Amazon: un mouvement syndical dénonce les tactiques d'intimidation

«Vote Union Oui!», lors d'une manifestation en solidarité avec Black Lives Matter, Stop Asian Hate et la syndicalisation des travailleurs du centre de distribution d'Amazon.com, Inc. à Kelly Ingram Park le 27 mars 2021 à Birmingham, Alabama (Photo, AFP).
«Vote Union Oui!», lors d'une manifestation en solidarité avec Black Lives Matter, Stop Asian Hate et la syndicalisation des travailleurs du centre de distribution d'Amazon.com, Inc. à Kelly Ingram Park le 27 mars 2021 à Birmingham, Alabama (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 29 mars 2021

Amazon: un mouvement syndical dénonce les tactiques d'intimidation

  • Amazon mène campagne à coup de réunions hebdomadaires, textos et affiches jusque dans les toilettes pour dissuader les employés
  • «On reçoit plein de textos d'Amazon qui nous disent de voter non», s'indigne une employée

BESSEMER: «Prenez soin de nous quand vous serez là-dedans !», lance un employé d'Amazon à deux syndicalistes en gilet fluo, postés à l'entrée de l'entrepôt de Bessemer, dans l'Alabama, théâtre d'une tentative majeure de syndicalisation que le géant du commerce en ligne combat farouchement.

Le soleil n'est pas encore levé, mais Steve et Syrena brandissent leurs pancartes à l'attention des ouvriers de la rotation de nuit qui quittent les lieux, et de ceux du jour qui prennent la relève en ce samedi brumeux.

«Merci pour votre courage!», peuvent-ils lire à la lumière de leurs phares sur les panneaux estampillés RWDSU, le syndicat de la distribution qui représentera les 5 800 salariés, s'ils votent en sa faveur. 

Ce serait une première aux Etats-Unis chez Amazon, qui emploie 800 000 personnes dans le pays, principalement sur des sites de tri et d'emballage comme celui-ci.

Des membres du syndicat se relaient depuis 5 mois à cette intersection entre une route nationale et des bâtiments industriels. Derrière eux, des bannières appelant à voter ont été déployées sur l'immense entrepôt blanc et gris, à côté d'une lumineuse flèche en forme de sourire, le logo du groupe.

Le pilier des volontaires, Steve, est venu quasiment tous les jours, 3 heures à l'aube et 3 heures en soirée, d'abord pour recueillir des signatures demandant un vote sur la syndicalisation, ensuite pour convaincre les employés de voter oui, et maintenant pour les remercier de leur mobilisation.

«Il est trop modeste pour le dire, mais certains jours il récoltait jusqu'à 50 signatures à lui tout seul !», confie Syrena.

Circulez, y'a rien à voir

Plus de 3 000 salariés ont signé un accord de principe, mais la victoire est loin d'être assurée. Sans s'opposer officiellement aux syndicats, Amazon mène campagne à coup de réunions hebdomadaires, textos et affiches jusque dans les toilettes pour dissuader les employés.

Le syndicat soupçonne même la firme d'avoir demandé aux autorités locales de raccourcir le feu rouge de l'intersection pour empêcher ses membres de discuter trop longtemps avec les conducteurs.

«Du 20 octobre au 25 décembre, on était là 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Donc on s'est bien familiarisés avec le rythme de la circulation. Et un jour le feu rouge a changé. Il est devenu vert quasiment tout le temps», raconte Joshua Brewer, le président local du RWDSU.

Selon le média pro-syndicats More Perfect Union, le comté a confirmé avoir changé la durée du feu rouge sur demande d'Amazon, officiellement pour fluidifier la circulation.

Lafonda Townsend a voté oui à la syndicalisation, pour pouvoir négocier de meilleures conditions de travail, notamment en matière de sécurité, de protection contre la Covid, et de cadences trop élevées. 

Pendant des réunions «obligatoires, trois fois par semaine», «ils nous disaient: "vous n'avez pas besoin de représentants, vous pouvez vous adresser directement à nous, vous n'avez pas besoin de payer des cotisations qui vont s'élever à 500 dollars par an"», relate cette ouvrière afro-américaine.

Du «jamais-vu»

«On reçoit plein de textos d'Amazon qui nous disent de voter non», s'indigne Frances Wallace, une employée de 20 ans venue manifester dans un parc samedi avec une douzaine d'autres personnes.

Elle montre l'un des messages: «J.C., 43 ans, a été embauché en avril. Il adore travailler chez Amazon. Son assurance santé lui permet d'économiser 800 dollars par mois et l'a aidé à payer pour l'appareil dentaire de ses deux fils».

La méfiance règne à Bessemer après des mois de campagne pour et contre, de fausses rumeurs et de tensions, sous les projecteurs des médias qui ont suivi de près le mouvement potentiellement historique. Les efforts précédents de syndicalisation chez Amazon ont échoué aux Etats-Unis.

«Ils ont pilonné les travailleurs jour après jour, en leur disant qu'avec un syndicat ils devraient faire grève, et qu'ils ne pourraient alors plus payer leurs factures», déplore Joshua Brewer. «Certains employés ont peur de perdre leur boulot même si ce n'est pas vrai».

«Engager des entreprises de consultants spécialisés dans la lutte contre la syndicalisation, c'est assez typique, mais on n'a jamais vu ce niveau de sophistication et de peur, de choses qu'ils sont prêts à faire pour étouffer la parole», ajoute-t-il.

Interrogée au début du vote en février, Amazon avait rappelé les créations d'emploi (5 000), le niveau de revenus (15 dollars par heure, plus du double du salaire minimum en Alabama) et les avantages sociaux.

«Plus de 90% de nos collaborateurs à Bessemer disent qu'ils recommanderaient Amazon comme lieu de travail à leurs amis», avait assuré la porte-parole Heather Knox.


Eurostar renforce sa flotte chez Alstom avant la bataille du Paris-Londres

Les trains Eurostar sont garés sur des quais vides à la gare de St Pancras à Londres le 30 décembre 2023, alors que les services sont perturbés par les inondations. (AFP)
Les trains Eurostar sont garés sur des quais vides à la gare de St Pancras à Londres le 30 décembre 2023, alors que les services sont perturbés par les inondations. (AFP)
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  • Eurostar investit 2 milliards d’euros pour commander 50 nouveaux trains Alstom "Celestia", afin de moderniser sa flotte et faire face à l’arrivée de nouveaux concurrents sur la ligne Paris-Londres
  • Les premiers trains entreront en service dès 2031, avec pour objectif de transporter jusqu’à 30 millions de passagers par an et de tripler la capacité d’accueil à la gare de St Pancras d’ici 2028

LONDRES: La compagnie ferroviaire Eurostar a annoncé mercredi avoir choisi le groupe industriel français Alstom pour construire 50 nouveaux trains, dont 20 en option, soit un investissement de 2 milliards d'euros avant l'arrivée de la concurrence sur les liaisons transmanche.

Les premiers trains issus de cette commande, baptisés Eurostar Celestia, qui ont vocation à remplacer des modèles anciens, devraient entrer en service en 2031, a indiqué Eurostar dans un communiqué.

"Les 30 premières (rames) ont été commandées, 20 autres suivront", a précisé cette filiale de la SNCF, qui disposera de 67 rames une fois les 50 nouveaux trains livrés, soit "une augmentation globale de 30%" de sa flotte.

Alstom s'est de son côté félicité dans un communiqué de l'approbation de la première tranche de la commande, qui s'élèvera pour les 30 premiers trains à 1,4 milliard d'euros.

Eurostar, qui opère dans cinq pays (Royaume-Uni, Belgique, France, Pays-Bas et Allemagne) et s'apprête à ouvrir une liaison jusqu'à Genève, espère avec cet investissement transporter 30 millions de passagers par an.

- Livraisons plus rapides -

Les nouvelles rames Eurostar Celestia, qui permettront chacune de transporter plus de 540 voyageurs, seront "conçues sur mesure" dans une optique "haut de gamme", selon la compagnie ferroviaire. Ce modèle est une déclinaison de l'Avelia Horizon, le fleuron à deux étages d'Alstom, dont la SNCF a commandé 115 exemplaires.

Grâce à un contrat de son actionnaire majoritaire avec Alstom, Eurostar avait "la capacité d'avoir des livraisons beaucoup plus rapidement" qu'avec les constructeurs concurrents, a expliqué à l'AFP la directrice générale d'Eurostar, Gwendoline Cazenave.

Elle espère être livrée de la totalité des rames "au milieu des années 2030", à raison de 15 rames par an.

La compagnie ferroviaire entend aussi avec cette commande se préparer à l'arrivée prochaine de concurrents sur son segment le plus important, la ligne Paris-Londres, sur laquelle 8 millions de personnes sont transportées chaque année. Deux millions de passagers supplémentaires y sont attendus d'ici 2030.

Le transporteur ferroviaire italien Trenitalia et le britannique Virgin ont dit vouloir ouvrir une ligne entre les deux capitales d'ici 2029. D'autres compagnies, dont l'espagnole Evolyn et la néerlandaise Heuro, sont intéressées.

Eurotunnel, la société qui gère le tunnel sous la Manche, ne cesse de chercher à attirer de nouveaux opérateurs, l'infrastructure étant en mesure d'accueillir jusqu'à 1.000 trains par jour, contre 400 actuellement (entre Eurostar, Shuttle et fret), avait indiqué son directeur général Yann Leriche.

- Guerre des prix -

Le groupe britannique London St. Pancras Highspeed, qui exploite la ligne à grande vitesse reliant Londres au tunnel sous la Manche, estime lui aussi qu'elle ne fonctionne qu'à 50% de sa capacité.

Eurostar réclame, avant même l'arrivée des concurrents, des espaces supplémentaires, pour les voyageurs comme pour les trains, alors que les infrastructures sont déjà saturées autant dans la gare londonienne de St Pancras qu'à la gare du Nord à Paris.

En 2024, la capacité opérationnelle de St Pancras était de 1.800 voyageurs par heure, selon la compagnie, qui vise près de 5.000 par heure en 2028.

Les usagers espèrent que l'ouverture à la concurrence engendrera une guerre des prix, les billets de train étant souvent bien plus chers que ceux de l'avion sur le Paris-Londres, malgré des premiers tarifs à 39 livres (ou 44 euros).

Environ 19,5 millions de passagers sont montés dans un Eurostar l'année dernière, soit une hausse de 5% par rapport à 2023.


Kering vend sa beauté à L'Oréal pour se relancer

Le groupe français de luxe Kering, malmené depuis plusieurs années, vend sa division beauté à son compatriote L'Oréal pour 4 milliards d'euros, ce qui devrait lui permettre de réduire son endettement et continuer son redressement. (AFP)
Le groupe français de luxe Kering, malmené depuis plusieurs années, vend sa division beauté à son compatriote L'Oréal pour 4 milliards d'euros, ce qui devrait lui permettre de réduire son endettement et continuer son redressement. (AFP)
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  • L'information avait été dévoilée samedi par le Wall Street Journal: Kering cède au numéro un mondial des cosmétiques L'Oréal sa division beauté, créée en 2023 avec notamment l'achat de la marque de parfums de luxe Creed pour 3,5 milliards de dollars
  • La cession, annoncée dans la nuit de dimanche à lundi, est saluée par les marchés à l'ouverture de la Bourse de Paris lundi, où l'action Kering gagnait plus de 5% dans les premiers échanges

PARIS: Le groupe français de luxe Kering, malmené depuis plusieurs années, vend sa division beauté à son compatriote L'Oréal pour 4 milliards d'euros, ce qui devrait lui permettre de réduire son endettement et continuer son redressement.

L'information avait été dévoilée samedi par le Wall Street Journal: Kering cède au numéro un mondial des cosmétiques L'Oréal sa division beauté, créée en 2023 avec notamment l'achat de la marque de parfums de luxe Creed pour 3,5 milliards de dollars.

La réalisation de l'opération est prévue au premier semestre 2026.

La cession, annoncée dans la nuit de dimanche à lundi, est saluée par les marchés à l'ouverture de la Bourse de Paris lundi, où l'action Kering gagnait plus de 5% dans les premiers échanges.

L'accord comprend également "l'établissement des licences de 50 ans pour les marques iconiques de Kering" (Gucci, Bottega Veneta et Balenciaga), L'Oréal possédant déjà depuis 2008 la licence Yves Saint Laurent.

Le partenariat inclut "les droits de conclure un accord de licence exclusif d'une durée de cinquante ans pour la création, le développement et la distribution des produits parfum et beauté de Gucci, démarrant après l'expiration de la licence actuelle avec Coty, dans le respect des obligations du groupe Kering au titre de l'accord de licence existant".

Selon une note des analystes de HSBC, la licence arrive à expiration chez l'américain Coty en 2028.

Il est également inclus un "partenariat exclusif, prévu sous la forme d'une co-entreprise à 50/50, qui permettra de créer des expériences et des services combinant les capacités d'innovation de L'Oréal et la connaissance approfondie des clients du luxe de Kering".

"L'ajout de ces marques extraordinaires complète parfaitement notre portefeuille existant et élargit considérablement notre présence dans de nouveaux segments dynamiques de la beauté de luxe (...) Gucci, Bottega Veneta et Balenciaga sont toutes des marques de couture exceptionnelles qui présentent un énorme potentiel de croissance", déclare le directeur général de L'Oréal, Nicolas Hieronimus, cité dans le communiqué.

"Etape décisive pour Kering"

"Cette alliance stratégique marque une étape décisive pour Kering", déclare son directeur général, Luca de Meo, cité dans le communiqué, "ce partenariat nous permet de nous concentrer sur ce qui nous définit le mieux : notre puissance créative et l'attractivité de nos Maisons".

Cette annonce survient un mois seulement après l'entrée en fonction de Luca de Meo, chargé de redresser le groupe malmené depuis plusieurs années par les difficultés de sa marque phare Gucci, qui assure à elle seule 44% du chiffre d'affaires et les deux tiers de la rentabilité opérationnelle mais n'en finit pas de traverser une mauvaise passe.

"Nous devrons continuer à nous désendetter et, là où cela s'impose, rationaliser, réorganiser et repositionner certaines de nos marques", avait déclaré Luca de Meo le jour de sa nomination le 9 septembre. .

"Le nouveau directeur général de Kering semble déjà vouloir marquer les esprits. Luca de Meo a déclaré que le redressement du bilan constituait une priorité, et qu'une vente de la division beauté permettrait de réduire significativement l'endettement" du groupe, retient lundi Adam Cochrane, analyste de Deutsche Bank.

Kering a annoncé en juillet une chute de 46% de son bénéfice net au premier semestre, à 474 millions d'euros, un plongeon de 16% de son chiffre d'affaires, à 7,6 milliards d'euros, et un endettement de 9,5 milliards d'euros.

Cette vente à L'Oréal devrait permettre au groupe de diminuer sa dette. Les 4 milliards d'euros seront "payables en numéraire à la réalisation de l'opération prévue pour le premier semestre 2026", précise le communiqué.

L'Oréal versera également des redevances à Kering pour l'utilisation des marques sous licence.

L'Oréal a de son côté publié en juillet un chiffre d'affaires semestriel en hausse de 1,6% à 22,47 milliards. Les ventes semestrielles de sa division luxe ont progressé de 1% à plus de 7,65 milliards d'euros.

Le groupe de cosmétiques a également été cité en septembre dans le testament de Giorgio Armani, qui a demandé à ses héritiers de céder à moyen terme son empire à un géant comme LVMH, L'Oréal ou EssilorLuxottica.

L'Oréal possède la licence Armani pour les parfums et cosmétiques depuis 1988.


L’intelligence artificielle, levier d’émancipation pour les femmes selon la directrice de la DCO

Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. » (Photo fournie)
Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. » (Photo fournie)
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  • Pour la directrice générale de la Digital Cooperation Organization (DCO), Hajar El Haddaoui, l’intelligence artificielle (IA) représente une opportunité considérable pour les femmes sur le marché du travail, à condition toutefois de réduire les fractures
  • Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré

PARIS: Pour la directrice générale de la Digital Cooperation Organization (DCO), Hajar El Haddaoui, l’intelligence artificielle (IA) représente une opportunité considérable pour les femmes sur le marché du travail, à condition toutefois de réduire les fractures numériques, de renforcer la coopération internationale et d’intégrer cette technologie au cœur des stratégies nationales de développement.

Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. »

« On voit de plus en plus de femmes s’intéresser à l’IA et aux algorithmes dans différents domaines ; il faut s’en saisir comme d’une opportunité », souligne El Haddaoui, dont l’organisation, fondée à Riyad en 2020, regroupe 16 États membres et compte plus de 40 partenaires issus des secteurs technologique et financier.

Œuvrant essentiellement autour de deux axes stratégiques — la résilience technologique et la prospérité numérique —, la DCO s’est vu accorder un siège d’observateur à l’Assemblée générale des Nations unies en 2022.

L’accès à l’intelligence artificielle n’est cependant pas uniforme à l’échelle mondiale, plaide El Haddaoui, dont l’organisation œuvre pour l’inclusivité numérique et technologique.
« Non, il n’y a pas d’égalité entre les pays, affirme-t-elle sans détour. Certains ont énormément investi dans l’IA et disposent des ressources nécessaires, tandis que d’autres en sont encore loin. »

Elle insiste sur l’importance de la coopération régionale pour réduire ces écarts : « Il faut échanger les bonnes pratiques et, surtout, soutenir les pays en retard par de grands investissements », souligne-t-elle, rappelant que « certains pays n’ont même pas la 5G, ce qui rend toute avancée en IA très difficile ».

Pour elle, la réduction de cette fracture nécessite des partenariats solides entre États, des échanges d’expériences et un appui financier ciblé, afin « de permettre à davantage de pays d’intégrer l’intelligence artificielle dans leurs priorités nationales ».

Cependant, les disparités ne sont pas seulement internationales, souligne El Haddaoui : elles sont également internes, car « dans certains pays, les zones rurales n’ont même pas accès à Internet, alors que d’autres régions abritent des hubs d’innovation très avancés », observe-t-elle.

Cette fracture numérique interne constitue, selon elle, un défi majeur. La solution passe par une stratégie globale d’éducation et d’inclusion : « Il faut prendre en compte l’éducation dès le plus jeune âge, développer des applications accessibles dans les langues locales et former les talents nationaux pour diffuser les connaissances liées à l’IA au sein même du pays. »

Ce n’est qu’une fois ces bases posées que la réduction de la fracture pourra s’étendre aux niveaux régional et mondial.

Interrogée sur le risque de voir le financement de l’IA se faire au détriment d’autres secteurs essentiels, El Haddaoui se veut rassurante : « Si l’intelligence artificielle est intégrée dans la stratégie numérique nationale et appliquée à tous les secteurs — santé, finance, économie ou éducation —, elle ne concurrence pas les autres investissements, elle les renforce », explique-t-elle.

Elle met toutefois en garde contre une approche sectorielle trop étroite : « Dans les pays où l’investissement est concentré uniquement sur l’IA sans vision transversale, le risque existe. Il ne faut pas répéter les erreurs commises lors de la transformation digitale dans certaines régions. L’IA doit être pensée comme une stratégie cross-industry, présente dans tous les secteurs et non en silo. »

Pour cette raison, ajoute-t-elle, la DCO travaille avec de nombreux États membres, dont le Maroc : « Nous sommes présents sur le terrain dans plusieurs pays membres afin d’accompagner le développement numérique local », précise-t-elle.