«Libérez-nous!»: dans le camp fermé de Lesbos, les migrants «étouffent»

Des affiches appelant à «Jamais plus de Morias» faisant référence au camp de réfugiés de Moria sur l'île grecque de Lesbos qui a brûlé, sont accrochées sur un arbre le 18 février 2021 dans le quartier de Kreuzberg à Berlin (Photo, AFP).
Des affiches appelant à «Jamais plus de Morias» faisant référence au camp de réfugiés de Moria sur l'île grecque de Lesbos qui a brûlé, sont accrochées sur un arbre le 18 février 2021 dans le quartier de Kreuzberg à Berlin (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 30 mars 2021

«Libérez-nous!»: dans le camp fermé de Lesbos, les migrants «étouffent»

  • «Libérez-nous, il faut nous libérer», scandent une dizaine de femmes venues du Mali et de RDC
  • Si tous s'accordent à dire que «la sécurité y est meilleure» qu'à Morias, les conditions de vie n'en sont pas plus enviables

GRECE: «Libérez-nous, on étouffe ici»: dans le camp de Lesbos, en Grèce, les migrants se ruent sur la nuée de journalistes autorisés exceptionnellement à arpenter quelques rangées de tentes, et laissent exploser leur colère d'être parqués depuis sept mois «comme des porcs».  

On l'appelle camp de Mavrovouni, du nom grec de la montagne noire où il est érigé, ou encore «Moria 2.0» car il a été bâti en urgence après l'incendie du tentaculaire bidonville de Moria, début septembre 2020. 

Si tous s'accordent à dire que «la sécurité y est meilleure» qu'à Moria, les conditions de vie n'en sont pas plus enviables.

«Les gens se plaignent de tout, en particulier l'hiver, avec les grosses pluies, sans chauffage, il a fait très froid», rapporte Raed Alobeed, un réfugié syrien de 45 ans, qui a créé une organisation d'aide aux demandeurs d'asile.

Dans les tentes de ce camp censé être provisoire, qui doit être remplacé l'hiver prochain par un nouveau centre pour demandeurs d'asile, «les nuits sont très très froides et c'est très difficile avec un bébé de 5 mois», abonde son compatriote de 25 ans, Abdelkhader Ali.

Sur l'ancien terrain de l'armée, soumis aux intempéries, «la pluie ruisselle dans les tentes, mais c'est mieux que rien», souligne Shafi Dibiere, un Somalien de 27 ans.

Pour Bakari, un jeune migrant malien, «c'est un peu mieux qu'à Moria», mais «ça fait trois jours qu'on ne s'est pas lavé». 

Pas d'eau chaude, peu de douches et de toilettes, les «conditions sanitaires et hygiéniques ne sont pas bonnes», déplore aussi Jacques, venu de République Démocratique du Congo (RDC).

«Ici, la police travaille»

Mais «ici au moins la police travaille», tempère-t-il, «ici, on est en sécurité par rapport à Moria».

Les violences étaient fréquentes dans le «vieux camp de Moria», rappelle Raed. Les femmes violées, «les gens poignardés, les vols, la mafia, la vente de drogue, etc, ici, c'est presque fini, avec environ 300 policiers», se félicite le réfugié syrien.

Mais pour le Congolais Jogo, qui comme beaucoup ne donne que son prénom, «la police vient seulement quand il y a des bagarres». «Ici, on ne vit pas, on est comme des porcs». 

Pour manger, «on fait avec ce qu'ils nous donnent, deux repas par jour», ajoute Jacques, car «on n'a pas d'autre endroit pour aller chercher de la nourriture». Pour cause de confinement, ils ne sont autorisés à sortir qu'une à deux fois par semaine, contrairement à Moria, où ils pouvaient descendre en ville pour faire leurs courses.

Car c'est surtout de leur enfermement dont les migrants de Mavrovouni se plaignent. De leur lassitude aussi, après des mois, des années à attendre l'asile. 

Alors quand au détour des tentes blanches du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) de l'ONU surgit une nuée de journalistes sous escorte policière, autorisés à leur parler quelques minutes lundi à l'occasion de la visite à Lesbos de la commissaire européenne Ylva Johansson, ils laissent exploser leur colère. 

«C'est une prison ici, on ne peut rien faire», fustige Jawed, un Afghan de 34 ans, qui espérait parler à Mme Johansson.

Mais la commissaire européenne n'est finalement pas revenue. A son atterrissage à Mavrovouni plus tôt dans la journée, une foule de migrants avait entouré son appareil puis sa voiture.

Ahad, un père syrien de sept enfants, craint d'être renvoyé en Turquie, après avoir été débouté par trois fois de l'asile.

«Nous aimons la Grèce et pourquoi la Grèce ne veut pas de nous?», a clamé Cédric, venu de RDC pour «chercher l'asile».

«Libérez-nous, il faut nous libérer», scandent une dizaine de femmes venues du Mali et de RDC, en se dirigeant vers la sortie du camp.

L'une d'elles, à Lesbos depuis 2019, lance: «J'ai déjà fait le grand interview, et rien ne bouge, je veux sortir d'ici, libérez-nous s'il-vous-plaît, on veut aller à l'école, on veut construire notre famille». 

Et quand les grilles se referment derrière les derniers journalistes, elle hurle: «on étouffe ici».


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.