L’ISS, berceau des aventures spéciales futures

La Terre vue de l’ISS (AFP PHOTO/NASA/NICK HAGUE P).
La Terre vue de l’ISS (AFP PHOTO/NASA/NICK HAGUE P).
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Publié le Mardi 20 avril 2021

L’ISS, berceau des aventures spéciales futures

  • La Station spatiale internationale (ISS), qui s'apprête à accueillir Thomas Pesquet, est devenue au fil du temps un laboratoire de pointe
  • Depuis le début de sa construction en 1998, plus de 3 000 expériences ont été réalisées à 400 km d'altitude

PARIS: Plus de 20 ans qu'elle tourne autour de la Terre pour faire avancer la science : la Station spatiale internationale (ISS), qui s'apprête à accueillir Thomas Pesquet, est devenue au fil du temps un laboratoire de pointe, où l'apesanteur n'a pas fini d'aiguiser l'appétit des chercheurs.

Depuis le début de sa construction en 1998, plus de 3 000 expériences ont été réalisées à 400 km d'altitude. Les unes tournées vers la Terre, les autres vers l'exploration spatiale, avec la Lune et Mars désormais en vue.

La Station a atteint son âge d'or, après une longue phase de croissance. « Elle fonctionne à 100% de ses capacités, l'utilisation du laboratoire tel que pensé initialement est optimale », relève Sébastien Vincent-Bonnieu, qui coordonne les expériences scientifiques à l'agence spatiale européenne (ESA).

L'intérieur de l'ISS, grande comme un terrain de foot, s'apparente à une ruche où tous les espaces sont occupés par les astronautes, dont la tâche principale consiste aujourd'hui à réaliser des expériences, pilotées par les chercheurs depuis la Terre. Et à servir de « cobayes ».

Des « mini-cerveaux »

La deuxième mission de Thomas Pesquet, « Alpha », s'annonce chargée, avec une centaine d'expériences au programme. 

Parmi elles, « Cerebral Ageing », pour étudier le vieillissement sur des cellules nerveuses de cerveaux. Ou encore « Télémaque », une pince acoustique de manipulation d'objets sans contact, « Eco Pack », une nouvelle génération d'emballages, un élevage de blob, organisme unicellulaire qui fascine les biologistes...

« Certains demandent ce que Thomas Pesquet va faire de ‘mieux’ que lors de sa première mission, Proxima. Mais rien en fait, c'est le même métier », estime Sébastien Barde, responsable du Cadmos, structure du CNES (l'agence spatiale française) chargée des activités en micropensanteur.

Les six laborantins de l'ISS se relaient, certains commencent une manipulation, d'autres la terminent. « Les expériences sont pensées sur le long terme, indépendamment des missions. La science y gagne énormément », développe l'ingénieur du Cadmos.

L'étude de l'apesanteur --ou microgravité-- est « passée d'une ère pionnière à quelque chose d'industrialisé », avec des moyens de mesure de plus en plus précis : « Il y a vingt ans, il n'y avait pas d'échographe à bord ».

L’ISS est régulièrement approvisionnée (AFP PHOTO/NASA/HANDOUT).

Claudie Haigneré, première femme française à voler dans l'espace, se souvient d'une l'ISS « peu équipée » à ses débuts, et « admire ce qu'elle est devenue, avec des laboratoires exceptionnels ».

Les astronautes « cobayes » séjournent en outre plus longtemps : six mois, versus une quinzaine de jours pour les premiers vols habités ; la mesure des effets de la microgravité sur leur organisme n'en est que plus pertinente.

« On apprend en permanence »

Là-haut, la machine humaine, hyper adaptée à la gravité, est secouée comme dans un « shaker », et la dégradation observée sur les os, les artères, est proche du vieillissement cellulaire. A la différence qu'au retour au sol, le phénomène est réversible. 

« C'est ça qui est intéressant : étudier ce que le corps met en jeu pour revenir à son équilibre, avec d'éventuelles pistes pour des traitements », analyse Sébastien Barde.

« Autant au début de l'ère spatiale, on avait besoin du médical pour aller dans l'espace, autant aujourd'hui, c'est l'espace qui apporte au médical car l'apesanteur permet de mieux comprendre des maladies », a souligné le président sortant du CNES, Jean-Yves Le Gall, sur France Inter. 

Ostéoporose, traitement contre la salmonellose, systèmes de purification de l'eau... En 20 ans, « des découvertes majeures y ont été faites », selon l'historien américain Robert Pearlman, et d'autres s'annoncent « prometteuses », comme l'impression 3D d'organes. 

Des voies se sont élevées contre le coût de l'ISS, jugé disproportionné au regard des découvertes, au moment où la Nasa cherche à se désengager pour se concentrer sur l'exploration lointaine. 

Pour certains scientifiques cependant, l'ISS dont la fin est prévue en 2028, est « l'unique moyen d'accéder à leurs thèmes de recherche », en médecine mais aussi en sciences de la matière, pour lesquelles surmonter la gravité est essentiel.

Il y aura ainsi toujours une communauté avide d'étudier les phénomènes sans gravité, pense le physicien Sébastien Vincent-Bonnieu, qui constate d'ailleurs un intérêt « croissant » pour les expériences en orbite. Dans l'ISS ou ailleurs, comme la future station orbitale lunaire.

Thomas Pesquet, star de l'espace au firmament

L'astronaute français Thomas Pesquet, devenu le meilleur ambassadeur de la conquête spatiale après un premier séjour sur la Station spatiale internationale, s'envole jeudi pour une saison 2, avec une popularité au zénith.

Cette deuxième mission dans les étoiles, l'astronaute en rêvait depuis 2017, peu après son retour sur Terre. La mission s'appelle Alpha, référence à la constellation Alpha du Centaure, comme l'était sa première mission Proxima. « C'est aussi la première lettre de l'alphabet grec, symbole de l'excellence que nous visons », confiait Thomas Pesquet l'été dernier.

Ingénieur aéronautique, pilote de ligne, sportif accompli, polyglotte... Lors de son premier séjour de six mois sur l'ISS, démarré en novembre 2016, Thomas Pesquet, 43 ans aujourd'hui, avait marqué les esprits par son charisme et sa facilité à communiquer avec le grand public.

Cette fois, il multipliera les premières, d'abord en étant le premier Européen à emprunter un vaisseau privé américain de Space X, et non plus le vaisseau russe Soyouz, pour rejoindre la station orbitale. Une nouveauté qui l'enthousiasme et qui a exigé pas moins d'un an d'entraînement dédié.

Il sera aussi le premier Français à prendre les commandes de la station.

Sur Terre, il vient d'être désigné ambassadeur de la FAO, l'agence de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture, pour « défendre l'action contre le changement climatique et la transformation des systèmes agroalimentaires ».

L'aventure cosmique de Thomas Pesquet, né à Rouen (nord-ouest) le 27 février 1978, a commencé en mai 2009, lors de sa sélection, avec cinq autres Européens sur plus de 8 000 candidats, pour intégrer le corps des astronautes de l'Agence spatiale européenne.

L'ISS n'est à ses yeux qu'une marche pour l'ailleurs. « La Lune --pour laquelle je suis candidat -- est une étape technique nécessaire. Mais ce qu'on a tous en tête, c'est Mars ».

Des expériences préparent à des missions plus lointaines

Détecter des rayonnements nocifs, piloter un rover à distance, mieux dormir ou encore entretenir son corps : certaines des dizaines expériences que l'astronaute français Thomas Pesquet devra mener sur l'ISS préparent pour des missions plus lointaines, vers la Lune et au-delà.

Car que ce soit pour séjourner sur le satellite de la Terre (la Lune) ou filer un jour vers la planète rouge (Mars), les défis sont immenses. 

Au premier chef, celui de se protéger des flux de particules des tempêtes solaires et des rayonnements cosmiques galactiques, particulièrement nocifs pour la santé des astronautes, comme pour leurs équipements. 

Les Terriens et, dans une moindre mesure, les humains habitant la Station spatiale internationale, en sont protégés par le « bouclier » du champ magnétique terrestre. 

Au-delà, ils sont exposés à de véritables radiations, sous la forme de flux de particules hautement énergétiques.

Avant d'imaginer s'en protéger, il faut mesurer ces radiations plus précisément qu'actuellement, et pourquoi pas les anticiper. C'est l'objet de l'expérience Lumina, avec une « technologie de rupture » utilisant les propriétés d'une fibre optique dopée au phosphore, qui s’obscurcie rapidement lorsqu’elle est irradiée.

Il « suffit » de mesurer cet obscurcissement, en comparant l'intensité d'un signal lumineux injecté à un bout avec celle reçue à l'autre bout, pour en déduire la dose de radiation reçue. 

« Comme une vague »

Le dispositif doit permettre de la mesurer en temps réel, avec une sensibilité suffisante pour détecter une variation soudaine de la dose reçue, annonciatrice par exemple d'une tempête solaire.

Imprévisible, elle propulse un flux de particules hautement énergétiques et très nocives. « Comme une vague, elle met environ une heure à monter avant d'arriver à son flux maximum », explique Nicolas Balcon, ingénieur en environnement radiatif au CNES.

La première fleur à avoir éclot dans l'espace, sur l'ISS en 2016 (AFP PHOTO / HANDOUT / NASA / SCOTT KELLY).

Sur une mission lointaine, « si on se rend compte d’une augmentation soudaine, on pourrait déjà sauver l’électronique, faire rentrer l’astronaute qui serait à l’extérieur, ou se protéger dans des abris ou des combinaisons avec des biomatériaux atténuant l'effet de certaines radiations », et qui restent à inventer, ajoute l'ingénieur.

Pour travailler dans cet environnement parfois nocif, les futurs voyageurs vers la Lune et l'espace profond devront aussi maîtriser la télérobotique. Pour par exemple « piloter à distance un rover sur la Lune depuis la Gateway », la future station orbitale lunaire, explique Rémi Canton. 

L'expérience Pilote va étudier comment un astronaute « utilise les informations tactiles et visuelles mises à sa disposition », pour mieux concevoir de futurs postes de pilotage. Thomas Pesquet portera un casque de réalité virtuelle, combiné à un dispositif de retour de force aux mains, « parce que la dextérité, la motricité fine, sont beaucoup affectées en impesanteur, on ne sent pas le poids de son bras, la force qu'on y met ». Il devra notamment s'entraîner à manier un bras robotique dans une tâche de capture d'un véhicule virtuel.

Ce même casque sera mis à contribution dans l'expérience Immersive Exercise, qui plongera l'astronaute dans un environnement virtuel attractif quand il pédalera sur CEVIS, le vélo d'entraînement que les astronautes chevauchent quotidiennement pour limiter la fonte musculaire, indissociable des séjours en apesanteur. Thomas Pesquet a demandé pour ce qui le concerne un parcours dans Paris.

Il coiffera ensuite le bandeau de l'expérience Dreams pour s'endormir. A la différence des questionnaires utilisés jusqu'ici, il permettra, en enregistrant les phases de sommeil, de « comprendre comment le confinement et la microgravité affectent sa qualité », selon Canton. Un vrai sujet sur l'ISS, où les phases diurne et nocturne se succèdent en 45 minutes, et a fortiori pour des missions de longue durée, sur la Lune ou vers Mars.


Ukraine: "prêts" sur les garanties de sécurité, les Européens vont tester les engagements de Trump

Le président français Emmanuel Macron (C,D) tient une réunion de travail avec le président ukrainien au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 3 septembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C,D) tient une réunion de travail avec le président ukrainien au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 3 septembre 2025. (AFP)
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  • Réunis à Paris autour d’Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, les alliés européens de l’Ukraine actent leur volonté de garantir la sécurité de Kiev, tout en pressant les États-Unis de formaliser leur propre engagement
  • Vladimir Poutine, soutenu par la Chine et la Corée du Nord, rejette toute intervention étrangère et affirme que la Russie poursuivra ses objectifs militaires en Ukraine

PARIS: Les soutiens européens de l'Ukraine se réunissent jeudi pour tester l'engagement des Etats-Unis pour la sécurité future de l'Ukraine, alors que les efforts de paix de Donald Trump patinent et que Vladimir Poutine, fort de ses soutiens internationaux, paraît plus inflexible que jamais

Le président français Emmanuel Macron copréside à 10H30 (08H30 GMT) à l'Elysée une réunion de la "Coalition des volontaires", qui rassemble les principaux soutiens militaires de Kiev - une trentaine de pays, essentiellement européens - en présence de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Les dirigeants s'entretiendront ensuite par téléphone à 14H00 (12H00 GMT) avec Donald Trump. Avec deux sujets à l'ordre du jour: un appel à plus de sanctions américaines contre la Russie et les contributions de chacun aux garanties de sécurité futures à apporter à l'Ukraine.

Outre M. Zelensky, le président finlandais Alexander Stubb sera présent à l'Elysée, de même que les Premiers ministres polonais Donald Tusk, espagnol Pedro Sanchez, danoise Mette Frederiksen ou encore les présidents des institutions de l'Union européenne Ursula von der Leyen et Antonio Costa.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer, coprésident de la réunion, interviendra en visioconférence de même que les autres dirigeants européens, de l'Allemand Friedrich Merz à l'Italienne Georgia Meloni.

- Réserves -

Les Européens vont acter qu'ils sont "prêts" sur l'octroi de garanties de sécurité à l'Ukraine, pour mieux signifier qu'ils attendent désormais des gestes concrets des Américains dans le même sens.

"Nous sommes prêts pour ces garanties de sécurité. L'Europe est au rendez-vous, pour la première fois avec ce niveau d'engagement et d'intensité", a déclaré le président français en accueillant son homologue ukrainien dès mercredi soir à l'Elysée pour un tête-à-tête.

Les alliés de l'Ukraine attendent maintenant "de voir ce que les Américains souhaitent apporter concernant leur participation", a renchéri le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, à Bruxelles.

La Coalition des volontaires est disposée à contribuer au renforcement de l'armée ukrainienne, voire pour certains pays - dont la France, le Royaume-Uni et la Belgique - à déployer des soldats en Ukraine, une fois un cessez-le-feu conclu, pour dissuader la Russie de toute nouvelle agression.

Mais certains alliés se sont montrés hésitants dans l'attente de la contribution américaine, que plusieurs pays européens jugent indispensable avant tout engagement de leur part.

Jusqu'à un cessez-le-feu, "il n'y aura certainement pas de déploiement de troupes en Ukraine et même après, j'ai des réserves considérables à ce sujet concernant l'Allemagne", a lancé le chancelier Merz sur la chaîne Sat1.

La Russie a répété jeudi qu'elle n'accepterait aucune "intervention étrangère quelle qu'en soit la forme", la porte-parole de sa diplomatie Maria Zakharova qualifiant les protections demandées par Kiev de "garanties de danger pour le continent européen".

- "A l'offensive" -

Donald Trump a promis lors d'une réunion avec six dirigeants européens le 18 août à Washington que les Etats-Unis apporteraient des garanties de sécurité, sans préciser lesquelles.

Ce "filet de sécurité" américain, ou "backstop" en anglais, pourrait prendre différentes formes - renseignement, soutien logistique, communications -, le président américain ayant exclu l'envoi de troupes américaines au sol.

Il a affirmé mercredi qu'il "se passerait quelque chose" si Vladimir Poutine ne répondait pas à ses attentes, deux semaines après leur rencontre en Alaska qui n'a abouti à aucun progrès substantiel sur une issue à la guerre en Ukraine.

En attendant, Vladimir Poutine, qui affiche un retour en force sur la scène internationale avec une présence très remarquée mercredi au côté du président chinois Xi Jinping et du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un à Pékin, après le sommet d'Anchorage le 15 août avec Donald Trump, multiplie les déclarations offensives.

Moscou atteindra ses objectifs en Ukraine par la voie militaire si les négociations avec Kiev échouent, a-t-il averti depuis la Chine, assurant que ses troupes demeuraient "à l'offensive" sur l'ensemble du front.

Au même moment, la Russie lançait une vaste attaque avec plus de 500 drones et missiles sur l'Ukraine, tuant au moins neuf personnes et privant des milliers de foyers d'électricité.

"Malheureusement, nous n'avons pas encore vu de signes de la part de la Russie indiquant qu'ils veulent mettre fin à la guerre", a déploré Volodymyr Zelensky à Paris, se disant toutefois convaincu que l'Europe et les Etats-Unis aideraient Kiev à "accroître la pression sur la Russie pour avancer vers une solution diplomatique".


Turquie: nouveau coup judiciaire contre le principal parti d'opposition

Un tribunal turc a révoqué mardi la direction d'Istanbul du principal parti de l'opposition, le CHP, pour des irrégularités présumées lors de son congrès en 2023. Une décision dénoncée comme "un coup d'Etat judiciaire" par le parti qui va faire appel. (AFP)
Un tribunal turc a révoqué mardi la direction d'Istanbul du principal parti de l'opposition, le CHP, pour des irrégularités présumées lors de son congrès en 2023. Une décision dénoncée comme "un coup d'Etat judiciaire" par le parti qui va faire appel. (AFP)
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  • Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a remporté une large victoire face à l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan lors des élections municipales de 2024 et progresse dans les sondages
  • Le tribunal annule les résultats du congrès provincial du CHP, excluant son chef à Istanbul, Özgür Celik, ainsi que 195 membres de la direction et délégués de ce parti

ISTANBUL: Un tribunal turc a révoqué mardi la direction d'Istanbul du principal parti de l'opposition, le CHP, pour des irrégularités présumées lors de son congrès en 2023. Une décision dénoncée comme "un coup d'Etat judiciaire" par le parti qui va faire appel.

Cette mesure apparaît comme un nouvel épisode de la guerre que livrent les autorités turques au premier parti d'opposition et surtout à ses figures populaires, dont le maire d'Istanbul emprisonné, Ekrem Imamoglu.

Le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a remporté une large victoire face à l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan lors des élections municipales de 2024 et progresse dans les sondages.

Dans son jugement, dont l'AFP a pu consulter une copie, le tribunal annule les résultats du congrès provincial du CHP, excluant son chef à Istanbul, Özgür Celik, ainsi que 195 membres de la direction et délégués de ce parti.

Par ces procédures, l'objectif est d'évincer l'actuel président du parti, Özgür Özel, en faisant annuler le résultat du congrès national du CHP.

S'exprimant mardi soir à l'issue d'une réunion d'urgence des instances du parti à Ankara, M.Özel a juré de "ne pas capituler" et dénoncé une "décision politiquement et légalement nulle et non avenue".

"Nous sommes confrontés à un coup d'Etat judiciaire", a-t-il enchainé lors d'un entretien à la chaine de télévision privée Halk TV, accusant les autorités de vouloir "modifier les résultats électoraux par voie de justice".

"Ils menacent de me retirer la direction du parti. Je vais me battre en retour". a-t-il promis.

Pression judiciaire croissante 

Le CHP subit une pression judiciaire croissante via un grand nombre d'enquêtes et d'interpellations visant ses élus, accusés de corruption, comme au sein de la municipalité d'Istanbul, la plus riche et la plus importante ville de Turquie, dont le maire est depuis mars derrière les barreaux.

L'arrestation de l'édile, Ekrem Imamoglu, figure populaire de l'opposition et principal adversaire potentiel du président Recep Tayyip Erdogan à la prochaine échéance présidentielle, avait déclenché un mouvement de contestation inédit dans ce pays depuis douze ans.

Sont de fait suspendues mardi "toutes les décisions prises au cours du congrès provincial d'Istanbul" du CHP qui avait eu lieu le 8 octobre 2023, d'après le jugement rendu.

La mesure suppose également "la réintégration temporaire" des personnes élues lors du précédent congrès ou la nomination d'un comité provisoire qui serait jugé approprié par le tribunal.

Au congrès d'octobre 2023, Özgür Celik, élu à la direction du parti à Istanbul avec le soutien d'Ekrem Imamoglu, l'avait emporté face à son concurrent, Cemal Canpolat, un proche de l'ancien président du CHP, Kemal Kilicdaroglu.

Ce dernier avait été le candidat malheureux de l'opposition à la présidentielle de 2023.

Le parquet a ouvert une enquête contre M. Celik et neuf autres responsables du parti pour des allégations de "fraude électorale", ce qui peut leur valoir jusqu'à trois ans de prison.

Pour l'analyste politique Berk Esen joint par l'AFP, la décision de mardi contre la direction d'Istanbul est une "répétition" avant une nouvelle procédure judiciaire contre le CHP lui-même, afin de l'affaiblir en tant que force d'opposition dans la perspectives des prochaines élections.

M. Esen y voit le signe d'une "évolution vers une autocratie totale (qui) signale la fin du multipartisme dans le pays tel que nous le connaissons".

"Le gouvernement prend des mesures calculées pour éliminer Ekrem Imamoglu, qu'il considère comme la seule véritable menace électorale, et pour réduire le CHP à une opposition sous contrôle", assure-t-il.

 


Les «doubles standards» occidentaux sur Gaza et l'Ukraine sont un «échec» : Premier ministre espagnol

 Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s'adresse aux journalistes après une réunion avec le roi Felipe VI d'Espagne au Palais Marivent à Palma de Majorque, le 29 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s'adresse aux journalistes après une réunion avec le roi Felipe VI d'Espagne au Palais Marivent à Palma de Majorque, le 29 juillet 2025. (AFP)
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  • Pedro Sanchez : Gaza représente "l'un des épisodes les plus sombres des relations internationales" de ce siècle
  • Son pays encourage l'Europe à prendre des mesures plus sévères à l'encontre d'Israël

LONDRES : La politique de deux poids deux mesures de l'Occident sur l'Ukraine et Gaza menace sa position mondiale, a déclaré le premier ministre espagnol au Guardian.

Pedro Sanchez, qui a accusé Israël de commettre un génocide à Gaza, s'exprimait avant de s'entretenir avec son homologue britannique Keir Starmer à Londres mercredi.

M. Sanchez s'est réjoui que d'autres pays européens suivent l'Espagne dans la reconnaissance d'un État palestinien, mais il a critiqué la réaction générale du continent à la guerre.

"C'est un échec", a-t-il déclaré. "C'est un échec. La réalité, c'est aussi qu'au sein de l'UE, certains pays sont divisés sur la manière d'influencer Israël.

"Mais à mon avis, ce n'est pas acceptable et nous ne pouvons pas durer plus longtemps si nous voulons accroître notre crédibilité face à d'autres crises, comme celle à laquelle nous sommes confrontés en Ukraine.

Il a ajouté : "Les racines de ces guerres sont complètement différentes mais, en fin de compte, le monde regarde l'UE et la société occidentale et demande : "Pourquoi faites-vous deux poids deux mesures quand il s'agit de l'Ukraine et quand il s'agit de Gaza ?"

M. Sanchez a déclaré qu'il encourageait l'Europe à prendre des mesures plus sévères à l'encontre d'Israël, y compris sur le plan financier.

"Ce à quoi nous assistons actuellement à Gaza est peut-être l'un des épisodes les plus sombres des relations internationales du 21ème siècle, et à cet égard, je dois dire que l'Espagne a été très active au sein de l'UE et de la communauté internationale", a-t-il ajouté.

"Au sein de l'UE, ce que nous avons fait jusqu'à présent, c'est préconiser la suspension du partenariat stratégique que l'UE entretient avec Israël.