Funérailles de Deby, la France et les pays du Sahel s'inquiètent de la stabilité du Tchad

Des soldats tchadiens marchent près du cercueil du défunt président tchadien Idriss Deby lors des funérailles nationales à N'Djamena le 23 avril 2021. Le Tchad enterrera le 23 avril 2021 le vétéran Idriss Deby Itno, alors que l'inquiétude monte face à la perte d'un pilier de la lutte contre le jihadisme au Sahel et à l'incertitude sur l'avenir démocratique du pays. (Christophe PETIT TESSON / POOL / AFP)
Des soldats tchadiens marchent près du cercueil du défunt président tchadien Idriss Deby lors des funérailles nationales à N'Djamena le 23 avril 2021. Le Tchad enterrera le 23 avril 2021 le vétéran Idriss Deby Itno, alors que l'inquiétude monte face à la perte d'un pilier de la lutte contre le jihadisme au Sahel et à l'incertitude sur l'avenir démocratique du pays. (Christophe PETIT TESSON / POOL / AFP)
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Publié le Vendredi 23 avril 2021

Funérailles de Deby, la France et les pays du Sahel s'inquiètent de la stabilité du Tchad

  • Idriss Déby, qui a mené le pays d'une main de fer pendant 30 ans, est mort lundi, selon la présidence tchadienne, à 68 ans, des suites de blessures au front dans le nord contre des rebelles
  • Ces mêmes rebelles, que l'armée dit avoir mis en déroute, ont juré de reprendre leur offensive sur N'Djamena

N'DJAMENA : Aux funérailles vendredi d'Idriss Déby Itno à N'Djamena, le président français Emmanuel Macron et ses homologues des pays du Sahel ont promis vendredi leur soutien à la junte militaire dirigée par le fils du défunt président tchadien, pour préserver la "stabilité" de leur allié stratégique dans la lutte contre les jihadistes dans la région.

Idriss Déby, qui a mené le pays d'une main de fer pendant 30 ans, est mort lundi, selon la présidence tchadienne, à 68 ans, des suites de blessures au front dans le nord contre des rebelles. Ces mêmes rebelles, que l'armée dit avoir mis en déroute, ont juré de reprendre leur offensive sur N'Djamena.

Le fils du défunt Maréchal Déby, Mahamat Idriss Déby, général quatre étoiles à 37 ans et jusqu'alors commandant de la Garde républicaine, la garde prétorienne du régime, est le nouvel homme fort du Tchad, entouré de 14 des plus fidèles généraux de son père. 

Il dispose des pleins pouvoirs mais a promis de nouvelles institutions après des élections "libres et démocratiques" dans un an et demi.

"Cher Idriss" 

Pour de nombreux opposants régulièrement victimes d'intimidations et de violences, cette prise de pouvoir n'est rien d'autre qu'un "coup d’État institutionnel". Durant 30 années, "des milliers de Tchadiens" ont subi "une répression terrible", écrit vendredi la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH), qui appelle l'Union africaine (UA) et la France "à tout mettre en oeuvre" pour "une transition menée par un gouvernement civil dans les plus brefs délais".  

Avant la cérémonie, M. Macron et les quatre autres chefs d'Etat du G5 Sahel, dont le Maréchal Déby assurait la présidence tournante et qui ont formé une force militaire soutenue par Paris pour combattre les jihadistes, ont témoigné au jeune général Déby leur "soutien  commun au processus de transition civilo-militaire pour la stabilité de la région", a fait savoir l'Elysée.

Une douzaine de chefs d'État étaient réunis sur la place de la Nation, au coeur de N'Djamena sous très haute sécurité, où le cercueil recouvert du drapeau tchadien est arrivé à bord d'un pick-up entouré de motards.

Vingt-et un coups de canon ont été tirés et les honneurs militaires ont été rendus à celui qui avait été élevé au rang de Maréchal du Tchad le 11 août dernier. 

 

L'opposition et des ONG internationales voient un signe dans la présence de M. Macron: la France, qui a sauvé militairement au moins à deux reprises le régime de feu Idriss Déby menacé par des rebelles, en 2008 et 2019, maintient son soutien à son successeur.

"La France ne laissera jamais personne, ni aujourd’hui, ni demain, remettre en cause la stabilité et l'intégrité du Tchad", a promis M. Macron dans son oraison funèbre. "Cher Président, cher Maréchal, cher Idriss (...) vous avez vécu en soldat, vous êtes mort en soldat, les armes à la main", a-t-il poursuivi. Mais il a appelé le Conseil Militaire de Transition( CMT) présidé par son fils à promouvoir la "stabilité, l'inclusion, le dialogue, la transition démocratique".

"ce qui ressort des consultations du président avec ses homologues, c'est la nécessité d'aller très vite dans une transition inclusive qui fasse de la place aux forces politiques", commente une source dans l'entourage de M. Macron. "C'est la seule voie aujourd'hui car un processus purement militaire n'y arrivera pas", ajoute-t-elle en concluant: "C'est le G5 Sahel et l'UA qui sont en première ligne, la France va jouer un rôle de garant".

C'est au QG de Barkhane, la force antijihadiste française au Sahel, installé au Tchad, son plus solide allié contre les jihadistes dans la région, que les cinq chefs d'Etat du G5 Sahel et M. Macron se sont retrouvés après les funérailles vendredi pour des entretiens avec le général Marc Conruyt, commandant de Barkhane, a indiqué l'Elysée. Puis le président français s'est envolé pour Paris dans l'après-midi. 

Menaces extérieure et intérieure 

Vendredi, après les prises de paroles et une prière à la Grande Mosquée de N'Djamena, la dépouille d'Idriss Déby a été emmenée en avion à plus d'un millier de km, à Amdjarass, petit village non loin de sa ville natale de Berdoba dans l'extrême nord-est, où il sera inhumé au côté de son père.

Outre celle des rebelles, la menace pour le nouveau régime pourrait aussi venir de l'intérieur. Car la prise de pouvoir de Mahamat Déby est soudaine et risque d'attiser certaines convoitises au sein du clan du défunt chef de l'Etat et de son ethnie zaghawa, accusés par l'opposition et les ONG internationales d'avoir accaparé depuis 30 ans les principaux postes au sein de l'armée, du pouvoir civil mais aussi l'essentiel des ressources d'un Etat classé par l'ONU troisième pays le moins développé du Monde.

La FIDH exprimait vendredi ses "plus vives inquiétudes face à ce qui lui semble davantage s'apparenter à l'organisation d'une succession pour la poursuite de l'accaparement du pouvoir".

Macron: "La France sera là pour faire vivre la promesse d'un Tchad apaisé"

"La France ne laissera jamais personne, ni aujourd’hui, ni demain, remettre en cause la stabilité et l'intégrité du Tchad", a promis vendredi le président Emmanuel Macron aux funérailles d'Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles et remplacé par une junte militaire dirigée par son fils.

"Cher Président, cher Maréchal, cher Idriss (...) vous avez vécu en soldat, vous êtes mort en soldat, les armes à la main", a déclaré M. Macron en préambule. "La France sera également là pour faire vivre la promesse d'un Tchad apaisé", a-t-il poursuivi, en appelant le Conseil Militaire de transition (CMT) dirigé par le jeune général Mahamat Idriss Déby, qui a promis des "élections libres et démocratiques dans 18 mois", à promouvoir la "stabilité, l'inclusion, le dialogue, la transition démocratique".


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.


Australie: la communauté juive, bouleversée et en colère, enterre «le Rabbin de Bondi»

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
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  • Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies
  • Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé

SYDNEY: Dans une synagogue bondée, emplie de cris et de larmes, la communauté juive de Sydney traumatisée a rendu hommage mercredi au rabbin Eli Schlanger, première victime de l'attentat antisémite de la plage de Bondi a être mise en terre.

Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies.

Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé.

David Deitz, homme d'affaires de 69 ans, qui connaissait M. Schlanger "depuis très, très longtemps", explique à l'AFP que le rabbin a eu "une influence positive sur beaucoup de gens".

"C'est un choc pour l'Australie de voir un tel événement se produire ici. Ce n'est pas dans la nature des Australiens", poursuit-il.

Une forte présence sécuritaire a été mobilisée lors des obsèques, avec des policiers alignés dans la rue fermée au public.

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme.

En 2021, le nombre de juifs australiens était estimé à 117.000.

"Ils auraient pu nous écouter" 

Jillian Segal, la responsable de la lutte contre l'antisémitisme en Australie, a fustigé cette semaine des préjugés antijuifs "qui s’insinuent dans la société depuis de nombreuses années et contre lesquels nous ne nous sommes pas suffisamment élevés".

Mme Segal a été la première nommée à ce poste après une série d'attaques antisémites à Melbourne et à Sydney, au début de la guerre d'Israël dans la bande de Gaza.

Au cours des 12 mois suivant l’attaque du Hamas en Israel du 7 octobre 2023 qui a déclenché cette guerre, les incidents de nature antisémite en Australie ont augmenté de 316%, dépassant les 2.000, dit-elle.

"Nous devrions pouvoir être qui nous sommes sans avoir peur", a déclaré Brett Ackerman, un analyste de données âgé de 37 ans.

La colère gagne certains membres de la communauté qui estiment que leur cri d'alarme face à la montée de l'antisémitisme depuis le 7-Octobre n'a pas été pris en compte.

"Ils auraient pu nous écouter" se désole M. Ackerman. Pour lui, l'attaque n'était "pas une surprise".

A côté de lui, le rabbin Yossi Friedman acquiesce. "Le message était clair depuis un peu plus de deux ans", soutient-il. "Est-ce que nous nous sentons en sécurité? Pour être honnête, pas vraiment."

"Nous pensions être en sécurité. Nos grands-parents et arrière-grands-parents étaient des survivants de la Shoah, et beaucoup d’entre eux sont venus ici pour échapper à la haine et au sang versé, aux pogroms, à la persécution (...) et c'est ce qu'on retrouve ici", observe-t-il.

"Problème de société"

Le Premier ministre Anthony Albanese a dénoncé l'attaque de Bondi comme un acte terroriste antisémite de "pure méchanceté" perpétré par des hommes inspirés par l’idéologie jihadiste du groupe État islamique.

Mais il a rejeté les critiques selon lesquelles son gouvernement n'avait pas réagi suffisamment à l'appel de Mme Segal.

Le Premier ministre a souligné que son gouvernement avait pénalisé les discours de haine et interdit le salut nazi et les symboles haineux, entre autres.

Depuis la fusillade, M. Albanese mène une initiative conjointe entre le gouvernement central et les Etats d'Australie en faveur d’un contrôle plus strict des armes à feu. L'assaillant le plus âgé possédait six armes dûment enregistrées.

Mais pour l'écrivain Danny Gingef, 66 ans, "la réforme des armes à feu est une diversion totale par rapport au vrai problème, qui est la haine, il faut identifier la haine là où elle commence".

Au départ du cercueil, les spectateurs ont entonné des chants en hébreu. Submergés par l’émotion, certains se sont effondrés dans les bras de leurs proches, à peine capables de tenir debout.

"Je sens que ces dernières années, les Juifs ont été en état d’alerte maximale", dit M. Gingef. Il se sent triste et en colère, et fait référence aux "marches de la haine" où il a vu des manifestants porter des drapeaux du Hezbollah.

Pour lui, il n’y a pas "beaucoup plus que nous puissions faire" sans le soutien des autorités et d’autres groupes.

"L’antisémitisme n’est pas un problème que les Juifs doivent résoudre, c’est un problème de société".

lec-oho/mjw/lgo/alh/pt

 


La BBC va "se défendre" face à la plainte en diffamation à 10 milliards de dollars de Trump

Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump poursuit la BBC pour diffamation et pratiques trompeuses, réclamant jusqu’à 10 milliards $ après un montage contesté de son discours du 6 janvier 2021
  • L’affaire secoue l’audiovisuel public britannique : démissions à la tête de la BBC, lettre d’excuses envoyée à Trump, et réexamen annoncé de la charte royale

LONDRES: La BBC a assuré mardi qu'elle allait "se défendre" contre la plainte en diffamation du président américain Donald Trump, qui réclame 10 milliards de dollars au groupe audiovisuel public britannique pour un montage vidéo contesté de l'un de ses discours.

La plainte, déposée lundi devant un tribunal fédéral à Miami par le président américain et consultée par l'AFP, demande "des dommages et intérêts d'un montant minimum de 5 milliards de dollars" pour chacun des deux chefs d'accusation: diffamation et violation d'une loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses et déloyales.

"Ils ont littéralement mis des mots dans ma bouche", s'est plaint le milliardaire de 79 ans, lundi devant la presse.

"Nous allons nous défendre dans cette affaire", a répondu un porte-parole de la BBC mardi matin, sans faire davantage de commentaire sur la procédure.

Le groupe audiovisuel britannique, dont l'audience et la réputation dépassent les frontières du Royaume-Uni, est dans la tourmente depuis des révélations sur son magazine phare d'information "Panorama".

Ce dernier a diffusé, juste avant la présidentielle américaine de 2024, des extraits distincts d'un discours de Donald Trump du 6 janvier 2021, montés de telle façon que le républicain semble appeler explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington.

Des centaines de ses partisans, chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale, avaient pris d'assaut ce jour-là le sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d'y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

"La BBC, autrefois respectée et aujourd'hui discréditée, a diffamé le président Trump en modifiant intentionnellement, malicieusement et de manière trompeuse son discours dans le but flagrant d'interférer dans l'élection présidentielle de 2024", a dénoncé lundi un porte-parole des avocats du républicain contacté par l'AFP.

"La BBC a depuis longtemps l'habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump, au service de son programme politique de gauche", a-t-il ajouté.

- Lettre d'excuses -

Au Royaume-Uni, la controverse a relancé le brûlant débat sur le fonctionnement de l'audiovisuel public et son impartialité, alors que le groupe a déjà été bousculé ces dernières années par plusieurs polémiques et scandales.

L'affaire a poussé à la démission son directeur général Tim Davie et la patronne de BBC News Deborah Turness.

Le président de la BBC Samir Shah a pour sa part envoyé une lettre d'excuses à Donald Trump et la BBC a indiqué "regretter sincèrement la façon dont les images ont été montées" mais contesté "fermement qu'il y ait une base légale pour une plainte en diffamation".

Le groupe audiovisuel a "été très clair sur le fait qu'il n'y a pas matière à répondre à l'accusation de M. Trump en ce qui concerne la diffamation. Je pense qu'il est juste que la BBC reste ferme sur ce point", a soutenu mardi matin le secrétaire d'Etat britannique à la Santé Stephen Kinnock, sur Sky News.

Le gouvernement a également annoncé mardi le début du réexamen de la charte royale de la BBC, un processus qui a lieu tous les dix ans, pour éventuellement faire évoluer sa gouvernance, son financement ou ses obligations envers le public britannique.

La plainte de Donald Trump estime que, malgré ses excuses, la BBC "n'a manifesté ni véritables remords pour ses agissements ni entrepris de réformes institutionnelles significatives afin d'empêcher de futurs abus journalistiques".

Le président américain a lancé ou menacé de lancer des plaintes contre plusieurs groupes de médias aux Etats-Unis, dont certains ont dû verser d'importantes sommes pour mettre fin aux poursuites.

Depuis son retour au pouvoir, il a fait entrer à la Maison Blanche de nombreux créateurs de contenus et influenceurs qui lui sont favorables, tout en multipliant les insultes contre des journalistes issus de médias traditionnels.

L'un de ces nouveaux venus invités par le gouvernement Trump est la chaîne conservatrice britannique GB News, proche du chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage.