Comment le monde arabe peut lutter contre les effets insidieux de la pandémie sur la santé mentale

Les experts disent qu’il existe de nombreuses façons de maintenir un bon équilibre mental pendant les périodes troubles dues à la Covid-19. (Shutterstock / archive photo)
Les experts disent qu’il existe de nombreuses façons de maintenir un bon équilibre mental pendant les périodes troubles dues à la Covid-19. (Shutterstock / archive photo)
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Publié le Vendredi 02 avril 2021

Comment le monde arabe peut lutter contre les effets insidieux de la pandémie sur la santé mentale

  • «L’empathie est l’élément clé gagnant pour chaque homme et chaque femme. L’empathie l’emporte toujours dans la vie», assure Ally Salama
  • Le jeune universitaire et athlète milite pour que chaque foyer arabe s’approprie les questions de santé mentale et de bien-être

DUBAÏ : Parmi les nombreux problèmes du monde arabe exacerbés par la pandémie de coronavirus, celui de la santé mentale est des plus insidieux.

Heureusement, un jeune Arabe s’est donné pour mission d’initier la discussion sur ce sujet dans la région et de lutter contre la stigmatisation latente qui vise la dépression et l’anxiété.

Tout commence il y a quelques années quand Ally Salama, un athlète égyptien de 24 ans, déménage à Toronto, au Canada, pour poursuivre des études universitaires en entrepreneuriat et innovation. Après une enfance heureuse passée au Caire et à Dubaï, indique Ally, ce changement radical de son environnement culturel le plonge dans la solitude.

«Je me suis fait mon premier ami quatre ans et demi après mon premier jour d’université», confie-t-il à Arab News. «C’était très dur. Nous sommes très intelligents sur le plan culturel, mais je ne voulais pas abandonner mes valeurs. J’étais incapable de me mêler au groupe. Du coup, j’ai perdu tous mes repères en un an et demi. Je me sentais complètement différent physiquement, mentalement et psychologiquement. Cela m’a causé beaucoup de problèmes à l’université.»

La dépression s’est rapidement installée. Il se souvient avoir été incapable de se lever ou de subvenir à ses besoins psychologiques de base.

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Le coût économique annuel mondial estimé des troubles de santé mentale s’élève à 2,5 milliards de dollars. (Shutterstock / fichier photo)

 

«Fumer et boire, ce n’était pas ma tasse de thé, c’est ce qui a créé le plus grand fossé avec les autres dans la vie universitaire», raconte-t-il.

Après avoir demandé à contrecœur l’aide de son conseiller universitaire, Ally trouve les outils dont il avait besoin pour faire face et, depuis, il cherche à aider les autres. «Il en faut beaucoup pour qu’un homme l’admette», souligne Ally. «C’est très difficile, et je suis ici pour faire avancer cette prise de conscience. Je ne connaissais personne qui était passé par là pour me dire que c’était normal. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé qu’il y a tant de gens qui se sentent comme moi mais qui n’ont pas le courage de l’affronter.»

Sa guérison a changé sa conception du potentiel humain ‒ pas uniquement en termes de forme physique, mais de combinaison physique et mentale. Ainsi, lorsqu’un projet universitaire s’est présenté sur la résolution de problèmes entrepreneuriaux, il en a profité pour lancer une plate-forme en ligne appelée «Break the Silence Egypt».

En une nuit, 180 personnes ont livré de manière anonyme des témoignages révélant leurs sentiments les plus profonds et les plus sombres, en anglais et en arabe. «Cela m’a fait réaliser que ça me dépassait», déclare M. Salama. «La santé mentale est un problème.»

 

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Un homme portant un masque passe devant une peinture murale dans le cadre du festival Cities of Hope à Manchester qui souligne les effets sur la santé mentale alors que le nombre de cas du Covid-19 augmente en 2020 (AFP / Archive)

 

Après avoir obtenu son diplôme en 2019, il fait un bref passage en tant que banquier au Canada avant de se rendre compte qu’il est à la mauvaise place.

En parallèle, il développe un magazine de santé mentale pour le Moyen-Orient appelé EMPWR. Le premier numéro sort en mars 2019, lors de sa dernière année à l’université.

En juillet de cette même année, le mentor de Salama, le Dr Nasser Loza, président élu de la Fédération mondiale pour la santé mentale et consultant de l’Organisation mondiale de la santé, lui recommande de prendre la parole lors d’un atelier des Nations unies à Charm el-Cheikh sur le rôle des médias dans la déstigmatisation des problèmes de santé mentale.

«J’ai évoqué les perceptions des gens et les raisons pour lesquelles le travail des médias nuit à la qualité de leur vie», se souvient M. Salama. «Cette expérience a changé ma vie. La dépression et les maladies mentales ne sont pas rationnelles ‒ vous ne voulez même pas aller mieux, c’est irrationnel.»

 

La santé mentale en chiffres

* 2,5 milliards de dollars ‒ Estimation du coût économique mondial annuel des troubles de santé mentale.

* 38% ‒ Pourcentage d’Arabes qui connaissent une personne souffrant de problèmes de santé mentale.

* 56% ‒ Pourcentage d’Arabes qui déclarent que les soins de santé mentale de qualité sont difficiles d’accès.

* 48% ‒ Pourcentage d’Arabes qui déclarent que recourir aux soins de santé mentale est perçu négativement dans leur pays.

Source: Enquête sur la jeunesse arabe 2020, OMS

Ce n’était qu’une question de temps avant qu’EMPWR ne devienne l’un des principaux magazines de santé mentale de la région, depuis sa base au Canada.

«Le plus gros problème avec les Arabes est que, peu importe le volume de ce qu’ils lisent en ligne (sur les problèmes psychologiques), la question n’est pas culturellement pertinente pour leurs relations, mariages, cultures, maisons et pensées», déclare Salama.

«L’un des grands atouts du succès du soutien psychologique est l’échange avec la personne en face de vous et de comprendre d’où elle vient. Je l’ai compris grâce à mon expérience.»

Très vite, le projet se développe en podcast avec le lancement d’Empathy Always Wins. «Le podcast est éducatif – 70% des auditeurs ont un diplôme d’études supérieures», souligne-t-il.

«Nous avons donné la parole aux auteurs à succès du New York Times, au n° 1 mondial de squash et à des hommes d’affaires que les gens respectent vraiment.»

Avec plus de 100 000 téléchargements l’année dernière et un classement parmi les sept meilleures initiatives sociales de Harvard en 2019, le succès du podcast a conduit Salama à lancer The Art of Podcasting School avec Microsoft For Startups.

Il décrit son podcast comme une exploration complète et désinhibée des vulnérabilités personnelles, dans le but de faire de la capacité à partager et à comprendre les sentiments des autres un élément de force.

«L’empathie est l’élément clé gagnant pour chaque homme et chaque femme. L’empathie l’emporte toujours dans la vie», assure-t-il.

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Bayda Othman, psychologue de l’ONG Première Urgence, en consultation en novembre avec un patient au centre de santé mentale du camp de réfugiés Yazidis de Bajet Kandala près de Dohuk, à 430 kilomètres au nord-ouest de la capitale irakienne, à la frontière avec la Syrie. 18 janvier 2020 (AFP / archive)

 

Bien que le contenu du magazine soit actuellement uniquement en anglais, Ally prévoit de lancer bientôt une version arabe. Et il semble y avoir un intérêt certain sur ce sujet.

Lorsqu’il a commencé à poster sur son compte Instagram en arabe et en anglais, il a vu ses followers passer de 5 000 à 73 000 en seulement six mois.

«Il est nécessaire que les visages aient l’air vulnérable ‒ les gens se connectent avec les gens, pas avec les logos», insiste-t-il, décrivant le rôle positif des influenceurs et des ambassadeurs comme lui. «C’est ainsi que vous faites passer le message. Les gens doivent présenter des fragilités pour devenir des meneurs.»

Aujourd’hui, M. Salama travaille en étroite collaboration avec les écoles, les universités et les entreprises pour les aider à lancer des programmes autour de la santé mentale. Jusqu’à présent, 40 écoles au Canada en ont bénéficié, ainsi que Microsoft, le Capital Club et l’Université Heriot-Watt de Dubaï.

«Il s’agit de sensibiliser et d’inciter d’autres personnes à rechercher cette aide», précise Salama. «Je ne suis qu’un intermédiaire. Mais ma plus grande passion est de parler à de jeunes enfants. Plus est lourd le fardeau de la honte et la culpabilité, plus nous menons des vies psychologiquement perturbées, angoissées et traumatisantes.»

Aujourd’hui, il veut transmettre le même message au Moyen-Orient, où il pense que des millions de personnes sont susceptibles de bénéficier de son expérience. Il veut que chaque foyer arabe discute de santé mentale et de bien-être.

Il estime que le moment est venu pour les jeunes Arabes de s’attaquer à ces problèmes, d’autant que la vie est devenue de plus en plus instable à la suite de la pandémie.

 

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En l’absence de ralentissement des infections à la Covid-19 dans de nombreux pays, d’une augmentation constante des informations et des statistiques angoissantes et des défis sans précédent à la maison et sur le lieu de travail, il est naturel que les gens se sentent dépassés. (Shutterstock / fichier photo)

 

«Que cela vous plaise ou non, vous ne vous sentirez en paix à aucun moment, parce que nous sommes bombardés, ce qui peut causer du stress», souligne M. Salama.

En l’absence de ralentissement des infections à la Covid-19 dans de nombreux pays, d’une augmentation constante des informations et des statistiques angoissantes et de défis sans précédent à la maison et sur le lieu de travail, il est naturel que les gens se sentent dépassés, anxieux et stressés.

Les experts assurent qu’il existe de nombreuses façons de maintenir un bon équilibre mental par ces temps troubles.

Parmi eux, il y a les avantages d’établir une bonne routine, en se concentrant sur les choses que vous pouvez contrôler, comme l’exercice physique et une alimentation saine, des espaces de vie bien rangés et une consommation de nouvelles limitée.

«Les gens se sentent plus que jamais seuls, en particulier pendant la pandémie», souligne Salama. Pour lui, prendre soin de sa santé mentale équivaut à s’étirer avant une séance d’entraînement pour éviter les blessures physiques.

«Au sport, nous n’attendons pas de nous blesser pour nous échauffer», conclut-il. «Nous nous échauffons pour une performance optimale.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L'Arabie saoudite et l'Arménie: une «feuille de route» pour renforcer les relations diplomatiques, déclare le ministre des AE, Ararat Mirzoyan, à Arab News

Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)
Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)
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  • «Aucune limite» aux opportunités de coopération entre l’Arabie saoudite et l’Arménie, déclare le ministre des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, lors de sa visite «historique» à Riyad
  • Il affirme que le gouvernement arménien soutient un cessez-le-feu à Gaza et la solution des deux États pour Israël-Palestine

RIYAD: L'Arménie s'engage à établir une «feuille de route» pour renforcer ses relations diplomatiques avec l'Arabie saoudite, a déclaré Ararat Mirzoyan, ministre arménien des Affaires étrangères, lors d'une interview exclusive accordée à Arab News jeudi en marge d'une visite dans le Royaume.

Lors d'une discussion approfondie qui a couvert divers aspects, notamment le développement des liens bilatéraux, le processus de paix dans le Caucase du Sud et la guerre à Gaza, Mirzoyan a souligné que l'établissement de relations diplomatiques officielles en novembre dernier marquait le début d’une nouvelle ère de coopération entre les deux pays.

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, affirme qu'il n'y a «aucune limite» aux opportunités de coopération entre l'Arabie saoudite et l'Arménie. (Photo, AN)

«Il est essentiel de souligner que nos liens historiques avec le monde arabe, avec tous les pays arabes, reposent sur des relations amicales ancrées dans la tradition entre nos peuples respectifs,», a-t-il déclaré. «Nous devons garder à l’esprit que de nombreux pays arabes ont accueilli des réfugiés survivants du génocide arménien. Mais bien sûr, nos liens culturels et nos relations existaient même avant cela.»

Mirzoyan a rencontré son homologue saoudien, le prince Faisal ben Farhane, à Riyad mercredi, et il a également été reçu aux ministères saoudiens de l'Éducation et de l'Économie.

«Nous ne voulons pas nous arrêter là. Il existe de nombreux domaines où nous pouvons approfondir notre coopération et explorer de nouvelles opportunités. Nous espérons qu’après cette visite une feuille de route pour le développement des relations émergera», a-t-il ajouté.

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane (à droite), reçoit le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, avant leur rencontre à Riyad, le 17 avril 2024. (Photo, SPA)

Ces dernières années ont été marqués par un réchauffement progressif des relations entre les deux pays. En octobre 2021, le président arménien de l'époque, Armen Sarkissian, s'était rendu en Arabie saoudite, marquant ainsi le début d'un nouvel avenir diplomatique pour l'Arménie.

Bien que les relations diplomatiques formelles soient récentes, M. Mirzoyan est très optimiste quant aux avantages mutuels de développer ces liens.

«Franchement, il n'y a pas de limite», a-t-il déclaré. «L'éducation, les sciences, les technologies de pointe, le développement urbain, l'agriculture, le tourisme, les contacts entre les peuples, le commerce, les investissements et les infrastructures. Il se passe tellement de choses ici en Arabie saoudite, mais aussi en Arménie».

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, s'est également entretenu avec le ministre saoudien de l'Économie et de la Planification, Faisal F. Al-Ibrahim, à Riyad le 17 avril 2024. (Photo SPA)

Mirzoyan a salué le lancement des vols commerciaux entre Riyad et la capitale arménienne, Erevan, par la compagnie aérienne saoudienne Flynas, en juin de l'année dernière, affirmant qu'il s'attend à ce que cette initiative stimule le tourisme entre les deux nations.

Le ministre des Affaires étrangères a également félicité l'Arabie saoudite pour avoir remporté sa candidature pour l'Expo 2030, candidature que l'Arménie a soutenue en 2022.

«Notre vision est que nous devrions établir une coopération très étroite et solide avec l'Arabie saoudite, y compris en ce qui concerne les affaires régionales, mais aussi les forums internationaux», a-t-il déclaré.

«J’entrevois également la possibilité d’une coopération étroite dans les forums internationaux. Encore une fois, je tiens à mentionner que lorsque l'Arabie saoudite a présenté sa candidature pour l'Expo 2030, l'Arménie figurait parmi les pays qui l'ont soutenue.»

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Les ministres des Affaires étrangères saoudien et arménien, accompagnés de leurs délégations respectives, réunis à Riyad le 17 avril 2024. (Photo SPA)

Mirzoyan a également exprimé son soutien à une solution à deux États et à un cessez-le-feu en Palestine. En décembre de l'année dernière, l'Arménie s'est jointe à l'Arabie saoudite et à plus de 150 autres pays à l'Assemblée générale des Nations unies pour voter en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza. En outre, l'Arménie serait prête à agir en tant que facilitateur potentiel entre les deux parties, si nécessaire et sur demande.

«L'Arménie a toujours soutenu la solution à deux États pour la Palestine et Israël, et condamne fermement la violence et le ciblage des populations civiles», a déclaré Mirzoyan, soulignant que l'Arménie avait très récemment été victime de cette violence.

«Nous condamnons fermement toute violence à l'encontre des populations civiles», a-t-insisté.

Outre les mots de soutien, l'Arménie a pris des mesures concrètes pour aider les populations civiles touchées par le conflit. Le mois dernier, elle a envoyé 30 tonnes de nourriture et de médicaments aux civils palestiniens déplacés et réfugiés à Rafah.

«L'Arménie déplore des dizaines de milliers de victimes innocentes de l'escalade des hostilités à Gaza. Nous-mêmes avons vécu l'horreur des attaques contre les civils et les infrastructures civiles, et nous nous joignons aux appels de la communauté internationale en faveur d'un cessez-le-feu immédiat à Gaza», a déclaré le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan lors d'une conférence de presse donnée à l’occasion de sa visite en Égypte pour discuter de la livraison d'aide.

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Des Palestiniens inspectent une maison détruite par une frappe israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 avril 2024. (Reuters)

Mirzoyan a exprimé son espoir que l’assistance «puisse aider un tant soit peu à alléger la situation et soulager la souffrance de ces personnes».

Concernant les relations plus proches, Mirzoyan a exprimé son désir d’aboutir à la paix entre l'Arménie et les autres nations du Caucase du Sud, tout en admettant que la paix durable nécessitera des efforts pour surmonter les obstacles.

«Il y a vraiment une opportunité, un élan tout à fait réaliste, pour construire une paix et une stabilité durables dans le Caucase du Sud. Mon gouvernement est pleinement engagé dans la voie de la paix, et nous sommes engagés dans des négociations de bonne foi et constructives. Cependant, pour être honnête, il reste encore quelques problèmes cruciaux où les positions des parties divergent. Le premier problème étant, bien entendu, la question des frontières et de la reconnaissance mutuelle de l'intégrité territoriale.» 

Dans le Caucase du Sud, les tensions territoriales sont fréquentes entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan depuis la chute de l'Union soviétique en 1991.

Pour normaliser les relations, Mirzoyan a souligné l’importance du respect des principes de souveraineté, de juridiction, d'égalité et de réciprocité par toutes les parties concernées.

«Nous sommes convaincus que tout peut être débloqué, y compris les voies ferrées, et nous pensons que tout ce qui sera débloqué doit rester sous la souveraineté des pays respectifs.»

«L'infrastructure sur le territoire arménien doit demeurer sous la souveraineté de l’Arménie tout comme l'infrastructure azérie sous la souveraineté de l'Azerbaïdjan. De plus, toutes ces infrastructures doivent fonctionner conformément à nos législations nationales, dans le respect des principes d'égalité et de réciprocité.»

Mirzoyan a ajouté que l'Arménie était en mesure de garantir la sécurité des personnes et des marchandises traversant son territoire sans nécessiter la présence d'un pays tiers.

Il a également expliqué que son pays avait lancé une initiative visant à améliorer les perspectives de stabilité et de paix en débloquant les infrastructures de transport dans la région.

«Nous avons proposé une initiative que nous avons baptisée “Carrefour de la paix” parce que nous croyons fermement que le déblocage complet des infrastructures de transport dans le Caucase du Sud, notamment les routes et les chemins de fer arméniens, azéris et turcs, aura non seulement des retombées économiques positives, mais constituera également un facteur majeur de paix et de stabilité dans notre région.»

Carte illustrée montrant les «carrefours de la paix» proposés par l'Arménie.

Même en dehors de l'Arménie et du Caucase du Sud, l'initiative pourrait avoir un impact mondial significatif, selon Mirzoyan.

«Il y a un intérêt croissant de la part de plusieurs pays pour la mise en œuvre de ce projet, le Carrefour de la Paix, en raison de ses avantages évidents. Je parle notamment des connexions est-ouest, mais nous devons également envisager les liens sud-nord ou nord-sud. C'est pourquoi nous le qualifions de “carrefour”», a-t-il expliqué.

Il a également souligné: «Ce projet pourrait s'avérer très bénéfique pour relier, par exemple, le monde arabe, y compris l'Arabie saoudite, avec la région de la mer Noire, et même au-delà.»

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La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (C), accueille les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, Ararat Mirzoyan (G), et de l'Azerbaïdjan, Jeyhun Bayramov (D), pour des pourparlers de paix à Berlin, le 28 février 2024. (AFP/Dossier)

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock (C), accueille les ministres des Affaires étrangères de l'Arménie, Ararat Mirzoyan (G), et de l'Azerbaïdjan, Jeyhun Bayramov (D), pour des pourparlers de paix à Berlin, le 28 février 2024. (AFP/Dossier)

L'Arménie s'apprête à établir des relations diplomatiques avec plusieurs pays et organisations multilatérales, dont l'Union européenne, s'éloignant ainsi de son allié historique le plus puissant, la Russie.

«Il convient de noter que les relations entre l'Arménie et la Fédération de Russie ne sont pas au beau fixe, dirais-je», a déclaré M. Mirzoyan. «Bien sûr, des difficultés subsistent, et nous n’en faisons pas mystère». 

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Cette photo prise le 17 novembre 2020 montre des véhicules de soldats de la paix russes stationnés à un poste de contrôle sur la route de Shusha, dans le Haut-Karabakh. Le porte-parole du président Vladimir Poutine a déclaré le 17 avril 2024 que les forces russes se retiraient de la région du Karabakh, où elles étaient stationnées en tant que forces de maintien de la paix depuis la fin d'une guerre en 2020. (Photo AP /Dossier)

«Il y a des problèmes ainsi que des interrogations au sein de la société arménienne, notamment en ce qui concerne le comportement des soldats de la paix russes au Nagorno-Karabakh, mais aussi celui de nos alliés russes lors des attaques sur nos territoires souverains en 2022, 2023 et bien avant. Il est vrai que des questions subsistent à ce sujet. Cependant, nous y travaillons.»

Les relations de l’Arménie avec l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) sont gelées depuis l'automne dernier. Fondée en 2002, l'OTSC est une alliance militaire regroupant six États post-soviétiques: Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizistan, Russie et Tadjikistan. Mirzoyan a déclaré dans une interview en mars avec TRT World de Turquie que la candidature de l'Arménie à l'UE était en discussion.

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Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, en visite dans le Royaume cette semaine, s'est entretenu en exclusivité avec la rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali. (Photo AN)

Abordant la question avec Arab News, Mirzoyan a déclaré: «Les aspirations européennes du peuple de la république d'Arménie se renforcent de plus en plus, surtout face à la frustration ressentie par les Arméniens à l’égard des relations avec la Russie, bien que cela ne soit pas le seul élément en jeu.

«L'Arménie approfondit véritablement et de manière significative ses liens avec les États-Unis et l'UE. Ce sont nos principaux partenaires dans notre programme de réformes démocratiques. Ces derniers montrent désormais un engagement fort à soutenir l'Arménie et à renforcer sa résilience économique.

Nous entamons avec l'UE une nouvelle voie de partenariat étroit et, jusqu'à présent, personne ne peut prédire avec certitude où cela nous mènera.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’Arabie saoudite déplore l’échec de la candidature de la Palestine à l’ONU

Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza. (AP)
Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza. (AP)
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  • Le Royaume réaffirme son soutien au droit du peuple palestinien à l'autodétermination
  • La Jordanie exprime également sa "sincère tristesse" face à l'incapacité du Conseil de sécurité à approuver la résolution.

DUBAI : L'Arabie saoudite a exprimé son regret face à l'échec du Conseil de sécurité des Nations Unies à adopter une résolution acceptant l'adhésion à part entière de la Palestine à l'ONU.

Dans une déclaration officielle du ministère des Affaires étrangères sur la plateforme de médias sociaux X, le Royaume a déclaré que "la non-adoption de la résolution permet à l'occupation israélienne de poursuivre ses violations du droit international sans dissuasion et ne rapprochera pas la paix souhaitée".

Le ministère a renouvelé l'appel du Royaume à la communauté internationale pour qu'elle assume sa responsabilité dans l'arrêt des attaques de l'occupation israélienne contre les civils à Gaza.

Le Royaume a également réaffirmé son soutien au droit du peuple palestinien à l'autodétermination et à l'établissement d'un État palestinien sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément à l'initiative de paix arabe et aux résolutions internationales pertinentes.

La Jordanie a également exprimé sa "sincère tristesse" face à l'incapacité du Conseil de sécurité à approuver une résolution qui aurait admis la Palestine comme membre à part entière des Nations unies, en raison du droit de veto des États-Unis.

Dans une déclaration, le ministère des affaires étrangères du pays a réaffirmé "que la communauté internationale est en faveur de la solution à deux États, qu'Israël est en train de saper".

"Le Conseil de sécurité doit reconnaître l'État palestinien afin d'empêcher Israël de priver le peuple palestinien de son droit à la liberté et à son propre État", a rapporté l'agence de presse nationale Petra.

"La reconnaissance de l'État palestinien et son adhésion pleine et entière sont une étape nécessaire pour imposer une paix juste qui mette fin à l'occupation et au conflit et qui respecte le droit de tous les peuples de la région à vivre dans la sécurité et la stabilité", a déclaré le porte-parole du ministère, Sufian Qudah.

"La Jordanie exige que toutes les nations reconnaissent l'État de Palestine sur les lignes du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, comme condition préalable à l'instauration de la paix et de la sécurité dans la région.

Le Qatar, dans une déclaration publiée par son ministère des affaires étrangères, a également exprimé son "profond regret face à l'échec du Conseil de sécurité à adopter un projet de résolution acceptant l'adhésion à part entière de l'État de Palestine aux Nations unies".

L'Organisation de la coopération islamique a également exprimé son profond regret face à l'incapacité du Conseil de sécurité "d'assumer ses responsabilités en accordant à l'État de Palestine le statut de membre à part entière des Nations unies, à un moment où le peuple palestinien est confronté aux formes les plus dures d'agression, de persécution et de génocide".

Dans une déclaration, l'organisation a affirmé que "l'utilisation du droit de veto des États-Unis contrevient aux dispositions de la Charte des Nations Unies, qui permet l'adhésion de tous les États acceptant les obligations qu'elle contient, et continue d'empêcher le peuple palestinien d'obtenir ses droits légitimes, perpétuant ainsi l'injustice historique subie par le peuple palestinien au cours des 75 dernières années", a rapporté l'agence de presse qatarie.

L'OCI a également affirmé le droit légitime de la Palestine à incarner son statut politique et juridique au sein des Nations unies, "considérant qu'il s'agit d'un droit en souffrance depuis des décennies, fondé sur les droits politiques, juridiques, historiques et naturels du peuple palestinien sur sa terre, comme le confirment les résolutions pertinentes des Nations unies".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un tribunal ordonne la libération d'une éminente professeure palestinien soupçonné d'incitation à la violence

La professeure a été suspendue par son université le mois dernier après avoir appelé à l’abolition du sionisme et suggéré que les récits d’agressions sexuelles lors des attaques dirigées par le Hamas contre Israël ont été fabriqués. (X/File)
La professeure a été suspendue par son université le mois dernier après avoir appelé à l’abolition du sionisme et suggéré que les récits d’agressions sexuelles lors des attaques dirigées par le Hamas contre Israël ont été fabriqués. (X/File)
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  • Nadera Shalhoub-Kevorkian était sous enquête après avoir interrogé les atrocités du Hamas, critiquant Israël
  • Justification insuffisante de l’arrestation, selon le tribunal. La détention fait partie d’une campagne plus large, selon l’avocat

LONDRES : Nadera Shalhoub-Kevorkian, éminente professeure de l'Université hébraïque de Jérusalem, a été libérée vendredi après qu'une décision de justice ait rejeté les conclusions de la police.

La criminologue et professeur de droit avait été arrêtée la veille, soupçonnée d'incitation à la haine. Elle faisait l'objet d'une enquête pour des remarques concernant les attaques du 7 octobre menées par le Hamas et pour avoir déclaré que les Israéliens commettaient des "crimes génocidaires" dans la bande de Gaza et qu'ils devaient en craindre les conséquences.

Vendredi, le tribunal a rejeté une demande de la police visant à prolonger sa détention provisoire, estimant que l'arrestation n'était pas suffisamment justifiée, selon les médias hébraïques.

Des manifestants se sont rassemblés devant le palais de justice pour protester contre l'arrestation de Mme Shalhoub-Kevorkian.

La chaîne israélienne Channel 12, qui a rapporté la nouvelle en premier, n'a pas précisé où Shalhoub avait été arrêtée, mais son avocat a confirmé plus tard qu'elle avait été appréhendée à son domicile dans le quartier arménien de Jérusalem.

"Elle n'était pas en bonne santé ces derniers temps et a été arrêtée à son domicile", a déclaré Alaa Mahajna. "La police a fouillé la maison et a saisi son ordinateur et son téléphone portable, des livres de poésie [palestinienne] et des documents liés à son travail.

M. Mahajna a décrit l'arrestation de Mme Shalhoub-Kevorkian comme faisant partie d'une campagne plus large menée contre elle, qui a comporté de nombreuses menaces de mort et de violence. 

La professeure a été suspendue par son université le mois dernier après avoir appelé à l'abolition du sionisme et suggéré que les récits d'agressions sexuelles lors des attaques menées par le Hamas contre Israël avaient été fabriqués.

La suspension a d'abord été critiquée par la communauté universitaire, qui y a vu une atteinte à la liberté académique en Israël. Toutefois, la décision a été annulée après que Mme Shalhoub-Kevorkian a présenté ses excuses et admis que des agressions sexuelles avaient eu lieu.

Depuis le début des hostilités l'année dernière, de nombreuses voix dissidentes en Israël ont été arrêtées pour avoir exprimé leur solidarité avec les victimes des bombardements à Gaza.

En octobre, le célèbre journaliste israélien ultraorthodoxe Israel Frey a été contraint de se cacher à la suite d'une violente attaque à son domicile.

Bayan Khateeb, étudiante au Technion-Israel Institute of Technology, a été arrêtée l'année dernière pour incitation après avoir posté une histoire Instagram montrant la préparation d'un plat populaire à base d'œufs épicés avec la légende : "Nous mangerons bientôt la shakshuka de la victoire".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com