Les élus américains vont de nouveau étriller les réseaux sur la désinformation

Les patrons de Facebook, Twitter et Google sont convoqués jeudi (Photo, AFP).
Les patrons de Facebook, Twitter et Google sont convoqués jeudi (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 24 mars 2021

Les élus américains vont de nouveau étriller les réseaux sur la désinformation

  • Les patrons de Facebook, Twitter et Google sont convoqués jeudi par une commission parlementaire américaine pour une audition sur la désinformation sur les réseaux
  • Les grandes entreprises technologiques sont dans le collimateur des élus républicains et démocrates à cause de leur immense pouvoir aussi bien économique que politique

SAN FRANCISCO: Les patrons de Facebook, Twitter et Google sont convoqués jeudi par une commission parlementaire américaine pour une audition sur la désinformation sur les réseaux, après une élection tendue, des émeutes au Capitole et l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement apparemment déterminé à en découdre avec les Big Tech.

On prend les mêmes et on recommence : ce sera la quatrième audition par caméra interposée de Mark Zuckerberg (Facebook) et Jack Dorsey (Twitter) depuis juillet dernier aux Etats-Unis, et la troisième pour Sundar Pichai (Google).

Les grandes entreprises technologiques sont dans le collimateur des élus républicains et démocrates à cause de leur immense pouvoir aussi bien économique que politique. 

Jeudi, les questions doivent porter sur leur rôle dans la propagation des fausses rumeurs sur les vaccins contre la Covid-19, par exemple, ou encore les affirmations mensongères qui ont circulé sur de prétendues fraudes électorales, avant et après le scrutin de novembre 2020.

« L'auto-régulation de l'industrie a échoué », constate la commission de la Chambre des représentants pour l'énergie et le commerce dans sa convocation.

« Je m'attends surtout à beaucoup de théâtre », a commenté l'analyste Carolina Milanesi de Creative Strategies. « Le jeu semble d'être de les monter les uns contre les autres ».

Mais cette audition aura un parfum particulier, alors que les représentants de la Chambre ont vécu des émeutes qui semblaient impensables, et dont les racines se trouvent notamment dans le fléau de la désinformation.

Magasin de porcelaine

Le 6 janvier dernier, des partisans extrémistes de Donald Trump, persuadés que l'élection a été « volée » à leur héros, ont envahi le siège du Congrès américain, interrompant la cérémonie de certification de la victoire de Joe Biden. Ces attaques ont fait cinq morts et choqué le pays.

L'ancien président américain et ses alliés entretenaient depuis des mois le mythe d'une fraude électorale massive, notamment sur Twitter, Facebook et YouTube (Google).

Il a conséquemment été exclu de ces plateformes, un sujet qui ne manquera pas d'être abordé par les élus de droite, souvent prompts à accuser les réseaux sociaux de parti pris anti-républicain.

Les démocrates voudraient, eux, que les sociétés de la Silicon Valley prennent plus leurs responsabilités.

Elles ont déployé un arsenal sans précédent de mesures pour juguler la désinformation et les tentatives de discréditer le processus démocratique, mais ce sont de « tout petits pas » selon les mots du sénateur démocrate Richard Blumenthal lors de l'audition du 17 novembre.

« Vous avez l'immense responsabilité civique et morale de vous assurer que ces instruments d'influence ne causent pas de dommages irréparables à notre pays », après avoir « largement profité des données collectées sur notre vie privée et de la promotion des discours de haine », avait-il asséné.

Carolina Milanesi s'attend à ce que les patrons recensent leurs efforts contre les contenus problématiques, comme le recrutement d'armées de modérateurs. 

Mais « si je dois engager sept personnes pour balayer dans un magasin de porcelaine après le passage d'un troupeau d'éléphants, je ne vais pas recevoir un bon point si c'est moi qui les ai fait entrer ! », ironise-t-elle.

Poursuites judiciaires

Lundi, Facebook a déjà publié un communiqué pour rappeler les différentes mesures prises ces dernières années. « Malgré tous ces efforts, certains croient que nous avons des intérêts financiers à tolérer la désinformation », a remarqué Guy Rosen, un vice-président du groupe. « C'est le contraire qui est vrai ».

Sous Barack Obama - dont Joe Biden a été le vice-président - la Silicon Valley était globalement alignée avec Washington. Mais une série de scandales a distendu, voire rompu les liens avec une bonne partie des démocrates.

Le nouveau président a envoyé des signaux clairs aux Gafa (Google, Amazon, Facebook et Apple) en s'entourant de personnalités connues pour leur approche sévère.

Tim Wu, professeur à l'université de Columbia et défenseur de lois antitrust plus strictes, a rejoint le prestigieux Conseil économique national de la Maison Blanche. 

Et Joe Biden a confirmé cette semaine son intention de nommer la juriste Lina Khan, une autre professeure de Columbia hostile aux monopoles des géants de la tech, à la tête de l'agence américaine de la concurrence (FTC).

L'audition de jeudi ne manquera pas d'aborder la « Section 230 », la loi de 1996 qui protège les hébergeurs sur internet de poursuites liées aux contenus publiés par des tiers, pierre angulaire des réseaux sociaux.

De nombreux parlementaires veulent la réformer, comme les sénateurs Mark Warner, Mazie Hirono et Amy Klobuchar, qui défendent un « Safe Tech Act » pour faciliter les recours en justice contre les plateformes.

Facebook et Google font déjà face à des poursuites de la part des autorités sur le front du droit de la concurrence.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.