Les Talibans boycotteront les pourparlers de paix jusqu'au retrait des forces étrangères

La police afghane fouille un véhicule dans un poste de contrôle à Kaboul mercredi. (Photo, AFP)
La police afghane fouille un véhicule dans un poste de contrôle à Kaboul mercredi. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 15 avril 2021

Les Talibans boycotteront les pourparlers de paix jusqu'au retrait des forces étrangères

  • «Le retrait des forces étrangères dans la situation actuelle va sûrement aggraver la situation et conduire à une guerre civile», affirme le chef du Parlement afghan
  • Les talibans avaient préalablement averti Washington des conséquences d’un prolongement de l’échéancier

KABOUL: Les talibans ont déclaré mercredi qu'ils ne vont plus participer aux pourparlers de paix pour l'Afghanistan tant que toutes les troupes dirigées par les États-Unis ne se retirent pas du pays, alors que le président Joe Biden compte retarder la date limite du 1er mai de quatre mois.

«Voici notre position: tant que toutes les forces étrangères ne se sont pas entièrement retirées de notre patrie, l'Émirat islamique (le nom du gouvernement des talibans) ne participera à aucune conférence qui décide du sort de l'Afghanistan», a déclaré mercredi à Arab News, le Dr Mohammad Naïm, porte-parole du groupe installé au Qatar.

Selon un plan dévoilé par des responsables américains mardi, Biden devrait retirer les troupes restantes d'ici le 11 septembre, le 20ième anniversaire des attaques terroristes qui ont déclenché le plus long conflit de Washington de l'histoire. Cette date remplace celle du 1er mai, convenue entre l'administration Trump et les talibans dans un accord controversé il y a plus d'un an.

Depuis son entrée en fonction, Biden affirme qu'il révisera l'accord du Qatar. Il a déclaré lors des dernières semaines que respecter la date limite du 1er mai serait «difficile».

Conformément à l'accord, les talibans ont mis fin aux attaques contre les troupes dirigées par les États-Unis. Mais ils ont augmenté en contrepartie les opérations militaires à l’encontre des forces gouvernementales afghanes qui comptent sur les américains pour le soutien aérien et les renseignements, ainsi que les ressources financières et logistiques.

Les talibans avaient préalablement averti Washington des conséquences d’un prolongement de l’échéancier.

Ces derniers mois, le gouvernement du président Ashraf Ghani a exhorté Biden à retirer ses troupes sur la base d’un accord conditionnel, mais pas avant que les talibans aient accepté un cessez-le-feu.

Contactés par Arab News mercredi, les porte-parole de Ghani n'étaient pas disponibles.

Cependant, Waheed Omar, un conseiller de Ghani, a tweeté mercredi que Biden est censé s’entretenir avec président afghan «dans un avenir proche afin de partager officiellement les détails du nouveau plan de retrait».

«D’ici là, nous ne ferons pas de commentaires sur les détails», ajoute-t-il.

Dans un autre tweet, Omar a déclaré: «Nous respecterons toute décision prise par le gouvernement américain concernant ses troupes. Les Forces de défense de la sécurité nationale afghane (FDSNA) ont défendu notre peuple avec un bon moral au cours des deux dernières années, et ont dernièrement mené près de 98% des opérations de manière indépendante».

Il ajoute: «Ils sont tout à fait capables de le faire à l'avenir».

Toutefois, lors d’une séance publique mercredi, le chef du Parlement afghan a sonné l’alerte quant à l’avenir du pays après le départ des troupes américaines.

«Dans la situation actuelle, les conditions du retrait des troupes étrangères ne sont pas du tout équitables», a souligné Mir Rahman Rahmani.

«Le retrait des forces étrangères dans la situation actuelle va sûrement aggraver la situation et conduire à une guerre civile», ajoute-t-il.

Mercredi, les membres de l'OTAN réunis à Bruxelles ont révélé que l'alliance risque également de retirer ses soldats d'Afghanistan, selon les médias.

Le nouvel échéancier de Biden jette également un doute sur l’avenir des pourparlers soutenus par les États-Unis en Turquie le 24 avril, et qui, selon plusieurs observateurs, pourraient être l’un des derniers efforts internationaux à négocier la paix entre le groupe des insurgés et le gouvernement afghan.

Proposée par Washington, la Turquie devait accueillir les pourparlers intra-afghans pour éviter un effondrement total des négociations parrainées par les États-Unis qui ont débuté à Doha en septembre de l'année dernière, mais ce plan ne s'est jamais concrétisé.

Fawzia Koofi, négociatrice nommée par le gouvernement afghan pour les pourparlers intra-afghans au Qatar l’année dernière, soutient que Washington «doit travailler étroitement avec les talibans afin qu’ils assistent à la conférence en Turquie».

Elle explique à Arab News que «les talibans doivent s'engager dans les négociations pour ouvrir la voie au retrait. De sérieuses négociations ouvriraient la voie au retrait».

Ahmad Samin, un ancien conseiller de la Banque mondiale, en convient. Il estime que l'Afghanistan «se dirige vers une crise au milieu d’un effondrement total des pourparlers, et au moment où les talibans tentent de reprendre le pouvoir».

 «L'administration Biden est déçue du gouvernement afghan, qui est trop corrompu, tandis que la majorité des Américains veulent mettre fin à la guerre interminable en Afghanistan», déclare-t-il à Arab News.

«Les talibans profitent de la situation. Je crois que les talibans ne sont pas intéressés par le partage du pouvoir, et qu’ils essaieront d’obtenir une victoire totale, ce qui entraînera un conflit interne catastrophique. Tout ce qui concerne l’avenir de l’Afghanistan est incertain, personne ne sait ce qui va se passer».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnew.com


La flottille pour Gaza a dû revenir à Barcelone à cause de vents violents

Selon plusieurs médias espagnols, les organisateurs devraient se réunir lundi dans la journée pour décider de la reprise de la mission. (AFP)
Selon plusieurs médias espagnols, les organisateurs devraient se réunir lundi dans la journée pour décider de la reprise de la mission. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux avaient quitté Barcelone dimanche avec l'objectif “d'ouvrir un corridor humanitaire et de mettre fin au génocide en cours du peuple palestinien” dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas
  • Parmi les militants venus de dizaines de pays figurent la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, les acteurs irlandais Liam Cunningham et espagnol Eduard Fernandez, ainsi que des élus européens et des personnalités publiques

BARCELONE: Des vents violents en Méditerranée ont contraint les bateaux partis dimanche de Barcelone vers Gaza, transportant de l'aide humanitaire et des centaines de militants pro-palestiniens dont la Suédoise Greta Thunberg, à retourner à leur port de départ, ont déclaré les organisateurs lundi.

"En raison de conditions météorologiques dangereuses, nous avons effectué un essai en mer puis sommes revenus au port pour laisser passer la tempête. Cela a entraîné un retard de notre départ afin d'éviter les complications avec les bateaux plus petits", a déclaré la Global Sumud Flotilla, sans préciser à quel moment les navires étaient revenus au port de Barcelone.

“Nous avons pris cette décision afin de privilégier la sécurité et le bien-être de tous les participants et d'assurer le succès de notre mission”, précise le communiqué.

Selon plusieurs médias espagnols, les organisateurs devraient se réunir lundi dans la journée pour décider de la reprise de la mission.

Une vingtaine de bateaux avaient quitté Barcelone dimanche avec l'objectif “d'ouvrir un corridor humanitaire et de mettre fin au génocide en cours du peuple palestinien” dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas.

Parmi les militants venus de dizaines de pays figurent la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, les acteurs irlandais Liam Cunningham et espagnol Eduard Fernandez, ainsi que des élus européens et des personnalités publiques, dont l'ancienne maire de Barcelone Ada Colau.

Les navires de la Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe) ont prévu d'atteindre Gaza à la mi-septembre afin d'y acheminer de l'aide humanitaire, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

Les Nations unies ont déclaré en août l'état de famine à Gaza, avertissant que 500.000 personnes se trouvent en situation "catastrophique"

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

Les représailles militaires israéliennes ont depuis fait au moins 63.459 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon des chiffres du ministère de la Santé de Gaza, jugés fiables par l'ONU.


Une rencontre entre Zelensky et des «dirigeants européens» prévue à Paris jeudi

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  • "Une telle rencontre est prévue" pour discuter des garanties de sécurité pour l'Ukraine "et pour faire avancer la diplomatie parce que les Russes sont en train de s'échapper à nouveau", a indiqué à l'AFP cette source sous le couvert de l'anonymat
  • La participation du président américain Donald Trump à ce sommet à Paris "n'est pour l'instant pas prévue", a-t-elle ajouté

KIEV: Une rencontre entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et plusieurs "dirigeants européens" est prévue jeudi à Paris, a annoncé lundi à l'AFP une source politique européenne alors que les efforts de Washington pour mettre fin à l'invasion russe de l'Ukraine semblent bloqués.

"Une telle rencontre est prévue" pour discuter des garanties de sécurité pour l'Ukraine "et pour faire avancer la diplomatie parce que les Russes sont en train de s'échapper à nouveau", a indiqué à l'AFP cette source sous le couvert de l'anonymat.

La participation du président américain Donald Trump à ce sommet à Paris "n'est pour l'instant pas prévue", a-t-elle ajouté.

Les efforts diplomatiques pour trouver une issue à la guerre en Ukraine se sont accélérés ces dernières semaines sous la houlette de Donald Trump qui a rencontré son homologue russe Vladimir Poutine en Alaska en août, mais n'ont produit pour l'heure aucun effet concret.

L'Ukraine accuse la Russie de jouer la montre et de feindre de vouloir négocier pour mieux préparer de nouvelles attaques.

L'armée russe contrôle actuellement environ 20% du territoire ukrainien et a l'avantage sur le front.

La Russie a lancé son invasion de l'Ukraine en février 2022, pire conflit armé en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale qui a fait des dizaines, voire des centaines de milliers de morts dans les deux pays.


Journalistes tués à Gaza: opération de RSF dans la presse internationale

Depuis le début de la guerre, la presse internationale n'est pas autorisée à travailler librement dans le territoire palestinien.  Seuls quelques médias, triés sur le volet, y sont entrés embarqués avec l'armée israélienne, leurs reportages étant soumis à une stricte censure militaire. (AFP)
Depuis le début de la guerre, la presse internationale n'est pas autorisée à travailler librement dans le territoire palestinien. Seuls quelques médias, triés sur le volet, y sont entrés embarqués avec l'armée israélienne, leurs reportages étant soumis à une stricte censure militaire. (AFP)
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  • La campagne de lundi, à laquelle participent aussi L'Orient le jour (Liban), The Intercept (média d'investigation américain) ou die Tageszeitung (Allemagne), intervient une semaine après les frappes israéliennes ayant tué cinq journalistes
  • "Ces organisations et rédactions dénoncent les crimes perpétrés par l’armée israélienne contre les reporters palestiniens en toute impunité, appellent à leur protection et évacuation d’urgence, et exigent un accès indépendant de la presse internationale

PARIS: Bandeau noir en Une du journal, message en page d'accueil du site internet ou éditoriaux: plus de 150 médias d'une cinquantaine de pays participent lundi à une opération pour dénoncer le nombre de journalistes tués à Gaza, à l’appel de Reporter Sans Frontières (RSF) et de l'ONG Avaaz.

"Au rythme où les journalistes sont tués à Gaza par l’armée israélienne, il n’y aura bientôt plus personne pour vous informer": tel est le message affiché sur fond noir en Une notamment des quotidiens L'Humanité en France, Publico au Portugal ou La Libre en Belgique.

Le média en ligne Mediapart et le site du journal La Croix proposent un article présentant cette opération.

RSF a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste Hamas.

La campagne de lundi, à laquelle participent aussi L'Orient le jour (Liban), The Intercept (média d'investigation américain) ou die Tageszeitung (Allemagne), intervient une semaine après les frappes israéliennes ayant tué cinq journalistes à l'hôpital Nasser de Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza.

"Ces organisations et rédactions dénoncent les crimes perpétrés par l’armée israélienne contre les reporters palestiniens en toute impunité, appellent à leur protection et évacuation d’urgence, et exigent un accès indépendant de la presse internationale dans l’enclave palestinienne", explique RSF dans un communiqué.

L'organisation de défense de la presse indique avoir déposé quatre plaintes auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre commis par l’armée israélienne contre les journalistes dans la bande de Gaza au cours des 22 derniers mois.

Depuis le début de la guerre, la presse internationale n'est pas autorisée à travailler librement dans le territoire palestinien.

Seuls quelques médias, triés sur le volet, y sont entrés embarqués avec l'armée israélienne, leurs reportages étant soumis à une stricte censure militaire.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP reposant sur des données officielles.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 restent désormais retenues dans la bande de Gaza dont une vingtaine présumés vivants.

L'offensive de représailles israéliennes a fait au moins 63.459 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugés fiables par l'ONU.