Birmanie: le bain de sang se poursuit, le Conseil de Sécurité sommé d'agir

«Plus de 80 manifestants contre le coup d'Etat ont été tués par les forces de sécurité à Bago vendredi», a déclaré samedi soir l'Association d'aide aux prisonniers politiques. (Photo, AFP)
«Plus de 80 manifestants contre le coup d'Etat ont été tués par les forces de sécurité à Bago vendredi», a déclaré samedi soir l'Association d'aide aux prisonniers politiques. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 11 avril 2021

Birmanie: le bain de sang se poursuit, le Conseil de Sécurité sommé d'agir

  • La condamnation à la peine capitale de 19 personnes en Birmanie pour des faits de droit commun a été dénoncée samedi par l'ONG Human Rights Watch
  • Les violences ont gagné aussi samedi l'Etat Shan (nord) où l'Armée de Libération Nationale Ta'ang (TNLA) a attaqué un commissariat

RANGOUN: Des opposants au putsch en Birmanie ont maculé de peinture rouge samedi des rues à Rangoun pour dénoncer la féroce répression des forces de sécurité qui a fait la veille au moins 80 morts à Bago au nord-est de la capitale économique du pays, tandis que des affrontements se sont produits à l'est et dans le nord.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a été supplié d'agir par des civils birmans et l'ambassadeur birman à l'ONU, Kyaw Moe Tun, limogé par la junte mais toujours en fonctions, qui a imploré: «s'il vous plaît, s'il vous plaît, passez à l'action». 

Il a réclamé une «zone d'exclusion aérienne» pour contrer les raids du régime contre des minorités, avec des sanctions contre la junte et un embargo sur les armes.

«Nous craignons des représailles»

Des affrontements avec l'armée ont éclaté samedi dans la ville de Tamu (nord-ouest), près de la frontière avec l'Inde lorsque des soldats sont intervenus pour démanteler des barricades. 

L'armée a tiré à balles réelles tuant deux civils, selon une témoin. Des manifestants ont riposté en lançant un engin explosif dans un camion de l'armée et tuant une douzaine de soldats, selon la même source.

«Nous craignons maintenant des représailles», a déclaré cette femme, en ajoutant que les habitants de Tamu se battaient «pour en finir avec la dictature».

Les violences ont gagné aussi samedi l'Etat Shan (nord) où l'Armée de Libération Nationale Ta'ang (TNLA) a attaqué un commissariat, selon le brigadier général de la TNLA Tar Bhone Kyaw, qui a refusé de donner davantage de détails.

Une douzaine de policiers ont été tués dans cette opération, les rebelles mettant le feu au commissariat, selon des médias locaux. 

L'armée a riposté avec des frappes aériennes, tuant au moins un rebelle, selon la TNLA.

Parallèlement, la condamnation à la peine capitale de 19 personnes en Birmanie pour des faits de droit commun - dont 17 par contumace-, une première depuis le coup d'Etat du 1er février, a été dénoncée samedi par l'ONG Human Rights Watch (HRW).

Ces personnes ont été condamnées par une Cour martiale pour vol ou meurtres après des arrestations dans le bidonville d'Okkalapa Nord (banlieue de Rangoun), selon des médias locaux.

«Inacceptables et inquiétantes»

«Les militaires sont prêts à retourner au temps où des personnes étaient exécutées en Birmanie», soit plus de 30 ans en arrière, a déclaré Phil Robertson, directeur adjoint du département Asie de HRW. 

La ministre norvégienne des Affaires étrangères Ine Eriksen Soreide a exhorté la Birmanie dans un tweet «de ne pas exécuter ces sentences, de faire cesser la violence et de permettre à l'envoyée de l'Onu de se rendre sur place».

L'émissaire de l'ONU pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, a débuté vendredi en Thaïlande une tournée asiatique qui doit la conduire aussi en Chine et dans des pays de l'Asean (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) qui devrait tenir le 20 avril à Jakarta un sommet d'urgence. 

La Birmanie, elle, continue de refuser de l'accueillir.

Samedi, des manifestants ont jeté dans les rues du centre de Rangoun, près de la pagode Shwedagon, de la peinture écarlate et des tracts dans le cadre d'une initiative nommée «Mouvement rouge».

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«Montrons que nous ne permettrons pas au régime dictatorial de nous gouverner», a lancé un étudiant sur Facebook. (Photo, AFP)

«Montrons que nous ne permettrons pas au régime dictatorial de nous gouverner», a lancé un étudiant sur Facebook. 

Cadavres empilés

Des détails ont filtré samedi sur la journée de violences la veille à Bago (65 km au nord-est de Rangoun) qui a poussé des habitants à se réfugier dans des villages voisins.

«Plus de 80 manifestants contre le coup d'Etat ont été tués par les forces de sécurité à Bago vendredi», a déclaré samedi soir l'Association d'aide aux prisonniers politiques.

Les forces de l'ordre ont empêché les secouristes de récupérer les corps, a déclaré un habitant.

«Ils ont empilé tous les cadavres, les ont chargés dans leur camion militaire et les ont emportés», a dit cet habitant, précisant que les autorités ont ensuite arrêté des gens alentours.

Depuis le coup d'Etat militaire du 1er février qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi, la Birmanie est secouée par des manifestations dans lesquelles au moins 618 civils ont été tués, selon l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP).

La junte qualifie les victimes de «terroristes» et comptabilise 248 morts depuis le 1er février. Malgré le bain de sang, manifestations et grèves se poursuivent.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.