Sahara: le Maroc a-t-il eu recours à une frappe de drone inédite?

L'armée sahraouie revendique quotidiennement des attaques le long du mur de sable (Photo, AFP/HO/ROYAL MOROCCAN ARMY FACEBOOK PAGE).
L'armée sahraouie revendique quotidiennement des attaques le long du mur de sable (Photo, AFP/HO/ROYAL MOROCCAN ARMY FACEBOOK PAGE).
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Publié le Dimanche 11 avril 2021

Sahara: le Maroc a-t-il eu recours à une frappe de drone inédite?

  • La récente annonce par les indépendantistes sahraouis d'une frappe de drone par le Maroc contre un de leurs chefs marquerait un tournant dans l'interminable conflit du Sahara occidental
  • Si l'usage d'un drone «est difficile à démontrer», l'ampleur de l'opération menée mercredi est «une première depuis le cessez-le-feu» signé en 1991

RABAT: La récente annonce par les indépendantistes sahraouis d'une frappe de drone par le Maroc contre un de leurs chefs marquerait, si elle était confirmée, un tournant dans l'interminable conflit du Sahara occidental, avancent des experts.

Si l'usage d'un drone « est difficile à démontrer », l'ampleur de l'opération menée mercredi est « une première depuis le cessez-le-feu » signé en 1991 sous l'égide des Nations unies, estime le politologue marocain Mohamed Chiker, spécialiste des Forces armées marocaines (FAR).

En l'absence de communication officielle, les circonstances de cette attaque, sa localisation et ses modalités restent toutefois confuses.

Seule certitude : Addah Al-Bendir, le chef de la gendarmerie du Front Polisario (indépendantiste), a été tué mercredi lors d'une opération des FAR survenue après une incursion sahraouie, selon des sources concordantes.

Pour le reste, on ne sait pas où ni comment il a péri : dans le nord-est du Sahara occidental ou dans le sud du Maroc ? D'une frappe de drone ou pas ?

Le recours à un drone « voudrait dire que le Maroc inaugure les frappes ciblées comme les Etats-Unis et Israël dans une logique de réplique aux tentatives d'incursion du Polisario », a commenté le site d'information marocain Le Desk.

« Télémètre laser »

Ce site évoque une « mission combinée menée par un drone non armé Harfang, de conception israélienne », qui a pointé la cible au « télémètre laser » permettant à un chasseur « d'exécuter la frappe ».

En écho à des informations émanant du Polisario, le site Algérie Patriotique a dénoncé l'usage de « drones tueurs » et « l'assistance technique » d'Israël.

« Officiellement, le Maroc ne dispose pas de drones armés », mais il « possède une panoplie de drones non armés à la pointe de la technologie », assure l'expert militaire marocain, Abdelhamid Harifi.

« Dans la région, le Maroc est pionnier dans l'utilisation de drones à des fins de renseignement et de désignation de cibles », affirme-t-il.

Selon lui, il est donc « possible que l'armée ait utilisé un tel drone pour la localisation de mouvements suspects dans la zone-tampon » mercredi.

Des informations reprises par la presse marocaine ont fait état fin 2020 de la livraison de trois drones Harfang mais aussi de la commande de drones israéliens Bluebird et américains MQ-9B SkyGuardian --apparemment non livrés à ce jour.

Ces informations ont coïncidé avec l'annonce fin 2020 de la reconnaissance par les Etats-Unis de Donald Trump de la souveraineté du Maroc sur l'ancienne colonie espagnole et de la normalisation des relations entre le royaume chérifien et Israël.

Drone ou pas, le Maroc « maîtrise militairement toutes les zones du Sahara et dispose d'un arsenal capable de frapper n'importe quel mouvement du Polisario », assure Mohamed Chiker.

De fait, ses commandes militaires ont permis à Rabat de renforcer ses capacités : en deux ans, il est passé de la 60e à la 53e place du Global Firepower Index classant les forces militaires.

Mur de sable

Côté sahraoui, « les indépendantistes sont dotés d'un armement qui n'a que très peu varié depuis les années 1980 et sont totalement dépendants pour son renouvellement de leur protecteur algérien », pointait l'hebdomadaire Jeune Afrique fin 2020.

Selon le forum Far-Maroc, une page Facebook non-officielle des forces armées marocaines, c'est en réponse à des « mouvements suspects de leaders du Polisario à l'intérieur des zones tampons » que les FAR ont riposté, provoquant « plusieurs décès », dont celui du commandant de la gendarmerie.

Jeudi, un communiqué diffusé puis retiré par l'agence officielle sahraouie SPS a annoncé que le chef militaire était mort à Tifariti, zone du nord-est du Sahara occidental contrôlée par les indépendantistes, après une « mission militaire » au-delà du mur de sable érigé par Rabat.

Cependant, des informations reprises par différents médias situent l'attaque du Polisario et la riposte marocaine dans la région de Touizgui (sud du Maroc, près de la frontière algérienne). « Cela signifierait que l'Algérie autorise les soldats du Polisario à entrer au Maroc à partir du territoire algérien », a averti le site semi-officiel marocain Le360.

C'est dans cette région désertique que l'armée marocaine a récemment érigé une extension de son mur. Et c'est aussi dans cette zone que le Polisario avait annoncé avoir tué trois militaires marocains lors d'une attaque le 8 février, jamais confirmée par Rabat.

Après presque 30 ans de cessez-le-feu, les hostilités entre Polisario et le Maroc ont repris mi-novembre après le déploiement de troupes marocaines à l'extrême sud du Sahara occidental pour déloger des indépendantistes qui bloquaient la seule route vers l'Afrique de l'Ouest car cet axe routier est, selon eux, illégal.

Depuis, l'armée sahraouie revendique quotidiennement des attaques le long du mur de sable.

Le Polisario réclame la tenue d'un référendum prévu par l'ONU en 1991. Le Maroc, qui contrôle environ 80% de ce vaste territoire désertique, propose un plan d'autonomie sous sa souveraineté. 


Les États-Unis affirment bénéficier d'un soutien régional pour la résolution de paix sur Gaza

Des bâtiments détruits par l'armée israélienne  dans le quartier de Shijaiya de la ville de Gaza, lors d'une visite organisée par l'armée pour les journalistes, le 5 novembre 2025. (AP Photo)
Des bâtiments détruits par l'armée israélienne  dans le quartier de Shijaiya de la ville de Gaza, lors d'une visite organisée par l'armée pour les journalistes, le 5 novembre 2025. (AP Photo)
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  • Selon le projet de résolution, la gouvernance de Gaza serait transférée au Hamas et la démilitarisation serait imposée au groupe
  • Une copie du projet de résolution a été distribuée mercredi soir pour examen formel par le Conseil de sécurité

NEW YORK : La mission américaine auprès de l'ONU a déclaré mercredi que des partenaires régionaux clés, notamment l'Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis, ont apporté leur soutien à son projet de résolution pour Gaza.

Cette évolution est le signe d'une avancée diplomatique au sein du Conseil de sécurité de l'ONU en faveur d'un mandat transitoire de deux ans pour l'enclave déchirée par la guerre et du déploiement d'une force internationale de stabilisation.

Au cours d'une réunion convoquée par l'ambassadeur américain aux Nations unies, Mike Waltz, les dix membres élus et non permanents du Conseil (Algérie, Danemark, Grèce, Guyane, Pakistan, Panama, Corée du Sud, Sierra Leone, Slovénie et Somalie), rejoints par des États régionaux tels que l'Arabie saoudite, l'Égypte, le Qatar, la Turquie et les Émirats arabes unis, ont exprimé leur soutien à l'initiative menée par Washington, a déclaré un porte-parole de la mission américaine.

Le projet de résolution soutient la création d'un organe de gouvernance transitoire, appelé "Conseil de la paix". Le contrôle de la bande de Gaza serait ainsi transféré des mains du Hamas et la démilitarisation serait imposée au groupe.

Le projet de résolution autorise également le déploiement d'une "Force internationale de stabilisation" à Gaza, qui opérerait dans le cadre d'un mandat de deux ans de l'ONU. Elle aurait le pouvoir d'utiliser "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils, superviser les flux d'aide humanitaire, sécuriser les zones le long des frontières avec Israël et l'Égypte, démilitariser les acteurs non étatiques et former une nouvelle force de police palestinienne.

Une copie du projet de résolution a été distribuée mercredi soir pour examen formel par les 15 membres du Conseil de sécurité.

L'adhésion régionale au projet reflète "l'opportunité historique" de mettre fin à des décennies d'effusion de sang au Moyen-Orient et de transformer Gaza en un territoire plus sûr et plus prospère, a poursuivi le porte-parole, et souligne l'intention des États-Unis de traduire la résolution en résultats plutôt qu'en "discours sans fin".

Le soutien des principaux acteurs régionaux est important car leur participation est largement considérée comme une condition préalable à l'autorisation de toute force multinationale de stabilisation d'opérer à Gaza et d'obtenir une légitimité internationale.

Le porte-parole américain a souligné qu'aucune troupe américaine ne serait déployée à Gaza. En revanche, Washington a engagé des pourparlers avec des États tels que l'Indonésie, les Émirats arabes unis, l'Égypte, le Qatar, la Turquie et l'Azerbaïdjan en vue de fournir des troupes à une force internationale de stabilisation.

Le projet de texte stipulerait qu'une telle force opérerait sous un commandement unifié, comme convenu par le Conseil de paix, l'Égypte et Israël une fois que des accords sur le statut de la mission auront été conclus.

Il décrit également une séquence d'événements au cours desquels la force stabilisera la situation sécuritaire à Gaza, démilitarisera les groupes armés non étatiques, mettra les armes hors service et supervisera la formation et le soutien de la force de police palestinienne nouvellement approuvée.


Turquie: le chef kurde Öcalan veut agir avec «sérieux et responsabilité»

 Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs. (AFP)
Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs. (AFP)
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  • "Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités"
  • Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul

ISTANBUL: Le chef emprisonné de la guérilla kurde Abdullah Öcalan appelle à agir avec "sérieux et sens des responsabilités" pour mener le processus de paix en cours avec la Turquie à son terme, dans un message publié mardi par des députés turcs.

"Pour passer à une phase positive, il est essentiel que chacun agisse avec sensibilité, sérieux et sens des responsabilités", écrit le leader historique du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), auquel une délégation du parti prokurde DEM a rendu visite lundi.

Abdullah Öcalan, qui a appelé en février son mouvement à se dissoudre, est détenu à l'isolement depuis 1999 sur l'île prison d'Imrali, au large d'Istanbul.

Le PKK a annoncé le 26 octobre le retrait vers le nord de l'Irak de ses derniers combattants présents en Turquie, complétant ainsi la première phase du processus de paix initié un an auparavant par Ankara.

Lors d'une cérémonie en juillet, une trentaine de combattants en treillis avaient symboliquement brûlé leurs armes.

Le parti prokurde, troisième force au Parlement, a appelé à "passer à la deuxième phase, à savoir les étapes juridiques et politiques".

"Nous nous efforçons de développer une phase positive, et non une phase destructrice et négative", poursuit M. Öcalan. "L'intégration du phénomène kurde dans toutes ses dimensions dans le cadre légal de la République et un processus de transition solide doivent en constituer le fondement", écrit-il.

Une commission parlementaire transpartisane planche depuis août sur une traduction légale et encadrée de cette transition vers la paix.

Elle doit notamment décider du sort d'Abdullah Öcalan et de possibles garanties de sécurité pour ses combattants.

La libération du leader kurde âgé de 76 ans est au cœur des demandes du PKK. Il a été autorisé en septembre à rencontrer ses avocats pour la première fois en six ans.

Selon des analystes, le PKK est affaibli par des décennies de guérilla qui ont fait au moins 50.000 morts, selon un bilan officiel. Et la communauté kurde, qui représente selon des estimations 20% de la population turque sur 86 millions d'habitants, est épuisée par un long conflit.


Un hôpital de Gaza déclare avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens

L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël. (AFP)
L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël. (AFP)
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  • Sur les 28 otages décédés que le Hamas avait accepté de remettre à Israël dans le cadre de l'accord, 21 ont été restitués à ce jour. Israël exige toujours la restitution des sept dernières dépouilles
  • Le mouvement islamiste palestinien a également libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens

KHAN YOUNES: L'hôpital Nasser, dans le sud de la bande de Gaza, a annoncé mercredi avoir reçu les corps de 15 prisonniers palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu avec Israël.

"La dixième série de dépouilles de martyrs palestiniens, soit 15 martyrs", est arrivée "dans le cadre de l'échange de dépouilles entre la partie palestinienne et l'occupation israélienne", a déclaré l'hôpital en précisant que 285 dépouilles ont été reçues dans la bande de Gaza depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre.

Sur les 28 otages décédés que le Hamas avait accepté de remettre à Israël dans le cadre de l'accord, 21 ont été restitués à ce jour. Israël exige toujours la restitution des sept dernières dépouilles.

Le mouvement islamiste palestinien a également libéré le 13 octobre les 20 derniers otages vivants retenus dans la bande de Gaza, en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens.

Mardi, la branche armée du Hamas a fait parvenir aux autorités israéliennes la dépouille d'une personne, identifiée mercredi comme Itay Chen, un soldat israélo-américain tué à l'âge de 19 ans.

Dans la bande de Gaza, des proches de personnes arrêtées par Israël et qui attendent leur retour ont dit lors de plusieurs remises de dépouilles par Israël que les corps étaient très difficiles à identifier.

Le service de presse du gouvernement du Hamas à Gaza a de nouveau accusé mercredi les autorités israéliennes de refuser de transmettre des listes de noms des personnes dont les dépouilles arrivent dans le territoire palestinien.