Soignants, profs, pays voisins, Macron résiste sous haute pression

Pris au milieu de ces tirs croisés, Emmanuel Macron a défendu ses choix jeudi. «Je n'ai aucun mea culpa à faire, aucun remords, aucun constat d'échec», a-t-il lancé (Photo, AFP).
Pris au milieu de ces tirs croisés, Emmanuel Macron a défendu ses choix jeudi. «Je n'ai aucun mea culpa à faire, aucun remords, aucun constat d'échec», a-t-il lancé (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 30 mars 2021

Soignants, profs, pays voisins, Macron résiste sous haute pression

  • «En imposant aux soignants de décider quel patient doit vivre, le gouvernement se déresponsabilise de façon hypocrite», accusent les médecins de l'AP-HP
  • Face à l'accélération des contagions, les professionnels de santé tirent depuis deux semaines la sonnette d'alarme

PARIS: Appels de médecins, d'enseignants, d'élus, pays voisins qui filtrent aux frontières, pic d'octobre dépassé en réanimation, rarement la pression sur Emmanuel Macron n'aura été si forte pour lui dicter un tour de vis qu'il s'est jusqu'ici refusé à prendre.

Cela fait deux fois, le 29 janvier et le 18 mars, que le chef de l'Etat a décidé de mesures moins strictes que celles réclamées par les experts malgré un taux élevé de cas, en tablant sur une stabilisation avec la vaccination. 

Fin janvier, alors que le pays s'attendait à un reconfinement, il se bornait à fermer les grands centres commerciaux et les frontières extérieures. Le 18 mars, il déjouait encore les pronostics en décidant un confinement sans enfermement, avec fermeture de certains commerces et limitation des déplacements régionaux, une formule hybride.

Mais la dégradation de la situation sanitaire, avec le pic de l'automne dépassé lundi en termes de réanimations, ainsi qu'une salve unanime de réclamations pèseront sur les décisions qui pourraient intervenir lors du Conseil de défense mercredi ou pas.  

Face à l'accélération des contagions, les professionnels de santé tirent depuis deux semaines la sonnette d'alarme. Ce week-end, deux tribunes, l'une signées de 41 directeurs de crise des hôpitaux parisiens, l'autre de neuf médecins, accusent l'exécutif de leur imposer, sans le dire, un imminent tri des malades. 

«En imposant aux soignants de décider quel patient doit vivre, le gouvernement se déresponsabilise de façon hypocrite», accusent les médecins de l'AP-HP.

Lignes rouges 

Or cette hypothèse a toujours été présentée par le chef de l'Etat comme une ligne rouge. «Emmanuel Macron ne veut pas être le président d'un pays où on dit à l'un, vous pouvez aller en réanimation, à l'autre, vous ne pouvez pas», explique une source gouvernementale.

Les averstissements se multiplient également chez les enseignants, qui relatent les difficultés à faire fonctionner des établissements dont les personnels sont touchés par l'épidémie. Des maires et des élus appellent désormais à fermer les écoles, notamment en Seine-Saint-Denis, où l'incidence atteint un record de près de 800 nouveaux cas enregistrés en une semaine pour 100 000 habitants.

Là encore, le choix est difficile pour Emmanuel Macron, qui a mis un point d'honneur à garder les établissements ouverts, au nom du bien-être des enfants, de la continuité éducative mais aussi du fonctionnement du pays. Renvoyer les enfants à la maison oblige leurs parents à télétravailler.

Autre signal, les décisions de l'Allemagne puis de l'Espagne depuis ce week-end d'imposer des tests aux frontières pour les Français, voire une quarantaine. Une déception pour Emmanuel Macron, particulièrement attaché au maintien de l'ouverture des frontières intra-européennes. Il est entouré de voisins qui se reconfinent, comme l'Italie, ou durcissent leurs restrictions, comme l'Allemagne.

Pris au milieu de ces tirs croisés, Emmanuel Macron a défendu ses choix jeudi. «Je n'ai aucun mea culpa à faire, aucun remords, aucun constat d'échec», a-t-il lancé. Mais il a néanmoins évoqué de nouvelles mesures prochainement, «sans tabou».

L'exécutif accuse les opposants de prêcher tout et son contraire. «Les mêmes qui appelaient à ne pas confiner fin janvier sont les mêmes qui appellent désormais à le faire. Vous avez des retournements de veste énormes. Ils font de la situation l'antichambre de leur élection. c'est triste», réplique un membre de l'exécutif, en allusion notamment à Xavier Bertrand, candidat à 2022. 

Pour le gouvernement, le maintien des écoles ouvertes jusqu'à maintenant reste en tout cas un succès et chaque jour ouvert est un jour gagné. «Les écoles doivent rester ouvertes aussi longtemps que c'est possible», a répété Aurore Bergé (LREM). 

En revanche, l'exécutif reconnaît un échec sur les incitations au télétravail. «A chaque fois qu'on dit: “Télétravaillez”, on voit une montée du télétravail, puis ça se relâche», regrette une autre source gouvernementale. «On a gagné quelques semaines de vie moins dure. Et en même temps, on n'a pas pris zéro mesures. Loin de là. On a agi», fait valoir la même source.

Reste que le mois d'avril pourrait s'avérer le plus compliqué à gérer depuis le début de l'épidémie, sous l'effet de la troisième vague due au variant anglais, avant l'impact de vaccinations qui se fait attendre. Faute de nouvelles mesures, la pression sur le chef de l'Etat risque de s'accentuer encore dans les jours qui viennent.


«Simplification!» Bruno Le Maire dévoile son «plan d'action» anti-paperasse pour les entreprises

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • La commande publique, «qui obéit à des règles dignes de Balzac», sera également simplifiée
  • Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers

 

PARIS: "Balzac", "Kafka" et "Ubu" contre le 21e siècle: le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a présenté mercredi en conseil des ministres un plan visant à débarrasser les entreprises de "la paperasse", via notamment un nouveau bulletin de salaire.

Après le Premier ministre Gabriel Attal, qui a présenté mardi des mesures de "débureaucratisation" de l'administration à destination des particuliers, M. Le Maire a dévoilé mercredi comment l'Etat allait aider des patrons de TPE et PME "fatigués, exaspérés" par les tâches administratives auxquelles ils consacrent "en moyenne huit heures par semaine", l'équivalent de trois points de PIB par an.

Il y a en France 400.000 normes applicables, les huit principaux codes comptent 23.000 pages... contre 828 en 1833, et entreprises et administrations s'envoient chaque année 253 millions de courriers, met en avant Bercy.

Pour les petits patrons, "on est parfois chez Kafka", a remarqué la ministre des Entreprises, Olivia Grégoire.

D'où ce "plan d'action : simplification!", en 50 mesures dont la moitié feront l'objet d'un projet de loi discuté à partir du 3 juin au Sénat.

Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers; une possible future feuille de paye simplifiée, qui devrait passer de 55 à 15 lignes, ou des astreintes pour les assureurs qui ne respectent pas les délais d'indemnisation.

M. Le Maire a aussi annoncé la suppression des 1.800 formulaires administratifs Cerfa d'ici à 2030, dont 80% d'ici à 2026. Cela dans le cadre d'une philosophie "dites le nous une fois", pour éviter de multiplier la communication des mêmes documents à plusieurs administrations.

Il a annoncé aussi "une revue complète" sur trois ans des 2.500 autorisations administratives. L'obligation pour l'employeur d'envoyer les arrêts-maladie à la Sécu est supprimée.

La commande publique, "qui obéit à des règles dignes de Balzac", sera également simplifiée, avec le dépôt de tous les appels d'offres publics sur une plateforme unique, Place, en 2027.

«Trouille»

M. Le Maire a confirmé l'institution d'un "test PME", pour évaluer l'impact de nouvelles normes pour les petites et moyennes entreprises, avant leur application.

"Certains patrons disent qu'ils ont la trouille d'avoir fait une erreur, mais il n'y a aucune raison d'avoir peur de l'administration", a-t-il observé.

Il a ainsi annoncé que le rescrit, la possibilité de demander au fisc de se prononcer sur tel ou tel point, afin d'éviter des problèmes ultérieurs, serait élargi à d'autres administrations comme la Direction générale de la concurrence, de la consommation, et de la répression des fraudes (DGCCRF) ou aux Douanes.

"Toujours dans cette logique de confiance", des peines de prison prévues pour certains manquements déclaratifs seront supprimées, au profit de sanctions moins lourdes. "Les chefs d’entreprise ne sont pas des bandits en puissance", a dit M. Le Maire.

Tandis que le ministre de l'Industrie Roland Lescure observait "qu'Ubu est encore un peu roi dans notre pays", M. Le Maire a dévoilé des mesures de simplification spéciales pour les industriels.

Notamment, "les grands projets industriels n'auront plus à organiser un débat au titre de la Commission nationale du débat public (CNDP)" et la compensation environnementale des projets pourra s'effectuer "dans un délai raisonnable", et non plus immédiatement.

Il s'est toutefois opposé "avec colère" à l'idée que Bercy reculerait ainsi sur l'écologie.

Chaque année enfin, sera organisée une nouvelle revue des mesures "inutiles ou trop lourdes". Le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a assuré de "l'engagement de l'administration à installer le plan dans la durée".

Les patrons ont plutôt bien réagi au plan : "Je veux y croire", a indiqué à l'AFP François Asselin, président de la CPME, "car il semble que Bercy ait embarqué toute l'administration" sur ce projet.

Le Medef pour sa part "soutient l'esprit" du texte, qui néanmoins "n'épuise pas l'ensemble du chantier de simplification".

Le premier syndicat patronal a cependant mis en garde contre "des signaux contradictoires", évoquant la transposition en France de directives européennes complexes comme la CSRD et le devoir de vigilance, ou encore l'accord trouvé mardi sur le Compte épargne temps universel (Cetu) entre une autre organisation, l'U2P, et des syndicats.


Tournée du chef de la diplomatie française au Proche-Orient

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction
  • Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères va se rendre à partir de samedi au Proche-Orient où il évoquera notamment l'instabilité au sud Liban et la situation à Gaza, a-t-on appris mercredi auprès de son entourage.

Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction.

Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël, a-t-on précisé.

Le président français Emmanuel Macron a reçu vendredi à l'Elysée le Premier ministre libanais Najib Mikati ainsi que le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun dans un nouvel effort pour contenir la montée des violences entre le Liban et Israël.

Stéphane Séjourné devrait, lui, évoquer les propositions françaises qu'il avait portées en février pour désamorcer le conflit à la frontière libano-israélienne.

Beyrouth a pris acte de ces propositions sans pour autant les endosser alors que les Etats-Unis sont aussi à la manoeuvre.

Stéphane Séjourné poursuivra sa tournée en Arabie saoudite. Il s'agira là de sa première visite bilatérale, qui sera centrée sur les enjeux économiques, énergétiques, environnementaux et de défense, a-t-on indiqué de même source.

Le 30 avril, le chef de la diplomatie sera en Israël avant de se rendre dans les territoires occupés le lendemain. La France entend jouer un rôle actif "dans les efforts pour trouver une solution politique" à la guerre à Gaza avec un double enjeu "obtenir la libération des otages" toujours retenus par le groupe islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza et obtenir "un cessez le feu durable", a rappelé l'entourage du ministre.


Grève des contrôleurs: des «  dizaines de millions d'euros » en jeu, prévient ADP

Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
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  • Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français
  • Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi

PARIS: La facture de la grève des contrôleurs aériens français prévue jeudi pourrait se chiffrer en "dizaines de millions d'euros" pour les compagnies aériennes et les aéroports, et affecter des dizaines de milliers de passagers, selon le gestionnaire des aéroports parisiens.

"Pour les compagnies aériennes, pour les aéroports, ce sont plusieurs dizaines de millions d'euros qui sont en jeu, chaque jour", a déclaré mercredi le PDG du Groupe ADP, Augustin de Romanet, au micro de la radio Franceinfo.

Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français.

Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi.

Cette proportion montera à 75% à Paris-Orly, deuxième aéroport français, et 65% à Roissy, le premier, et Marseille. Elle sera de 60% à Toulouse et Nice, et 50% pour les autres aéroports.

"Les abattements de vols qui vont être demandés aux compagnies sont extrêmement élevés, c'est rarement vu dans notre histoire", a commenté M. de Romanet.

"C'est vraiment très pénalisant pour les passagers", a déploré le PDG, alors que deux des trois grandes zones académiques sont en vacances de printemps.

Des dizaines voire des centaines de milliers de voyageurs risquent de voir leur vol annulé. Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français.

Face à l'échec des négociations avec la DGAC jusqu'ici, le SNCTA, syndicat majoritaire des contrôleurs aériens, a même déposé un deuxième préavis de grève en plein week-end de l'Ascension, les jeudi 9 (férié), vendredi 10 et samedi 11 mai.

"Je fais confiance aux négociateurs et à leur esprit de responsabilité pour que cette grève (...) n'ait pas lieu. On arrive à très fortement abîmer la sérénité des Français et des étrangers avec ces mouvements qui objectivement devraient pouvoir être réglés par la négociation", a jugé Augustin de Romanet.

Pour lui, "les réformes de productivité qui sont demandées (aux contrôleurs) par le gouvernement sont nécessaires, et sont demandées par les compagnies aériennes, notamment les compagnies européennes quand elles survolent la France. Elles ont besoin d'un contrôle aérien aussi efficace que possible".