Les talibans menacent d’expulser par la force les troupes étrangères en cas de non-retrait US

Des soldats américains montent la garde à l'aérodrome de Bagram en Afghanistan le 28 novembre 2019 (Photo, AFP)
Des soldats américains montent la garde à l'aérodrome de Bagram en Afghanistan le 28 novembre 2019 (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 27 mars 2021

Les talibans menacent d’expulser par la force les troupes étrangères en cas de non-retrait US

  • Le président américain Joe Biden a avoué jeudi que les troupes américaines pourraient rester en Afghanistan pour des «raisons tactiques»
  • Le gouvernement de Kaboul a exigé que les soldats étrangers restent en Afghanistan encore quelques années

KABOUL: Les troupes étrangères seront expulsées d'Afghanistan par la force si les États-Unis ne respectent pas la date limite du 1er mai pour retirer leurs soldats restants, ont annoncé vendredi les talibans.

Cela fait suite à l’annonce du président américain Joe Biden selon laquelle il pourrait prolonger la présence militaire américaine dans le pays.

Des troupes étrangères dirigées par les États-Unis sont postées en Afghanistan depuis l'éviction des talibans du pouvoir en 2001. En vertu d'un accord signé par les États-Unis et les talibans au Qatar en février 2020, l'armée américaine devrait quitter complètement l'Afghanistan d'ici mai. Les États-Unis ont déjà retiré plusieurs milliers de leurs soldats, mais environ 2500 soldats sont toujours sur le sol afghan.

Biden a avoué jeudi que les troupes restantes pourraient demeurer en Afghanistan pour des «raisons tactiques» après la date fixée. Il a toutefois ajouté qu’il n’avait pas l’intention de garder les troupes en Afghanistan au-delà de l’année prochaine.

«Si quelqu'un viole l'accord de Doha et adopte la voie de la guerre, les Afghans ont une longue histoire de sacrifices pour la liberté de leur pays et peuvent expulser de force les troupes étrangères», a déclaré le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, à Arab News par  téléphone.

«Personne ne devrait tester la volonté des Afghans à cet égard. . . et toutes les troupes étrangères doivent quitter l'Afghanistan à la date fixée, car les Afghans ont le droit de décider de leur pays. Quiconque veut prolonger les 20 ans de guerre subira plus de pertes financières et humaines », a-t-il averti, ajoutant que l'accord de Doha signé par le groupe avec la précédente administration américaine de Donald Trump était «la voie logique, rationnelle et équitable pour mettre fin à cette guerre et à cette tragédie en même temps».

L'annonce de Biden selon laquelle il pourrait être difficile pour les États-Unis de respecter la date fixée du 1er mai précède une conférence parrainée par les États-Unis sur le processus de paix afghan en Turquie où, dans les semaines à venir, des acteurs internationaux, les talibans et le gouvernement afghan, sont attendus pour négocier la formation d'une administration intérimaire en Afghanistan qui incorporera également des représentants des talibans - une idée contestée par le président Ashraf Ghani dont le deuxième mandat a débuté l'année dernière.

Ghani, dont le gouvernement a été écarté des pourparlers américano-talibans à Doha l'année dernière, a exigé que les troupes étrangères restent en Afghanistan pendant encore quelques années et que l'administration Biden devrait étudier à nouveau l'accord américain avec les talibans.

En réaction à l'annonce de Biden jeudi, le porte-parole de Ghani, Dawa Khan Menapal, a déclaré que les troupes étrangères devaient rester plus longtemps car les talibans n'avaient pas rempli leurs obligations en vertu de l'accord de Doha de réduire la violence dans le pays et de couper les liens avec les militants étrangers, notamment Al- Qaïda.

À la suite de l'accord de Doha, les talibans ont mis fin aux attaques contre les troupes étrangères, mais ont en même temps intensifié leurs attaques contre les forces de sécurité afghanes.

«Nous nous sommes opposés dès le départ au retrait précipité des troupes internationales d'Afghanistan. Nous sommes confrontés à une menace commune qui nécessite une campagne conjointe», a déclaré Menapal, à Arab News.

Malgré le fait que Biden a déclaré que le secrétaire d'État Antony Blinken rencontrera des alliés de l'OTAN pour décider de la manière de procéder au retrait de manière «sûre et ordonnée», on craint que le non-respect de la date fixée de mai puisse «mettre les talibans dans un dilemme et inciter certains commandants de terrain à reprendre les attaques contre les troupes étrangères», a déclaré à Arab News l’analyste politique et ancien journaliste installé à Kaboul, Taj Mohammad.

«Mon analyse est qu'il y aura plus d'effusion de sang, plus de violence, d'attaques et de contre-attaques», a-t-il ajouté.

D'autres analystes croient que l'extension de la présence militaire étrangère viserait à forcer Ghani et les talibans à parvenir à un compromis en Turquie.

«L'extension est un autre soutien vital pour la réussite d'un accord politique pour l'Afghanistan. Cette extension a des aspects multidimensionnels d'une manière différente pour presque toutes les parties prenantes», a expliqué l'analyste et ancien journaliste Zabihullah Pakteen.

L'ancien conseiller du gouvernement, Torek Farhadi, a déclaré que le report du retrait et la réunion en Turquie sont inévitablement la dernière chance d'empêcher une nouvelle guerre civile en Afghanistan.

«Les Européens, préoccupés par une vague de réfugiés d'Afghanistan en cas de nouvelle guerre civile, se sont efforcés de convaincre les Américains de rester et de maintenir le statu quo», a-t-il déclaré à Arab News. Il a ajouté que les États Unis voulaient coûte que coûte se retirer d'Afghanistan car ils étaient déjà frustré par Ghani à cause de la corruption endémique à Kaboul ainsi que de la montée des tensions ethniques.

«L'Amérique était épuisée. Après un investissement 1000 milliards de dollars, elle est maintenant prête à jeter l'éponge et à décider de partir, mettant fin à sa plus longue guerre à l'occasion du 20e anniversaire », a souligné Farhadi.

Si les États-Unis décident de partir, a ajouté Farhadi, lors de la conférence en Turquie et d'autres réunions qui suivront, le dossier afghan perdra son caractère militaire international et deviendra «une simple question de paix interne lors d’un conflit».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les forces américaines restent «dans une posture défensive» au Moyen-Orient annonce la Maison Blanche

Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X. (AFP)
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  • "Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera"
  • "Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera"

WASHINGTON: Les forces américaines "sont dans une posture défensive" au Moyen-Orient "et cela n'a pas changé", a indiqué lundi un porte-parole de la Maison Blanche, Alex Pfeiffer, sur X.

"Nous défendrons les intérêts américains" dans la région, a-t-il ajouté, alors que le conflit entre Israël et l'Iran se poursuit pour la cinquième nuit consécutive.

"Ce que vous voyez en temps réel, c'est la paix par la force et l'Amérique d'abord. Nous sommes en position défensive dans la région, pour être forts, dans la poursuite d'un accord de paix, et nous espérons certainement que c'est ce qui se passera", a déclaré de son côté le ministre de la Défense, Pete Hegseth, interrogé sur la chaîne Fox News.

"Et le président (Donald) Trump l'a dit clairement, c'est sur la table. La question est de savoir si l'Iran l'acceptera", a-t-il ajouté.

Le président américain va écourter sa participation au sommet du G7 au Canada pour rentrer à Washington dans la soirée en raison de la situation au Moyen-Orient, a indiqué la Maison Blanche.

Ces déclarations sur la posture "défensive" des forces américaines surviennent alors que des informations diffusées par des médias israéliens ont fait état d'une supposée participation directe des Américains aux frappes contre l'Iran.

Entretemps, le porte-avions américain Nimitz, qui croisait en mer de Chine méridionale, a mis le cap à l'ouest et prend la direction du Moyen-Orient, a confirmé un responsable du Pentagone.

Il remonte actuellement le détroit de Malacca, entre l'île indonésienne de Sumatra et la Malaisie.

Des sites qui géolocalisent en temps réel les positions des avions dans le monde entier ont identifié pour leur part dans la nuit de dimanche à lundi le mouvement d'une trentaine d'avions ravitailleurs américains, qui ont décollé des Etats-Unis et se sont dirigés vers différentes bases militaires en Europe.

Israël, allié des Etats-Unis, a lancé vendredi une campagne aérienne massive d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires, avec l'objectif affiché de l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran tire depuis des salves de missiles en riposte.

Le président américain a appelé sur son réseau Truth Social "tout le monde à évacuer Téhéran immédiatement".

"L'Iran aurait dû signer l'+accord+ quand je leur ai dit de signer. Quel dommage et quel gâchis de vies humaines. Pour le dire simplement, L'IRAN NE PEUT PAS AVOIR D'ARME NUCLEAIRE", a-t-il aussi écrit.

Les Etats-Unis aident déjà Israël à intercepter les missiles iraniens visant son territoire.

 

 


Conflit Israël-Iran: Trump quitte prématurément le G7

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  • Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants"
  • Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."

KANANASKIS: "A cause de ce qui se passe au Moyen-Orient, le président Trump va partir ce soir après le dîner" avec les autres dirigeants du sommet du G7 au Canada, un jour plus tôt que prévu, a annoncé lundi sa porte-parole Karoline Leavitt sur X.

Le président américain, dont le séjour dans les Rocheuses canadiennes devait se prolonger jusqu'à mardi en fin de journée et se conclure par une conférence de presse, "rentre à Washington pour s'occuper de nombreux sujets importants", a-t-elle déclaré par ailleurs dans un court communiqué.

Cette annonce vient peu après que Donald Trump a écrit sur son réseau Truth Social: "Tout le monde devrait évacuer Téhéran immédiatement."


Trump reproche à Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions concernant le conflit Iran-Israël

Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
Le président français Emmanuel Macron, le premier ministre canadien Mark Carney, le président américain Donald Trump et le premier ministre britannique Keir Starmer participent à une photo de groupe devant les Rocheuses canadiennes au Kananaskis Country Golf Course lors du sommet des dirigeants du G7, le 16 juin 2025 à Kananaskis, en Alberta.(Getty Images via AFP)
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  • Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran.
  • Il a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

CALGARY, CANADA : Donald Trump a assuré lundi que son départ anticipé du G7 n'avait « rien à voir avec un cessez-le-feu » entre Israël et l'Iran, et a reproché au président français Emmanuel Macron de ne pas avoir « compris » ses intentions.

« Le président Emmanuel Macron, de France, a dit par erreur, dans le but de faire de la publicité, que j'avais quitté le sommet du G7 au Canada pour retourner à Washington afin de travailler à un cessez-le-feu entre Israël et l'Iran. Faux ! Il n'a aucune idée de la raison pour laquelle je suis maintenant en route pour Washington, mais cela n'a certainement rien à voir avec un cessez-le-feu. C'est beaucoup plus gros que ça », a-t-il tempêté sur son réseau Truth Social.

« Emmanuel ne comprend jamais rien, que ce soit volontairement ou non », a asséné le président américain, peu après avoir quitté le rassemblement des chefs d'État et de gouvernement du G7 dans les Rocheuses canadiennes, un jour plus tôt que prévu.

Le président français avait affirmé plus tôt, lors d'un point presse en marge du sommet, qu'« une offre avait été faite » de la part des Américains pour « une rencontre et des échanges » avec les Iraniens, ajoutant : « Si les États-Unis peuvent obtenir un cessez-le-feu, c'est une très bonne chose. » 

Ces dernières heures, Donald Trump a envoyé des signaux confus sur le conflit en cours entre Israël et l'Iran, alors que les spéculations vont bon train sur un éventuel engagement militaire direct des États-Unis.

Tout en exhortant l'Iran à conclure un « accord » sur son programme nucléaire « avant qu'il ne soit trop tard », il a aussi appelé à « évacuer » Téhéran dans un message particulièrement alarmiste sur Truth Social.

Le gouvernement américain a toutefois assuré que la posture des forces américaines dans la région restait « défensive ».

Selon le site Axios, l'exécutif américain n'a pas abandonné la voie diplomatique et discute d'une possible rencontre entre l'émissaire spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.