Pour les compagnies aériennes américaines, l'été s'annonce prometteur

Un avion de Delta Airlines est perçu à l'aéroport international de Salt Lake City (SLC). (Photo, AFP)
Un avion de Delta Airlines est perçu à l'aéroport international de Salt Lake City (SLC). (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 23 avril 2021

Pour les compagnies aériennes américaines, l'été s'annonce prometteur

  • « Même si la pandémie n'est pas terminée, nous pensons que le pire est derrière nous en ce qui concerne la sévérité de son impact sur la demande pour les voyages »
  • Après une certaine stagnation, toutes les compagnies ont vu un net redressement des réservations, au fur et à mesure des progrès de la campagne de vaccination

NEW YORK : Avec l'accélération de la vaccination contre la Covid-19, les ventes de billets d'avion des compagnies américaines ont commencé à redécoller. Si les voyages d'affaires et les vols internationaux restent encore à la traîne, certaines espèrent gagner de nouveau de l'argent dès cette année.

« Même si la pandémie n'est pas terminée, nous pensons que le pire est derrière nous en ce qui concerne la sévérité de son impact sur la demande pour les voyages », a estimé jeudi le PDG de Southwest, Gary Kelly.

Au premier trimestre, le chiffre d'affaires des compagnies est resté nettement en retrait par rapport à la même période en 2020: -53% chez American Airlines, -60% chez United Airlines, -60% chez Delta et -52% chez Southwest. 

American a perdu 1,25 milliard de dollars, United 1,4 milliard, et Delta 1,2 milliard. Southwest est parvenu à dégager un bénéfice net de 116 millions de dollars grâce à plus d'un milliard de dollars d'aides versées par le gouvernement. 

« La situation reste difficile pour l'ensemble du secteur (...). On n'aime pas perdre autant d'argent », a reconnu Doug Parker jeudi dans une interview sur la chaîne CNBC. Mais il y a clairement eu « une accélération à la fin du trimestre », a-t-il ajouté.

Après une certaine stagnation en janvier et février, toutes les compagnies ont vu un net redressement des réservations en mars, au fur et à mesure des progrès de la campagne de vaccination, déjà administrée à la moitié des adultes aux Etats-Unis, mais aussi de la réouverture des attractions touristiques.

Chez American, le regain de demande a été tiré par les voyages de loisirs aux Etats-Unis, au Mexique, dans les Caraïbes et en Amérique latine.

Voyages d'affaires à la rentrée ?

Cette embellie a permis aux compagnies de limiter le montant d'argent qu'elles perdent chaque jour. 

American a réduit le rythme auquel elle brûle ses liquidités sur l'ensemble du trimestre. Il est passé de 27 millions de dollars par jour en moyenne sur le trimestre, à seulement 4 millions par jour en mars.

Southwest espère arrêter de perdre chaque jour plus de liquidités qu'il n'en gagne « d'ici juin ».

Delta prévoit un retour à la rentabilité au troisième trimestre.

United Airlines anticipe pour sa part de retrouver un bénéfice net quand la demande pour les voyages d'affaires et les vols internationaux reviendra à environ 65% de son niveau de 2019 - contre moins de 20% actuellement.

L'incertitude reste grande sur ce sujet. 

Pour Scott Kirby, le patron d'United, les voyages d'affaires pourraient commencer à reprendre à l'automne, parallèlement au retour des enfants à l'école et des employés au bureau, et à se redresser vraiment en janvier, quand les entreprises auront recommencé à les prévoir dans leurs budgets.

Les vols long-courrier sont quant à eux « complètement dépendants de la réouverture des frontières », a-t-il estimé lors d'une conférence téléphonique mardi.

Quand United Airlines a annoncé la veille de nouveaux vols vers la Grèce, l'Islande et la Croatie, qui accueille de nouveau les touristes à condition qu'ils montrent une preuve de vaccination contre la Covid-19 ou d'un test négatif, la compagnie a enregistré le jour-même 3 000 réservations. 

Si Washington et Londres décidaient de lever les restrictions entre les deux pays, « on pourrait avoir du mal à trouver une chambre d'hôtel au Royaume-Uni », a remarqué M. Kirby lors d'une conférence téléphonique lundi.

Il reste aussi difficile de prédire le comportement des clients si le virus reprenait de la vigueur à l'automne prochain. « Nous devons rester flexibles », a souligné M. Parker. « Cela a déjà duré beaucoup plus longtemps que ce que nous pensions. » 

Le regain immédiat de demande ne va en tout cas pas sans quelques frictions, notamment en termes de maintenance d'avions parfois restés au sol pendant plusieurs mois ou de formation et recrutement des pilotes. 

« Nous savons que la compétition pour embaucher les meilleurs pilotes va s'échauffer et nous ne restons pas à rien faire », a souligné le directeur administratif de United, Brett Hart.

Les discussions sur de possibles faillites parmi les grandes compagnies américaines sont en tout cas bien loin, estime Peter McNally, spécialiste du secteur pour la société d'investissement Third Brigde. 

Les investisseurs et les banques « ont continué à leur prêter allègrement de l'argent » depuis le début de la pandémie, y compris pour rembourser certaines aides gouvernementales, remarque-t-il. 

 


La mythique verrerie française Duralex au tribunal de commerce

Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française. (AFP).
Short Url
  • Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française
  • Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitant

ORLEANS: Duralex va-t-elle être placée en redressement judiciaire ou non? Le tribunal de commerce d'Orléans doit décider au cours d'une audience à huis clos, mercredi, du sort de l'entreprise mythique de verrerie française dont la vaisselle réputée incassable est vendue dans le monde entier.

Au cours d'une audience, qui doit démarrer à 16H00, les juges professionnels entendront à tour de rôle deux élus du Comité social et économique (CSE) par syndicat représentatif, ainsi que la direction de la société française, déjà en difficulté il y a trois ans.

A l'extérieur, plusieurs militants de la CGT et du PCF seront réunis pour apporter leur soutien aux salariés de l'entreprise.

"Le problème, c'est qu'on commence à s'habituer", se désole le délégué Force ouvrière (FO) de l'entreprise, Gualter Teixeira, 50 ans dont la moitié passée dans l'usine Duralex située à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), près d'Orléans.

Pour cet élu, la situation relève d'"un problème de gestion de la société", dont "les coûts fixes de 2,5 millions d'euros mensuels" sont trop importants.

Trois ans après une précédente demande, Duralex a sollicité une nouvelle fois "l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire à son bénéfice auprès du tribunal de commerce d'Orléans", a annoncé la société New Duralex International (NDI) exploitante de la célèbre marque la semaine dernière.

L'entreprise espère ainsi trouver un repreneur et sauver l'usine, qui emploie 230 salariés.

Si le tribunal accède à la demande de Duralex, alors un administrateur et un mandataire seront nommés pour une période d'observation, dont la durée est variable.

« La tour Eiffel de la vaisselle »

En attendant, si "les fours continuent de fonctionner, les camions des fournisseurs sont à l'arrêt et les agences d'intérim ont déjà rappelé les 30-40 intérimaires présents chez Duralex", s'inquiète auprès de l'AFP François Dufranne, salarié de Duralex depuis 1992 et élu CGT.

"Ici, avant, il y avait 1.500 salariés Duralex, 1.500 ouvriers chez Michelin un peu plus loin", se souvient avec amertume M. Dufranne, aux côtés d'anciens collègues, désormais retraités, venus les soutenir.

Las. La seconde a fermé et il ne reste plus que quelque centaines de salariés dans la première entreprise, qui a pourtant fait la fierté de la production industrielle française avec ses verres et ses assiettes, colorés et réputés incassables, qui sont un peu comme "la tour Eiffel de la vaisselle", selon Duralex.

Dans un communiqué transmis la semaine dernière, la CGT du département dénonce une "décision politique" qui vise "à rationaliser et optimiser l'investissement des actionnaires aux dépens des 230 salarié.e.s concerné.e.s et de l'ensemble du bassin d’emploi de l'Orléanais".

"Les belles promesses auront tout de même permis aux actionnaires d'empocher des millions d'euros d'aide financière de l'Etat et des collectivités territoriales, dont les 15 millions versés dernièrement" par les autorités, épingle encore la centrale syndicale.

Duralex, confrontée à la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, a été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d'euros de l'Etat. De quoi permettre à l'usine de rouvrir son four verrier et de relancer sa production après cinq mois de fermeture.

En vain, puisqu'en 2023, l'inflation, une consommation "en fort retrait" et une "concurrence exacerbée" ont aggravé de nouveau la situation.

En parallèle, NDI dit avoir été condamné récemment à payer les droits à polluer de l'ancien propriétaire de Duralex.

Incompréhensible selon les élus syndicaux: "On nous a fait une présentation commerciale des objectifs de développement jusqu'en 2030, de belles présentations, un grand 'speech' et 3 semaines après, on apprend la demande de redressement judiciaire", s'agace François Dufranne.

Gualter Teixeira n'en démord pas: à l'audience, "il va falloir nous expliquer ce qui s'est passé".


Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de dette morale aux pays pauvres, affirme Esther Duflo

L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
L'économiste franco-américaine et co-lauréate du prix Nobel 2019 de sciences économiques, Esther Duflo, pose lors d'une séance photo à Paris le 20 juin 2023. (Photo, AFP)
Short Url
  • Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial
  • Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût

PARIS: Les pays riches doivent 500 milliards de dollars par an de "dette morale" aux pays pauvres, évalue la prix Nobel d'économie Esther Duflo, qui propose de faire assumer aux pays développés la responsabilité du réchauffement climatique à travers deux taxes.

"C'est ce que j'appelle une dette morale. Ce n'est pas ce que cela coûterait de s'adapter; ce n'est pas ce que cela coûterait d'atténuer. C'est ce que nous devons", a détaillé l'économiste dans un entretien au Financial Times lundi, se basant surtout sur l'effet du réchauffement climatique sur la mortalité dans les pays pauvres.

"Il y aura des dégâts énormes", poursuit Mme Duflo qui se base une étude menée par le Global Impact Lab en 2020 ayant montré que le nombre de décès liés à la chaleur risquait de bondir dans les pays pauvres d'ici à la fin du siècle.

"Ces dégâts seront concentrés dans les pays pauvres en dehors de l'OCDE", ajoute-t-elle, pointant la responsabilité des pays riches sur le changement climatique.

Les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), soit 10% de la population de la planète, émettent environ 25% du CO2 lié au système énergétique mondial, selon l'AIE.

Esther Duflo se base sur les travaux de l'économiste américain Michael Greenstone qui, en partant d'une valeur monétaire donnée pour une année de vie et de l'effet du réchauffement climatique sur l'augmentation de la mortalité, évalue à 37 dollars le coût d'une tonne de carbone. Multiplié par la quantité d'émissions annuelles attribuables à l'Europe et aux Etats-Unis, 14 milliards de tonnes de CO2 équivalent, le prix de la "dette morale" monte alors à 518 milliards, soutient Mme Duflo.

Pour la financer, elle propose d'augmenter le taux minimal d'imposition des multinationales et de taxer les grandes fortunes, deux mécanismes qui permettraient selon elle de couvrir l'enveloppe annuelle.

L'aide financière climatique due par les pays riches aux pays en développement est fixée actuellement à 100 milliards de dollars par an. La COP29, en novembre à Bakou, doit établir le nouveau montant au-delà de 2025.

Le futur objectif, crucial pour renouer la confiance entre le Nord et le Sud, restera quoi qu'il arrive très en-deçà des besoins: les pays en développement (hors Chine) ont besoin de 2.400 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour financer leur transition et s'adapter au changement climatique, selon un calcul d'experts de l'ONU.

En parallèle, de multiples pistes sont au coeur des négociations internationales pour trouver comment combler l'écart, parmi lesquelles l'allègement de la dette des pays pauvres ou des innovations financières via de nouvelles taxes internationales.

 

 


L'Asie paye le prix fort aux aléas climatiques

Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
Des habitants traversent les eaux de crue après avoir été évacués d’une zone inondée suite à de fortes pluies dans la ville de Qingyuan, dans la province méridionale du Guangdong en Chine. (AFP)
Short Url
  • L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère
  • L'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990

GENEVE: L'Asie a été "la région du monde la plus touchée par les catastrophes" liées à la météo en 2023, inondations et tempêtes ayant fait le plus de victimes et de pertes économiques, indique l'ONU mardi.

"Le changement climatique a exacerbé la fréquence et la gravité de tels événements, impactant profondément les sociétés, les économies et, plus important encore, les vies humaines et l'environnement dans lequel nous vivons", a déclaré Celeste Saulo, directrice de l'Organisation mondiale de la météorologie (OMM) dans un communiqué.

L'année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée dans le monde. Et en Asie l'impact des vagues de chaleur devient de plus en plus sévère, souligne l'OMM, ajoutant que la fonte des glaciers -notamment dans la chaîne de l'Himalaya- menace la sécurité hydrique de la région.

En outre, l'Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale, avec des températures l'année dernière de près de deux degrés Celsius supérieures à la moyenne de 1961 à 1990.

"Les conclusions du rapport donnent à réfléchir", a déclaré la cheffe de l'OMM.

"De nombreux pays de la région ont connu en 2023 leur année la plus chaude jamais enregistrée, accompagnée d'une série de conditions extrêmes, allant des sécheresses et des vagues de chaleur aux inondations et aux tempêtes", souligne le rapport.

Le rapport sur l'état du climat en Asie 2023 souligne l'accélération du rythme des principaux indicateurs du changement climatique tels que la température de surface, le retrait des glaciers et l'élévation du niveau de la mer, affirmant qu'ils auraient de graves répercussions sur les sociétés, les économies et les écosystèmes de la région.