Au procès du meurtre de George Floyd, des témoins bouleversants

Les protestations et les manifestations se poursuivent dans les villes jumelles dans le cadre du procès de l'ancien policier de Minneapolis, Derek Chauvin, qui est accusé de plusieurs chefs d'accusation de meurtre dans la mort de George Floyd.  (Brandon Bell/Getty Images/AFP)
Les protestations et les manifestations se poursuivent dans les villes jumelles dans le cadre du procès de l'ancien policier de Minneapolis, Derek Chauvin, qui est accusé de plusieurs chefs d'accusation de meurtre dans la mort de George Floyd. (Brandon Bell/Getty Images/AFP)
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Publié le Samedi 03 avril 2021

Au procès du meurtre de George Floyd, des témoins bouleversants

  • Agée de 17 ans seulement au moment des faits, elle a témoigné hors du cadre des caméras. Le poids de ses mots n'en a été que plus fort
  • "Je ne vois pas pourquoi les agents se sont sentis en danger", a assené Mr. Zimmerman

MINNEAPOLIS : Laissant couler leurs larmes ou tout en retenue, une vingtaine de témoins ont déjà été entendus au procès du meurtre de George Floyd et certains ont particulièrement marqué les Américains, rivés à leurs écrans pour ces audiences historiques. 

Darnella Frazier, le réflexe de filmer

Cette jeune fille noire a réalisé la vidéo virale du drame, qui a conduit des millions de personnes à manifester dans le monde entier contre le racisme et les violences policières. 

Elle fut la seule cette semaine à évoquer clairement la couleur de la peau de la victime: "Quand je pense à George Floyd, je vois mon père, mes frères, mon cousin, mon oncle. Ils sont tous noirs", a-t-elle dit. "Ça aurait pu être eux." 

Agée de 17 ans seulement au moment des faits, elle a témoigné hors du cadre des caméras. Le poids de ses mots n'en a été que plus fort. 

Le 25 mai à Minneapolis, elle faisait une course quand elle a vu George Floyd "allongé au sol avec un policier agenouillé sur lui". 

Il était "terrifié, il plaidait pour sa vie, il souffrait", alors que l'agent blanc Derek Chauvin "se contentait de nous fixer avec son regard froid, sans coeur", a-t-elle raconté. 

Malgré une "anxiété sociale" qui la rend très timide, Darnella Frazier avait haussé le ton, comme d'autres témoins pour demander au policier de relâcher sa pression. En vain.

Alors, certaines nuits, elle fait des insomnies et s'"excuse auprès de George Floyd de ne pas avoir fait plus", "de ne pas l'avoir sauvé". "Mais ce n'était pas à moi de le faire, c'était à lui", a-t-elle conclu à l'adresse de l'accusé, qui est jugé pour meurtre.

Christopher Martin, le caissier bouleversé

Ce jeune homme noir de 19 ans travaillait le 25 mai à l'épicerie Cup Foods, quand George Floyd est venu y acheter un paquet de cigarettes avec un billet de vingt dollars.

"J'ai vu un pigment bleu (...), j'ai trouvé ça bizarre et j'ai pensé qu'il était faux", a raconté le jeune caissier, visiblement nerveux. 

Christopher Martin, qui risquait de voir la somme retirée de son salaire, a quand même accepté ce billet pour "rendre service". Mais, "après réflexion", il en a parlé à son responsable qui a fini par faire appeler la police.

Le jeune homme a ensuite assisté au supplice du quadragénaire avec "incrédulité et culpabilité". "Si je n'avais pas pris le billet, tout ça aurait pu être évité", a-t-il dit, la voix brisée par l'émotion.

Courteney Ross, la petite amie et les opiacés

Cette femme blanche de 45 ans, mère de deux garçons, a entretenu une relation intime avec George Floyd de 2017 à sa mort. En pleurs, elle a raconté comment il l'avait séduite avec "sa voix grave, râpeuse". En pleurs, elle a dépeint un homme "plein d'énergie", "doux", avec qui la vie était "une aventure".

Mme Ross a aussi reconnu qu'ils consommaient de la drogue ensemble. "C'est une histoire classique de gens qui deviennent dépendants aux opiacés parce qu'ils souffrent de douleurs chroniques. Moi c'était au cou, lui au dos...". 

L'avocat de Derek Chauvin, pour qui George Floyd est mort d'une overdose, l'a alors pressée de questions sur la nature des drogues, sur leurs sources d'approvisionnement et sur un séjour à l'hôpital de George Floyd, début mars 2020, après une consommation excessive d'héroïne.

Il lui a arraché que les deux personnes avec qui George Floyd se trouvait juste avant sa mort leur avaient parfois vendu de la drogue.

Richard Zimmerman, le vétéran de la police

Cet homme blanc, aux cheveux argentés, est le policier ayant le plus d'ancienneté (25 ans) de tout Minneapolis. Fort de cette expérience, il a considérablement affaibli une des principales lignes de défense de Derek Chauvin, qui assure avoir respecté sa formation et appliqué un geste autorisé pour contrôler un suspect récalcitrant.

Jamais, M. Zimmerman n'a appris à mettre son genou sur le cou d'un suspect plaqué au sol et menotté, a-t-il assuré. Maintenir cette posture pendant près de dix minutes n'était "absolument pas nécessaire", et tout "simplement injustifié", a-t-il encore estimé. 

"Je ne vois pas pourquoi les agents se sont sentis en danger", a-t-il encore assené.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.