Le nouvel homme fort du Tchad: un fils de Déby, général quatre étoiles à 37 ans

Commandant en chef de la toute puissante Direction Générale des Services de Sécurité des Institutions de l'Etat (DGSSIE), le nom officiel de la Garde présidentielle, des « bérets rouges » affutés et suréquipés, le général Mahamat Idriss Déby est surnommé Mahamat « Kaka » - « grand-mère » en arabe tchadien (Photo, AFP)
Commandant en chef de la toute puissante Direction Générale des Services de Sécurité des Institutions de l'Etat (DGSSIE), le nom officiel de la Garde présidentielle, des « bérets rouges » affutés et suréquipés, le général Mahamat Idriss Déby est surnommé Mahamat « Kaka » - « grand-mère » en arabe tchadien (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 20 avril 2021

Le nouvel homme fort du Tchad: un fils de Déby, général quatre étoiles à 37 ans

  • Le général de corps d'armée Mahamat Idriss Déby a pris la présidence du Conseil Militaire de Transition (CMT) mardi et y a aussitôt nommé 14 autres généraux
  • Il a grandi à N'Djamena avant d'être envoyé au lycée militaire d'Aix-en-Provence, dans le sud de la France, où il n'est resté que quelques mois

N’DJAMENA: Le jeune général Mahamat Idriss Déby apparaissait régulièrement aux côtés de son père Idriss Déby Itno dont il coordonnait la sécurité rapprochée au moindre déplacement, lunettes noires cachant des yeux aussi peu connus du grand public que son passé ou sa personnalité.  

Au lendemain de la mort de celui qui dirigeait le Tchad d'une main de fer depuis 30 ans, ce général quatre étoiles à seulement 37 ans était à la tête de l'unité d'élite et garde prétorienne du régime, la redoutable Garde présidentielle. Il apparaît de facto comme le nouvel homme fort du pays, créant la surprise car les experts expliquaient jusqu'alors que le vieux chef de l'Etat n'avait pas choisi de dauphin et se souciait peu de sa succession. 

Le général de corps d'armée Mahamat Idriss Déby a pris la présidence du Conseil Militaire de Transition (CMT) mardi et y a aussitôt nommé 14 autres généraux parmi les plus fidèles de son père, une junte de « transition » qui promet de réinstaller de nouvelles institutions à l'issue d'élections « libres et démocratiques » dans 18 mois.  

Commandant en chef de la toute puissante Direction Générale des Services de Sécurité des Institutions de l'Etat (DGSSIE), le nom officiel de la Garde présidentielle, des « bérets rouges » affutés et suréquipés, il est surnommé Mahamat « Kaka » - « grand-mère » en arabe tchadien, en référence à la mère du défunt président, qui l’a élevé.  

« L'homme aux lunettes noires » comme l’appellent certains militaires, est présenté dans l'armée comme un officier discret et taciturne, attaché à ses soldats.  

Militaire de carrière, comme son père, il appartient aussi à la même ethnie, les Zaghawas, dont les officiers sont particulièrement nombreux au sommet d'une armée considérée comme l’une des meilleures de la région.  

« Il a toujours été aux côtés de son père. Il a aussi dirigé la DGSSIE. L'armée a choisi la continuité du système », explique Kelma Manatouma, chercheur tchadien en sciences politiques à l'université Paris-Nanterre.  

Mais ces derniers mois, l’unité des Zaghawas s’était à nouveau fissurée, et le Maréchal Déby avait dû récemment écarter certains officiers douteux, selon des proches du Palais.  

« Trop jeune »  

Fils d’une mère gorane, une autre ethnie saharienne, Mahamat est également marié à une Gorane, Dahabaye Oumar Souny, journaliste au service de la presse présidentielle et fille d'un haut gradé proche de l'ancien président Hissène Habré, renversé en 1990 par M. Déby.  

Pour cette raison notamment, Mahamat « Kaka » est regardé avec méfiance par sa communauté zaghawa, selon plusieurs experts de la région. « Il est beaucoup trop jeune et n'est pas spécialement aimé par les autres officiers. Il va surement y avoir une nuit des longs couteaux », déclare Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po Paris. 

Il a grandi à N'Djamena avant d'être envoyé au lycée militaire d'Aix-en-Provence, dans le sud de la France, où il n'est resté que quelques mois.  

De retour au Tchad, il poursuit sa formation au Groupement des écoles militaires interarmées de la capitale et intègre, à sa sortie, la Garde présidentielle au sein de laquelle il gravit rapidement les échelons.  

A la DGSSIE, il a été successivement commandant d'escadron de blindés et d'une unité de gardes du corps, commandant du groupement numéro un chargé de la sécurité du Palais présidentiel avant de prendre le commandement de toute l'institution.  

Au combat, il s’illustre notamment en 2009 lors de la victoire finale d’Am-Dam contre les combattants de Timan Erdimi, neveu de M. Déby entré en rébellion dans l’est du Tchad, et repoussés un an plus tôt devant les portes du Palais présidentiel de N'Djamena grâce à l'appui décisif de l'armée française.  

Longtemps dans l’ombre de son frère, Abdelkerim Idriss Déby, directeur de cabinet adjoint du président, il était entré dans la lumière lorsqu’il a été nommé commandant-adjoint des forces armées tchadiennes en intervention au Mali (Fatim) en 2013.  

Il côtoie alors les militaires français de l’opération Serval, alliés de son père contre les jihadistes dans la région. 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.