Algérie : Vers un nouveau modèle économique en matière d’énergies renouvelables?

Panneaux solaires (DR)
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Publié le Lundi 22 mars 2021

Algérie : Vers un nouveau modèle économique en matière d’énergies renouvelables?

  • «Favoriser les économies d’énergie, utiliser les énergies renouvelables, diminuer le recours aux énergies fossiles est devenu une nécessité absolue pour le pays», explique Boukhalfa Yaïci
  • «Le déploiement des énergies renouvelables à l’échelle internationale, mais surtout à l’échelle régionale et continentale, est inéluctable», affirme le directeur général de Cluster Énergie Solaire

PARIS : Pour concrétiser les défis énergétiques à l’horizon 2030, l’Algérie ambitionne de mettre en place un nouveau modèle économique en matière d’énergies renouvelables via la création d’une société dédiée aux énergies propres avec la contribution des deux groupes publics: Sonatrach et la Sonelgaz.

Abdelwahab Ziani, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), a annoncé la création d’une fédération spécialisée dans le renouvelable et la transition énergétique qui aura comme objectif de manifester l’adhésion de la Cipa «aux efforts de l’État dans la démarche nationale, en vue d’une transition souple vers les énergies renouvelables».

Désigné à la tête de cette fédération, Belkacem Haouche, estime qu’il est primordial de «centraliser toutes les questions liées à la mise en œuvre d’une stratégie nationale des énergies renouvelables au sein d’une institution disposant de moyens, de prérogatives et qui assurera le leadership». Il ajoute que «l’Algérie est tenue de se lancer rapidement dans les grands projets en matière d’industries renouvelables, en ouvrant les portes de l’investissement aux grandes compagnies et sociétés étrangères détenant une technologie de pointe dans le domaine des énergies renouvelables».

«L’Algérie doit prendre sa place dans la bataille du marché régional des énergies renouvelables, faute de quoi, elle paiera le prix fort à l’horizon 2030, année où seules les énergies zéro carbone pourront être importées sur le marché européen», prévient-il.

Harrag Abdelghani, expert en énergies renouvelables et professeur à l’université Ferhat Abbes de Sétif, recommande la mise en œuvre d’une stratégie de transition énergétique par l’installation de petites unités de production. «Il faudrait plutôt mettre en place de petits projets locaux tels que l’installation de petits dispositifs solaires, éoliens ou géothermiques pour desservir les zones reculées du grand Sud et des hauts plateaux», a-t-il expliqué lors de son intervention à une conférence intitulée «la sécurité énergétique, perspective 2020-2030», organisée en marge de la 4e édition du salon Électricité et énergies renouvelables (SEER) qui a eu lieu du 8 au 11 mars.

Un appel d’offres pour un programme de 1000 mégawatts (MW) utilisant le photovoltaïque sera lancé en juin prochain. Selon Chems-Eddine Chitour, ministre de la Transition énergétique et des énergies renouvelables, des études de faisabilité ont été effectuées par des experts dans dix wilayas du sud du pays, afin de permettre le lancement d’unités de production d’une capacité de 100 MW chacune.

 

B YAICI
Boukhalfa Yaïci, directeur général de Cluster Énergie Solaire

 

Boukhalfa Yaïci, directeur général de Cluster Énergie Solaire, un groupement de 34 membres (entreprises nationales, publiques et privées, entités de recherche & développement, mais aussi entreprises internationales installées en Algérie) a répondu aux questions d’Arab News en français. Il évoque la mise en place d’un modèle algérien dans le secteur des énergies renouvelables, les attentes des acteurs de la filière, prêts à s’engager pour donner une impulsion à la production nationale, et l’apport du secteur privé et des partenariats régionaux et internationaux.

Le gouvernement algérien mise sur une stratégie de rationalisation de la consommation énergétique et la mise en œuvre d’un nouveau modèle énergétique à l’horizon 2030. Est-ce réalisable? Quels sont les actions prioritaires à mener pour y parvenir?

Les taux de croissance de la demande d’énergie en électricité, gaz et carburants sont tirés par des tarifs et/ou des prix bas fortement subventionnés qui ne bénéficient pas toujours aux couches défavorisées de la population. On constate un gaspillage énorme sur des ressources énergétiques non renouvelables.

Favoriser les économies d’énergie, utiliser les énergies renouvelables, diminuer le recours aux énergies fossiles est devenu une nécessité absolue pour le pays. La transition énergétique nécessaire pour le pays doit être expliquée et accompagnée. Des mécanismes multiformes simples doivent être mis en place pour inciter les utilisateurs à changer de mode de consommation. Cela doit se faire de manière ordonnée, étalée dans le temps avec des indicateurs vérifiables pour s’assurer de l’efficacité des actions mises en place. Tout ceci doit être fait en augmentant graduellement les tarifs de l’énergie, seule garantie d’un changement progressif mais profond du comportement des usagers.

Une approche étalée dans le temps permettra de créer des milliers d’emplois dans la construction, la rénovation, l’industrie, l’ingénierie, les services… Mais il ne faut pas attendre 2030 pour commencer à entamer le changement. On doit le provoquer dès maintenant.

Un objectif de production de 1000 mégawatts/an a été fixé d’ici à 2035. Quel sera l’apport du secteur privé et des compétences nationales dans divers domaines (technique, scientifique et managérial) dans la concrétisation d’un tel programme?

Le Cluster Énergie Solaire souhaite que cet objectif chiffré soit précisé. Il faudrait avoir des détails sur le plan de déploiement incluant les sites d’implantation, le package de l’appel d’offres incluant les différents documents, le financement du programme de 1000 MW, les éléments concernant le contenu local des produits et services à sourcer localement, afin que toutes les parties prenantes puissent se préparer pour y répondre.

Par exemple, les entreprises ont besoin d’avoir les ressources humaines nécessaires pour mettre en œuvre les différentes phases du projet composées d’ingénieurs, de techniciens supérieurs, de techniciens, d’opérateurs... Aujourd’hui, ces ressources humaines ne sont pas là et il faut du temps pour que l’université, l’institut et le centre de formation puissent préparer les futures cohortes techniques et non techniques nécessaires à un tel déploiement. D’autres parties prenantes ont besoin de disposer de ressources humaines de qualité pour accompagner les pouvoirs publics sur le plan réglementaire, financier…

La crainte du Cluster Énergie Solaire est de voir les uns et les autres travailler dans l’urgence avec tous les débordements qui en découlent. Les mauvaises habitudes prendront rapidement le dessus et les réalisations en souffriront.

Le Cluster Énergie Solaire propose que les pouvoirs publics commencent graduellement et travaillent avec toutes les parties prenantes, en toute transparence, en donnant de la visibilité à tous les acteurs pour se préparer, construire leurs équipes, trouver les financements nécessaires tout en donnant les assurances nécessaires aux investisseurs souhaitant prendre part à ce grand projet.    

Quelles sont les attentes des opérateurs nationaux, publics et privés, en matière de coopération constructive avec les partenaires étrangers leaders sur les marchés internationaux?

Les pouvoirs publics doivent travailler sur les aspects réglementaires et financiers en laissant aux opérateurs le soin de contracter des alliances, des accords avec leurs partenaires internationaux. Les opérateurs sont les seuls en mesure d’aller chercher les partenaires, les services, les expertises, les produits dont ils ont besoin et/ou qui manquent localement. Sur un plan stratégique, les orientations mais surtout les avantages accordés par l’État aux investisseurs dans certaines parties de la chaîne de valeur peuvent aider à faciliter la colocalisation de nouvelles unités de production et de nouvelles entités spécialisées dans les services.

Aujourd’hui, les énergies renouvelables peuvent être les réceptacles des financements internationaux nécessaires pour accompagner ce déploiement. Les pouvoirs publics doivent préparer le cadre pour faciliter leur arrivée et leur intégration dans le financement global des 4000 MW d’ici 2024.   

Une coopération régionale et/ou continentale est-elle envisagée ou planifiée pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables? 

Le déploiement des énergies renouvelables à l’échelle internationale, mais surtout à l’échelle régionale et continentale, est inéluctable. Des expériences réussies dans certains pays de la région peuvent être répliquées pour gagner en rapidité dans le déploiement du programme. De nouveaux modèles économiques sont en train d’émerger et il s’agit de s’en inspirer pour penser globalement et agir localement. La création d’emplois dans la région est un impératif économique qui va impacter la localisation des investissements accélérée par la pandémie de Covid-19. La coopération régionale est fortement souhaitée pour réduire les investissements colossaux qu’il s’agit de faire en matière d’infrastructures de transport et de distribution d’énergie pour satisfaire la demande d’énergie des pays de la région. Il en va de même pour la production d’énergie électrique qui sera plus diffuse et distribuée dans des réseaux intelligents.

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Par Le Matin/MAP -

L'aéroport de Riyad presque à l'arrêt en raison de problèmes opérationnels

 L'aéroport international King Khalid à Riyad. Getty
L'aéroport international King Khalid à Riyad. Getty
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  • Les compagnies aériennes publient des déclarations, tandis que des sources indiquent à Arab News que la pluie est à blâmer
  • Dans son propre communiqué, Saudia a déclaré : "Les clients touchés sont contactés par l'intermédiaire de la compagnie aérienne"

RIYAD: Des milliers de passagers voyageant vers et depuis l'aéroport international King Khalid de Riyad ont été laissés en plan alors que les principales compagnies aériennes se sont efforcées de proposer des vols alternatifs suite à une série d'annulations et de retards.

Saudia et flyadeal ont été parmi les compagnies aériennes qui ont rencontré des difficultés, les deux compagnies ayant publié des déclarations attribuant ces problèmes à des problèmes opérationnels temporaires.

Une déclaration de l'aéroport sur son compte officiel X a exhorté les voyageurs à contacter directement les compagnies aériennes avant de se rendre à la plate-forme d'aviation pour vérifier l'état actualisé et l'horaire de leurs vols.

Le communiqué dit ceci : "L'aéroport international King Khalid souhaite vous informer qu'en raison de la concomitance d'un certain nombre de facteurs opérationnels au cours des deux derniers jours - y compris plusieurs vols détournés d'autres aéroports vers l'aéroport international King Khalid, en plus des travaux de maintenance programmés dans le système d'approvisionnement en carburant - cela a eu un impact sur les horaires de certains vols, y compris le retard ou l'annulation d'un certain nombre de vols opérés par certaines compagnies aériennes".

L'aéroport a ajouté que les équipes opérationnelles travaillent "24 heures sur 24 en étroite coordination avec nos partenaires aériens et les parties prenantes concernées pour faire face aux développements et rétablir la régularité opérationnelle dès que possible", tout en prenant toutes les mesures nécessaires pour minimiser l'impact sur l'expérience des passagers.

Des sources aéroportuaires ont déclaré à Arab News que le problème était lié aux fortes pluies qui se sont abattues sur Riyad plus tôt dans la journée de vendredi. De l'eau s'est apparemment infiltrée dans les réservoirs de carburant censés ravitailler les avions à réaction avant leur décollage, et plusieurs compagnies aériennes se sont alors efforcées de reprogrammer les vols des passagers.

Dans son propre communiqué, Saudia a déclaré : "Les clients touchés sont contactés par l'intermédiaire de la compagnie aérienne : "Les clients concernés sont contactés par le biais de divers canaux de communication, et tous les changements de billets sont effectués sans frais supplémentaires.

Arab News a contacté Saudia pour de plus amples informations.

Toujours dans un communiqué publié sur X, flyadeal a déclaré que tous ses passagers touchés par la perturbation "seront informés directement par e-mail et SMS des options de rebooking et d'assistance".


IA: pour la présidente de Microsoft France, il n'y a pas de «bulle»

 "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
"Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
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  • Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde
  • En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute

PARIS: "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs.

Pour certains experts, les investissements colossaux dans l'IA semblent démesurés par rapport aux bénéfices générés, alimentant la peur d'une survalorisation du secteur.

Mais selon Corine de Bilbao, à la tête de la filiale française du géant américain des logiciels depuis 2021, "il y a des signes forts" de solidité comme le fait que cette technologie se diffuse "dans toutes les sphères de la société".

Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde, dans laquelle Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars.

En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute.

Un milliard d'agents IA

L'énergéticien français TotalEnergies utilise par exemple Copilot et des agents IA, capables de réaliser des tâches de façon autonome, à travers des cas d'usage "dans la maintenance, les achats, la sécurité", énumère la patronne.

Tandis que l'assureur italien Generali a "adopté massivement l'IA et automatisé plus d'un million d'opérations", ajoute-t-elle.

"Plus d'un milliard d'agents à l'échelle mondiale vont être diffusés dans les entreprises" d'ici 2028, s'enthousiasme Corine de Bilbao, citant une étude IDC pour Microsoft.

L'irruption de l'intelligence artificielle dans les entreprises peut toutefois se traduire par des vagues de licenciements comme chez Amazon, le groupe informatique HP ou encore l'assureur allemand Allianz Partners.

Microsoft France, qui compte près de 2.000 employés, a de son côté supprimé 10% de ses effectifs via un accord collectif de rupture conventionnelle sur la base du volontariat.  -

"C'est lié à la transformation de certains métiers, mais pas à l'IA", assure la dirigeante, ajoutant qu'en parallèle Microsoft est en train de recruter "des profils plus techniques", comme des "ingénieurs solutions", pour s'adapter aux demandes de ses clients.

"L'IA suscite beaucoup de peur", reconnaît Mme de Bilbao."On préfère parler de salariés augmentés" plutôt que d'emplois supprimés, poursuit-elle, beaucoup de tâches considérées comme rébarbatives pouvant être réalisées avec l'assistance de l'intelligence artificielle.

Selon elle, l'enjeu central est surtout celui de la formation des salariés à ces nouveaux outils.

"Nouvelle économie" 

"Il n'y aura pas de déploiement de l'IA s'il n'y a pas de valeur partagée, si l'ensemble des citoyens, des étudiants, des entreprises ne sont pas formés", souligne la patronne.

En France, le géant de Redmond (Etat de Washington) a déjà formé 250.000 personnes à l'IA sur un objectif d'un million d'ici 2027 et veut accompagner 2.500 start-up françaises.

"Un écosystème complet se développe entre les fournisseurs de modèles de langage, les infrastructures, on est en train de créer une nouvelle économie autour de cette IA", déclare Corine de Bilbao.

Microsoft a ainsi annoncé en 2024 un investissement de 4 milliards d'euros en France lors du sommet Choose France pour agrandir ses centres de données dans les régions de Paris et Marseille (sud), et construire un datacenter dans l'est de la France, près de Mulhouse.

"Ca avance très bien", explique-t-elle, sans donner de date à laquelle le centre sera opérationnel. "Cela ne pousse pas comme des champignons, ce sont des projets qui prennent quelques années en général", entre le dépôt de permis, de construction et l'accompagnement.

Pour 2026, le défi sera de passer d'une intelligence artificielle "expérimentale à une IA opérationnelle, qui délivre de la valeur pour les entreprises, à la fois sur leurs revenus, la productivité, et qui les aide à se transformer", conclut-elle.


Mercosur: Paris et Rome contrarient les plans de l'UE, ultimatum de Lula

Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Italie rejoint la France pour demander un report de l’accord UE–Mercosur, menaçant la signature espérée par Ursula von der Leyen et ouvrant la voie à une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept
  • Le Brésil met la pression, tandis que les divisions européennes persistent entre défense des agriculteurs et impératif économique face à la concurrence chinoise et américaine

BRUXELLES: L'Italie a rejoint la France mercredi pour réclamer un report de l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, ce qui risque d'empêcher Ursula von der Leyen de parapher ce traité en fin de semaine, au grand dam du Brésil.

Une signature dans les prochains jours est "prématurée", a lâché Giorgia Meloni à la veille d'un sommet européen à Bruxelles.

La cheffe du gouvernement italien veut d'abord des garanties "suffisantes" pour le secteur agricole, et se dit "convaincue qu'au début de l'année prochaine, toutes ces conditions seront réunies".

Cette sortie est une douche froide pour la Commission européenne. Bruxelles n'a cessé de marteler ces derniers jours qu'une signature était indispensable avant la fin de l'année, pour la "crédibilité" de l'Union européenne et afin de ne pas contrarier les partenaires latino-américains.

Prudent, l'exécutif européen fait mine d'y croire encore. "Les chefs d'Etat et de gouvernement vont en discuter au sommet européen" ce jeudi, a dit à l'AFP Olof Gill, porte-parole de la Commission.

Au Brésil, le président Lula, qui avait appelé à la responsabilité Emmanuel Macron et Georgia Meloni, a posé une forme d'ultimatum.

"Si on ne le fait pas maintenant, le Brésil ne signera plus l'accord tant que je serai président", a-t-il menacé. "Si jamais ils disent non, nous serons désormais fermes avec eux, parce que nous avons cédé sur tout ce qu'il était possible de céder diplomatiquement".

- "Billet remboursable" -

La prise de position de Rome sur ce dossier est potentiellement décisive.

Avec la France, la Pologne et la Hongrie, l'Italie est en capacité de former une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept, ce qui empêcherait un examen de l'accord durant la semaine.

"Ca risque d'être très chaud", convient un diplomate européen anonymement, alors que l'Allemagne comme l'Espagne insistent pour approuver ce traité de libre-échange le plus vite possible.

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a promis d'exercer une pression "intensive" sur ses partenaires européens mercredi soir et jeudi matin, en appelant à ne pas "chipoter" avec les grands traités commerciaux.

Emmanuel Macron a prévenu que "la France s'opposerait de manière très ferme" à un éventuel "passage en force" de l'Union européenne, a rapporté la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Paris ne considère pas encore comme "acquis" le report de la signature du traité, mais les déclarations de Giorgia Meloni sont la "preuve" que "la France n'est pas seule", a-t-elle ajouté.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espérait parapher ce traité lors du sommet du Mercosur samedi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle a besoin au préalable de l'aval d'une majorité qualifiée d'Etats membres à Bruxelles.

"J'espère qu'elle a un billet (d'avion) remboursable", glisse une source diplomatique européenne.

- Manifestation à Bruxelles -

Cet accord commercial avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay permettrait à l'UE d'exporter davantage de véhicules, de machines, de vins et de spiritueux, tout en facilitant l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées.

Les agriculteurs européens ne décolèrent pas et annoncent une dizaine de milliers de manifestants jeudi à Bruxelles contre ce traité.

Pour rassurer la profession, l'UE a ajouté des mesures de sauvegarde: un suivi des produits agricoles sensibles et une promesse d'intervention en cas de déstabilisation du marché.

Un compromis a été trouvé mercredi soir sur ce volet entre des eurodéputés et des représentants des États membres: les garanties pour les agriculteurs y sont supérieures à ce qu'avaient voté les Vingt-Sept en novembre, mais en deçà de la position adoptée par le Parlement européen mardi.

Elles ne devraient toutefois pas suffire à la France. Le bras de fer avec Bruxelles s'inscrit dans un contexte de vaste mobilisation agricole dans l'Hexagone contre la gestion par les autorités de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Et au sein de l'Union européenne, une série d'États redoutent que Paris ne se contente pas d'un report du Mercosur mais essaye de faire échouer le traité, malgré plus de 25 ans de négociations.

Allemands, Espagnols et Scandinaves comptent quant à eux sur cet accord pour relancer une économie européenne à la peine face à la concurrence chinoise et aux taxes douanières des États-Unis.