Grèce: la triche lors des examens en ligne laisse craindre des diplômes dévalués

Dans un lycée d'une banlieue d'Athènes le 12 avril 2021, élèves et enseignants écoutent les instructions d'utilisation des kits pour le test Covid-19 auto-administré qu’ils doivent subir deux fois par semaine, alors que le pays rouvre les lycées pour les étudiants du cycle secondaire. (Louisa Gouliamaki/AFP)
Dans un lycée d'une banlieue d'Athènes le 12 avril 2021, élèves et enseignants écoutent les instructions d'utilisation des kits pour le test Covid-19 auto-administré qu’ils doivent subir deux fois par semaine, alors que le pays rouvre les lycées pour les étudiants du cycle secondaire. (Louisa Gouliamaki/AFP)
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Publié le Samedi 17 avril 2021

Grèce: la triche lors des examens en ligne laisse craindre des diplômes dévalués

  • Les conditions normales d'examen sont pratiquement impossibles à appliquer dans un contexte d'enseignement à distance avec des centaines de participants en ligne
  • "En plaisantant, nous appelons les diplômes que nous allons décerner cette année, les diplômes Corona" confie l’ancien recteur de l’Université Aristotelio

THESSALONIQUE, Grèce : Les universités grecques, fermées depuis plus d'un an en raison de la pandémie, font face à une recrudescence de la triche lors des examens en ligne, laissant craindre des diplômes dévalués déjà baptisés "diplômes Corona".

Les professeurs et les étudiants admettent que les conditions normales d'examen sont pratiquement impossibles à appliquer dans un contexte d'enseignement à distance avec des centaines de participants simultanément en ligne.

"En plaisantant, nous appelons les diplômes que nous allons décerner cette année, les diplômes Corona", déclare John Mylopoulos, professeur en génie environnemental et ancien recteur de l'Université Aristotelio de Thessalonique.

"L'enseignement à distance est censé être un outil complémentaire à l'éducation. Lorsqu'il devient l'outil essentiel d'enseignement, les problèmes commencent", a-t-il expliqué à l'AFP.

"L'été dernier, j'ai passé deux examens au nom de deux de mes amis et personne ne s'en est rendu compte", raconte Sofia, une étudiante en psychologie de 20 ans à Aristotelio.

"Je me suis connectée en utilisant leurs ordinateurs et leurs codes personnels. Il n'y avait aucune règle de caméra ouverte pendant l'examen. Mes deux amis ont obtenu une note presque parfaite sans ouvrir un livre", a-t-elle précisé à l'AFP.

De nombreux professeurs ont été surpris de voir des étudiants de longue date obtenir des résultats étonnamment élevés sans avoir mis les pieds sur un campus universitaire depuis des années.

"Facile de tricher"

"Les moyennes sont en hausse, et des personnes que nous n'avons pas vu depuis des années se présentent aux examens parce que le système permet de tricher facilement", confie Kostas Kosmatos, professeur assistant en criminologie à l'Université Démocrite de Thrace.

Cet enseignant note que seul un examen avec une caméra ouverte permettrait de rétablir un peu de transparence dans la procédure. "Mais c'est impossible de le faire avec plus de 500 personnes qui passent des examens", admet-t-il.

"Nous répartissons donc les participants en groupes, en leur attribuant des sujets différents. Nous essayons également de limiter le temps disponible pour les réponses. Mais même de cette façon, nous ne trouvons pas de solution efficace", ajoute-t-il.

Alexandros Hatzigeorgiou, professeur de technologie de l'information à l'Université de Macédoine de Thessalonique, avertit que même les mots de passe d'examen personnalisés ne sont pas une garantie.

"Nous n'avons aucun moyen de vérifier que la personne qui se connecte est bien l'étudiant", note-t-il. "Et la caméra pourrait montrer quelqu'un d'autre en train de passer l'examen à sa place".

Certains étudiants ont déjà trouvé des astuces pour surmonter presque tous les obstacles à la triche.

"Des groupes se sont formés sur Messenger, Discord et d'autres plateformes. En utilisant des écrans partagés, les bonnes réponses sont partagées en temps réel pendant un examen sans que (les surveillants) s'en rendent compte, que la caméra soit allumée ou non", explique Costas, étudiant de 22 ans à l'Université Aristotelio.

Wikipédia "paraphrasé"

Angela Kastrinaki, doyenne du département de littérature de l'Université de Crète, affirme qu'il est facile pour les étudiants de rechercher des réponses aux examens sur Google, même sous l'œil des surveillants devant la caméra.

"Nous obtenons des réponses de Wikipédia paraphrasé", souligne-t-elle.

Certains de ses étudiants ont même fait appel à un philologue connu pour les aider à résoudre une question d'examen, dont la réponse ne figurait pas sur internet. "Même lui s'est trompé, alors j'ai eu 50 papiers avec la même erreur. C'était drôle", commente Mme Kastrinaki. 

En tout, elle a constaté que 100 étudiants avaient triché ce jour-là.

"Le système est parfois tellement corrompu que même les étudiants talentueux sont tentés de tricher", estime Panagiotis, étudiant en dernière année en droit à l'Université Aristotelio.

Natassa, une étudiante de 20 ans à l'université de Ioannina, se souvient qu'une de ses amies a donné 100 euros à une enseignante pour qu'elle passe son examen de math à sa place.

"Mais finalement, elle n'a même pas obtenu une note particulièrement bonne", remarque l'étudiante, amusée.

 


Mobilisation en soutien à Gaza: affrontements et intervention de la police sur le campus de la UCLA à Los Angeles

Des agents de la CHP marchent près d'un campement de partisans des Palestiniens de Gaza, sur le campus de l'UCLA, à Los Angeles, Californie, États-Unis, le 1er mai 2024. (Reuters)
Des agents de la CHP marchent près d'un campement de partisans des Palestiniens de Gaza, sur le campus de l'UCLA, à Los Angeles, Californie, États-Unis, le 1er mai 2024. (Reuters)
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  • Manifestants et contre-manifestants se sont opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles
  • Quelques heures plus tôt, la police de New York avait délogé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de l'université Columbia, campus américain d'où est partie la mobilisation estudiantine pro-palestinienne

LOS ANGELES : Des affrontements ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi en marge d'un rassemblement étudiant dénonçant la guerre menée par Israël à Gaza à l'Université UCLA, à Los Angeles, dernier épisode d'un mouvement étudiant qui secoue les Etats-Unis.

Les heurts ont éclaté quand un important groupe de contre-manifestants, pour beaucoup masqués, a attaqué un campement pro-palestinien installé sur une pelouse de l'UCLA, selon un photographe de l'AFP sur place.

Les assaillants ont tenté d'enfoncer une barricade improvisée autour du campement, composée de barrières métalliques et de panneaux de contreplaqué. Manifestants et contre-manifestants se sont ensuite opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles.

«La violence en cours à l'UCLA est absolument abjecte et inexcusable», a fustigé la maire de Los Angeles, Karen Bass, ajoutant que la police de la ville était déployée sur le campus.

Cette dernière a indiqué avoir été appelée en renfort par la direction après «de nombreux actes de violence commis dans le campement à l'intérieur du campus».

Tôt mercredi, les policiers étaient toujours présents en grand nombre sur le site universitaire.

Quelques heures plus tôt, la police de New York avait délogé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de l'université Columbia, intervenant manu militari sur le campus américain d'où est partie la mobilisation estudiantine pro-palestinienne.

Le campement de tentes installé sur la pelouse du site a été démantelé, a pu constater une journaliste de l'AFP dans la nuit de mardi à mercredi.

Environ 300 personnes ont été interpellées, a indiqué la police new-yorkaise.

Dans le sud-ouest du pays, la police de l'Université de l'Arizona a annoncé mercredi matin avoir utilisé du gaz lacrymogène pour disperser «un rassemblement illégal».

En Caroline du Nord, sur la côte est, la police est intervenue mardi pour évacuer un campement sur un campus de Chapel Hill, arrêtant plusieurs manifestants dans un face-à-face tendu.

- Accord -

Depuis deux semaines, les mobilisations de soutien à Gaza se multiplient à travers les campus américains, de la Californie aux grandes universités du nord-est, en passant par le sud et le centre du pays -- rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam.

Les étudiants appellent les établissements à couper les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël, et dénoncent le soutien de Washington à son allié israélien.

Se distinguant ainsi des autres institutions, l'université Brown dans l'Etat de Rhode Island a annoncé mardi avoir trouvé un accord avec les manifestants, prévoyant le démantèlement de leur campement en échange d'un vote de l'université en octobre sur d'éventuels «désinvestissements dans des +sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza+».

A Columbia, les négociations entre direction et groupes étudiants n'avaient pas abouti. «Les événements de la nuit dernière sur le campus ne nous ont pas donné le choix», avait écrit la présidente de l'université, Minouche Shafik, dans une lettre rendue publique demandant à la police de New York d'intervenir sur le campus.

A Los Angeles, le président de l'UCLA Gene Block avait mis en garde avant les heurts de la nuit contre la présence de personnes extérieures à l'université.

Dimanche, des militants pro-palestiniens et pro-israéliens, soutenus par de nombreux manifestants extérieurs au campus, en étaient venus aux mains, avec des bousculades et des insultes.

«Beaucoup de manifestants et de contre-manifestants pratiquent leur militantisme de manière pacifique. Mais d'autres emploient des méthodes franchement choquantes et honteuses», avait écrit M. Block dans un message posté mardi sur le site de l'université.

«Ces incidents ont provoqué, tout particulièrement chez nos étudiants juifs, une profonde anxiété et de la peur», a-t-il ajouté.

- A 6 mois de la présidentielle -

Depuis le début du mouvement, des centaines de personnes - étudiants, enseignants et militants - ont été interpellées, parfois arrêtées et poursuivies en justice dans plusieurs universités du pays.

Les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus, à la demande des universités, ont fait le tour du monde et on fait vivement réagir le monde politique, à six mois de la présidentielle dans un pays polarisé.

Joe Biden «doit faire quelque chose» contre ces «agitateurs payés», a déclaré mardi soir sur Fox News le candidat républicain Donald Trump. «Il nous faut mettre fin à l'antisémitisme qui gangrène notre pays aujourd'hui», a-t-il ajouté.

«Occuper par la force un bâtiment universitaire est la mauvaise approche» et ne représente «pas un exemple de manifestation pacifique», avait tonné avant l'intervention de la police John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.


Royaume-Uni: Premiers migrants arrêtés avant leur expulsion vers le Rwanda, d'autres campent à Dublin

Des demandeurs d'asile dormant dans des tentes à Dublin affirment que la vie sous les bâches est meilleure et plus sûre que le risque d'être envoyé par le Royaume-Uni au Rwanda  (Photo, AFP).
Des demandeurs d'asile dormant dans des tentes à Dublin affirment que la vie sous les bâches est meilleure et plus sûre que le risque d'être envoyé par le Royaume-Uni au Rwanda (Photo, AFP).
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  • L'adoption d'une loi permettant l'expulsion des migrants vers le Rwanda a déclenché leur départ du Royaume-Uni
  • Une centaine de tentes ont poussé devant l'Office, depuis que le gouvernement irlandais a cessé il y a quelques mois de fournir un hébergement aux demandeurs d'asile

LONDRES: Les premiers migrants susceptibles d'être expulsés par le Royaume-Uni vers le Rwanda ont été arrêtés et placés en détention, a annoncé mercredi le ministère britannique de l'Intérieur, sans préciser le nombre de personnes concernées.

"Les premiers migrants en situation irrégulière devant être expulsés vers le Rwanda ont été placés en détention à la suite d'une série d'opérations menées cette semaine à l'échelle nationale", écrit le Home Office dans un communiqué.

Davantage d'arrestations "devraient être menées dans les semaines à venir", a-t-il ajouté.

"Cette action est un élément clé du plan visant à assurer des vols vers le Rwanda dans les neuf à onze semaines à venir", a poursuivi le ministère.

Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak a promis de mettre un terme aux traversées de la Manche par les migrants clandestins.

Le Parlement a adopté la semaine dernière une loi très controversée permettant d'expulser vers le Rwanda des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni.

Leur demande d'asile sera examinée dans ce pays d'Afrique de l'Est et ils ne pourront pas revenir au Royaume-Uni, quelle que soit l'issue de leur démarche.

Le gouvernement compte commencer les expulsions au début de l'été et espère qu'elles dissuaderont d'autres migrants de venir au Royaume-Uni.

Cette politique "montrera clairement que si vous venez ici illégalement, vous ne pouvez pas rester", redit le ministère de l'Intérieur dans son communiqué.

"Nos équipes (...) travaillent à un rythme soutenu pour arrêter rapidement les personnes qui n'ont pas le droit d'être ici, afin que nous puissions faire décoller les vols", a déclaré le ministre de l'Intérieur James Cleverly, cité dans le communiqué.


L'ONG HRW critique l'application mobile pour demander l'asile à la frontière mexicano-américaine

Des migrants de différentes nationalités demandant l'asile aux États-Unis voyagent à bord des wagons de marchandises du train mexicain connu sous le nom de « La Bête » alors qu'ils arrivent à la ville frontalière de Ciudad Juarez, dans l'État de Chihuahua, au Mexique, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Des migrants de différentes nationalités demandant l'asile aux États-Unis voyagent à bord des wagons de marchandises du train mexicain connu sous le nom de « La Bête » alors qu'ils arrivent à la ville frontalière de Ciudad Juarez, dans l'État de Chihuahua, au Mexique, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Depuis mai 2023, avant de se présenter à la frontière, les demandeurs d'asile, sauf les mineurs isolés, sont censés obtenir un rendez-vous sur l'application téléphonique de la police américaine des frontières
  • Beaucoup des personnes interrogées ont fait état de nombreux problèmes pour utiliser l'application

WASHINGTON: L'obligation pour les demandeurs d'asile aux Etats-Unis d'obtenir un rendez-vous sur une application mobile avant de se présenter à la frontière avec le Mexique livre les migrants à la violence des cartels, déplore mercredi Human Rights Watch (HRW).

Depuis mai 2023, avant de se présenter à la frontière, les demandeurs d'asile, sauf les mineurs isolés, sont censés obtenir un rendez-vous sur l'application téléphonique de la police américaine des frontières ou s'être vu refuser l'asile dans un des pays traversés. Autrement, leur demande est présumée illégitime et ils risquent une procédure d'expulsion accélérée, leur interdisant pendant cinq ans l'entrée aux Etats-Unis.

Cette réglementation fait suite à la levée par l'administration du président démocrate Joe Biden d'une mesure de son prédécesseur républicain Donald Trump qui verrouillait depuis trois ans l'accès au territoire américain.

"Mais un résultat pratique reste le même pour les demandeurs d'asile", affirme HRW dans un rapport publié mercredi : pendant de longues semaines, voire des mois, "ils sont forcés d'attendre dans le nord du Mexique, ainsi que dans beaucoup d'autres villes ailleurs au Mexique par lesquelles transitent les migrants".

Systématiquement visés 

Ils y sont "systématiquement visés par les cartels qui, parfois avec l'aide de responsables des autorités mexicaines, les enlèvent, les rackettent, les agressent sexuellement et les dévalisent", énumère l'ONG.

L'exigence de prise de rendez-vous sur l'application crée un "filtrage numérique", qui livre "aux cartels une population vulnérable", selon le rapport, établi à partir d'interviews avec 128 demandeurs d'asile, des employés de centres d'accueil, des responsables mexicains et des employés d'organisations humanitaires.

Bien que l'inscription pour un rendez-vous sur l'application ne soit en principe pas obligatoire, dans les faits, les demandeurs qui se présentent à la frontière sans l'avoir préalablement obtenue sont éconduits par les autorités frontalières mexicaines et américaines, indique HRW.

Beaucoup des personnes interrogées ont fait état de nombreux problèmes pour utiliser l'application, notamment matérielles, techniques, ou linguistiques. L'application n'est ainsi disponible qu'en anglais, en espagnol et en créole haïtien.

Ces pratiques "violent le principe juridique fondamental de non-refoulement" des demandeurs d'asile vers des pays où leur vie ou leur liberté serait en danger, souligne l'ONG.

Elle exhorte donc l'administration Biden à donner instruction à la police des frontières de traiter toutes les demandes d'asile, indépendamment de la façon ou du lieu de dépôt, ainsi que de l'obtention d'un rendez-vous via l'application "CBP One" de la police des frontières.

Human Rights Watch lui suggère en outre d'en améliorer l'accessibilité et la facilité d'utilisation, y compris par l'ajout d'autres langues, comme l'arabe, le français, le russe, le chinois, le portugais, et de langages amérindiens.