L’ONU achève une première visite sur «l’île des Rohingyas» au Bangladesh

Des réfugiés rohingyas sont assis sur un navire de la marine bangladaise à Chittagong alors qu'ils sont transférés sur l'île inondée de Bhasan Char, dans le golfe du Bengale, le 29 décembre. (Archive/AFP)
Des réfugiés rohingyas sont assis sur un navire de la marine bangladaise à Chittagong alors qu'ils sont transférés sur l'île inondée de Bhasan Char, dans le golfe du Bengale, le 29 décembre. (Archive/AFP)
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Publié le Lundi 22 mars 2021

L’ONU achève une première visite sur «l’île des Rohingyas» au Bangladesh

  • Une équipe de l'ONU a terminé sa première visite sur une île isolée construite par le Bangladesh, où ont été relocalisés près de 14 000 réfugiés musulmans rohingyas
  • Situé dans le golfe du Bengale, à 60 kilomètres du continent, le Bhasan Char a été construit par le Bangladesh en 2006 à l’aide de limon himalayen

DHAKA: Une équipe de l'ONU a terminé sa première visite sur une île isolée construite par le Bangladesh, où ont été relocalisés près de 14 000 réfugiés musulmans rohingyas depuis le mois de décembre de l'année dernière, malgré les critiques des groupes de défense des droits.

La visite de trois jours à Bhasan Char, surnommée «l'île Rohingya», a commencé le 17 mars dernier avec des experts de l'ONU qui venaient en bateau de Chottogram.

«L'équipe des Nations unies était composée de dix-huit experts de différentes agences des Nations unies engagées dans l’intervention aux réfugiés rohingyas au Bangladesh. La visite a été facilitée et accompagnée par des fonctionnaires du gouvernement du Bangladesh», déclare à Arab News Louise Donovan, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Cox’s Bazar.

Situé dans le golfe du Bengale, à 60 kilomètres du continent, le Bhasan Char a été construit par le Bangladesh en 2006 à l’aide de limon himalayen. Il a coûté plus de 360 millions de dollars (soit 302 millions d’euros) et a pour but de soulager les camps surpeuplés de Cox’s Bazar.

Chaque maison Bhasan Char dispose de pièces en béton de 2 sur 2,5 mètres, comprenant de petites fenêtres ainsi que des toilettes, et est destinée à accueillir 11 personnes.

Cependant, le HCR s'est dit préoccupé par la vulnérabilité de Bhasan Char face aux intempéries et aux inondations. C’est ce qui a conduit à la proposition de l'ONU, en décembre 2019, de procéder à une «évaluation technique» de l'île.

La visite de mercredi dernier a marqué une avancée dans la proposition. Elle fait suite à diverses tentatives de l'agence des Nations unies pour les réfugiés de visiter l'installation, en attendant la permission du gouvernement d’effectuer l'évaluation, des inquiétudes demeurant au sujet de la salubrité de la réinstallation.

Des préoccupations similaires ont été soulevées par plusieurs organisations internationales de défense des droits, qui ont exhorté le Bangladesh à ne pas relocaliser les Rohingyas sur l'île, estimant qu'ils se trouvaient dans une zone sujette aux cyclones.

«Au cours de la visite, l'équipe des Nations unies a évalué les besoins des réfugiés rohingyas vivant à Bhasan Char, en organisant notamment des réunions auxquels des hommes, des femmes, des garçons et des filles rohingyas étaient conviés. L'équipe de l'ONU a également rencontré les autorités locales et les agences de sécurité qui travaillent sur l'île, ainsi que certaines des ONG et des commerçants qui interviennent là-bas», explique Donovan.

Dhaka a déclaré avoir mis en place cent vingt abris contre les cyclones – construits à 1,20 mètre (4 pieds) au-dessus du sol – qui pourraient être utilisés comme hôpitaux, comme écoles et comme centres communautaires tout au long de l'année.

«L'ONU a également visité les infrastructures et les installations de Bhasan Char. Elles comprenaient le logement, les établissements de santé, les structures polyvalentes, la police et les casernes de pompiers, les infrastructures de transport, les systèmes électriques et de télécommunications, ainsi que le remblai contre les inondations», ajoute Donovan.

L'ONU n'a pas encore partagé ses conclusions sur le voyage, mais elle a remercié le gouvernement du Bangladesh d'avoir «facilité la visite», ajoutant qu'elle attendait avec impatience «la poursuite du dialogue».

Un responsable de la Commission de secours et de rapatriement des réfugiés du Bangladesh (RRRC) a confirmé cette visite et a précisé que l’équipe des Nations unies avait évalué l’île sous «toutes les dimensions possibles».

«Ils se sont entretenus avec les Rohingyas, ont visité la chaîne d'approvisionnement et ont tenu des réunions avec différents représentants d'ONG qui fournissent actuellement un soutien humanitaire dans l'île», fait savoir un responsable, qui a demandé l'anonymat car il n’est pas autorisé à parler aux médias.

Le Dr Mohamed Arfin Rahman, un responsable du secteur de la santé de l'ONG bangladaise Gonoshasthaya Kendra, indique que les experts de l'ONU les a rencontrés à deux reprises pour avoir «une image complète» du travail humanitaire effectué sur l'île.

«L'équipe des Nations unies voulait connaître nos activités et notre processus de travail. Elle essaie d'avoir une image complète des opérations humanitaires sous tous leurs aspects», confie Rahman à Arab News.

Il existe trente-quatre groupes à but non lucratif qui travaillent actuellement sur l'île pour fournir un soutien humanitaire aux réfugiés.

Le ministre bangladais des Affaires étrangères, AK Abdel Momen, exhorte l'ONU à commencer ses opérations sur Bhasan Char car il s’agirait d’«une tâche énorme de gérer 100 000 réfugiés sur l'île».

Saiful Islam Chowdhury, directeur général de Pulse Bangladesh, une ONG située à Bhasan Char, en convient: «J'espère que l'ONU commencera bientôt ses opérations sur Bhasan Char. Dans le cas contraire, il nous sera difficile de poursuivre le soutien humanitaire pendant une longue période.»

L'agence d'aide internationale Médecins sans frontières (MSF) a continué d'exprimer ses inquiétudes au sujet des établissements de santé de l'île.

«Nous comprenons que les ONG locales ne fournissent que des soins de santé primaires très basiques. À notre connaissance, les services de santé secondaires et spécialisés ne sont pas disponibles. Nous ne savons pas comment les patients qui ont besoin de soins médicaux d’urgence peuvent être transférés de l’île vers l’hôpital, étant donné que rallier le continent nécessite un voyage en bateau de trois heures», déplore à Arab News Bernard Wiseman, chef de mission de MSF au Bangladesh.

Bernard Wiseman déclare que si MSF n'avait pas de plans immédiats pour démarrer des opérations sur Bhasan Char, «nous sommes en contact avec les autorités pour discuter d'un accès potentiel à l'île».

«Nous devons nous assurer que toute éventuelle visite ou évaluation de notre part répondrait à des conditions acceptables selon nos principes (indépendance, besoins médicaux, etc.). Nous essayons également de comprendre les conditions de vie et la disponibilité des services de santé à Bhasan Char», poursuit-il.

Les Rohingyas sont membres d'un groupe minoritaire ethnique et religieux, dont beaucoup ont fui la persécution au Myanmar lors d'une répression militaire en 2017.

Le Myanmar, à majorité bouddhiste, considère les Rohingyas comme des «Bengalis» du Bangladesh, même si leurs familles vivent dans le pays depuis des générations.

Presque tous se sont vu refuser la citoyenneté pendant des décennies, et ils se voient également refuser la liberté de mouvement ainsi que d'autres droits fondamentaux.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com