour unifier le gouvernement yéménite, pour unifier le nord avec le Conseil de transition sud. Nous avons fourni plus de 17 milliards de dollars d’aide humanitaire. Nous avons clairement indiqué que la seule solution au Yémen est une solution purement politique basée sur l’initiative du CCG, les résultats du dialogue national yéménite et la résolution 2216 du Conseil de sécurité des Nations Unies».

Al-Jubeir a en outre défendu le bilan de l’Arabie saoudite en matière de droits de l’homme, qui a été en butte à la critique dans certaines régions du monde.

«Nous sommes d'avis que l'Arabie saoudite a fait de grands progrès dans le domaine des droits de l'homme. Il y a cinquante ans, nous n'avions pas d'écoles pour filles; aujourd'hui, 55 % des étudiants universitaires sont des femmes. Il y a soixante-dix ans, nous avions peut-être 90 % de taux d'analphabétisme; aujourd'hui, tout le monde au royaume, est capable de lire et d’écrire   et de fréquenter l'école», a-t-il expliqué.

«Il y a soixante-dix ou 80 ans, les taux de mortalité infantile étaient très élevés. Peut-être que deux enfants sur trois sont morts avant l'âge de deux ans. Aujourd'hui, nous sommes au même niveau que l’Europe et les États-Unis. Nous avons des taux d'espérance de vie qui, en une seule génération, ont pratiquement doublé. Donc, nous prenons soin de nos citoyens en leur assurant la sécurité, en leur fournissant des soins de santé, en leur fournissant une bonne éducation, en leur offrant des possibilités d’avancer de plus en plus».

Al-Jubeir a ajouté: «En ce qui concerne les droits de l'homme tels que définis par les critiques contre l'Arabie saoudite, nous avons fait de grands progrès - en termes de la liberté des  femmes, d'autonomisation des jeunes, en termes de réforme de notre système judiciaire, en termes d'ouverture de notre société. Maintenant, il est possible pour nos jeunes de pouvoir réaliser leurs espoirs, leurs rêves et leurs ambitions en toute quiétude. Ce sont là les droits de l’homme et c'est le facteur le plus important».

Malgré la «normalisation» des relations entre certains pays arabes et Israël, la position du Royaume est restée inchangée, a souligné Al-Jubeir.

«Nous voulons une solution à deux États basée sur l’Initiative de paix arabe et les résolutions relatives à ce sujet des Nations Unies où l’État palestinien et l’État d’Israël peuvent vivre côte à côte dans la paix et la sécurité. Cela reste notre position absolue», a-t-il souligné.

«Nous croyons fortement que nous avons contribué à éloigner le monde arabe des« trois non »- annoncés à Khartoum en 1967 qui stipulaient «non aux négociations, non à la reconnaissance et non à la paix»- en mettant en avant le plan de huit points de notre défunt roi Fahd au sommet arabe de Fès au début des années 80.

«Cela a été adopté par le monde arabe et a fondamentalement appelé à une solution à deux États. Ensuite, au sommet de la Ligue arabe à Beyrouth en 2002, où nous avons présenté l'Initiative de paix arabe qui fait référence à ce que j'ai mentionné: deux États, la reconnaissance, la normalisation des relations et tout ce que cela implique en termes de relations de bon voisinage. Cela a été adopté par la communauté internationale et cela reste notre position à présent».

Faisant référence aux États qui ont normalisé leurs relations avec Israël, Al-Jubeir a mentionné que: «Ce sont des décisions souveraines qui reviennent absolument à ces pays. Ce que nous avons toujours maintenu, c’est que si cela conduit à un changement de la position d’Israël en ce qui concerne l’annexion du territoire palestinien, ou si cela conduit à un assouplissement de la position d’Israël par rapport aux négociations, alors il peut y avoir certainement des avantages.

«Mais, s’il s’agit du Royaume, notre position demeure que la normalisation ne peut intervenir que s’il y a vraiment un accord de paix».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Irak: un «bombardement» sur une base militaire fait plusieurs victimes

Le Premier ministre irakien, Mohamed Shia al-Sudani, préside une réunion avec des hauts responsables des forces armées irakiennes et de la coalition dirigée par les États-Unis lors du premier cycle de négociations sur l'avenir des troupes américaines et autres troupes étrangères dans le pays, à Bagdad, le 27 janvier 2024. (Photo Hadi Mizban Pool AFP)
Le Premier ministre irakien, Mohamed Shia al-Sudani, préside une réunion avec des hauts responsables des forces armées irakiennes et de la coalition dirigée par les États-Unis lors du premier cycle de négociations sur l'avenir des troupes américaines et autres troupes étrangères dans le pays, à Bagdad, le 27 janvier 2024. (Photo Hadi Mizban Pool AFP)
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  • «Les Etats-Unis n'ont pas mené de frappes aériennes en Irak aujourd'hui», a réagi le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) sur X, peu après cette annonce
  • Le Hachd al-Chaabi, coalition de groupes armés pro-Iran a confirmé dans un communiqué des «blessés», sans en préciser le nombre, et des «pertes matérielles» dans une «explosion»

BAGDAD, Irak : Un «bombardement» a fait des victimes dans la nuit de vendredi à samedi sur une base militaire en Irak abritant des troupes de l'armée et d'anciens paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi, ont rapporté des sources de sécurité dans un contexte régional déjà explosif.

Interrogés par l'AFP, un responsable militaire et un responsable du ministère de l'Intérieur n'étaient pas en mesure d'identifier les responsables de ce bombardement aérien ayant visé la base de Calso, dans la province de Babylone (centre), ni de dire s'il s'agissait d'une frappe de drone.

«Les Etats-Unis n'ont pas mené de frappes aériennes en Irak aujourd'hui», a réagi le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) sur X, peu après cette annonce.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a assuré «ne pas commenter les informations parues dans les médias étrangers.»

Un responsable au ministère de l'Intérieur avait initialement fait état d'un bilan «d'un mort et de huit blessés» dans un «bombardement aérien». Mais le Hachd al-Chaabi, coalition de groupes armés pro-Iran a confirmé dans un communiqué des «blessés», sans en préciser le nombre, et des «pertes matérielles» dans une «explosion».

Celle-ci a touché ses locaux sur la base, précise l'organisation, en ajoutant qu'une «enquête préliminaire» avait été ouverte et des enquêteurs dépêchés sur le site.

Ce développement en Irak intervient à un moment où les efforts diplomatiques se poursuivent pour éviter un embrasement du Moyen-Orient, sur fond de guerre à Gaza et de tensions ravivées entre Israël et l'Iran.

Tôt vendredi, des frappes de drones ont ainsi visé les environs d'une base militaire dans la région d'Ispahan dans le centre de l'Iran. L'attaque a été imputée à Israël qui, toutefois, ne l'a pas revendiquée.

- «Risques d'escalade militaire» -

En Irak, sur la base de Calso, un responsable militaire a fait état de trois blessés parmi les effectifs de l'armée irakienne.

«Il y a des explosions dans les entrepôts abritant les équipements en raison du bombardement», a précisé ce responsable s'exprimant sous couvert de l'anonymat en raison de la sensibilité du sujet. Il a fait état d'un incendie qui a ravagé certains secteurs de la base.

De son côté, le responsable au sein du ministère de l'Intérieur a assuré que le bombardement avait ciblé la Direction des véhicules blindés du Hachd al-Chaabi. «L'explosion a touché le matériel, l'armement, les véhicules», a-t-il précisé.

Le Hachd al-Chaabi fait partie intégrante de l'appareil sécuritaire officiel irakien placé sous l'autorité du Premier ministre.

Mais cette institution rassemble plusieurs factions armées pro-Iran, qui ont par ailleurs mené pour certaines des dizaines d'attaques, en Irak et en Syrie, contre les soldats américains déployés dans le cadre d'une coalition internationale antijihadistes.

Le bombardement en Irak, qui n'a pas été revendiqué dans l'immédiat, intervient dans un contexte régional explosif.

Avant les frappes de vendredi en Iran dans les environs d'Ispahan, Téhéran avait mené le 13 avril une attaque inédite aux drones et aux missiles contre Israël. Il s'agissait d'une riposte à une précédente attaque qui avait détruit le consulat iranien à Damas et coûté la vie à sept militaires, dont deux hauts gradés.

La diplomatie irakienne a exprimé vendredi soir sa «forte inquiétude» concernant l'attaque à Ispahan et «mis en garde contre les risques de l'escalade militaire qui menace la sécurité et la stabilité dans la région».

«Cette escalade ne doit pas détourner l'attention de ce qui se passe dans la bande de Gaza, les destructions et les pertes de vie innocentes», a-t-elle fait valoir.

Le Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, se trouve toujours aux Etats-Unis, où il a rencontré en début de semaine le président Joe Biden.

 


Arabie saoudite - Arménie: Pour un renforcement des relations diplomatiques, affirme Ararat Mirzoyan

Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)
Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)
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  • «Aucune limite» aux opportunités de coopération entre l’Arabie saoudite et l’Arménie, déclare le ministre des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, lors de sa visite «historique» à Riyad
  • Il affirme que le gouvernement arménien soutient un cessez-le-feu à Gaza et la solution des deux États pour Israël-Palestine

RIYAD: L'Arménie s'engage à établir une «feuille de route» pour renforcer ses relations diplomatiques avec l'Arabie saoudite, a déclaré Ararat Mirzoyan, ministre arménien des Affaires étrangères, lors d'une interview exclusive accordée à Arab News jeudi en marge d'une visite dans le Royaume.

Lors d'une discussion approfondie qui a couvert divers aspects, notamment le développement des liens bilatéraux, le processus de paix dans le Caucase du Sud et la guerre à Gaza, Mirzoyan a souligné que l'établissement de relations diplomatiques officielles en novembre dernier marquait le début d’une nouvelle ère de coopération entre les deux pays.

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)

«Il est essentiel de souligner que nos liens historiques avec le monde arabe, avec tous les pays arabes, reposent sur des relations amicales ancrées dans la tradition entre nos peuples respectifs,», a-t-il déclaré. «Nous devons garder à l’esprit que de nombreux pays arabes ont accueilli des réfugiés survivants du génocide arménien. Mais bien sûr, nos liens culturels et nos relations existaient même avant cela.»

Mirzoyan a rencontré son homologue saoudien, le prince Faisal ben Farhane, à Riyad mercredi, et il a également été reçu aux ministères saoudiens de l'Éducation et de l'Économie.

«Nous ne voulons pas nous arrêter là. Il existe de nombreux domaines où nous pouvons approfondir notre coopération et explorer de nouvelles opportunités. Nous espérons qu’après cette visite une feuille de route pour le développement des relations émergera», a-t-il ajouté.

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane (à droite), reçoit le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, avant leur rencontre à Riyad, le 17 avril 2024. (Photo, SPA)

Ces dernières années ont été marqués par un réchauffement progressif des relations entre les deux pays. En octobre 2021, le président arménien de l'époque, Armen Sarkissian, s'était rendu en Arabie saoudite, marquant ainsi le début d'un nouvel avenir diplomatique pour l'Arménie.

Bien que les relations diplomatiques formelles soient récentes, M. Mirzoyan est très optimiste quant aux avantages mutuels de développer ces liens.

«Franchement, il n'y a pas de limite», a-t-il déclaré. «L'éducation, les sciences, les technologies de pointe, le développement urbain, l'agriculture, le tourisme, les contacts entre les peuples, le commerce, les investissements et les infrastructures. Il se passe tellement de choses ici en Arabie saoudite, mais aussi en Arménie».

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, s'est également entretenu avec le ministre saoudien de l'Économie et de la Planification, Faisal F. Al-Ibrahim, à Riyad le 17 avril 2024. (Photo SPA)

Mirzoyan a salué le lancement des vols commerciaux entre Riyad et la capitale arménienne, Erevan, par la compagnie aérienne saoudienne Flynas, en juin de l'année dernière, affirmant qu'il s'attend à ce que cette initiative stimule le tourisme entre les deux nations.

Le ministre des Affaires étrangères a également félicité l'Arabie saoudite pour avoir remporté sa candidature pour l'Expo 2030, candidature que l'Arménie a soutenue en 2022.

«Notre vision est que nous devrions établir une coopération très étroite et solide avec l'Arabie saoudite, y compris en ce qui concerne les affaires régionales, mais aussi les forums internationaux», a-t-il déclaré.

«J’entrevois également la possibilité d’une coopération étroite dans les forums internationaux. Encore une fois, je tiens à mentionner que lorsque l'Arabie saoudite a présenté sa candidature pour l'Expo 2030, l'Arménie figurait parmi les pays qui l'ont soutenue.»

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Les ministres des Affaires étrangères saoudien et arménien, accompagnés de leurs délégations respectives, réunis à Riyad le 17 avril 2024. (Photo SPA)

Mirzoyan a également exprimé son soutien à une solution à deux États et à un cessez-le-feu en Palestine. En décembre de l'année dernière, l'Arménie s'est jointe à l'Arabie saoudite et à plus de 150 autres pays à l'Assemblée générale des Nations unies pour voter en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza. En outre, l'Arménie serait prête à agir en tant que facilitateur potentiel entre les deux parties, si nécessaire et sur demande.

«L'Arménie a toujours soutenu la solution à deux États pour la Palestine et Israël, et condamne fermement la violence et le ciblage des populations civiles», a déclaré Mirzoyan, soulignant que l'Arménie avait très récemment été victime de cette violence.

«Nous condamnons fermement toute violence à l'encontre des populations civiles», a-t-insisté.

Outre les mots de soutien, l'Arménie a pris des mesures concrètes pour aider les populations civiles touchées par le conflit. Le mois dernier, elle a envoyé 30 tonnes de nourriture et de médicaments aux civils palestiniens déplacés et réfugiés à Rafah.

«L'Arménie déplore des dizaines de milliers de victimes innocentes de l'escalade des hostilités à Gaza. Nous-mêmes avons vécu l'horreur des attaques contre les civils et les infrastructures civiles, et nous nous joignons aux appels de la communauté internationale en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza», a déclaré le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan lors d'une conférence de presse donnée à l’occasion de sa visite en Égypte pour discuter de la livraison d'aide.

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Des Palestiniens inspectent une maison détruite par une frappe israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 avril 2024. (Reuters)

Mirzoyan a exprimé son espoir que l’assistance «puisse aider un tant soit peu à alléger la situation et soulager la souffrance de ces personnes».

Concernant les relations plus proches, Mirzoyan a exprimé son désir d’aboutir à la paix entre l'Arménie et les autres nations du Caucase du Sud, tout en admettant que la paix durable nécessitera des efforts pour surmonter les obstacles.

«Il y a vraiment une opportunité, un élan tout à fait réaliste, pour construire une paix et une stabilité durables dans le Caucase du Sud. Mon gouvernement est pleinement engagé dans la voie de la paix, et nous sommes engagés dans des négociations de bonne foi et constructives. Cependant, pour être honnête, il reste encore quelques problèmes cruciaux où les positions des parties divergent. Le premier problème étant, bien entendu, la question des frontières et de la reconnaissance mutuelle de l'intégrité territoriale.» 

Dans le Caucase du Sud, les tensions territoriales sont fréquentes entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan depuis la chute de l'Union soviétique en 1991.

Pour normaliser les relations, Mirzoyan a souligné l’importance du respect des principes de souveraineté, de juridiction, d'égalité et de réciprocité par toutes les parties concernées.

«Nous sommes convaincus que tout peut être débloqué, y compris les voies ferrées, et nous pensons que tout ce qui sera débloqué doit rester sous la souveraineté des pays respectifs.»

«L'infrastructure sur le territoire arménien doit demeurer sous la souveraineté de l’Arménie tout comme l'infrastructure azérie sous la souveraineté de l'Azerbaïdjan. De plus, toutes ces infrastructures doivent fonctionner conformément à nos législations nationales, dans le respect des principes d'égalité et de réciprocité.»

Mirzoyan a ajouté que l'Arménie était en mesure de garantir la sécurité des personnes et des marchandises traversant son territoire sans nécessiter la présence d'un pays tiers.

Il a également expliqué que son pays avait lancé une initiative visant à améliorer les perspectives de stabilité et de paix en débloquant les infrastructures de transport dans la région.

«Nous avons proposé une initiative que nous avons baptisée “Carrefour de la paix” parce que nous croyons fermement que le déblocage complet des infrastructures de transport dans le Caucase du Sud, notamment les routes et les chemins de fer arméniens, azéris et turcs, aura non seulement des retombées économiques positives, mais constituera également un facteur majeur de paix et de stabilité dans notre région.»

Carte illustrée montrant les «carrefours de la paix» proposés par l'Arménie.

Même en dehors de l'Arménie et du Caucase du Sud, l'initiative pourrait avoir un impact mondial significatif, selon Mirzoyan.

«Il y a un intérêt croissant de la part de plusieurs pays pour la mise en œuvre de ce projet, le Carrefour de la Paix, en raison de ses avantages évidents. Je parle notamment des connexions est-ouest, mais nous devons également envisager les liens sud-nord ou nord-sud. C'est pourquoi nous le qualifions de “carrefour”», a-t-il expliqué.

Il a également souligné: «Ce projet pourrait s'avérer très bénéfique pour relier, par exemple, le monde arabe, y compris l'Arabie saoudite, avec la région de la mer Noire, et même au-delà.»

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La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (C), accueille les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, Ararat Mirzoyan (G), et de l'Azerbaïdjan, Jeyhun Bayramov (D), pour des pourparlers de paix à Berlin, le 28 février 2024. (AFP/Dossier)

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (C), accueille les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, Ararat Mirzoyan (G), et de l'Azerbaïdjan, Jeyhun Bayramov (D), pour des pourparlers de paix à Berlin, le 28 février 2024. (AFP/Dossier)

L'Arménie s'apprête à établir des relations diplomatiques avec plusieurs pays et organisations multilatérales, dont l'Union européenne, s'éloignant ainsi de son allié historique le plus puissant, la Russie.

«Il convient de noter que les relations entre l'Arménie et la Fédération de Russie ne sont pas au beau fixe, dirais-je», a déclaré M. Mirzoyan. «Bien sûr, des difficultés subsistent, et nous n’en faisons pas mystère». 

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Cette photo prise le 17 novembre 2020 montre des véhicules de soldats de la paix russes stationnés à un poste de contrôle sur la route de Shusha, dans le Haut-Karabakh. Le porte-parole du président Vladimir Poutine a déclaré le 17 avril 2024 que les forces russes se retiraient de la région du Karabakh, où elles étaient stationnées en tant que forces de maintien de la paix depuis la fin d'une guerre en 2020. (Photo AP /Dossier)

«Il y a des problèmes ainsi que des interrogations au sein de la société arménienne, notamment en ce qui concerne le comportement des soldats de la paix russes au Nagorno-Karabakh, mais aussi celui de nos alliés russes lors des attaques sur nos territoires souverains en 2022, 2023 et bien avant. Il est vrai que des questions subsistent à ce sujet. Cependant, nous y travaillons.»

Les relations de l’Arménie avec l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) sont gelées depuis l'automne dernier. Fondée en 2002, l'OTSC est une alliance militaire regroupant six États post-soviétiques: Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan, Russie et Tadjikistan. Mirzoyan a déclaré dans une interview en mars avec TRT World de Turquie que la candidature de l'Arménie à l'UE était en discussion.

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, en visite dans le Royaume cette semaine, s'est entretenu en exclusivité avec la rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali. (Photo AN)

Abordant la question avec Arab News, Mirzoyan a déclaré: «Les aspirations européennes du peuple de la république d'Arménie se renforcent de plus en plus, surtout face à la frustration ressentie par les Arméniens à l’égard des relations avec la Russie, bien que cela ne soit pas le seul élément en jeu.

«L'Arménie approfondit véritablement et de manière significative ses liens avec les États-Unis et l'UE. Ce sont nos principaux partenaires dans notre programme de réformes démocratiques. Ces derniers montrent désormais un engagement fort à soutenir l'Arménie et à renforcer sa résilience économique.

Nous entamons avec l'UE une nouvelle voie de partenariat étroit et, jusqu'à présent, personne ne peut prédire avec certitude où cela nous mènera.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite déplore l’échec de la candidature de la Palestine à l’ONU

Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza. (AP)
Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza. (AP)
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  • Le Royaume réaffirme son soutien au droit du peuple palestinien à l'autodétermination
  • La Jordanie exprime également sa "sincère tristesse" face à l'incapacité du Conseil de sécurité à approuver la résolution.

DUBAI : L'Arabie saoudite a exprimé son regret face à l'échec du Conseil de sécurité des Nations Unies à adopter une résolution acceptant l'adhésion à part entière de la Palestine à l'ONU.

Dans une déclaration officielle du ministère des Affaires étrangères sur la plateforme de médias sociaux X, le Royaume a déclaré que "la non-adoption de la résolution permet à l'occupation israélienne de poursuivre ses violations du droit international sans dissuasion et ne rapprochera pas la paix souhaitée".

Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza.

Le Royaume a également réaffirmé son soutien au droit du peuple palestinien à l'autodétermination et à l'établissement d'un État palestinien sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément à l'initiative de paix arabe et aux résolutions internationales pertinentes.

La Jordanie a également exprimé sa "sincère tristesse" face à l'incapacité du Conseil de sécurité à approuver une résolution qui aurait admis la Palestine comme membre à part entière des Nations unies, en raison du droit de veto des États-Unis.

Dans une déclaration, le ministère des affaires étrangères du pays a réaffirmé "que la communauté internationale est en faveur de la solution à deux États, qu'Israël est en train de saper".

"Le Conseil de sécurité doit reconnaître l'État palestinien afin d'empêcher Israël de priver le peuple palestinien de son droit à la liberté et à son propre État", a rapporté l'agence de presse nationale Petra.

"La reconnaissance de l'État palestinien et son adhésion pleine et entière sont une étape nécessaire pour imposer une paix juste qui mette fin à l'occupation et au conflit et qui respecte le droit de tous les peuples de la région à vivre dans la sécurité et la stabilité", a déclaré le porte-parole du ministère, Sufian Qudah.

"La Jordanie exige que toutes les nations reconnaissent l'État de Palestine sur les lignes du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, comme condition préalable à l'instauration de la paix et de la sécurité dans la région.

Le Qatar, dans une déclaration publiée par son ministère des affaires étrangères, a également exprimé son "profond regret face à l'échec du Conseil de sécurité à adopter un projet de résolution acceptant l'adhésion à part entière de l'État de Palestine aux Nations unies".

L'Organisation de la coopération islamique a également exprimé son profond regret face à l'incapacité du Conseil de sécurité "d'assumer ses responsabilités en accordant à l'État de Palestine le statut de membre à part entière des Nations unies, à un moment où le peuple palestinien est confronté aux formes les plus dures d'agression, de persécution et de génocide".

Dans une déclaration, l'organisation a affirmé que "l'utilisation du droit de veto des États-Unis contrevient aux dispositions de la Charte des Nations Unies, qui permet l'adhésion de tous les États acceptant les obligations qu'elle contient, et continue d'empêcher le peuple palestinien d'obtenir ses droits légitimes, perpétuant ainsi l'injustice historique subie par le peuple palestinien au cours des 75 dernières années", a rapporté l'agence de presse qatarie.

L'OCI a également affirmé le droit légitime de la Palestine à incarner son statut politique et juridique au sein des Nations unies, "considérant qu'il s'agit d'un droit en souffrance depuis des décennies, fondé sur les droits politiques, juridiques, historiques et naturels du peuple palestinien sur sa terre, comme le confirment les résolutions pertinentes des Nations unies".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com