Les Houthis sont coincés dans le bourbier militaire de Marib, selon les experts

Plus d'un mois après le début de l'offensive, les Houthis ont perdu des centaines de combattants et n'ont pas réussi à obtenir d’avancées majeures vers la ville de Marib. (AFP)
Plus d'un mois après le début de l'offensive, les Houthis ont perdu des centaines de combattants et n'ont pas réussi à obtenir d’avancées majeures vers la ville de Marib. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 24 mars 2021

Les Houthis sont coincés dans le bourbier militaire de Marib, selon les experts

  • Selon les experts yéménites, l'impasse militaire a incité les rebelles à revoir leur stratégie
  • «Le rebelles pourraient engager un dialogue avec l'Arabie saoudite, peut-être facilité par Oman, juste pour gagner du temps, puis reprendre l’offensive ensuite»

AL-MUKALLA: Les Houthis, soutenus par l'Iran, se retrouvent impliqués dans un coûteux bourbier militaire dans la province centrale du Yémen de Marib alors que leur offensive est au point mort et qu'ils n'ont pas été en mesure de reprendre la capitale de la province.

Selon les experts yéménites, l'impasse militaire a incité les rebelles à revoir leur stratégie: ils sont passés de l’objectif de prendre la ville de Marib à la menace d’une éventuelle offensive comme monnaie d'échange dans les futurs pourparlers de paix. 

«Alors que les Houthis ont initialement connu un élan dans leur offensive contre Marib, la bataille est tombée dans une impasse», a déclaré à Arab News Samuel Ramani, chercheur en relations internationales à l'Université d'Oxford. «Le 14 mars, des rapports du gouvernement yéménite suggéraient que les Houthis perdaient du terrain et que les forces gouvernementales renversaient le cours des choses.»

Au début du mois dernier, des milliers de combattants houthis, y compris des forces d’élite, sont entrés dans la province de Marib depuis trois directions: Sana’a, Jouf et Al-Bayda. Le plan des rebelles était de s’emparer de Marib, de ses champs de pétrole et de gaz et d'expulser le gouvernement yéménite de son dernier bastion dans la partie Nord du pays.

Plus d'un mois après le début de l'offensive, les Houthis ont perdu des centaines de combattants et n'ont pas réussi à obtenir d’avancées majeures vers la ville de Marib, située à environ 120 kilomètres à l'est de la capitale du Yémen, Sanaa.

«Les Houthis ont trébuché à Marib. Leur offensive a été repoussée», a déclaré à Arab News Nadwa al-Dawsari, analyste du conflit yéménite et chercheuse non résidente à l'Institut américain du Moyen-Orient.

Les experts yéménites affirment que les Houthis, plongés dans une impasse militaire et une augmentation du nombre de morts, ont abandonné leur objectif de s'emparer de Marib et pourraient utiliser l'offensive comme levier lors de négociations en coulisse.

«Il est possible que les Houthis savaient que la probabilité de prendre Marib était faible, surtout compte tenu du pouvoir des tribus et du terrain, qui les expose aux frappes aériennes saoudiennes», a déclaré à Arab News Katherine Zimmerman, membre de l'American Enterprise Institute. «Ils cherchent peut-être à utiliser leurs nouvelles positions comme monnaie d'échange lors de négociations futures.»

Bien qu'elles aient repoussé les nombreux assauts des Houthis et leur aient infligé de lourdes pertes, les troupes gouvernementales yéménites n'ont pas pu chasser totalement les rebelles de la ville et des environs. 

Les rebelles sont toujours proches et constituent une menace pour la ville, selon les experts. «Ils envoient toujours des renforts. Bien que leur offensive ait été bloquée par les tribus et les forces gouvernementales, ils constituent toujours une menace pour Marib», indique Mme Al-Dawsari.

La nature géographique et la population de la ville, en plus du soutien militaire massif de la coalition arabe, a joué un rôle dans le la mise en échec de l’offensive des Houthis.

Les assauts des rebelles ont poussé les puissants membres de la tribu de Marib à rejoindre les champs de bataille et à se tenir aux côtés de l’armée yéménite.

Le relief montagneux de la province a exposé les combattants rebelles aux frappes aériennes saoudiennes, déclare Mme Zimmerman. Les experts et les responsables du gouvernement local affirment que les avions de chasse de la coalition arabe ont perturbé les attaques des Houthis, ciblant des renforts militaires sur les champs de bataille.

La coalition a même publié des vidéos montrant des avions de combat attaquant des combattants militaires houthis, des chars et du matériel militaire dans les régions montagneuses et désertiques de Marib.

Le gouverneur de Marib, le sultan Al-Arada, souligne que les Houthis auraient réussi à envahir la ville si les avions de combat n’avaient pas pris part aux combats.

«La situation aurait été différente», a déclaré M. Al-Arada lors d’une conférence de presse en ligne organisée par le Centre d’études stratégiques de Sanaa au début du mois.

Les experts yéménites prédisent trois scénarios pour l'offensive houthie sur Marib: les forces gouvernementales yéménites et les Houthis plongent plus profondément dans une impasse militaire, les rebelles percent et prennent le contrôle total de Marib, ou les forces gouvernementales repoussent complètement les rebelles hors de la Province de Marib.

Le résultat de l’offensive pourrait décider du cours des décisions politiques et militaires du pays.

«Si les Houthis prennent Marib, le processus politique s'effondrera officiellement», souligne Mme  Al-Dawsari. «Les rebelles ont déjà manifesté leur manque d'intérêt pour les négociations politiques. Ils veulent la fin des frappes aériennes et des interventions militaires saoudiennes, mais ils ne sont pas vraiment intéressés par la conclusion d’un accord politique avec d’autres acteurs.»

En revanche, si les Houthis ne parviennent pas à capturer Marib, ils pourraient interrompre l'offensive et engager des pourparlers avec leurs adversaires pour gagner du temps et regrouper leurs forces avant de reprendre les frappes.

«Le manque de fiabilité des rebelles en tant que partenaires de paix rend difficile la prédiction de leur réponse à une offensive ratée à Marib», déclare M. Ramani. «Ils pourraient engager un dialogue avec l'Arabie saoudite, peut-être facilité par Oman, juste pour gagner du temps, puis reprendre l’offensive ensuite.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com


L'offensive israélienne contre l'Iran est une menace pour tous, déclare le roi de Jordanie devant le Parlement européen

Short Url
  • Vendredi, Israël a déclaré avoir ciblé les installations nucléaires, les usines de missiles balistiques et les commandants militaires de l'Iran au début de ce qu'il a prévenu être une opération prolongée
  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'opération militaire contre l'Iran "se poursuivrait pendant autant de jours qu'il le faudra" pour "faire reculer la menace iranienne qui pèse sur la survie même d'Israël"

AMMAN : L'offensive élargie d'Israël contre l'Iran est une menace pour tous, a déclaré mardi le roi de Jordanie Abduallah II devant le Parlement européen à Strasbourg.

"Les attaques contre l'Iran menacent d'une dangereuse escalade dans notre région et au-delà", a-t-il déclaré.  

"Si notre communauté mondiale n'agit pas de manière décisive, nous nous rendons complices de la réécriture de ce que signifie être humain. Si les bulldozers israéliens continuent de démolir illégalement les maisons, les oliviers et les infrastructures palestiniennes, ils détruiront également les rails qui défient les principes moraux", a-t-il ajouté.

Il a réaffirmé la nécessité de créer un État palestinien souverain et l'importance d'accorder aux Palestiniens le droit à la liberté et au statut d'État.

"La sécurité mondiale ne sera pas assurée tant que la communauté internationale n'agira pas pour mettre fin à la guerre de trois ans en Ukraine et au conflit israélo-palestinien, le plus long et le plus destructeur du monde", a déclaré M. Al-Hussein.

Le roi a évoqué l'échec du droit international et de l'intervention à Gaza et a déclaré que ce qui était considéré comme une atrocité il y a 20 mois est désormais devenu une routine.

"L'armement de la famine contre les enfants, le ciblage des travailleurs de la santé, des journalistes et des enfants sont tous devenus normaux après l'échec de la communauté internationale", a-t-il déclaré.

Le leadership de l'Europe sera essentiel pour choisir le bon cours de l'histoire, a déclaré le roi, qui a assuré la Jordanie de son soutien à l'UE.

"Ce conflit doit cesser et la solution est ancrée dans le droit international. Le chemin de la paix a déjà été emprunté, et il peut l'être à nouveau si nous avons le courage de le choisir et la volonté de le parcourir ensemble", a-t-il conclu.

Mardi matin, Israël a demandé à des centaines de milliers de personnes d'évacuer le centre de la capitale iranienne, alors que la campagne aérienne israélienne sur Téhéran semblait s'étendre au cinquième jour d'un conflit qui s'intensifie.

Vendredi, Israël a déclaré avoir ciblé les installations nucléaires, les usines de missiles balistiques et les commandants militaires de l'Iran au début de ce qu'il a prévenu être une opération prolongée visant à empêcher Téhéran de fabriquer une arme atomique.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l'opération militaire contre l'Iran "se poursuivrait pendant autant de jours qu'il le faudra" pour "faire reculer la menace iranienne qui pèse sur la survie même d'Israël".

Depuis lors, l'Iran a lancé des attaques de représailles sur Tel-Aviv, certains missiles ayant été interceptés avant l'impact et d'autres ayant frappé des bâtiments en Israël.

Les autorités sanitaires ont indiqué que 1 277 personnes avaient été blessées en Iran. Les Iraniens ont également fait état d'un rationnement du carburant.

Le conflit a également contraint la plupart des pays du Moyen-Orient, dont l'Irak, la Jordanie et le Liban, à fermer leur espace aérien. Des dizaines d'aéroports ont interrompu tous les vols ou réduit considérablement leurs activités, laissant des dizaines de milliers de passagers bloqués et d'autres incapables de fuir le conflit ou de rentrer chez eux.


L'UE estime que la diplomatie est le seul moyen de résoudre le conflit israélo-iranien

La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, tient une conférence de presse à l'issue d'une vidéoconférence informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE consacrée à la situation au Moyen-Orient, à Bruxelles, le 17 juin 2025. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
La haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, tient une conférence de presse à l'issue d'une vidéoconférence informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE consacrée à la situation au Moyen-Orient, à Bruxelles, le 17 juin 2025. (Photo de Nicolas TUCAT / AFP)
Short Url
  • L'Iran ne doit pas disposer d'une arme nucléaire et la diplomatie est le seul moyen de l'en empêcher », a martelé mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas,
  • « L'Europe est prête à jouer son rôle » dans la recherche d'une solution diplomatique, a-t-elle ajouté.

BRUXELLES : L'Iran ne doit pas disposer d'une arme nucléaire et la diplomatie est le seul moyen de l'en empêcher », a martelé mardi la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, à l'issue d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

« Nous sommes tous convenus de la nécessité urgente d'éviter l'escalade. L'Iran ne peut pas avoir de bombe nucléaire et la diplomatie est la solution pour y parvenir », a-t-elle souligné devant la presse, à l'issue de cette réunion qui s'est tenue par visioconférence entre les 27.

« L'Europe est prête à jouer son rôle » dans la recherche d'une solution diplomatique, a-t-elle ajouté, précisant par ailleurs que l'UE avait décidé d'aider les États membres à évacuer leurs ressortissants « s'ils le désirent ».

L'armée israélienne mène depuis vendredi des frappes sans précédent sur l'Iran, avec pour objectif affiché d'empêcher Téhéran d'obtenir la bombe atomique.

En Iran, les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts et plus d'un millier de blessés, selon un bilan officiel établi dimanche. Selon le bureau de Benjamin Netanyahu, les salves de missiles et de drones tirées en représailles par l'Iran ont fait au moins 24 morts en Israël.

Les ministres des Affaires étrangères des 27 doivent se retrouver lundi pour une réunion à Bruxelles. 


Gaza: la Défense civile annonce au moins 50 morts dans des tirs israéliens près d'un centre d'aide

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique". (AFP)
Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique". (AFP)
Short Url
  • Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique"
  • La veille, la Défense civile avait fait état de 20 personnes tuées dans des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire à Rafah (sud)

JERUSALEM: La Défense civile de la bande de Gaza a affirmé mardi que les forces israéliennes avaient tué au moins 50 personnes qui s'étaient rassemblées près d'un centre de distribution d'aide dans le sud du territoire palestinien, révisant à la hausse un précédent bilan.

Le porte-parole de cet organisme de premiers secours, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP qu'au moins 50 personnes avaient été tuées et plus de 200 blessées alors que des milliers de Palestiniens s'étaient rassemblés dans la matinée pour recevoir de l'aide à Khan Younès.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et les informations annoncés par la Défense civile.

"Des drones israéliens ont tiré sur les gens. Quelques minutes plus tard, des chars israéliens ont tiré plusieurs obus (...), ce qui a entraîné un grand nombre de martyrs et de blessés", a encore affirmé M. Bassal, accusé par l'armée israélienne de répandre de fausse information sur sur ses opération à Gaza.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit "examiner" les faits.

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a lui indiqué qu'après les tirs "51 martyrs et plus de 200 blessés" étaient arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès, "dont 20 dans un état critique".

La veille, la Défense civile avait fait état de 20 personnes tuées dans des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire à Rafah (sud).

Le territoire palestinien est ravagé par plus de 20 mois de guerre entre Israël et le Hamas, et la situation continue de se détériorer sur le terrain.

Elle a été déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité après leur enlèvement ce jour-là.

Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré lundi que 5.139 personnes avaient été tuées depuis la reprise des frappes israéliennes sur le territoire le 18 mars, après une courte trêve.

Le bilan total à Gaza depuis le début de la guerre s'élève à 55.432 morts, selon le ministère de la Santé.