Birmanie: près de 90 morts dans la répression des manifestations pro-démocratie

Des militants pro-démocratie faisant le salut à trois doigts lors d'une manifestation contre le coup d'État militaire à Dawei, le 27 mars 2021 (Photo, AFP)
Des militants pro-démocratie faisant le salut à trois doigts lors d'une manifestation contre le coup d'État militaire à Dawei, le 27 mars 2021 (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 27 mars 2021

Birmanie: près de 90 morts dans la répression des manifestations pro-démocratie

  • Les Etats-Unis, l'Union européenne et la Grande-Bretagne ont condamné les «meurtres» commis par l'armée dans le pays, qui traverse une grave crise
  • La sanglante journée de samedi porte à près de 420 le nombre de personnes tuées dans la répression depuis le putsch, selon l'Association pour l'assistance aux prisonniers politiques

NAYPYIDAW: La répression des manifestations pro-démocratie en Birmanie a fait près de 90 morts samedi, journée la plus sanglante depuis le coup d'Etat du 1er février au cours de laquelle la junte militaire a fait défiler blindés et soldats dans une impressionnante démonstration de force. 

Les Etats-Unis, l'Union européenne et la Grande-Bretagne ont condamné les « meurtres » commis par l'armée dans le pays, qui traverse une grave crise depuis que la cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi a été évincée du pouvoir par un coup d'Etat militaire le 1er février. 

Samedi a marqué la journée la plus sanglante depuis le putsch. 

« Au moins 89 personnes [ont] été tuées à la tombée de la nuit », a indiqué l'Association pour l'assistance aux prisonniers politiques, une ONG locale qui recense le nombre de décès depuis le putsch. 

Et alors que les Nations unies évoquaient des « rapports » faisant état « de dizaines de morts, dont des enfants, de centaines de blessés », le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab a estimé que la junte avait franchi « nouveau palier » dans la répression. 

Cette brutalité a entraîné sur la scène internationale une série de condamnations et de sanctions touchant les avoirs de nombreux militaires puissants, dont leur chef, mais la pression diplomatique a eu jusqu'ici peu d'impact. 

« Comme un jour de révolution » 

La sanglante journée de samedi porte à près de 420 le nombre de personnes tuées dans la répression depuis le putsch, selon l'Association pour l'assistance aux prisonniers politiques. 

Les militants pro-démocratie avaient appelé à une nouvelle série de manifestations samedi, jour où l'armée organise tous les ans un gigantesque défilé militaire devant le chef de l'armée, désormais chef de la junte au pouvoir, le général Min Aung Hlaing. 

Dans l'après-midi, alors que les manifestations se poursuivaient un peu partout dans le pays, l'AFP a pu vérifier qu'au moins 25 personnes avaient été tuées, les médias locaux faisant eux état d'un bilan beaucoup plus lourd. 

La violence a éclaté dans toute la région de Mandalay (centre) lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants, tuant au moins dix personnes dans cinq villes différentes, dont un médecin à Wundwin et une adolescente de 14 ans à Meiktila, selon les secouristes sur le terrain. 

A Myingyan, un manifestant qui a vu un homme tué après avoir reçu une balle dans le cou, a déclaré que le nombre de morts augmenterait probablement. « Aujourd'hui, c'est comme un jour de révolution pour nous », a-t-il déclaré. 

Dans deux villes de la région de Sagaing, cinq personnes ont été tuées, dont un adolescent de 13 ans pris dans une fusillade, selon un habitant de Shwebo. 

« Je suis fier de mon fils »  

Dans le nord-est du pays, dans l'État de Shan, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur un rassemblement d'étudiants à Lashio, faisant au moins trois morts, selon un secouriste corroborant les informations des médias locaux. 

A Nyaung-U près de Bagan, célèbre site classé par l'UNESCO, un guide touristique a été tué par balles alors qu'il participait à une manifestation. 

A Rangoun, des panaches de fumée s'élevaient au-dessus de la capitale économique. Au moins cinq personnes ont été tués dans la nuit de vendredi à samedi par la police qui a ouvert le feu sur des manifestants qui réclamaient la libération de leurs amis, selon des témoignages. 

Près de la prison d'Insein, un rassemblement avant l'aube a sombré dans le chaos lorsque les soldats ont commencé à tirer. Une personne au moins a été tuée, un policier de 21 ans, Chit Lin Thu, qui avait rejoint le mouvement anti-coup d'État. 

« Il a reçu une balle dans la tête et il est mort chez lui », a déclaré son père Joseph. « Je suis extrêmement triste pour lui, mais en même temps, je suis fier de mon fils ». 

« Déshonneur » 

« Les forces armées tuent des civils non armés, y compris des enfants, les personnes qu'elle a justement juré de protéger », a condamné l'ambassade des Etats-Unis à Rangoun dans un communiqué publié sur sa page Facebook. 

 

သံအမတ်ကြီးသောမတ်စ်ဗိုက်ဒါ၏ကြေညာချက် မတ် ၂၇၊ ၂၀၂၁ မြန်မာ့တပ်မတော်နေ့တွင် လုံခြုံရေးတပ်ဖွဲ့များသည်...

Posted by U.S. Embassy Rangoon on Saturday, March 27, 2021

« Cette 76e journée des forces armées restera gravée comme un jour de terreur et de déshonneur. Les meurtres de civils non armés, dont des enfants, sont des actes indéfendables », a réagi l'ambassade de l'UE à Rangoun sur Twitter et Facebook. 

 

မတ်လ ၂၇ ရက်က ရန်ကုန်မြို့ရှိ အမေရိကန်စင်တာကို ပစ်ခတ်မှုဖြစ်ပွားခဲ့ကြောင်း မိမိတို့အတည်ပြုပါသည်။ ထိခိုက်ဒဏ်ရာ...

Posted by U.S. Embassy Rangoon on Saturday, March 27, 2021

L'ambassadeur de Grande-Bretagne a estimé dans un communiqué que « les meurtres extrajudiciaires en disent long sur les priorités de la junte militaire ». 

Pour la traditionnelle Journée des forces armées qui commémore la résistance contre l'occupation japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale, des milliers de soldats, des chars, des missiles et des hélicoptères se sont succédé sur une immense esplanade de Naypyidaw, devant un parterre de généraux des délégations russe et chinoise. 

Le général Min Aung Hlaing a de nouveau défendu le coup d'Etat, accusant d'irrégularité les élections de novembre, remportées par le parti d'Aung San Suu Kyi, et a promis un « transfert de responsabilité de l'État » après des élections.  

« Les actes de ‘terrorisme qui peuvent nuire à la tranquillité et à la sécurité de l'Etat’ sont inacceptables’, a-t-il déclaré dans un discours. 


Attaques contre des sites nucléaires: Washington doit rendre des comptes, juge Téhéran

Les installations iraniennes devaient rouvrir lundi. (AFP)
Les installations iraniennes devaient rouvrir lundi. (AFP)
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  • « En cas de négociations potentielles, l'un des sujets à l'ordre du jour concernera la nécessité de demander des comptes aux États-Unis et de réclamer des dédommagements a indiqué le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï
  • Washington avait déjà qualifié de « ridicule » la demande de compensations attendues par Téhéran. 

TEHERAN : Un haut responsable a déclaré lundi que Téhéran attendait des États-Unis, en cas de reprise des négociations, qu'ils rendent des comptes et versent des dédommagements pour leurs attaques sur des sites nucléaires iraniens, tout en excluant des pourparlers directs avec Washington.

En juin, Israël avait lancé une offensive sans précédent contre l'Iran, notamment contre ses infrastructures nucléaires. Les États-Unis étaient intervenus en bombardant des sites nucléaires iraniens.

« En cas de négociations potentielles, l'un des sujets à l'ordre du jour concernera la nécessité de demander des comptes aux États-Unis et de réclamer des dédommagements pour l'agression militaire contre les installations nucléaires pacifiques de l'Iran », a indiqué en conférence de presse le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï.

Interrogé sur l'éventualité de pourparlers directs, il a répondu : « non ».

Washington avait déjà qualifié de « ridicule » la demande de compensations attendues par Téhéran. 

Le 13 juin, Israël a lancé une attaque contre l'Iran, bombardant pendant plusieurs jours des sites militaires et nucléaires, ainsi que des zones habitées, faisant plus de 1 000 morts.

Les représailles iraniennes ont fait 29 morts en Israël.

Téhéran et Washington étaient engagés dans des négociations en vue de conclure un nouvel accord sur le programme nucléaire iranien lorsque l'offensive a été lancée, avec pour objectif affiché d'empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique.

Téhéran a toujours réfuté avoir de telles ambitions.

Après la guerre, l'Iran a officiellement suspendu toute coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), estimant que cette agence de l'ONU avait une part de responsabilité dans le déclenchement des frappes israéliennes.

Lundi, M. Baghaï a déclaré que l'Iran restait engagé par le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), tout en critiquant « l'approche politisée et non professionnelle » de l'AIEA.

Le directeur adjoint de l'agence est attendu en Iran « dans moins de dix jours », a précisé le porte-parole. En juillet, son pays s'était dit prêt à reprendre la coopération avec l'AIEA sous « une nouvelle forme ».

Face à la politique d'enrichissement d'uranium de l'Iran, les pays occidentaux menacent Téhéran d'activer un mécanisme permettant de réimposer des sanctions internationales.


En Israël, d'anciens généraux et des maîtres-espions réclament "l'arrêt de la guerre à Gaza"

Cette image, extraite d'une vidéo publiée sur le compte X (anciennement Twitter) officiel du ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, le montre en train de s'exprimer devant le Dôme du Rocher, sur le site de la mosquée Al-Aqsa (le Mont du Temple), dans la vieille ville de Jérusalem, le 3 août 2025, à l'occasion de la fête juive de Tisha Be'Av. Le ministre de la Sécurité nationale, d'extrême droite, s'y est rendu tôt le matin du 3 août pour prier, ont rapporté les médias israéliens, précisant qu'il s'agissait de la première fois qu'un membre du gouvernement israélien s'y rendait. (Photo : Itamar Ben Gvir, compte X/AFP)
Cette image, extraite d'une vidéo publiée sur le compte X (anciennement Twitter) officiel du ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, le montre en train de s'exprimer devant le Dôme du Rocher, sur le site de la mosquée Al-Aqsa (le Mont du Temple), dans la vieille ville de Jérusalem, le 3 août 2025, à l'occasion de la fête juive de Tisha Be'Av. Le ministre de la Sécurité nationale, d'extrême droite, s'y est rendu tôt le matin du 3 août pour prier, ont rapporté les médias israéliens, précisant qu'il s'agissait de la première fois qu'un membre du gouvernement israélien s'y rendait. (Photo : Itamar Ben Gvir, compte X/AFP)
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  • « Arrêtez la guerre à Gaza ! », exhorte ce courrier du mouvement « Commandants pour la sécurité d'Israël » (CIS), signé par 550 anciens chefs espions, militaires, policiers et diplomates, et rendu public dans la nuit de dimanche à lundi.
  • « Nous avons le devoir de nous lever », alerte Ami Ayalon, ancien directeur du Shin Bet, le service de sécurité intérieure, dans une vidéo diffusée par le mouvement pour accompagner ce courrier.

JERUSALEM : Près de 600 anciens responsables de l'appareil sécuritaire israélien, notamment du Mossad et du Shin Bet, ont appelé le président américain, Donald Trump, à faire pression sur le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour mettre fin à la guerre à Gaza et ainsi ramener « les otages chez eux ».

« Arrêtez la guerre à Gaza ! », exhorte ce courrier du mouvement « Commandants pour la sécurité d'Israël » (CIS), signé par 550 anciens chefs espions, militaires, policiers et diplomates, et rendu public dans la nuit de dimanche à lundi.

« Nous avons le devoir de nous lever », alerte Ami Ayalon, ancien directeur du Shin Bet, le service de sécurité intérieure, dans une vidéo diffusée par le mouvement pour accompagner ce courrier.

« Cette guerre a commencé comme une guerre juste, une guerre défensive. Mais une fois tous ses objectifs militaires atteints et une brillante victoire militaire contre tous nos ennemis, elle a cessé d'être une guerre juste. Elle conduit l'État d'Israël à perdre sa sécurité et son identité », estime M. Ayalon. 

Parmi les signataires de la lettre et les personnes apparaissant dans la vidéo, on compte trois anciens patrons du Mossad (le service de renseignement extérieur) : Tamir Pardo, Efraim Halevy et Danny Yatom, cinq ex-dirigeants du Shin Bet (Nadav Argaman, Yoram Cohen, Ami Ayalon, Yaakov Peri et Carmi Gilon), ainsi que trois ex-chefs d'état-major : Ehud Barak, Moshe Bogie Yaalon et Dan Halutz.

« Chacune de ces personnes a siégé aux réunions du cabinet, opéré dans les cercles les plus confidentiels et participé à tous les processus de prise de décision les plus sensibles et les plus délicats », souligne la voix off de la vidéo diffusée sur X par la radio de l'armée.

À eux seuls, et « ensemble, ils ont plus de mille ans d'expérience en matière de sécurité nationale et de diplomatie », souligne-t-elle. 

« Au bord de la défaite »

« Au nom de CIS, le plus grand groupe d'anciens généraux israéliens de l'armée, du Mossad, du Shin Bet, de la police et des services diplomatiques équivalents, nous vous exhortons à mettre fin à la guerre à Gaza. Vous l'avez fait au Liban. Il est temps de le faire à Gaza également », plaident-ils auprès de Donald Trump.

« Tsahal (l'armée israélienne) a depuis longtemps atteint les deux objectifs qui pouvaient être réalisés par la force : démanteler les formations militaires et le gouvernement du Hamas », estiment les membres du CIS. « Le troisième, et le plus important, ne peut être atteint que par un accord : ramener tous les otages chez eux. »

« Nous considérons, en tant que professionnels, que le Hamas ne représente plus une menace stratégique pour Israël, et notre expérience nous indique qu'Israël dispose de tout ce qu'il faut pour gérer ses capacités résiduelles de terreur, à distance ou autrement », estiment-ils.

« Traquer les derniers hauts responsables du Hamas peut se faire plus tard, mais les otages ne peuvent pas attendre. »

« Votre crédibilité auprès de la grande majorité des Israéliens renforce votre capacité à guider le Premier ministre Netanyahu et son gouvernement dans la bonne direction », ajoutent les signataires, qui poursuivent : « Mettre fin à la guerre, ramener les otages, arrêter les souffrances et former une coalition régionale et internationale qui aide l'Autorité palestinienne (une fois réformée) à offrir aux Gazaouis et à tous les Palestiniens une alternative au Hamas et à son idéologie perverse. »

« Nous sommes au bord de la défaite », commente dans la vidéo l'ancien directeur du Mossad, Tamir Pardo. « Ce dont le monde est témoin aujourd'hui, c'est ce que nous avons fait », déplore-t-il à propos des conditions humanitaires désastreuses dans le territoire palestinien assiégé.

« Nous nous cachons derrière un mensonge que nous avons engendré. Ce mensonge a été vendu au public israélien, et le monde a depuis longtemps compris qu'il ne reflète pas la réalité. »

« Nous avons un gouvernement que les zélotes messianiques ont entraîné dans une direction irrationnelle », estime pour sa part Yoram Cohen (Shin Bet). « Ils sont une minorité (…) mais le problème est que la minorité contrôle la politique. »


Hiroshima : 80 ans après le drame, la double peine des victimes coréennes

La « Flamme de la Paix » est photographiée au Parc du Mémorial de la Paix, dédié à la ville et aux victimes du bombardement atomique de 1945, à Hiroshima, le 30 mai 2025. (Photo de Richard A. Brooks / AFP)
La « Flamme de la Paix » est photographiée au Parc du Mémorial de la Paix, dédié à la ville et aux victimes du bombardement atomique de 1945, à Hiroshima, le 30 mai 2025. (Photo de Richard A. Brooks / AFP)
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  • Quelque 740 000 personnes ont été tuées ou blessées lors des bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki.
  • Selon les données disponibles, plus de 10 % des victimes étaient coréennes. 

HAPCHEON, COREE DU SUD : Victime du bombardement de Hiroshima à l'âge de cinq ans, la Coréenne Bae Kyung-mi a vécu dans le secret une grande partie de sa vie : à ses stigmates physiques s'est ajoutée une stigmatisation sociale telle qu'elle a caché son statut de survivante à ses proches.

Le 6 août 1945, alors qu'elle jouait chez elle, elle se rappelle avoir entendu des avions au-dessus de sa tête. Quelques minutes plus tard, elle s'est retrouvée ensevelie sous les décombres.

« J'ai dit à ma mère en japonais : “Maman, il y a des avions !” Il y a des avions ! » raconte la désormais octogénaire à l'AFP.

Son oncle et sa tante n'ont pas survécu à l'effondrement de leur immeuble.

« Je n'ai jamais dit à mon mari que j'étais à Hiroshima et que j'avais été victime du bombardement », confie Mme Bae.

« À l'époque, les gens disaient souvent que vous aviez épousé la mauvaise personne si elle avait survécu à un bombardement atomique. »

Ses deux fils n'ont appris qu'elle avait été à Hiroshima que lorsqu'elle s'est inscrite dans un centre pour les victimes, dans sa ville de Hapcheon, en Corée du Sud.

Les radiations dont elle a été victime l'ont obligée à subir une ablation des ovaires et d'un sein, en raison du risque élevé de cancer.

Quelque 740 000 personnes ont été tuées ou blessées lors des bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki.

Selon les données disponibles, plus de 10 % des victimes étaient coréennes. 

- Discrimination -

Kim Hwa-ja avait quatre ans le 6 août 1945. Elle se souvient avoir été contrainte de fuir Hiroshima dans une charrette tirée par des chevaux.

La fumée emplissait l'air et la ville brûlait, raconte-t-elle. Sa mère lui criait de se réfugier sous une couverture et de ne pas regarder.

Des organisations estiment qu'entre 30 000 et 50 000 Coréens se trouvaient dans la ville ce jour-là, dont des dizaines de milliers d'ouvriers forcés sur les sites militaires.

Mais les documents sont peu précis.

« Le bâtiment municipal a été tellement dévasté qu'il n'a pas été possible de retrouver des documents clairs », a déclaré un fonctionnaire territorial à l'AFP.

La politique coloniale japonaise interdisait l'utilisation de noms coréens, ce qui complique encore la recherche dans les registres.

Les rescapés qui sont restés au Japon ont subi une double discrimination : d'une part, en tant que survivants, ou « hibakusha » en japonais, et d'autre part, en tant que Coréens.

Les victimes coréennes n'ont été reconnues qu'à la fin des années 1990, lorsqu'un monument funéraire a été érigé dans le parc du Mémorial de la paix de Hiroshima.

Quant aux dizaines de milliers de survivants coréens qui sont retournés dans leur pays nouvellement indépendant, ils ont également été confrontés à la stigmatisation. 

- Reconnaissance minimale -

« À l'époque, des rumeurs infondées circulaient selon lesquelles l'exposition aux radiations pouvait être contagieuse », explique Jeong Soo-won, directeur du Centre des victimes de la bombe atomique, qui organise une cérémonie de commémoration le 6 août à Hapcheon.

Selon M. Jeong, il resterait environ 1 600 survivants sud-coréens en vie à l'échelle nationale, dont 82 résident au centre.

Séoul a promulgué une loi spéciale en 2016 pour aider les survivants, leur accordant notamment une allocation mensuelle d'environ 62 euros, mais cette loi ne prévoit aucune assistance pour leurs descendants.

Beaucoup d'entre eux ont pourtant « été touchés par les bombardements » et « souffrent de maladies congénitales », selon M. Jeong.

Il assure néanmoins qu'une disposition visant à les soutenir « doit être prévue » à l'avenir.

L'année dernière, un groupe de survivants japonais a reçu le prix Nobel de la paix.

Mais, 80 ans après les attaques, beaucoup d'entre eux, tant au Japon qu'en Corée, affirment que le monde n'a toujours pas tiré les leçons de ces horreurs.

Le président américain Donald Trump a récemment comparé ses frappes sur les installations nucléaires iraniennes aux bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki.